Google, Apple, Microsoft et Mozilla s'opposent formellement à une décision du W3C,
d'avancer dans le processus de standardisation de DOM 4.1
Les standards du Web comme HTML et CSS ont beaucoup évolué. Une maturité qui a été possible grâce à la coopération entre des organisations telles que le W3C (World Wide Web Consortium, l’organisme de standardisation chargé de promouvoir la compatibilité des technologies du World Wide Web) et les éditeurs de navigateurs. Pourtant, lorsque le W3C a décidé de faire un fork de la spécification WHATWG DOM, de l'étiqueter comme étant DOM 4.1 et de la faire avancer dans son processus de standardisation (elle va bientôt passer à l’étape Candidate Recommandation (CR), c’est-à-dire qu’elle est à une étape dans le processus avant l'approbation formelle), les grandes enseignes technologiques sont montées au créneau.
Pour mieux comprendre le problème, nous pouvons nous intéresser à l'objection formelle de Mozilla, par le biais de l'ingénieur L. David Baron :
« La spécification W3C DOM est un fork de la spécification WHATWG DOM. L'objectif principal de la discussion des problèmes dans la spécification, et la maintenance de la spécification devrait être au niveau du WHATWG plutôt qu'au W3C. Mais le W3C a fait un fork de la spécification sans documenter la raison d'être d'un fork (à part des raisons générales dans la charte du groupe de travail sur la plateforme Web, dont aucune ne s'applique à cette transition CR).
« Mais l'existence du fork et le fait que le fork soit construit autour d'une structure qui a pour but d'être un forum de discussion et de maintenance de la spécification, conduit à la confusion, comme le W3C plonge dans la confusion une partie des nouveaux arrivants à la communauté, les amenant à penser que les efforts de travail sur la spécification seront plus avantageux s'ils sont dépensés sur le fork au lieu de l'original. Si cela avait été fait avec une déclaration claire que le document est un fork (et de quoi il est le fork) et une déclaration de la façon dont les objectifs du W3C diffèrent de ceux de WHATWG, cela serait plus compréhensible.
« Au contraire, il semble que cela soit fait sur la base d'une présomption que le W3C est le forum légitime et que les nouveaux arrivants ne doivent fournir aucune explication sur l'origine du document. »
Michael Champion, ingénieur Microsoft, avait déjà déclaré le mois passé « Microsoft et l'équipe responsable du développement du navigateur Edge s'opposent fortement à ce que le W3C publie une autre recommandation DOM à ce stade [...]. Il est temps de se mettre derrière une norme commune et de travailler pour l'améliorer. Maintenant que WHATWG fonctionne dans le cadre d'une politique formelle d’IPR et de gouvernance, nous et beaucoup d'autres dans la communauté traitons la norme DOM du WHATWG comme étant la meilleure à partir de laquelle travailler. »
Et de continuer en disant que « Les participants au DOM du W3C ont beaucoup de connaissances, d'expérience et sont encouragés à contribuer à un effort DOM unifié. En donnant un coup de pouce à cette CfC, nous ne préconisons aucune vision particulière de la façon de développer une norme DOM commune. Mais nous affirmons que la publication d'un RC DOM 4.1 maintenant perpétuerait le statu quo sous-optimal plutôt que d'encourager un avenir plus collaboratif. »
L'ingénieur WebKit Maciej Stachowiak s'est chargé d'apporter les objections d'Apple. Au nom de l'éditeur d'iOS, il a fait valoir « Qu’Apple avait espéré éviter une objection formelle sur cet appel au consensus par le biais d'une objection informelle et d'un dialogue constructif. Cependant, étant donné que les dirigeants ont maintenant pris une décision qui n’a pas pleinement répondu aux préoccupations, nous pensons que nous n'avons pas d'autre alternative.
« Nous sommes disposés à retirer cette objection formelle si les dirigeants des groupes de travail de la plateforme Web acceptent de retarder l'appel de consensus DOM 4.1 CR, ou si la question est rouverte et que les dirigeants tentent sincèrement de résoudre les préoccupations. »
Apple indique avoir des objections de procédure et de fond.
Objections de procédure :
Violation de la charte relative aux politiques de décision du Web Platform Working, qui nécessite un examen attentif des points de vue présentés, puis un vote formel. Un appel au consensus n'est pas un vote.
Violation du processus W3C, qui permet d’évoluer dans le processus d’adoption d’une norme malgré les objections à la condition que le Groupe de travail « ait dûment considéré la légitimité des préoccupations des objecteurs dans la mesure du possible et du raisonnable ». Apple note que bien que le bureau a posé quelques questions, l'échange a été interrompu par le PDG du W3C.
