L'employeur peut-il interdire l'accès à Facebook ?
Une salariée d'Agfa a été licenciée pour surf excessif sur Facebook. Et une étude que révèle des entreprises belges en interdisent purement et simplement l'accès à leurs salariés.
Les entreprises peuvent-elles interdire l’accès à certains sites Internet, tels que des sites de voyages ou Facebook ? La question, récurrente, fait de nouveau surface.
En Belgique, la banque KBC a récemment interdit l'accès à Facebook à ses employés, ainsi que Belgacom, révèle le blog de Damien Van Achter, "community manager" du site de la RTBF. D’après une étude menée auprès de 250 entreprises belges, publiée par le revue spécialisée Smart Business Stratrégies éditée en flamand, 38% des entreprises sondées interdisent purement et simplement à leurs salariés de surfer sur Facebook durant leur temps de travail.
Par ailleurs, les grandes organisations publiques et les entreprises des secteurs bancaire et de l'assurance sont les plus restrictives, allant jusqu’à bloquer techniquement l'accès au réseau social. Des institutions publiques plus petites et des PME deviendraient aussi plus interventionnistes.
Le sujet pose aussi question en France. La Tribune d’aujourd’hui révèle qu’une ancienne salariée au sein du pôle médical d’Agfa, Valérie Amsellem, a été prestement licenciée en février dernier. Motif invoqué par son employeur : elle passait trop de temps sur Facebook. « Je constatais souvent des ralentissements sur mon ordinateur et me demandais pourquoi », y explique la jeune femme. En clair, son employeur aurait contrôlé l’historique de sa navigation sur le Web, à son insu. Ce qui pose problème.
« En France, l’employeur doit prévenir préalablement les salariés qu’ils peuvent être surveillés, par exemple par vidéosurveillance ou sur leur navigation sur le Web », précise Murielle Cahen, avocate au Barreau de Paris. Plusieurs cas de figures similaires se sont présentés, où une entreprise licenciait son salarié pour surf excessif. « Cela est souvent traité au cas par cas, mais l’entreprise peut avoir gain de cause si le salarié passe trop de temps sur la Toile, et si cela nuit à la qualité de son travail », poursuit Murielle Cahen.
De fait, les employeurs y craignent de plus en plus la perte de productivité de leurs salariés. Alors que le cadre juridique est plutôt favorable à l’employeur. Au sein de l'entreprise, le salarié bénéficie aussi du droit au respect de sa vie privée. Pourtant, dans un arrêt du 9 juillet 2008, la Cour de Cassation a précisé qu’un salarié qui se connecte à Internet pendant son temps de travail, avec l’ordinateur mis à sa disposition par son employeur pour l’exécution de son travail, est censé être utilisé pour des tâches à caractère professionnel.
Donc « l’employeur peut librement inspecter l’ordinateur de son salarié, même hors sa présence, pour rechercher la nature des sites Internet qu’il a visités », précise Murielle Cahen.
Pour éviter tout litige, les juristes recommandent aux employeurs de mettre les choses au clair. En mentionnant noir sur blanc dans le règlement intérieur, ou une Charte Internet jointe, voire dans les contrats de travail, l’interdiction de se connecter à Internet à des fins personnelles. « L’employeur peut en outre bloquer l’accès à certains sites Internet totalement dépourvus de lien avec l’activité professionnelle. », précise-t-elle. Quant au salarié, il peut se prémunir en se créant un fichier intitulé « Personnel » sur son PC, ou encore pour ses messages personnels dans sa messagerie électronique.
Mise à jour du 30 mars :A signaler, la jurisprudence de la Cour de Cassation du 18 mars, disponible ici, a validé un licenciement pour faute grave, lancé en février 2005. Motif: un temps de connexion à Internet trop important du salarié, chef de dépôt d'une société de Beaumont de Lomagne. La subtilité étant que la Cour a validé son licenciement non pas pour avoir surfé sur des sites sans rapport avec la nature de son travail (cela était invérifiable, puisqu'il avait effacé l'historique de son navigateur), mais pour sa durée excessive de connexion durant ses heures de travail. De fait, son employeur lui reprochait d''avoir passé 41 heures sur Internet en un mois pour des activités extraprofessionnelles - sur le seul ordinateur de l'entreprise connecté, ce qui l'avait trahi...
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