Un entrepreneur de Google paie 50 $ aux parents pour envoyer des vidéos du visage de leurs enfants mineurs.
« Nous étudions des moyens d'aider nos utilisateurs à vérifier leur âge », explique Google

Google collecte la forme des paupières et le teint de la peau des enfants via des vidéos soumises par les parents, selon une description de projet en ligne. Le conglomérat technologique canadien TELUS, qui dit travailler pour le compte de Google, offre aux parents 50 $ pour filmer leurs enfants portant divers accessoires tels que des chapeaux ou des lunettes de soleil dans le cadre du projet, ajoute la description.

Le projet exige que les personnes filmées soient mineures, et spécifiquement âgées de 13 à 17 ans. Ils auront besoin de deux appareils : un pour filmer la vidéo, et un autre « pour être en appel avec notre membre de l’équipe pendant le processus de collecte ». Pendant l’appel, l’enfant devra également montrer une forme d’identification, telle qu’une carte d’identité, un passeport ou un permis de conduire si disponible. La description ajoute que la tâche sera effectuée dans le domicile ou les locaux privés du participant et non en public.


Le projet montre les méthodes utilisées par certaines entreprises pour construire des ensembles de données et des produits d’apprentissage automatique, d’intelligence artificielle ou de reconnaissance faciale. Au lieu de faire du scrapping d'images déjà existantes ou d’analyser du matériel déjà collecté, TELUS, et par extension Google, demande au public de contribuer directement et d’être payé en retour.

Dans une déclaration adressée à 404, Google a assuré que les vidéos seraient utilisées dans les expériences de l'entreprise consistant à se servir des clips vidéo pour vérifier l'âge et que les vidéos ne seraient pas collectées ou stockées par Telus mais plutôt par Google : « Dans le cadre de notre engagement à offrir des expériences adaptées à l'âge et à nous conformer aux lois et réglementations du monde entier, nous étudions des moyens d'aider nos utilisateurs à vérifier leur âge », a déclaré Google à 404 Media dans un communiqué. L’expérience représente un exemple quelque peu troublante de la façon dont des entreprises comme Google ne se contentent pas de récolter des données en ligne pour perfectionner l’IA, mais peuvent même, dans certains cas, payer directement les utilisateurs – ou leurs parents – pour cela.

Nous pouvons d'ailleurs le lire dans une section des conditions générales du projet dans la partie du consentement : « Oui, j'accepte la collecte de mes données biométriques par le client de TIAI [ndlr. TELUS International AI Data Solutions]. Je comprends que le client de TIAI [ndlr. c'est-à-dire Google LLC] collectera les données biométriques suivantes à partir de ma soumission : géométrie du visage, forme des paupières. Google conservera les données aussi longtemps que nécessaire pour atteindre les objectifs de l'étude, mais pas plus de 5 ans à compter de la date de collecte ou de fin de l'étude ».

Résumé:

Les participants seront invités à prendre 11 courtes vidéos d'eux-mêmes, en portant différents accessoires (par exemple, des lunettes de soleil, des masques, des chapeaux) ou sans aucun accessoire. Chaque vidéo durera moins de 40 secondes.

Calendrier du projet:
  • Le projet est en cours
  • Temps estimé pour réaliser la tâche : 30 à 45 minutes
  • Veuillez noter que chaque participant ne peut terminer la tâche qu'une seule fois.

Exigences:
  • 13 -17 ans
  • Un appareil doté d'une caméra frontale (par exemple, un téléphone ou une tablette)
  • Un deuxième appareil afin d'être en communication avec un membre de notre équipe lors du processus de collecte.
  • Connexion Internet stable pendant toute la durée de la tâche
  • Lors de l'appel de collecte, le mineur devra présenter l'une des pièces d'identité suivantes - Carte d'identité de l'État, Passeport, Permis de conduire (pour les 16 ou 17 ans)

Taux de paiement
  • 50 USD pour l'acceptation de la NDA [ndlr. clause de non-divulgation] dans l'outil de collecte.
  • Il s'agit d'une opportunité indépendante et d'une tâche ponctuelle
  • Le paiement au parent/tuteur sera traité via Hyperwallet via notre plateforme communautaire AI.

Pour ce projet, TELUS International AI Data Solutions captera un large échantillon de participants ciblant diverses combinaisons de données démographiques, dans le but de garantir que les services de nos clients et les produits dérivés sont également représentatifs d'un ensemble diversifié d'utilisateurs finaux. Les données contribueront à améliorer les méthodes d'authentification, offrant ainsi des outils plus sécurisés aux utilisateurs finaux.
Dans une section des conditions générales du projet énumérant les données collectées, nous pouvons lire :

TIAI collectera les informations suivantes, qui peuvent être classées comme données personnelles ou terme similaire, dans le pays dans lequel vous résidez :
  • Nom
  • Adresse e-mail
  • Numéro de téléphone
  • Pays et ville de résidence
  • Genre
  • Jour, mois et année de naissance
  • Forme des paupières
  • Teint
  • Enregistrement vidéo (sans voix)
  • Informations de paiement
  • Informations sur l'appareil
Nom : telus.png
Affichages : 1853
Taille : 53,3 Ko

