Et si la police pouvait conduire à distance votre véhicule autonome volé pour le diriger vers le poste le plus proche ?
Un scénario qui ne semble plus si absurde
Les malfrats qui veulent subtiliser une voiture ont aujourd'hui nettement tendance à s'armer d'outils électroniques, car les protections sont de plus en plus électroniques. Si la presse se fait volontiers l'écho de la facilité avec laquelle certains voleurs dérobent des voitures avec du matériel acquis sur Internet, il est tout de même de moins en moins aisé de voler un modèle récent. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : selon le bilan de la très intéressante enquête de victimation « Cadre de vie et sécurité » conduite en 2017 par l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), menée en collaboration avec l'INSEE et le SSM-SI (Ministère de l'Intérieur), et portant sur 2016, plus de 500 000 voitures (tentatives incluses) ont été volées en 2006 contre 238 00 en 2016. «Après avoir diminué de moitié de 2006 à 2012, leur nombre a peu évolué. Hormis une baisse observée entre 2013 et 2014, l'indicateur est resté relativement stable», note l'enquête.
Ce nombre pourrait être encore plus bas avec les nouvelles sorties de nouveaux modèles de voiture.
Le pilotage à distance
Imaginez ceci: vous quittez votre travail, vous marchez vers votre voiture et vous trouvez une place de stationnement vide - quelqu'un a volé votre nouvelle Tesla (ou une voiture autonome de fantaisie que vous conduisez). Lorsque vous appelez la police, celle-ci vous demande la permission de procéder à une « prise de contrôle », que vous leur accordez rapidement. Votre voiture se dirige alors vers le poste de police le plus proche. Cerise sur le gâteau : si le voleur était à l'intérieur lors de la prise de contrôle, il restera enfermé jusqu'à ce que la police puisse l'arrêter.
Un scénario futuriste qui semble utopique pas vrai ? Pourtant, Hans Schönfeld, directeur de l'innovation, qui travaille pour la police néerlandaise a déclaré que ce cas de figure est plus proche que nous le pensons. Actuellement, son équipe a déjà effectué plusieurs expériences pour tester les possibilités de diminuer la criminalité grâce aux voitures autonomes.
« Nous voulions savoir si nous pouvions les faire s’arrêter ou les conduire à certains endroits », a confié Schönfeld. « Et la conclusion est: oui, nous le pouvons probablement ».
« La police a testé plusieurs voitures. Tesla, Audi, Mercedes et Toyota », poursuit-il. « Nous le faisons en collaboration avec ces constructeurs automobiles car ces informations leur sont également précieuses. Si nous pouvons pirater leurs voitures, d’autres le peuvent aussi ».
L’antidémarreur
D'autres constructeurs automobiles ont déjà intégré des caractéristiques similaires dans leurs véhicules, mais sans l'aspect autopilotage. GM a équipé 17 000 de ses unités livrées en 2009 d’un « bloc d’allumage à distance », un coupe-circuit qui peut éteindre le moteur en cas de vol de la voiture.
En clair, la police ne se tourne pas uniquement vers les voitures autonomes pour espérer freiner, voire diminuer, le taux de criminalité (vol de voiture dans le cas d’espèce). L’écosystème dans son ensemble se développe rapidement et les forces de l’ordre doivent suivre le rythme pour ne pas être rapidement distancées.
La première phase, dans laquelle nous sommes engagés depuis quelques années, consistait en des voitures intelligentes - des voitures avec des puces qui collectent des données sur la vitesse, la puissance de freinage, etc. Chaque fois que des accidents de voiture se produisent, la police peut lire ces puces pour mieux cerner les circonstances.
« Cela nous aide à faire la différence entre le fait de tuer quelqu'un par accident - quelqu'un qui a légèrement accéléré par exemple - et l'homicide involontaire - quelqu'un qui conduit trop vite tandis qu’il percute une victime », explique Schönfeld.
La voiture connectée qui pourrait sauver une vie ?
Bien entendu, il y a encore de la marge avant de pouvoir envisager ces scénarios, notamment parce que la plupart des citoyens ne peuvent actuellement pas conduire légalement des voitures autonomes sur les routes publiques.
Alors que Schönfeld prévoit qu'il faudra jusqu'à 10 ans avant que les voitures autonomes ne soient disponibles aux Pays-Bas, les voitures connectées - ou phase deux - seront généralisées plus tôt.
Les voitures connectées ont un accès Internet et sont souvent connectées à des réseaux locaux sans fil. Cela leur permet de se connecter à d'autres appareils, à l'intérieur et à l'extérieur, et d'échanger des données.
L'IdO public devenant de plus en plus courant aux Pays-Bas, ces voitures communiqueront bientôt avec les autres machines intelligentes qui les entourent, comme les feux de circulation ou les lampadaires, et même les unes avec les autres.
Il y a quelques mois, des chercheurs néerlandais ont testé une flotte de sept voitures connectées, toutes équipées d'un régulateur de vitesse adaptatif (CACC) coopératif, sur un tronçon de route dégagé. Les voitures pouvaient échanger les données les unes avec les autres, échanger avec les feux de circulation intelligents sur la route et adapter leurs vitesses en fonction des données collectées.
« L'avantage attendu du régulateur de vitesse est que les routes peuvent être utilisées plus efficacement », a déclaré Elisabeth Post, qui a travaillé sur le projet. « Cela permet d'avoir plus de voitures sur la route simultanément ainsi que plus de voitures utilisant le même feu vert ».
Schönfeld envisage un avenir proche où les voitures sauront tout sur leur environnement, ainsi que vous, le conducteur. Cette collecte de données constante pourrait vous sauver la vie un jour, ajoute-t-il.
« Disons que vous avez eu un accident. Il fait nuit, il fait noir et vous êtes quelque part dans un fossé. Votre voiture saura qu’il ya eu un accident parce qu’elle surveille les forces de manœuvre. Elle pourra appeler une ambulance, indiquer où l’accident s’est produit, à quoi ressemble la voiture et même qui conduisait en mesurant le poids du conducteur ».
Sources : Cadre de vie et sécurité 2017 (au format PDF), TNW
Et vous ?
Partagez-vous l’enthousiasme de Schönfeld ou estimez-vous que cela reste trop abstrait ?
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