Et si... Des pays européens s'entendaient pour annuler réciproquement, par des accords bilatéraux ou davantage, leurs dettes respectives ?
Je m'explique... La grosse partie de la dette publique européenne est détenue par des acteurs européens. Mettons par exemple (je donne des chiffres imaginaires faute de documentation) que les banques françaises possèdent pour 40 milliards de créances allemandes (et 37 milliards de dettes correspondantes à la BCE) tandis que les banques allemandes possèdent pour 50 milliards de créances française (et 46 milliards de dettes correspondantes à la BCE). Et bien, très simplement, convenons ensemble de les annuler ! Effaçons des ardoises 40 milliards de créances allemandes, 40 milliards de créances françaises et 2x37 milliards de dettes envers la BCE.
Quel serait le bilan ? Bien sûr les banques seraient le dindon de la farce, il faudrait peut-être même un peu les recapitaliser (à hauteur de 2x3 milliards au maximum) et elles souffriraient d'un léger manque à gagner (leur investissement ne leur rapporte plus de plus-value). La somme monétaire disparue dans l'équation ? Peu importe : un crédit crée d'abord de la monnaie avant d'en détruire, seule la plus-value générée grâce à l'emprunt persiste. Ici, la plus-value avait déjà été créée et les 2x37 milliards restants à rembourser étaient voués à disparaître. Quant à la plus-value attendue des banques, ce n'était qu'une part de celle que les états ont déjà générée.
Evidemment, si les états commencent à jouer à ce jeu, les obligations d'état n'apparaîtront plus comme un investissement ultra-robuste aux yeux des investisseurs privés et les taux à long terme remonteront pour quelques années au moins, ce qui découragera les déficits publics (déficits qui seront de toute façon sérieusement réduits une fois tous ces emprunts annulés). Enfin, bien sûr, quelques fâcheux objecteront que l'Etat n'a pas le droit de spolier ainsi les banques qui ont investi pour gagner ce blé et ont un droit absolu, inaliénable et fondamental à palper leur plus-value et que ça devrait être garanti par la charte des droits de l'homme, la constitution américaine et la convention de Genève. Mais peu seront de cet avis.
Est-ce que j'ai loupé quelque chose ? Qu'en pensez-vous ?
EDIT : En fait, les 2x3 milliards constituant la plus-value attendue, les banques ne seraient même pas lésées si cette somme leur était remboursée. Ou seulement dans le sens où leur volume financier dégonflerait subitement. Mais ceci aussi serait compensé par la récupération des fonds propres mis en garantie qui leur permettraient de souscrire à de nouveaux emprunts auprès de la BCE et de raugmenter aussi sec leur volume.
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