"Au moment des révélations de la Ligue du LOL, quelques journalistes ont expliqué qu'il s'agissait de comportements d'une petite minorité, active dans les médias 'progressistes'. Nous avons voulu vérifier. (...)
"Je ne comprends pas pourquoi on envoie une fille au Salon de l'agriculture", "les faits-divers, ce n'est pas pour les femmes", ou encore "je ne sais pas si elle va y arriver, il faut des épaules... et c'est une femme". Voilà le genre de propos sexistes qui remontent dans les témoignages. Dans le détail, 67% des femmes qui ont participé à l'enquête déclarent avoir été victimes de propos sexistes*, 49% de propos à connotation sexuelle – tel que "ta jupe te fait un beau cul" – et 13% d'agressions sexuelles.(...)
Marilyn Baldeck, présidente de l'association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT) affirme qu'elle collecte régulièrement des témoignages similaires : "Je ne compte plus les fois où, à l'issue d'interviews, les journalistes femmes me racontent ce dont elles ont été victimes dans leur propre rédaction. Ça arrive très souvent depuis quinze ans que je travaille dans l'association." Pour la sociologue Pauline Delage, spécialiste des violences fondées sur le genre, l'enquête met en lumière "
que les violences sexistes existent dans un milieu, le journalisme, qui pourrait paraître protégé, car peuplé d'une forme d'élite culturelle et sociale".(...)
Autre enseignement de cette enquête : les écoles de journalisme ne sont pas non plus épargnées par les violences sexuelles ou sexistes. Plusieurs dizaines d'entre elles sont citées. Parmi les étudiantes ayant répondu à l'enquête, 62% disent avoir été témoins de propos sexistes dans leur école et 28% évoquent des faits de harcèlement sexuel. Quelque 10% des étudiantes assurent avoir été victimes d'une agression sexuelle dans le cadre de leurs études.
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