Violation des principes de l'Open Stand qui exigent que « les décisions soient prises avec équité et objectivité entre les participants » et « les activités de normalisation ne sont pas exclusivement dominées par une quelconque entité - personne, société ou groupe d'intérêt. » Apple rappelle qu’alors que de nombreux arguments écrits contre cette publication ont été avancés par six différents partis, le seul argument en faveur a été fait par le PDG du W3C. « Cela donne l'impression que les intérêts institutionnels du W3C l'emportent sur ceux des entités qui font objection, indépendamment de leur nombre », note Apple qui rappelle par la suite que « Le W3C a formellement adopté les principes de l'Open Stand ».
L’omission de la définition des critères de sortie du CR : « Le directeur s'attend à ce que les documents CR indiquent explicitement les critères d'accès aux relations publiques. Cependant, aucun critère de sortie n'est présent dans le projet actuel ou dans le Cfc, ce qui empêche les évaluateurs d'examiner les critères de sortie. »
Objections de fond :
Apple assure être d'accord avec les objecteurs qui s'opposent à la publication en ce moment, car d'autres publications de DOM du W3C vont créer la confusion.
Apple indique que le document actuel ne peut pas sortir de la CR, car aucun moteur de navigateur n'a l'intention de l'implémenter. « Dans la mesure où il diffère de quelque manière que ce soit des critères de mise en œuvre de la norme DOM Living Standard du WHATWG, il n'aura pas d'expérience de mise en œuvre sur ces différences. Il existe suffisamment de différences pour qu'une implémentation ne puisse pas se conformer à la fois au W3C DOM 4.1 et au WHATWG DOM Living Standard. »
Dans son objection formelle, Microsoft estime pour sa part que « DOM 4.1 ne reflète pas actuellement le consensus réel parmi les implémenteurs, les développeurs et les diverses communautés horizontales qui s’appuient sur les normes W3C ». L’entreprise exhorte le Directeur à renvoyer DOM 4.1 au groupe de travail et à la communauté au sens large pour le partage d'informations, la recherche de consensus et la minimisation des différences. « Il ne devrait pas avancer sur la piste de la recommandation jusqu'à ce qu’il soit passé par là », a conclu l’entreprise.
Dans son objection formelle, après avoir cité les points de divergence en détail, Google explique que sa plus grosse préoccupation est le manque d'engagement et de discussion, ainsi que l'absence de toute tentative de résoudre les différences majeures au sein du groupe de travail de plusieurs participants.
Rappelons que le Web Hypertext Application Technology Working Group (WHATWG) est une collaboration non officielle des différents développeurs de navigateurs web ayant pour but le développement de nouvelles technologies. Sur la page où est présenté le DOM Living Standard, il est expliqué que cette spécification standardise le DOM en s'y prenant comme suit :
- en consolidant le DOM Level 3 Core [DOM-Level-3-Core], Element Traversal [ELEMENTTRAVERSAL], API Selectors Niveau 2 [SELECTORS-API2], les « DOM Event Architecture » et « Basic Event Interfaces » des événements DOM Level 3 [uievents-20031107] (les types spécifiques d'événements n'appartiennent pas à la norme DOM), et DOM Niveau 2 Traversal et Range [DOM-Level-2-Traversal-Range], et :
- en les alignant avec l'écosystème JavaScript dans la mesure du possible,
- en les alignant avec les implémentations existantes,
- en les simplifiant autant que possible,
- en déplaçant des entités de HTML Standard [HTML] qui ont plus de sens pour les spécifier dans le cadre de la norme DOM ;
- en définissant un remplacement pour les « Mutation Events » et « Mutation Name Event Types » des DOM Level 3 Events [uievents-20031107] car l'ancien modèle était problématique ;
- en définissant de nouvelles fonctionnalités qui simplifient les opérations DOM communes.
DOM Living Standard de WHATWG
DOM 4.1 du W3C
Sources : objections formelles (Apple, Google, Microsoft, Mozilla), inquiétudes de Microsoft
Et vous ?
Partagez-vous les craintes de ces éditeurs qui souhaitent obtenir un consensus entre DOM 4.1 et la norme DOM Living Standard du WHATWG ?
Voir aussi :
Redressement fiscal : l'Irlande va bientôt commencer à collecter les 13 milliards d'euros réclamés à Apple, qui seront placés sur un compte bloqué
Apple propose en open source le noyau de FoundationDB, la base de données distribuée conçue pour gérer de gros volumes de données structurées
Le W3C publie une nouvelle norme d'authentification, qui permet de se connecter de manière sécurisée aux applications Web sans saisir de mots de passe
HTML 5.2 est désormais finalisée et devient la nouvelle recommandation W3C, le draft de la spécification HTML 5.3 déjà publiée
Mozilla s'allie à Microsoft, Google, Samsung et le W3C pour documenter les technologies du web et faciliter la vie aux développeurs
Partager