Je n'aurais peut-être pas écrit cet article, si je n'avais pas observé un mouvement de protestations ce Vendredi dans certains pays musulmans y compris le mien contre charlie.
Je suis musulman et vis dans un pays pratiquement musulman à 100%.
Je suis poussé à faire cet article sur developpez parce qu'il y a eu 2 articles similaires, mais dans lesquels il m'a semblé dans une lecture transversale ne pas lire de réaction d'un musulman. Pourtant beaucoup de visiteurs du site sont musulmans.
Je déplores et regrettes l'attentat commis au nom de l'islam sur charlie, cela ne me fera pas taire une remarque ou des remarques contre charlie.
Pourquoi cette publication provocatrice ?
"Je ne suis pas Charlie, je suis des mécontents de charlie."
Faites attention à la nuance homographique des deux verbes de la phrase ci-dessus.
Un fait divers (ça le reste pour moi dans les 2 sens) continue d'échauffer les esprits de part et d'autres.
Le hasard a voulu que quelqu'un annonce aujourd'hui près de moi qu'il allait à un point de rencontre de l'appel à manifester d'un chef religieux contre la publications de Charlie.
J'essayais de l'en dissuader en lui expliquant non pas l'inutilité de la chose, mais l'utilité qu'en tire l'auteur.
Pour lever tout doute avant d'aller loin, je décris mes principes face à la chose :
Je désapprouve l'action violente sur charlie tout autant que je désapprouves ce genre de publication orienté stigmatisation, raillerie, provocation, sous le couvert d'une liberté d'expression de façade.
Liberté d'expression de façade, car n'en déplaise aux idéalistes et fervents défenseurs de cette notion ambigüe, qu'il y a beaucoup de nuances d'interprétation de cette liberté qui n'en reste pas moins étouffée dans bien des cas par ceux qui aujourd'hui s'insurgent contre une atteinte à la liberté de la parole.
Revenons au fait, je postes principalement à l'intention des musulmans du monde entier.
Un petit rappel historique
Salman Rushdie publie en 1988 un livre dénigrant l'islam.
Réaction de blâme du monde musulman. (Mais dans l'ordre l'Inde est le premier pays à bannir le livre). Puis d'autres suivront, celle extrême du guide iranien de l'époque est la plus remarquée. Au final la menace que ce dernier aurait fait peser sur Rushdie, lui aurait apporter plus de notoriété publique et de célébrité que ne lui aurait apporté son talent littéraire et le livre en question. Je ne l'ai pas lu. Il ne m’intéresse pas de chercher à lire un livre supposé dénaturé l'histoire de l'islam. Si je me réfères à des extraits, la qualité littéraire ou romancière sont médiocres, de même que la chronologie qui d'ailleurs ne correspond pas à celle de la vie du prophète. Mais que voulez-vous, voici un livre poubelle devenu une espèce d'icône de la liberté, et un mauvais talent devenu la quête des journaux en mal de personnalité non anodine à interviewer sur des sujets non anodins. Rushdie se trouve être sous haute protection des services britanniques à un degré de paranoïa plus élevé que la protection de la vie de la notable reine.
Je me demande aujourd'hui si l'ayatollah d'alors avait soupçonné les avantages qu'il accordait à un auteur minable et un livre minable, s'il aurait proclamé sa fatwa.
Mais expliquer pourquoi ce livre heurte la sensibilité des musulmans est mieux décrite ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Ver...r.C3.A9actions
Ce précédent fort intéressant sous bien d'égard à le mérite d'avoir été mal géré, par les leaders de la communauté qui se sent offusquée, et par ceux d'où provient le mal. J'y reviendrais peut-être.
En bref d'autres évènements similaires se succéderont, considérés comme des insultes et faisant réagir violemment le monde musulman, ..., un pasteur débile aux US, qui devient le phare des éditos en manque de sensationnel, un journal norvégien qui publie une carric..., en dernier charlie.
La remarque qui sort de ces faits à mes yeux, n'est pas le vernis éclatant avec sur lequel nous aveugle les médias sur l'atteinte à la liberté d'expression, mais des auteurs médiocres, ou des entités obscures en manque d'auditoire deviennent du jour au lendemain connus aux quatre coins du monde avec les conséquences avantageuses qui en découlent financièrement. Grâce au bruit entretenu par la communauté musulmane et les médias. Les deux camps sont coupables de la mise en avant d'une connerie que personne n'aurait appris autrement.
A l'exception de charlie, la plupart des sources de ce genre "d'incident" ces dernières années, si l'on peut traiter ces évènements d'incidents, n'aurait subi un dommage quelconque à ma connaissance, si ce n'est des menaces contribuant à leur popularisation.
Le filon est tentant, me diriez vous, mais charlie en a eu pour des frais.
