Discussion :

[Karottsys]

Bonjour à toutes et à tous...

Ma situation étant un peu complexe, je me permets de poster ici afin de collecter des avis.

J'ai été embauché, par une SSII (A), pour un poste de Technicien de proximité (ce n'est pas un métier de développeur et vous m'en excuserez), pour un client (B) qui gère son contrat d'infogérance par le prestataire (C). En avril 2013, avec une durée indicative de 24 mois, en CDIC (de chantier...) et sous la convention collective.

Je suis donc en "sous sous traitance" si l'on peut dire.

Le client (B) est organisé en différents sites. Il a été décidé récemment une refonte des services. L'activité du support de proximité est progressivement reprise par le client final. Mon site a été touché en premier. Le client final organise sa nouvelle équipe avec des employés en interne, mais également des prestataires issus d'autres SSII, mais aussi de ma propre SSII (plus précisément une autre branche de ma propre SSII). On ne m'a pas proposé de rester sur ce site.

J'ai donc changé de site début janvier, sur lequel le service de proximité est basé sur deux équipes : des prestataires de la société C. (qui gère l'infogérance du client) et d'autres de ma SSII et de la même branche que moi (A.). Tout se passait très bien. Un collègue était cependant absent.

Il y a deux semaines, mon supérieur chez le client (issu de la SSII C.) m'informe que l'on désire me placer sur une mission de "déploiement" (l'équipe sur le nouveau site étant de nouveau au complet - c'est ce que j'en ai déduit...), toujours chez le client et toujours employé par ma SSII A.

C'est là que tout se complique. Je refuse catégoriquement la mission qui m'est proposée (déployer des postes à la chaine, ne m'intéresse pas) et en fais part à mon supérieur (de la société C.), qui a transmis ma décision à mon commercial (de la société A.).

J'ai eu mon commercial de la SSII (A.) hier soir, à 18h, qui m'informe que :
"Il y a eu une perte de budget, le pôle où tu étais a été le plus impacté."
"La priorité est donnée aux techniciens de chez C. pour la suite du contrat." (quelques mois)
"Tout est allé plus vite que prévu."
"Il faut donc que tu partes au déploiement en attendant, ou ton refus est considéré comme une démission". J'ai rendez-vous lundi à 9h dans les locaux de ma SSII.

***

Ce qui est douteux et qui me contrarie, c'est que je n'ai jamais formulé le souhait de quitter mon poste actuel et viens encore à mon travail avec plaisir.

Je serais donc obligé d'accepter un poste qui ne me convient pas, ou bien de signer une "démission" qui ne serait pas non plus initiée de mon propre chef.
Une "démission" imposée en quelque sorte par l'entreprise, assortie par conséquent de l'absence des indemnités de chômage.

Cela est-il tolérable ? Est-il possible de négocier plutôt une rupture conventionnelle ?
Je reste à votre disposition.

[Captain_JS]

"Il faut donc que tu partes au cascading en attendant, ou ton refus est considéré comme une démission"

Ca déjà ce n'est pas légal : une démission n'est pas déduite d'un autre fait, mais il faut que la personne exprime clairement la volonté de démissionner.
Donc toi si tu refuse ça ne peut être "considéré comme" une démission.
De plus il a du te dire tout cela à l'oral donc pas de traces

[ed73170]

Bonjour,

Pour commencer, ne signes surtout pas de démission. Le commercial te met la pression en arguant qu'un refus de mission est considéré comme une démission mais la jurisprudence n'est pas claire là dessus et il me semble bien que ce qu'il prétend est abusif. En plus tu ne refuses pas la mission mais seulement une modification de celle-ci sans ton accord.

Ensuite, regarde bien ton ordre de mission ou ton contrat de travail, il doit certainement préciser le contenu exact de la mission et sa durée. Si ton employeur tente de requalifier la mission sans ton accord tu peux argumenter sur le fait qu'il s'agit d'une modification unilatérale du contrat à l'initiative de l'employeur et que cela peut déboucher sur un licenciement implicite et pas sur une démission, ce qui de ton point de vue change pas mal de choses.

Par contre il va être difficile de négocier le fait de rester sur la même mission si le client estime que tu n'es plus nécessaire, tu n'as pas vraiment de moyen de pression car aucun contrat ne te lie à lui.

[phili_b]

Même avis.

Sachant en plus que c'est un CDIC donc liée à la mission si je ne m'abuse. Donc à mon avis ça renforce le fait que c'est une fin de contrat à l'initiative de l'employeur et non de toi même, et certainement pas une démission.

Sinon on peut à la rigueur discuter du fait qu'un employeur veut considérer un refus de mission comme une démission, ça ne regarde que lui, mais vis-à-vis du droit du travail il me semble qu'il n'y a que les instances légales qui peuvent requalifier un type de départ en un autre (Pôle Emploi, Prud'hommes,...). Personne ne peut t'obliger à signer une lettre démission. Après il y a les bonnes vieilles méthodes comme les pressions, le harcèlement, l'exil en mission lointaine qui peuvent te pousser à la faute.

