Zuckerberg a décidé d'ignorer la convocation du parlement canadien et a préféré envoyer un représentant,
une décision qui pourrait entrainer un outrage au Parlement
Mark Zuckerberg et Sheryl Sandberg, de Facebook, n'ont pas assisté à une audience mardi à Ottawa, malgré les convocations du parlement canadien.
Cette décision risquerait d’entraîner un outrage au Parlement pour les dirigeants, a déclaré à CNN le responsable politique canadien qui a envoyé la convocation. La dernière fois qu'un membre du public a été déclaré coupable d'outrage au Parlement remonte à 1913, selon les archives de la législature.
Facebook a décidé d’envoyer plutôt deux représentants de son équipe chargée des politiques publiques à l'audience, qui était liée à la réunion d'un comité international qui examinait l'impact de la Silicon Valley sur la vie privée et la démocratie.
De nombreux législateurs ont souligné que le refus de Zuckerberg de se présenter à certaines audiences contredit ce qu'il avait écrit dans un éditorial en mars, dans lequel il affirmait qu'il était impatient d'échanger avec des législateurs du monde entier.
Le président du comité, le député Bob Zimmer, a critiqué le fait que les cadres supérieurs de Facebook ont décidé de ne pas assister à cette audience : « Honte à Mark Zuckerberg et à Sheryl Sandberg pour ne pas s’être présentés aujourd'hui », a-t-il déclaré vers la fin de la réunion.
Bob Zimmer, député à la Chambre des communes, Canada
Un contexte de multiplication des fake news avec la menace du deepfake
Un montage vidéo partagée par certains utilisateurs de réseaux sociaux montrait la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, qui bafouillait après sa rencontre avec le président Donald Trump mercredi de la semaine dernière, a été supprimée par YouTube, a déclaré la compagnie à CNN jeudi. La vidéo, qui montre Pelosi sur la scène au Center for American Progress, a été ralentie, ce qui fait que ses paroles semblent floues, comme après avoir consommé par exemple trop d'alcool.
La vidéo, grossièrement modifiée, vient donner du poids aux avertissements de la communauté américaine du renseignement selon lesquels une manipulation vidéo plus sophistiquée pourrait faire partie de futures campagnes de désinformation visant l'électorat américain.
Les méthodes de deepfakes deviennent incroyablement sophistiquées et permettent déjà de créer des fausses vidéos difficilement identifiables en tant que telles. Un deepfake est une technique de synthèse d'images basée sur l'intelligence artificielle. Il est utilisé pour combiner et superposer des images et des vidéos existantes afin de les manipuler à l’aide de l’apprentissage automatique. La technologie est en développement et des chercheurs continuent d’améliorer les méthodes qui contribueront certainement à révolutionner certains secteurs d’activité mais qui ne manqueront, peut-être, pas de se retrouver, comme une arme, entre les mains des personnes malveillantes.
En septembre, la dernière méthode qui a été mise au point par des chercheurs de l’Université Carnegie Mellon, permettait de transférer automatiquement le style d’une personne à une autre. Dans une vidéo Youtube, les chercheurs ont exposé les résultats obtenus à l’aide de leur méthode. « Par exemple, le style de Barack Obama peut être transformé en Donald Trump », ont-ils écrit dans la description de la vidéo.
La mauvaise utilisation de cette méthode pourrait la transformer en véritable source de problème sur Internet. C’est, d’ailleurs, pour limiter des éventuels dégâts que causeraient ces méthodes ainsi que bien d’autres techniques que l’administration Trump travaille à l'établissement de règles de protection de la vie privée sur Internet à l’image du RGPD en Europe.
« Les deepfake pourraient devenir un puissant outil pour les puissances hostiles cherchant à propager des informations erronées », a déclaré le représentant du parti démocrate sur le renseignement, Adam Schiff, dans une lettre adressée à Dan Coats, directeur du renseignement national.
« En brouillant la frontière entre les faits et la fiction, la technologie deepfake pourrait miner la confiance du public dans les images et les vidéos enregistrées en tant que représentations objectives de la réalité,. Alors que les technologies deepfake deviennent plus avancées et plus accessibles, cela pourrait constituer une menace pour le discours public et la sécurité nationale des Etats-Unis, avec des implications larges et inquiétantes pour les campagnes de mesures offensives actives contre les Etats-Unis », indique la lettre, qui a été co-signée par les représentants Stephanie Murphy (D-FL) et Carlos Curbelo (R-FL).