Dommage collatéral parfaitement assumé aussi par les responsables de ce site.
Ont-ils sous estimés la possibilité de subir une repression réelle au délà des menaces ?
Je laisses le soin aux lecteurs de répondre à cette question.
Toute entité médiatique à caractère public, aussi inconscient qu'il soit, sait très bien que ce genre de publications peut avoir des suites dangereuses. Toute entité qui n'a pas vocation à entretenir la polémique, la haine, la stigmatisation, s'abstient de ce genre de publications quel que soit le profit qu'il peut en tirer.
Mais je le répète le filon est tentant. Et à ma connaissance les cas récents, n'avaient pas dans les conséquences subies, quelque chose de significativement dramatique pour les auteurs. Alors charlie comme tout autre n'aurait pas hésité, considérant sa situation financière et son auditoire se trouvant à un niveau lamentablement critique.
On lance la provoc et on se terre derrière la sacro-sainte liberté d'expression.
Ma réflexion :
Le crime de charlie n'est pas un crime. Il ne se situe pas dans un milieu musulman, il ne choque pas la culture du milieu dans lequel il s'est produit, il peut être simplement vu par un musulman comme une débilité exotique qui ne le concerne pas.
Des faits anodins et assez locaux ont une facilité de mutation en exceptions de portée mondiale, quand ils se réfèrent à l'islam.
Serait ce parce que les musulmans sont un petit peu trop chatouilleux, ou parce que les médias de diffusion sont un petit peu excessifs par rapport à l'islam? Je laisses le soin aux lecteurs de répondre à cette question.
Ma réponse personnelle est que les médias sont beaucoup plus excessifs. Leur support à la diffusion de grande masse de petits incidents, dimensionnent l'incident à un niveau qu'il n'a pas.
En m'adressant toujours à la communauté musulmane, je poses la question que j'ai posé à mon interlocuteur de la journée de ce Vendredi :
"Quel aurait été la réaction du prophète paix à son âme, si cette caricature se faisait en sa présence ?"
Je donnes la réponse aux non musulmans qui a été faite par mon interlocuteur, sans hésiter il dit : "Rien. Il aurait dit à ceux qui ne seraient pas contents de l'action d'oublier et de pardonner. Il a beaucoup d'exemples ainsi."
Ce rappel vaut ce qu'il vaut. C'est une base élémentaire sur laquelle repose l'éducation musulmane, mais qui est à chaque fois défaite par des leaders dont la compréhension de l'islam me paraît assez douteuse.
Malgré le fait que l'interlocuteur avait compris où je voulais en venir : "le chien aboie, la caravane passe", il devrait aller manifester avec l'excuse suivante :
"J'ai parfaitement compris. Mais tu sais comme aux premières heures de l'islam, les cheikhs quand ils font ses appels au nom de l'islam et du prophète doivent être suivis. Nous sommes dans une ère de culture démocratique où la manifestation démocratique d'un mécontentement face à un évènement insultant peut porter fruit."
Voilà le raisonnement simple de cet individu. Si simple, que je trouvais inutile de lui faire remarquer à propos du cheikh: qu'un père aveugle peut se faire conduire par son fils. Et si malgré son infirmité le père tenait à prendre le devant pour vous diriger dans un précipice, on lui fera prendre conscience de son erreur malgré tout le respect. Et s'agissant de la pression par une manifestation populaire, cela n'aurait aucune incidence négative ou positive entre les échanges des deux pays, encore moins contre charlie dont une bonne proportion des français de France ignoraient jusqu'à son existence il y a peu et est désormais connu du monde entier, avec le potentiel de nouveaux abonnés qui en découlent doublé d'un soutien aveugle de la liberté de dénigrement.
Cette manif contre charlie, nourrit simplement un article de plus pour un journaleux.
Je n'aime pas trop suivre les journaux parce que : s'ils ne sont pas assommant, ils sont assourdissants. Ils ne peuvent avoir de présentation impartiale de l'information. Leur survie étant conditionné à l'existence d'un auditoire, le maintien de l'auditoire semble être lié à la recherche d'information pouvant choquer, il sont emprisonnés dans une spirale d'auto-extinction. Parce qu'un auditeur perpétuellement gavé d'infos sensationnels finit par y être insensible. Dans une telle situation, il est normal de songer à jeter l'éponge, mais malheureusement l'acharnement est une nature persistante chez un journaliste. Dans un tel cas, il faut s'attendre à toute sorte d'excès.
Hélas une des failles du capitalisme libéral, qui veut qu'on valorise toute chose, y compris la polémique, la provoc, la mauvaise éducation ...
A propos de charlie, de bonne éducation et en laissant les considérations communautaires pour se fixer sur un champ individuel :
Est-il bien éduqué de railler son voisin d'à côté dans le but de l'agacer au nom d'une liberté de dénigrement non dite ?
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