Après ils peuvent essayer de faire un licenciement pour faute ou faute grave pour éviter les plans sociaux (qu'on peut requalifier en licenciement sans faute mais en passant par les prudhommes (2 ans en moyenne de procédure ,parait-t-il)) . Mais certainement pas t'obliger à démissionner.

Et en plus c'est pas joli le conflit d'intérêt, le copinage, et la sous-sous traitance. Voyant la voilure se réduire l'ancien de S. chez le client veut se débarrasser de tout les non S. pour faire de la place à ses propres prestataires. Et le commercial de E. de mettre la pression.

Le seul truc où il pourrait avoir "en partie" raison, mais je doute que cela soit le cas en CDIC puisque c'est lié à la mission, c'est le fait que tu ne peux pas refuser de faire du cascading si tu en as les compétences, que ton salaire n'est pas baissé, et que ce n'est une baisse de qualification.

En tout cas ne signe rien lundi, laisse toi le temps de la réflexion. Fais gaffe aux docs anti-datés.

Si tu le sens tu pourrais signer une rupture conventionnelle, mais le mieux est quand même d'y réfléchir car il y a tout de même pas mal de chômage dehors. En plus les ruptures conventionnelles ne sont pas aussi facile qu'avant car l'inspection du travail est noyé de ruptures conventionnelles à cause des abus.

Demande à l'entretien de lundi un témoin, ou mieux un représentant du personnel comme témoin.

[yolle]

les différents intervenants ont très bien résumé la situation. Ne signe surtout pas de lettre de démission.

[Karottsys]

Bonjour et merci pour toutes vos réponses.

Il est un peu tard pour lancer des démarches de défenses avant lundi 9h, mais je clarifierai les choses et repartirai sans rien signer s'il le faut. Je n'ai que 23 ans, ne travaille "vraiment" hors apprentissage que depuis novembre 2012, et en voit déjà de toutes les couleurs. Et pour reprendre un slogan devenu célèbre: "et c'est pas fini". C'est la guerre...

[phili_b]

Tu as eu le bon réflexe de poser tes questions ici. En fait ce n'est pas l'informatique qui est un domaine de requin, c'est que 90% de l'informatique est en prestation...qui est souvent un domaine de requin, car les gens sont isolés.

Et pour un commercial tu as le profil idéal en cas de conflit: comme tu es jeune et avec très peu d'expérience, tu peux tomber dans leurs panneaux sans même t'en rendre compte.

[yolle]

En fait ce n'est pas l'informatique qui est un domaine de requin, c'est que 90% de l'informatique est en prestation...qui est souvent un domaine de requin, car les gens sont isolés.

Le principe de base de la prestation est (comme dans commerces de biens) vendre le plus cher possible ce qui va te couter le moins cher possible (pour faire le plus gros bénéfice). Partant de là, tous les coups sont permis (Surtout quand il savent qu’ils peuvent à tous moments recruter très facilement). Lorsque tu rentres tout juste dans la vie active, c'est violent.

[Karottsys]

Bonjour,

Rien n'est encore fait mais c'est sur la bonne voie.

Ce matin mon commercial est arrivé 1h en retard au rendez-vous.

Au début de l'entretien, il a de nouveau essayé de me parler de la mission de déploiement. Que j'ai encore une fois refusé en bloc. Mais pour lui il s'agissait du "même poste", sans "baisse de qualification", dans la "même entreprise" et sur le "même contrat" avec le "même salaire". Il m'a montré le contrat de travail en me disant que pourtant c'était bien "écrit", que je devais accepter. Il m'a dit que de nombreuses personnes étaient heureuses dans ce poste, que cela valait le coup d'essayer.

Je lui ai dit qu'il ne servait à rien d'insister, que ça ne m'intéressait pas d'aller au travail en trainant les pieds et qu'à 23 ans c'était perdre du temps. J'ai été honnête. Selon lui, on "doit accepter ce qu'on nous propose" car si "chaque collaborateur devait choisir sa mission, on ne s'en sortirait plus.".

Au moment de parler de la rupture conventionnelle, il m'a dit que ça lui "coûterait de l'argent", et qu'il "m'appréciait et n'avait aucune raison d'accepter cette rupture". J'ai sorti l'argument (qui est vrai) que je souhaiterai reprendre les études afin de par la suite disposer d'un poste plus intéressant, et c'est l'argument qui a fait mouche. Lui même ayant beaucoup galéré pour arriver à son succès d'aujourd'hui.

Rien n'est fait mais j'ai rendez-vous mercredi afin de lui présenter ma demande officielle de rupture.
Reprendre les études sera difficile, mais c'est à mon sens la solution la plus intéressante pour le moment.

[Njörd]

Bonsoir Karottsys,

Merci pour ton retour. Garde courage, c'est juste un mauvais moment à passer

[Glutinus]

Salut Karottsys,

Manifestement, ta SSII a abattu ses cartes.
Déjà un commercial avec un retard d'une heure (sûrement sans excuse ou bidon) ça désigne bien son intérêt pour ses collaborateurs qui "freeze le zéro absolu".