Ce n'est pas le premier projet du genre pour Google

Ce projet n’est pas le premier du genre pour Google, qui a déjà été condamné à payer une amende record de 170 millions de dollars pour avoir violé la loi sur la protection de la vie privée des enfants en ligne (COPPA) en collectant illégalement des informations personnelles sur les enfants sans le consentement de leurs parents. La FTC et le procureur général de New York ont allégué que le service de partage de vidéos YouTube de Google avait violé la règle COPPA en utilisant des identifiants persistants, communément appelés cookies, pour diffuser des publicités ciblées aux téléspectateurs de ces chaînes

Aussi, en janvier 2020, YouTube a déclaré qu'il commencera à limiter la collecte et l'utilisation des données personnelles des personnes qui regardent des vidéos pour enfants, quel que soit l'âge du spectateur. La loi fédérale interdit aux services en ligne destinés aux enfants de moins de 13 ans de collecter des informations personnelles de ces jeunes utilisateurs sans le consentement des parents. YouTube a indiqué qu'il avait également désactivé ou limité certaines fonctions des vidéos pour enfants liées aux données personnelles.

Il y a par exemple les commentaires et les fonctions de chat en direct, ainsi que de la possibilité de sauvegarder les vidéos dans une liste de lecture. En outre, en mars 2019, la société avait déjà prévu de désactiver les commentaires sur la plupart des vidéos de mineurs à cause des pédophiles.

YouTube a déclaré en septembre 2019 qu'il exigera que tous les producteurs de vidéos sur sa plateforme désignent leurs vidéos comme étant faites pour les enfants ou non faites pour les enfants. En novembre de cette année-là, il a introduit un nouveau paramètre pour aider les producteurs à signaler les contenus pour enfants, une désignation qui signale à YouTube de limiter la collecte de données sur ces vidéos. Le service vidéo a déclaré qu'il utilisait désormais également l’apprentissage automatique pour aider à identifier les contenus pour enfants.

« Nous utilisons aussi l'apprentissage automatique pour nous aider à identifier le contenu pour enfants, et les créateurs peuvent mettre à jour une désignation faite par nos systèmes s'ils pensent qu'elle est incorrecte. Nous n'annulons la désignation d'un créateur que si un abus ou une erreur est détecté », a écrit l’entreprise.

Nom : kids.png
Affichages : 1214
Taille : 25,2 Ko

Conclusion

Le porte-parole de Google a déclaré dans un communiqué : « Dans le cadre de notre engagement à proposer des expériences adaptées à l'âge et à nous conformer aux lois et réglementations du monde entier, nous étudions des moyens d'aider nos utilisateurs à vérifier leur âge. L'année dernière, Telus nous a aidés à trouver des bénévoles pour un projet visant à déterminer si cela pouvait se faire via des selfies. À partir de là, Google a collecté des vidéos et des images de visages, expliquant clairement comment le contenu sera utilisé et, comme pour toutes les recherches impliquant des mineurs, nous avons exigé le consentement parental pour les participants de moins de 18 ans. Nous avons également mis en place des protections strictes de la vie privée, notamment en limitant la durée de conservation des données et en offrant à tous les participants la possibilité de supprimer leurs données à tout moment ».

Google a déclaré que l'amélioration de l'expérience utilisateur dans ce domaine aide également les adultes à vérifier leur âge et peut les aider avec des services qui pourraient être limités à l'âge des enfants et des adolescents. La société a également déclaré que le recours à des fournisseurs externes peut aider à collecter un ensemble de données diversifié et, à terme, à créer des produits plus inclusifs.

Le projet soulève toujours des questions de consentement pour les enfants participants, car c'est en fin de compte le parent ou le tuteur légal qui donne son consentement pour que son enfant soit scanné. Cela inclut le traitement des données personnelles par TIAI et Google. Google « conservera les données aussi longtemps que nécessaire pour atteindre les objectifs de l'étude », mais pas plus de 5 ans à compter de la date de la collecte elle-même ou de la fin de l'étude, ajoutent les conditions.

Source : TELUS

Et vous ?

Que pensez-vous de la collecte de données biométriques sur les enfants par Google ?
Seriez-vous prêt à être payé pour y participer ?
Quels sont les risques et les avantages potentiels de cette pratique pour la vie privée et la sécurité des enfants ?
Comment les parents peuvent-ils donner un consentement éclairé et protéger les droits de leurs enfants lorsqu’ils participent à ce genre de projets ?
Quelles sont les mesures que Google devrait prendre pour assurer la transparence et la responsabilité de ses activités de collecte de données ?
Quel est le rôle des autorités de régulation et des organisations de défense des droits de l’homme dans la surveillance et la réglementation de l’utilisation des données biométriques des enfants ?