Le Royaume-Uni n'est pas le seul à adopter une approche aussi malavisée pour protéger les enfants en ligne : la Cour suprême des États-Unis a récemment ouvert la voie aux États pour qu'ils exigent des sites web qu'ils vérifient l'âge des utilisateurs avant de leur permettre d'accéder à des contenus sexuels explicites ; les tribunaux français ont statué la semaine dernière que les sites pornographiques pouvaient vérifier l'âge des utilisateurs ; la Commission européenne poursuit ses projets visant à tester son application de vérification de l'âge ; et l'interdiction faite aux jeunes de moins de 16 ans d'accéder aux réseaux sociaux en Australie devrait être mise en œuvre en décembre.
Mais la course effrénée du Royaume-Uni pour trouver une méthode efficace de vérification de l'âge nous montre qu'il n'en existe pas, et il est grand temps que les politiciens prennent cela au sérieux. La loi sur la sécurité en ligne menace la vie privée des utilisateurs, restreint la liberté d'expression en arbitrant les discours en ligne, expose les utilisateurs à une discrimination algorithmique par le biais de contrôles faciaux et exclut de l'accès à Internet des millions de personnes qui ne possèdent pas d'appareil personnel ou de pièce d'identité.
Pour couronner le tout, les internautes britanniques envoient un message très clair : ils ne veulent pas de ce régime de censure. Quelques jours seulement après l'entrée en vigueur des contrôles d'âge, les applications VPN sont devenues les plus téléchargées sur l'App Store d'Apple au Royaume-Uni, et une pétition demandant l'abrogation de la loi sur la sécurité en ligne a récemment recueilli plus de 400 000 signatures.
Internet doit rester un espace où toutes les voix peuvent s'exprimer, sans discrimination ni censure de la part des agences gouvernementales. Si le Royaume-Uni souhaite réellement atteindre son objectif de devenir le pays le plus sûr au monde pour naviguer sur Internet, il doit montrer l'exemple en mettant en place des politiques qui protègent réellement tous les utilisateurs, y compris les enfants, plutôt que d'imposer une législation qui nuit aux personnes qu'elle est censée protéger.
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