Le directeur du FBI prépare ses arguments pour une « conversation adulte » au sujet du chiffrement des dispositifs
dès l’année prochaine

Le débat sur le chiffrement des dispositifs s’est intensifié aux États-Unis lors du bras de fer entre le bureau fédéral d’investigation (FBI) et Apple, après l’attaque meurtrière de San Bernardino. Ce fut l’occasion pour James Comey, le directeur du FBI, de mettre en avant la nécessité d’obliger les constructeurs à introduire des portes dérobées dans leurs dispositifs, sous prétexte que le chiffrement fort empêche les agences d’investigation de mener à bien leur mission. Il faut noter que James Comey a toujours mené ce combat. En 2014 par exemple, alors qu’il se disait préoccupé par le chiffrement par défaut d’Android et iOS, il a demandé l’introduction de backdoors dans les smartphones.

Après un court répit, le directeur du FBI entend relancer le débat sur le chiffrement l’année prochaine. Pour cela, il dit être en train de préparer ses arguments pour que les constructeurs soient forcés à introduire des portes dérobées dans leurs produits.

S’exprimant au Symantec Government Symposium le 30 août à Washington, James Comey a réaffirmé sa position contre le chiffrement fort, expliquant que cela contraint les forces de police à enquêter dans une « pièce de plus en plus sombre » et rend plus difficile d’attraper les criminels. Pour le FBI, c’est une bonne chose que le débat autour du chiffrement soit enfin ouvert au public. Il pense que c’est le peuple américain qui doit décider si oui ou non, il doit renoncer à la sécurité nationale plutôt que de céder à un peu de sa vie privée. Le bureau fédéral va donc travailler cette année pour rassembler tous les arguments contre le chiffrement fort avant de les présenter aux Américains l’année prochaine, qui devraient ensuite avoir le dernier mot.

« La conversation que nous avons tenté d’avoir sur ce sujet a maintenant été portée à la connaissance du public et c’est très bien », a déclaré Comey lors du symposium organisé par Symantec. « Parce que ce que nous voulons faire, c’est de collecter des informations cette année de sorte que l’année prochaine, nous puissions avoir une conversation "adulte" dans ce pays », a-t-il ajouté. « Nous devons comprendre exactement au FBI, comment [le chiffrement fort] affecte notre travail, et ensuite partager [les informations] avec les gens », dit-il. Comey explique qu’à partir de ces informations, le peuple américain pourrait finalement décider si sa vie privée est plus importante que « la partie de la pièce étant sombre » pour le FBI.

James Comey reconnaît que le peuple américain a droit à un minimum de vie privée, que ça soit dans les maisons, les voitures ou les appareils électroniques. « Mais ce droit n'est pas absolu lorsque les forces de l’ordre ont des motifs probables de croire qu'il y a des preuves d'un crime dans l'un de ces endroits, y compris un ordinateur portable ou smartphone », rapporte l’agence américaine Associated Press (AP). « Avec une bonne raison », le directeur du bureau fédéral américain pense que « le peuple des États-Unis - à travers les juges et les forces de l'ordre - peut envahir les espaces privés ».

En voulant remettre la question entre les mains des Américains, le directeur du FBI compte surtout sur le fait que la majorité d’entre eux a soutenu le bureau fédéral dans son combat contre Apple. Soutenir sa position par plus d’arguments contre le chiffrement fort pourrait donc permettre au peuple américain de renoncer facilement à une portion de leur vie privée pour la cause de la sécurité nationale.

Source : Associated Press

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