La Chine adopte une loi sur la cryptographie alors qu'elle s'apprête à adopter la monnaie numérique,
Qui pourrait être utilisée sur les plateformes de paiement telles que WeChat et Alipay

Le parlement chinois a adopté samedi dernier une nouvelle loi sur la cryptographie, qui entrera en vigueur en janvier 2020, alors que le pays s'apprête à lancer sa propre monnaie numérique, a rapporté Reuters en citant les médias d'Etat chinois. La nouvelle loi chinoise sur la cryptographie vise à « faciliter le développement du secteur de la cryptographie et à assurer la sécurité du cyberespace et de l'information », a rapporté Reuters en citant l'agence de presse officielle Xinhua. La nouvelle loi stipule que l'État encourage et soutient la recherche et l'application de la science et de la technologie en cryptographie et garantit la confidentialité.

La version préliminaire de la loi adoptée samedi vise à normaliser l'application et la gestion des mots de passe. En outre, il contribuera à promouvoir le développement de l'industrie des mots de passe, à assurer la sécurité des réseaux et de l'information et à améliorer le niveau scientifique, normalisé et légalisé de la gestion des mots de passe. En vertu de la loi, l'agence centrale de cryptographie aura un leadership unifié sur le travail national de cryptographie. Il examinera la formulation de politiques pour la cryptographie nationale.

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Reuters a également rapporté que la banque centrale chinoise a mis sur pied en 2014 une équipe de recherche pour étudier la possibilité de lancer sa propre monnaie numérique afin de réduire les coûts de circulation du papier-monnaie traditionnel et de renforcer le contrôle de la masse monétaire par les responsables politiques. D’après le site Web d’information sur les cryptomonnaies criptomonedaseico.com, la banque centrale a annoncé en juillet dernier son intention de créer une cryptomonnaie destinée à être utilisée à la fois localement et, éventuellement, mondialement. L’annonce a été faite après que la Chine aurait décidé de boycotter le projet Libra dans sa région, d’après le site Web.

En effet, la Chine ne reconnait pas les cryptomonnaies comme monnaie légale, mais une annonce sur le site officiel du gouvernement chinois est un signe avant-coureur que le gouvernement chinois serait en train de préparer un éventuel lancement du Yuan numérique :

« La Chine ne reconnaît pas les cryptomonnaies comme monnaie légale et le système bancaire n'accepte pas les cryptomonnaies ou ne fournit pas de services en la matière. Le gouvernement a pris une série de mesures réglementaires pour sévir contre les activités liées aux cryptomonnaies afin de protéger les investisseurs et de prévenir les risques financiers. Ces mesures comprennent l'annonce du caractère illégal de l'offre initiale de pièces de monnaie, la restriction de l'activité principale des plateformes de trading de cryptomonnaie et le découragement de l'extraction de bitcoin. Dans l'intervalle, la banque centrale chinoise envisagerait d'émettre sa propre monnaie numérique ».

La Chine devrait accélérer le développement de la technologie de la blockchain en tant que base de l'innovation, d’après Xi Jinping

La semaine dernière, avant l’adoption de la loi sur la cryptographie, Xi Jinping, président de la République populaire de Chine et secrétaire général du Parti communiste chinois, a déclaré que le pays doit « saisir l'opportunité » offerte par la technologie de la blockchain en tant que noyau de l'innovation. S'exprimant, jeudi à Pékin, dans le cadre de la 18e étude collective du Bureau politique du Comité central, le président Xi a déclaré que la technologie de la blockchain a un large éventail d'applications en Chine, en énumérant des sujets allant du financement des entreprises au transport en commun et à la lutte contre la pauvreté, a rapporté CoinDesk en faisant référence à un rapport du site Web Xinhuanet.

Xi Jinping a déclaré aux membres du comité : « Nous devons considérer la blockchain comme une percée importante pour l'innovation indépendante des technologies de base ». « Nous devons clarifier l'orientation principale, accroître les investissements, nous concentrer sur un certain nombre de technologies clés et accélérer le développement de la technologie de la blockchain et l'innovation industrielle ».

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La Chine qui a banni les cryptomonnaies depuis une décision prise en 2017 par la Banque populaire de Chine, serait-elle en train de lever son interdiction ? Selon le rapport de Reuters, la nouvelle monnaie numérique proposée par la Chine ressemblerait à Libra de Facebook Inc. et pourrait être utilisée sur les principales plateformes de paiement telles que WeChat et Alipay, a déclaré un haut responsable de la banque centrale le mois dernier.

Libra, lancée officiellement en juin dernier, sera une monnaie numérique adossée à une réserve d'actifs réels, y compris des dépôts bancaires et des titres d'État à court terme, et détenue par un réseau de dépositaires. Sa structure vise à favoriser la confiance et à stabiliser le prix. Cette cryptomonnaie censée permettre d'acheter des biens ou d'envoyer de l'argent aussi facilement qu'un message instantané. Selon les responsables du projet Libra, les usagers disposeront sur leur smartphone d'un porte-monnaie numérique pour faire leurs achats, envoyer ou recevoir de l'argent.

Mais la monnaie numérique proposée par Facebook a suscité des inquiétudes parmi les régulateurs mondiaux quant au fait qu'elle pourrait rapidement devenir une forme dominante de paiement numérique et un canal de blanchiment d'argent, étant donné la portée transfrontalière massive du réseau social. C’est ce qu’ont exprimé les Européens lors des dernières réunions du FMI et de la Banque mondiale qui se sont tenues à Washington.

En marge des réunions, Bruno Le Maire, le ministre français de l’Economie a déclaré : « Nous prendrons dans les semaines qui viennent, notamment avec Olaf Scholz et Roberto Gualtieri, mes homologues allemand et italien, un certain nombre d’initiatives pour marquer clairement que Libra n’est pas la bienvenue en Europe, parce que c’est notre souveraineté qui est en jeu ».

« Nous n’accepterons pas qu’une entreprise multinationale privée ait la même puissance, la même puissance monétaire que les États souverains qui sont soumis au contrôle démocratique ; car la grande différence entre Facebook et les États, c’est que nous sommes soumis au contrôle démocratique, c’est-à-dire au contrôle du peuple », a-t-il ajouté.

Défendant les biens fondés de son projet de cryptomonnaie Libra mercredi dernier devant le Congrès américain, Mark Zuckerberg, CEO de Facebook, a dit que Facebook insisterait pour obtenir l'approbation réglementaire des États-Unis avant de lancer Libra. Il a également dit que Facebook quitterait même l'association Libra si d'autres entreprises cherchaient à lancer la monnaie sans cette approbation. Il a déclaré qu’il ne comptait absolument rien lancer de son côté, y compris à l’étranger, tant qu’il ne recevrait pas l’approbation claire des autorités de régulation américaines.

Avec l'éloge de la blockchain faite par le M. Jinping et une nouvelle loi chinoise sur la cryptographie qui entre en vigueur dans deux mois, toutes les transactions en un éventuel Yuan numérique ne seraient-elles pas suivies par les autorités chinoises ?

Sources : Reuters, CoinDesk

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