Il essaie absolument de te refourguer une mission sans même écouter ton argument. Après je me mettrai bien du côté d'une SSII en disant qu'effectivement, des fois on peut trop faire la fine bouche et qu'on ne peut pas avoir la mission de rêve, mais si ça va à l'encontre de ce pourquoi tu as été recruté il y a un souci. De plus il refuse la rupture conventionnelle donc ça risque d'être compliqué. Effectivement, ce sera davantage "accepte la première" ou "casse-toi en démissionnant".

[Karottsys]

Bonjour à tous !

Je viens "fermer le ticket d'incident" (comme on dit dans le milieu... )

J'ai signé une rupture conventionnelle ce matin en bonne et due forme.

Je ne partirai pas avec grand chose (environ 650 euros bruts + une partie de mes CP), ce qui au total fait un tout petit peu plus que 1000 euros, mais je suis quand même content que le commercial ait accepté et surtout fier d'avoir pu faire mes propres choix (je suis d'un naturel plutôt effacé).

Maintenant, que faire ...

1/ Reprendre de l'intérim sur un poste aussi intéressant que jusqu'alors, juste pour m'occuper (je peux tenir quelques mois sans salaire) en attendant de trouver une école.

2/ Rester chez moi et prendre le temps de profiter de la vie, de décompresser par rapport à cette année, de prendre du recul sur mes choix et de prendre le temps de faire les bons (quelles écoles, quel master, pourquoi, comment...)... Parce que la rentrée, c'est loin.

S'il y a bien une seule chose qui m'angoisse (oui oui) c'est de ne pas savoir quoi faire de mes journées.

En tout cas, merci pour ces judicieux conseils.

[Glutinus]

C'est une excellente nouvelle !

Cependant ne te repose pas trop sur tes lauriers. Certes prends peut-être quelques jours pour retrouver les tiens mais songe déjà à ce que tu veux faire et si tu ne peux pas déjà commencer à te préparer. Bon courage pour la suite !

[Njörd]

Bonjour Karottsys,

C'est une bonne nouvelle

Pour ce qui est des écoles, les entretiens commencent en général en février - mars. Après, à toi de voir où tu veux aller.

Le CNAM propose de bonnes formations si tu as envie de bosser en même temps que te former. La difficulté étant que les cours sont le soir et le samedi matin. Tu peux également voir du côté de l'alternance si cela ne te fait pas peur / ne te dérange pas. Le CNAM en propose mais regarde aussi les écoles publiques. Si tu as la possibilité de faire un diplôme d'ingénieur reconnue CTI c'est que du bonus. Il reste également les écoles privées en alternance mais là c'est des titres de niveau I (équivalent bac+5, délivré par le ministère du travail). Là, le diplôme va surtout dépendre de l'école, de sa renommée (comprendre : comment elle est vue par les non informaticiens => en gros la pub est bonne ?) mais aussi de comment tu vas te vendre en entretien.

Tu peux très bien écrire ingénieur sur ton CV et, si en entretien on te dit que tu n'as pas de diplôme reconnue, tu rétorques que tu as le même niveau qu'un ingénieur puisque tu es capable de trouver des solutions à un problème / besoin donné d'une entreprise. Evidemment, il faut nuancer ça par le côté franco-français de la culture du diplôme et l'aléatoire des recruteurs (qui peuvent être très cons en restant buté sur cette culture du diplôme). Nuance également sur le salaire qui est basé sur des grilles dépendant elle-même du diplôme.

Autre piste qui n'a rien à voir avec cette culture du diplôme. Devenir ... son propre patron. Le mot est lâché. Là, il faut que tu te poses deux questions essentielles :

• Souhaites-tu être ton propre patron ? Sais-tu ce que cela implique pour toi, ta future famille ?
• Es-tu prêt / du genre à prendre des risques ?

Ces deux questions sont à la base de la personnalité de tout entrepreneur qui est arrivé à se lancer. De là, tu vois si tu veux faire une entreprise style service en étant freelance (genre t'es développeur et tu veux faire de la prestation de site web et hébergement ou autres) ou si tu souhaites lancer un vrai projet innovant : start-up concrètement. Avec des amis ou alors tu apportes seul une idée (5% de la valeur ajoutée d'une start-up, le plus important c'est l'équipe et la réalisation/produit qui en ressort) et tu arrives à t'entourer de personnes compétentes et intéressées.

Pourquoi je te parle de ça ? Parce que, même si ce n’est pas tout le monde qui peut / à l'envie de se lancer, c'est quelque chose qui peut vraiment permettre de s'épanouir dans le travail et d'avoir la pêche tous les matins. Parce que même si t'es pas milliardaire, même si tu ne roules pas sur l'or mais que tu arrives à en vivre suffisamment, tu auras la satisfaction d'être aux commandes, de faire des choix qui auront un réel impact et tu accompliras quelque chose de concret.

Voilà, t'as de quoi réfléchir.

My two cent