Les Big Tech investissent des millions dans la mauvaise solution climatique à Davos
ils devraient miser sur les énergies vertes et non sur l'élimination du CO2, selon des experts

Lors de l'édition 2022 du Forum économique mondial à Davos, en Suisse, Alphabet, Microsoft et Salesforce se sont engagés à verser 500 millions de dollars à une nouvelle technologie climatique censée extraire le dioxyde de carbone de l'atmosphère pour l'empêcher de réchauffer la planète. Mais des experts pensent que l'élimination du dioxyde de carbone (CO2) ne représente pas la solution idéale contre la crise climatique que le monde traverse. Ces derniers notent que les Big Tech devraient se concentrer sur des sources d'énergie vertes plutôt que de miser sur la captation du CO2.

Le changement climatique a atteint un point critique ces dernières années. L'industrie technologique, principalement les Big Tech, fait partie des plus gros pollueurs de la planète et il est urgent de trouver des solutions pour réduire l'impact de la technologie sur le climat. Selon un récent rapport des Nations unies (ONU) sur le sujet, la crise climatique s'est tellement aggravée que la réduction des émissions de gaz à effet de serre provenant des combustibles fossiles ne suffira plus. « Nous devrons également trouver des moyens de réduire les tonnes de CO2 que l'industrie a déjà injectées dans l'atmosphère », indique le rapport.

Dans cet objectif, les Big Tech entendent s'appuyer sur des procédés technologiques pour capturer le carbone déjà présent dans l'atmosphère afin de l'empêcher de réchauffer la planète. Par exemple, en janvier 2021, Elon Musk, PDG de Tesla, s'est engagé à vexer 100 millions de dollars à la personne qui créera la meilleure technologie de capture du carbone. En avril dernier, Stripe, Alphabet, Meta, Shopify et d'autres entreprises ont pris un engagement commun de 925 millions de dollars pour acheter du carbone capturé au cours de la décennie. En 2020, Microsoft a promis d'éliminer plus de dioxyde de carbone qu'elle n'en émet d'ici 2030.

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Et mercredi, à Davos, Alphabet, Microsoft et Salesforce, réunis au sein d'une coalition appelée "First Movers", se sont collectivement engagés à verser 500 millions de dollars pour l'élimination du dioxyde de carbone (CDR - carbon dioxide removal). Selon les organisateurs de l'événement, Microsoft "servira de partenaire expert en partageant les leçons tirées de ses ventes aux enchères de carbone". Les géants de la technologie, comme Microsoft et Stripe, qui vantent les mérites de l'élimination du carbone affirment qu'ils mettent en place le marché naissant du CDR afin de faciliter la participation d'autres entreprises.

L'arrivée d'un plus grand nombre de bailleurs de fonds à ce stade précoce est censée rendre le CDR plus abordable afin qu'elle puisse se développer plus rapidement. Cependant, malgré ces initiatives, des experts du climat ont déclaré que l'élimination du dioxyde de carbone n'est pas la solution à la propre pollution des Big Tech. Ils estiment que le CDR est juste une manière de se faire de l'argent sur une cause "noble". En premier lieu, les critiques font remarquer qu'en dépit de la cascade de nouveaux engagements climatiques de Big Tech, les émissions de gaz à effet de serre de nombreuses entreprises continuent d'augmenter.

À titre illustratif, un rapport publié Microsoft lui-même montre que les émissions de l'entreprise sont passées d'environ 11,6 millions de tonnes métriques de CO2 pour l'exercice 2020 à environ 14 millions de tonnes métriques pour l'exercice 2021. La croissance de son activité s'est accompagnée d'une pollution liée à l'utilisation des appareils et des services cloud de Microsoft. Selon le rapport, la pollution liée à l'utilisation des appareils et des services cloud de Microsoft se serait également accrue. En 2022, les émissions de Salesforces ont également augmenté pour atteindre l'équivalent de plus d'un million de tonnes de CO2.

Selon les experts du climat, Microsoft et Salesforces paient en effet pour éliminer une partie suffisante de leurs émissions afin de pouvoir dire qu'ils sont neutres en carbone, principalement grâce aux compensations carbone. Mais ces derniers indiquent que les projets de compensation, comme la conservation des forêts et la plantation d'arbres, n'ont pas fait leurs preuves en matière de suppression définitive du CO2 de l'atmosphère. Par ailleurs, les plans visant à développer le marché de l'élimination du carbone comprennent des efforts pour tenter de le rendre plus fiable que les compensations traditionnelles.

Mais, pour l'instant, les experts du climat pensent que le seul moyen garanti d'éviter la crise climatique est de prévenir la pollution en premier lieu. Et les grandes entreprises technologiques sont toujours responsables de la création d'une grande quantité de pollution, dont une grande partie pourrait être évitée en passant plus rapidement aux énergies propres. « Cela mérite autant d'attention, sinon plus que celle accordée au CDR », déclarent-ils.

Le rapport de l'ONU indique que "miser sur le CDR pour contrebalancer les émissions résiduelles difficiles à éliminer est inévitable" dans les scénarios qui limitent le réchauffement de la planète à un niveau plus acceptable de 1,5 degré Celsius. Cependant, les experts suggèrent que le CDR est plus adapté aux industries lourdes, comme celle du ciment et de la sidérurgie, qu'à l'industrie informatique. Pour eux, les entreprises informatiques peuvent passer plus rapidement aux énergies vertes. Ils pensent que les Big Tech devraient miser sur les énergies vertes et non sur l'élimination du carbone.

Sources : Annonce de la coalition First Movers, le rapport de l'ONU (PDF), Rapport sur l'impact environnemental (Microsoft, Salesforce)

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