Envoyé par
Cabos
Je suis d'accord avec ton propos, et je n'y vois pas d'opposition avec ce que je disais plus haut, mais ta précision est tout à fait nécessaire : quand je parle de confort de travail, je prends un axe relatif.
Dans le cas de mon magasinier, son confort de travail, avant que je ne fasse mes petits programmes, consistait à pouvoir de temps à autre faire un détour sur son trajet. Ainsi, même s'il devait se taper ses 50 aller-retour pour consulter son poste informatique, il en profitait pour faire un ou deux passages à la machine à café.
C'est là, où je ne peux pas faire de la technique pure. Mon appli lui évite certes la peine de ces 50 déplacements (d'où confort), mais si je ne considère que cela, j'oublie que je fais aussi partie d'une communauté humaine (en l'occurrence, celle de salariés). Donc, parallèlement, je me suis aussi posé la question de la perte potentielle de ses pauses café. Mais là, ce n'est pas la technique qui peut parler. Donc, j'ai eu recours à d'autres axes.
C'est le souci de notre domaine d'action. Soit nous ne sommes "que" des techniciens, des "mercenaires instruits" ; on nous demande de mettre en place un truc, on le fait et on se fout des conséquences, soit on se projette dans autre chose, dans les retombées de ce que nous créons. Le souci, c'est que lorsque tu es prestataire, cette dimension humaine, tu n'as même pas trop l'occasion de l'approcher. Si j'avais fait une appli pour des magasiniers travaillant dans une boite autre que la mienne, je n'aurai eu aucun levier pour veiller sur leurs moments de convivialité, aussi ténus soient ils.
Qu'on ne s'y méprenne pas, je n'ai pas de leçons à donner, ni même de recette universelle. Chaque situation est particulière. Mais nous sommes, que nous le voulions ou non, au cœur même d'une mutation des emplois. Alors il peut être utile de se poser des questions pour saisir les opportunités quand elles se présentent.
Dans certains propos tenus plus haut, j'ai ressenti, peut-être à tort, c'est le problème de ces échanges électroniques qui ne véhiculent pas très bien les sentiments qu'on y met, un vrai manque d'empathie. On ne change pas la vie d'un être humain comme on change de langage de programmation, parce qu'il est plus rapide, plus efficient, moins couteux en efforts... C'est un point qui dépasse la compétence technique, et j'ai bien conscience de ne pas être "moderne" en tenant de tels propos. Mais clairement, j'espère que j'arriverai à les tenir jusqu'à mon dernier souffle.
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