Champagne et vins fins: Le Pen père fait payer le Parlement européen
Champagne et vins fins: Le Pen père fait payer le Parlement européen
Toujours pas en taule le viel alcolo zinzin ? c'est normal ?
"A la santé de l'Europe ! je vous ait bien tous baisé bande de gogos, j'ai envoyé le fric que j'ai détourné en Suisse !"
<< Mediapart révèle que l’eurodéputé Jean-Marie Le Pen a utilisé une partie des fonds alloués à sa communication pour se faire livrer une centaine de bouteilles de grands crus dans son manoir de Saint-Cloud. Coût de l’opération : plus de 8 500 euros.
Datée du 28 décembre 2016, la facture ressemble à un inventaire des plus grands Bordeaux : « Pomerol », « Saint-Émilion », « Saint-Estèphe », « Saint-Julien »… Amateur de champagne, Jean-Marie Le Pen a également sélectionné des cuvées de chez « Krug », « Dom Pérignon » ou « Bollinger ». En tout, plus de cent bouteilles lui ont été livrées dans son manoir de Montretout, à Saint-Cloud, pour un montant dépassant les 8 500 euros. Mais la facture, elle, est partie à Bruxelles. Aussi incroyable que cela puisse paraître, l’eurodéputé a fait supporter le coût de ces achats dispendieux par le Parlement européen.
D’après nos informations, Jean-Marie Le Pen a pioché, pour ce faire, dans une enveloppe de fonds publics théoriquement mise à disposition des parlementaires pour couvrir des frais de secrétariat ou de représentation. Passée inaperçue dans un premier temps, cette facture aurait fini, tout récemment, par faire tiquer les services du Parlement, qui ont visiblement enclenché une batterie de vérifications auprès du caviste installé dans le très chic Ier arrondissement de Paris.
S’il s’avère que Jean-Marie Le Pen a enfreint les règles « maison » sur l’usage de ces fonds, il pourrait lui être demandé de rembourser. Car l’argent des contribuables européens n’a pas vocation à garnir les caves de leurs représentants. Sollicité par Mediapart à Bruxelles, ainsi qu’à Montretout où il a ses bureaux, le fondateur du FN n’a pas retourné nos appels.
Le service de presse du Parlement se refuse à tout commentaire sur un cas particulier, mais accepte tout de même de rappeler le fonctionnement de l’enveloppe en question, distincte des indemnités versées à chaque eurodéputé. Le principe ? Chaque année, le Parlement alloue un budget spécifique à tous ses groupes politiques pour couvrir leurs frais de fonctionnement collectifs (la « ligne 400 » dans le jargon). Pour les élus « non inscrits » comme Jean-Marie Le Pen (exclu du FN donc affilié à aucun groupe), une enveloppe est aussi prévue de « seulement » 50 000 euros par an, dans laquelle ils ont le droit de piocher pour des dépenses de « secrétariat » ou « liées à des activités politiques et d’information ».
Vu les strictes conditions d’utilisation, cette fameuse « ligne 400 » permet surtout l’achat de gadgets promotionnels, tels des stylos avec le logo du Parlement ou le nom du député, censés valoriser l’institution et/ou le travail de l’élu. Une clause tarifaire est également fixée : le prix de ces objets ne doit pas dépasser 100 euros l’unité et « [les députés] doivent envoyer une photo ou un échantillon du gadget » avant de passer commande, rappelle le service de presse.
Ainsi, d’après nos informations, Jean-Marie Le Pen aurait demandé à son caviste d’appliquer sur ses bouteilles des étiquettes spéciales en rapport avec le Parlement européen, afin d’en faire des objets promotionnels et de les faire passer sur sa « ligne 400 ».
À l’arrivée, à quoi ces vins ont-ils bien pu servir ? Jean-Marie Le Pen les a-t-il débouchés au cours d’une réunion d’information sur l’avenir de l’Europe ou sur son travail parlementaire ? Quel festin ces champagnes ont-ils précisément arrosé ? Faute de réponse du fondateur du FN, eurosceptique s’il en est, Mediapart est resté sur sa soif.
Du côté du caviste, l’homme qui s’est chargé de la commande se souvient bien d’une étiquette spéciale, en rapport avec le Parlement européen. « Conformément aux demandes du Parlement, j’ai envoyé des échantillons à Bruxelles », raconte-t-il. Des bouteilles ? « Oui. » Et ? « Ça a été validé, puis j’ai envoyé ses bouteilles au client. » Des étiquettes « promotionnelles » ont-elles été apposées sur l’ensemble des vins livrés à Saint-Cloud ou juste sur les « échantillons » expédiés en Belgique ? Au nom de la « confidentialité », notre interlocuteur ne poussera pas la conversation plus loin.
Si les services du Parlement ont enclenché des vérifications sur la régularité de ces dépenses, c’est peut-être aussi qu’un « détail » de la facture intrigue. Au premier coup d'oeil, on remarque que le prix affiché par bouteille est systématiquement inférieur à 100 euros, condition sine qua non d’une prise en charge par Bruxelles : le champagne Bollinger est ainsi facturé à 97 euros, le Deutz à 95 euros, etc., alors que les tarifs publics affichés sur le site Internet du caviste apparaissent beaucoup plus élevés (parfois le double)…
Cette affaire vient encore alourdir la barque des élus d’extrême droite à Bruxelles, déjà chargée de lourds soupçons. Jean-Marie Le Pen fait en effet partie, avec Marine Le Pen, des eurodéputés visés par une information judiciaire ouverte à Paris sur de possibles détournements de fonds publics européens, relatifs à une quarantaine de contrats d’assistants accordés par des eurodéputés FN à des militants qui semblent avoir surtout travaillé au service du parti, en France.
Si la formation de Marine Le Pen conteste toute irrégularité, le Parlement européen a récemment révisé le préjudice qu’il estime avoir subi à la hausse pour le chiffrer à quelque 5 millions d’euros. Des procédures de recouvrement ont d’ailleurs été initiées à l’égard de six élus, dont Marine Le Pen elle-même, toutes contestées en justice. La candidate à l’élection présidentielle ayant refusé de se rendre à la convocation des juges d’instruction en mars dernier (qui envisageaient une mise en examen pour « abus de confiance »), une demande de levée de son immunité parlementaire a atterri à Bruxelles, à quelques jours du premier tour. Source : Médiapart>>
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