Deux éditeurs chinois de logiciels s’unissent pour créer un nouveau système d’exploitation national
Qui devrait s’inspirer de Kylin et NeoKylin, des dérivés de FreeBSD et Linux

Les deux entreprises sont China Standard Software Co., Ltd. (CS2C) et Tianjin Kylin Information Ltd. Co. (TKC), deux éditeurs chinois de logiciels qui ont des liens connus avec le gouvernement. En effet, Tianjin Kylin Information Ltd. Co. (TKC) est le créateur de Kylin, un système d’exploitation développé (en s’appuyant sur FreeBSD) pour l’armée chinoise et présenté pour la première fois en 2007. China Standard Software Co., Ltd. (CS2C) pour sa part est à l’origine de NeoKylin, un produit d’un partenariat avec la National University of Defense Technology ; NeoKylin s’appuie sur le noyau Linux et est le plus populaire des deux OS avec des versions pour desktops, serveurs et systèmes embarqués sous licences commerciales et libres. Lors du lancement des superordinateurs Tianhe-1 et Tianhe-2 en 2010 et 2013 de façon respective, c’est NeoKylin qui a fait office de système d’exploitation.

CS2C et TKC envisagent de créer une nouvelle société dans laquelle ils deviendront investisseurs. C'est au sein de cette dernière que le nouveau système d'exploitation sera développé. La nouvelle société s'occupera du développement du nouveau système d'exploitation, des décisions technologiques, du marketing, de la gestion de la marque, des finances et des ventes. CS2C et TKC ont eu une entente verbale sur un plan d'investissement. Les deux entreprises procéderont à la signature d’une entente officielle à l’avenir. Les versions actuelles de Kylin et NeoKylin serviront de base pour le nouveau système d'exploitation. Signe de la fusion entre les deux : le nouveau système d'exploitation combinera le logo actuel de Kylin OS et le logo NeoKylin OS. Les deux entreprises n’ont pas encore dévoilé le nom du nouvel OS.

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Rappel du contexte : sur la Chine, il souffle un vent d’incitation à l’utilisation des technologies locales. En effet, il n’y a pas une semaine qu’il a été demandé aux bureaux gouvernementaux de supprimer tout le matériel et les logiciels de conception étrangère. À mi-parcours de l’année qui s’achève, la nouvelle selon laquelle l’armée chinoise envisage d’arrêter de faire usage de Windows comme système d’exploitation a filtré. Dans ce dernier cas, les responsables militaires chinois ont décidé de se passer de Linux aussi. De même que ce que projettent de faire China Standard Software Co., Ltd. (CS2C) et Tianjin Kylin Information Ltd. Co., il est question de développer un système d’exploitation national.

Grosso modo, la manœuvre est destinée à s’extirper de la dépendance aux technologies américaines en pleine guerre commerciale USA – Chine. Depuis la mi-novembre, l’administration Trump a publié un nouvel arrêté qui prolonge de 90 jours (désormais jusqu’en février 2020) « la période de grâce » durant laquelle elle autorise les entreprises américaines à faire des affaires avec l’entreprise chinoise Huawei Technologies. Les entreprises de technologie américaines ont donc obtenu le feu vert de Washington pour reprendre leurs affaires avec le constructeur de smartphones Huawei Technologies Co., mais il est peut-être trop tard : l'entreprise construit actuellement des smartphones sans puce américaine. D’après des retours de UBS et Fomalhaut Techno Solutions, le dernier Mate 30 de Huawei dévoilé en septembre ne contenait aucune puce de fabrication américaine. Ainsi, le décret de l’administration Trump de la mi-mai n’aurait eu pour effet que d’amener Huawei à progresser dans la réduction de sa dépendance aux sociétés américaines.

C’est sur le plan du soft que le géant chinois de la filière technologique continue de peiner… En effet, Huawei a dévoilé HarmonyOS (son OS propriétaire) en août comme une alternative à Android de l’Américain Google. Dans une note d’information parue il y a peu, le constructeur chinois annonce son intention d’équiper davantage de ses produits avec son système d’exploitation. Toutefois, il semblerait que les smartphones, les ordinateurs et les tablettes de la marque qui figurent pourtant parmi ses produits les plus populaires ne soient pas concernés. Tout porte donc à croire que le système d’exploitation mobile de la filiale d’Alphabet et ses logiciels/services associés (Gmail, Google Pay, Play Store…) seront encore présents l’année prochaine au sein de la flotte de smartphones et tablettes produite par Huawei. Et même si l’entreprise chinoise a fait quelques tentatives dernièrement afin de montrer qu’elle pouvait commercialiser des ordinateurs livrés de façon native avec un système d’exploitation autre que Windows - en mettant notamment en avant les distributions basées sur Linux -, il est évident qu’au vu de la popularité dont jouissent actuellement les solutions logicielles développées par des poids lourds comme Microsoft ou Google, les GAFAM restent encore des partenaires incontournables pour le géant chinois.

Les plaintes que les développeurs chinois ont formulées à propos du compilateur Ark de Huawei sont un indicateur de ce que Huawei a encore du chemin à parcourir avant de disposer d’un produit (système d’exploitation) à la hauteur des attentes qu’on placerait de façon légitime sur lui en pareille période. En effet, le compilateur Ark conçu pour accélérer le portage d’applications Android sur HarmonyOS ne serait même pas finalisé à moitié.

Ce serait peut-être vite aller en besogne que de s’interroger sur la capacité de la Chine à atteindre son objectif d’indépendance vis-à-vis des USA en matière de technologie. Seulement, le passé de Kylin n’aide pas à éviter de se lancer sur cette voie : le système d’exploitation a pris un grand coup en 2016 quand un étudiant chinois surnommé Dancefire a révélé que les créateurs de Kylin ont copié de gros morceaux de code de FreeBSD v5.3, ce, avec peu ou pas de modifications, les similarités allant jusqu’à 99,45 % entre les deux projets.

Sources : notes de la conférence de presse

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