Face à la progression du coronavirus aux États-Unis, Bill Gates appelle à un arrêt national des activités,
estimant que c’est le passage obligé pour éviter un désastre

En 2014, le monde a évité une épidémie mondiale d’Ebola. À la suite de cet évènement, Bill Gates, le cofondateur de fondation Bill & Melinda Gates, déclare avoir tiré des leçons et les a partagées à la conférence TED en 2015. Lors de l’évènement, l’ex CEO de Microsoft déclarait que le plus grand risque de catastrophe mondiale ne serait pas lié à une guerre nucléaire. « Si quelque chose tue plus de 10 millions de personnes au cours des prochaines décennies, il s’agit très probablement d’un virus hautement infectieux plutôt que d’une guerre. Pas des missiles, mais des microbes. Maintenant, cela s’explique en partie par le fait que nous avons investi énormément dans des moyens de dissuasion nucléaire. Mais nous avons en fait investi très peu dans un système pour arrêter une épidémie. Nous ne sommes pas prêts pour la prochaine épidémie », a-t-il soutenu.

Il ajouta ceci : « l’absence de préparation pourrait permettre à la prochaine épidémie d’être dramatiquement plus dévastatrice qu’Ebola. Voyons la progression d’Ebola au cours de cette année. Environ 10 000 personnes sont décédées et presque toutes se trouvaient dans les trois pays d’Afrique de l’Ouest. Il y a trois raisons pour lesquelles l’Ebola ne s’est pas propagé davantage. La première est qu’il y a eu beaucoup de travail héroïque de la part des agents de santé. Ils ont trouvé les gens et ont empêché plus d’infections. La seconde est la nature du virus. Ebola ne se propage pas dans l’air. Et au moment où vous êtes contagieux, la plupart des gens sont tellement malades qu’ils sont alités. Troisièmement, il n’est pas entré dans de nombreuses zones urbaines. Et ce n’était que de la chance. S’il avait pénétré dans beaucoup plus de zones urbaines, le nombre de cas aurait été beaucoup plus élevé ».

« La prochaine fois, nous n’aurons peut-être pas autant de chance. Vous pouvez avoir un virus où les gens se sentent assez bien lorsqu’ils sont contagieux pour prendre l’avion ou aller au marché. La source du virus pourrait être une épidémie naturelle comme Ebola, ou ça pourrait être le bioterrorisme. Il y a donc des choses qui aggraveraient littéralement les choses mille fois. En fait, regardons un modèle de virus qui s’est propagé dans l’air, comme la grippe espagnole en 1918. Alors, voici ce qui se passerait : il se répandrait dans le monde très, très rapidement. Et vous pouvez voir plus de 30 millions de personnes décédées de cette épidémie. C’est donc un grave problème. Nous devons être inquiets ».

Il a fallu moins de cinq ans pour que les pires craintes de Bill Gates se réalisent. Le monde est en proie à une crise sanitaire inouïe. Apparu en décembre 2019 en Chine, le coronavirus 2019 (COVID-19) a rapidement gagné le monde en se répandant dans les pays d’orient pour ensuite atterrir Europe, en Australie, en Amérique et finalement en Afrique. Aucun continent n’est épargné. Dans le monde, on estime actuellement le nombre de personnes contaminées par le COVID-19 à plus de 900 000 pour plus de 46 000 morts. Et les chiffres vont crescendo. En Europe, le pays le plus touché est l’Italie, avec plus de 13 000 morts. Il est suivi par l’Espagne avec plus de 9 000 morts. En France, un peu moins de 57 000 personnes ont été contaminées et à ce jour, on compte 4 032 décès.

Aux États-Unis, l’on recense plus de 206 000 cas, ce qui place le pays en tête des pays abritant le plus de personnes infectées dans le monde. Le nombre de décès est actuellement estimé à 4 542 pour le pays de l’oncle Sam avec 1 139 morts seulement pour l’État de New York. Pour les États-Unis, le pire est encore à venir. Les deux prochaines semaines seront « très difficiles et très douloureuses » pour les Américains, a déclaré le président Trump.

Devant le drame qui s’annonce, Bill Gates, a effectué une sortie publique pour proposer des solutions qui pourraient permettre de lutter efficacement contre la propagation du virus ou d’atténuer les conséquences.

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Bill Gates

Après avoir parlé avec des experts et des dirigeants à Washington et à travers le pays, le fondateur de Microsoft estime qu’il est devenu clair pour lui que le président Trump prenne de nouvelles mesures. Et la première des choses à faire est de mettre toutes les activités du pays à l’arrêt. « Nous avons besoin d’une approche nationale cohérente pour la fermeture. Malgré les demandes pressantes d’experts en santé publique, certains États et comtés ne se sont pas complètement fermés. Dans certains États, les plages sont encore ouvertes ; dans d’autres, les restaurants servent toujours des repas assis », a-t-il fait remarquer.

Et d’ajouter que « ceci est une recette pour le désastre. Parce que les gens peuvent voyager librement à travers les frontières de l’État, le virus aussi. Les dirigeants du pays doivent être clairs : un arrêt partout signifie un arrêt partout jusqu’à ce que le nombre de cas commence à baisser à travers l’Amérique — ce qui pourrait prendre 10 semaines ou plus - personne ne peut poursuivre ses activités comme d’habitude ou relâcher la fermeture. Toute confusion sur ce point ne fera qu’aggraver la douleur économique, augmenter les chances de retour du virus et provoquer plus de décès ».

Ces remarques interviennent alors que des États comme New York, New Jersey et Washington, qui ont été particulièrement touchés par la pandémie de COVID-19, ont émis des ordonnances de séjour à domicile, tandis que d’autres États avec moins de cas imposent des directives plus laxistes.

À côté de cette mesure, Bill Gates conseille également au gouvernement d’intensifier les tests afin de savoir avec confiance quand il est temps de revenir à la normale. Enfin, le milliardaire milite pour une approche basée sur des données afin de développer des traitements et un vaccin.

« Pour mettre fin à la maladie, nous aurons besoin d’un vaccin sûr et efficace. Si nous faisons tout correctement, nous pourrions en avoir un en moins de 18 mois — à peu près le plus rapide qu’un vaccin n’ait jamais été développé. Mais créer un vaccin n’est que la moitié de la bataille. Pour protéger les Américains et les gens du monde entier, nous devrons fabriquer des milliards de doses. (Sans vaccin, les pays en développement courent encore plus de risques que les pays riches, car il leur est encore plus difficile de prendre des distances physiques et de se confiner) », soutient-il.

Source : The Hill, The Washington Post

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