Dans un échange litigieux, le député britannique Damian Collins a demandé pourquoi Facebook n'avait pas supprimé cette vidéo manipulée de la présidente de la Chambre des États-Unis, Nancy Pelosi, devenue virale la semaine dernière. Collins a suggéré que le refus de Facebook de supprimer la vidéo était « irresponsable » et a donné le « feu vert » à quiconque de faire de fausses vidéos sur des politiciens.
Neil Potts, directeur des politiques publiques de Facebook, a déclaré que la société avait rétrogradé la vidéo, ce qui signifie qu'elle apparaîtrait dans moins de Fil d’actualité.
Facebook assure avoir prévenu le comité
Zuckerberg et Sandberg ont tous deux reçu des demandes officielles du Parlement canadien plus tôt ce mois-ci. Zuckerberg et Sandberg ont témoigné devant le Congrès des États-Unis sur le sujet.
Zimmer a déclaré lundi soir que Facebook n'avait pas dit au comité si ses deux plus hauts dirigeants seraient présents. Il a déclaré que les membres du comité avaient appris sur CNN que Zuckerberg et Sandberg ne témoigneraient pas.
Un porte-parole de Facebook a contesté cette affirmation mardi, affirmant que la société avait annoncé au comité qu’elle enverrait Kevin Chan, responsable des politiques publiques à Facebook Canada, et Neil Potts, directeur des politiques publiques, à la réunion. Le porte-parole a ajouté que l'entreprise était en communication permanente avec le comité.
Google et Twitter ont également envoyé des représentants pour s’adresser au comité, mais celui-ci ne semble pas avoir convoqué les dirigeants de ces sociétés.
« Ensemble, nous représentons environ 450 millions de personnes »
Des législateurs d'au moins dix pays, dont le Royaume-Uni et l'Australie, étaient attendus à la réunion, qui est la deuxième du genre. La première réunion du comité à Londres l'année dernière a abouti à la publication de documents secrets internes à Facebook.
« Ensemble, nous représentons environ 450 millions de personnes, c'est un groupe de population plus important que les États-Unis », a déclaré Zimmer, dont le comité accueille la réunion internationale, à CNN lundi.
Zimmer a convoqué les deux dirigeants de Facebook plus tôt ce mois-ci. Il a ajouté que la société avait soumis d'autres noms de personnes à la place, mais qu'il souhaitait avoir des nouvelles directement des deux dirigeants du réseau social. Leur présence est importante, a-t-il déclaré, car, « connaissant la structure de Facebook et sa micro-gestion dès le départ, tout changement sur la plateforme se fait par l'intermédiaire de monsieur Zuckerberg ou de madame Sandberg ».
« Ce n'est pas si difficile de sauter dans un avion et de prendre le temps d'entendre les législateurs et de répondre à leurs questions », a-t-il déclaré à CNN.
La décision de les condamner pour outrage serait votée par l'ensemble du Parlement, a expliqué Zimmer : « Bien que personne ne viendra avec des menottes pour les arrêter, être condamné pour outrage par tout un pays ne servirait dans les intérêts d’aucune plateforme », a-t-il précisé.
La réaction de Facebook
Un porte-parole de Facebook a déclaré :
« En fin de compte, cette décision appartient au Parlement. Nous ne sommes pas en position de spéculer. Nous partageons le désir du Comité de protéger les personnes et de responsabiliser les entreprises comme la nôtre. À présent, nous nous employons à engager un dialogue constructif avec le comité.
« Nous sommes impatients de répondre à leurs questions et restons déterminés à travailler avec les dirigeants mondiaux, les gouvernements et les experts du secteur afin de résoudre ces problèmes complexes ».
Source : CNN, CNN (vidéo)
Voir aussi :
Pour Mark Zuckerberg, il n'est pas question d'envisager le démantèlement de Facebook, le PDG penche plutôt pour une « régulation d'internet »
Facebook a encore une fois violé la vie privée de ses utilisateurs en partageant leurs données personnelles avec des opérateurs mobiles
Certains utilisateurs Facebook n'ont pas la possibilité de désactiver la fonctionnalité de reconnaissance faciale, selon un rapport de Consumer Report
Mozilla, Cloudflare, Facebook et d'autres proposent BinaryAST pour des temps de chargement JavaScript plus rapides
Partager