Les essais en vol ont très vite confirmé ces craintes et ont permis de caractériser des risques de décrochages dus à une mise en cabré de l’avion, lorsque les moteurs étaient à pleine puissance.
On peut aisément comprendre que si le centre de gravité et le « centre de poussée » des moteurs sont fortement déplacés vers l’avant alors que le centre de portance qui est principalement dû aux ailes n’est pas changé, un couple de nature différente se manifeste lorsque les moteurs sont à la puissance maximale. Surtout si en plus ces nouveaux moteurs sont encore plus puissants. En résumé, le 737 Max devient un avion aux caractéristiques de vol délicates au décollage et très différentes des modèles précédents.
Devant ce danger, les essais en vol furent suspendus. Le géant de Seattle chercha une solution en urgence. L’avion étant déjà massivement vendu et les approvisionnements lancés, l’avionneur US décida de faire un « tripatouillage » informatique dans les commandes de vol afin ne pas perdre de temps pour résoudre ce problème de conception. Une solution bricolée nommée « Manoeuvering Characteristics Augmentation System » qui, si elle détectait un angle d’attaque trop important pouvant conduire à un décrochage, braquait automatiquement le stabilisateur horizontal arrière, de façon à mettre l’avion en piqué. Ce système est « armé » - c’est-à-dire prêt à agir lorsque l’avion est piloté en mode manuel ce qui est le cas au décollage.
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