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Un accord entre Facebook et l'ICO sur Cambridge Analytica aurait réduit au silence les autorités britanniques
Cambridge Analytica : un accord secret entre Facebook et l'ICO aurait réduit au silence les autorités britanniques
cela montre comment les GAFA peuvent influencer les politiques gouvernementales
Alors que le scandale Cambridge Analytica battait son plein, Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, avait promis en 2018 réaliser un audit complet de sa plateforme et des services qui ont accès aux données personnelles des utilisateurs. Mais l'a-t-il réellement fait ? Lorsque la question a été posée cette semaine, la commissaire à l'information britannique a répondu à une sous-commission parlementaire sur les préjudices et la désinformation en ligne qu'un accord secret entre son bureau et Facebook l'empêche de répondre publiquement si Facebook a ou non contacté l'ICO pour réaliser cet "audit des applications" tant vanté.
Facebook avait promis un audit complet en 2018, mais l'a-t-il réellement fait ?
Le scandale de Cambridge Analytica est encore frais dans tous les esprits. En effet, en mars 2018, des rapports ont révélé que les données de Facebook avaient été récoltées par Cambridge Analytica. Christopher Wylie, un dénonciateur de 28 ans, a révélé comment la société a utilisé les données du profil Facebook de 50 millions de personnes pour influencer le résultat des élections américaines. Cela a apparemment confirmé des rapports datant de 2017 qui suggéraient que Cambridge Analytica avait obtenu les données en 2014, bien qu'elle ait prétendu, et prétend toujours avoir supprimé les données en 2015.
Une enquête connexe menée par la chaîne de télévision britannique Channel 4 a également révélé comment Cambridge Analytica s'est vendu comme propagateur de propagande. Le directeur général de la division politique de Cambridge Analytica, Mark Turnbull, a expliqué en détail comment l'entreprise acquérait du matériel dit "préjudiciable" sur les opposants et le diffusait sur Internet. « Nous mettons simplement l'information dans le flux sanguin d'Internet, et puis nous la regardons grandir, nous lui donnons un petit coup de pouce de temps en temps [...] comme une télécommande », a déclaré Turnbull.
Facebook a été accusée d’avoir permis l’utilisation abusive des données de ses utilisateurs qui a joué un rôle important dans l'élection de Donald Trump en 2016 et dans le vote du Brexit en Grande-Bretagne. En janvier 2020, une nouvelle fuite de données de plus de 100 000 documents a en outre révélé que la manipulation générale a atteint un niveau sans précédent. Les nouveaux documents divulgués devraient exposer les activités de l’entreprise dans près de 68 pays visant à manipuler les élections. La fuite de données laisse paraître que le scandale Cambridge Analytica (CA) n’était qu’une petite partie d’une opération mondiale plus vaste.
Dans la foulée du scandale de Cambridge Analytica, Facebook a déclaré qu'il allait prendre de nouvelles mesures pour renforcer son contrôle sur la manière dont les développeurs d'applications peuvent utiliser la plateforme Facebook. Toutes les applications qui ont reçu un accès important aux données des utilisateurs avant que Facebook ne réduise l'accès aux données en 2014 (Facebook avait déjà pris une fois des mesures importantes pour limiter la façon dont les développeurs pouvaient accéder aux données des utilisateurs), ainsi que celles qui ont montré un "comportement suspect", seront auditées.
L'une des dispositions prévoyait que les développeurs d'applications doivent obtenir l'approbation d'un contrat signé pour accéder aux posts ou aux données privées d'un utilisateur. « J'ai lancé Facebook, et en fin de compte, je suis responsable de ce qui se passe sur notre plateforme », a déclaré le PDG Mark Zuckerberg dans un post publié aujourd'hui. « Il s'agit d'un abus de confiance entre [Aleksandr] Kogan, Cambridge Analytica, et Facebook. Mais c'était aussi un abus de confiance entre Facebook et les personnes qui partagent leurs données avec nous et attendent de nous que nous les protégions. Nous devons réparer cela », avait-il dit.
Il est à noter que le fondateur de Facebook n'a pas promis de rendre compte des résultats de l'audit de manière transparente et publique. C'est bien sûr à cela que ressemble une "autorégulation". Des rapports d'audit finaux invisibles. Un "audit" qui est entièrement contrôlé par une entité profondément impliquée dans les éléments fondamentaux de ce qui est examiné ne vaut évidemment pas le papier sur lequel il est (ou n'est pas) écrit. Mais, dans le cas de Facebook, cet "audit d'application" ouvert, mais jamais fermé semble avoir rempli son objectif de relations publiques de crise.
Devant une sous-commission parlementaire sur les préjudices et la désinformation en ligne, la commissaire à l'information britannique, Elizabeth Denham, a déclaré mardi qu'un accord secret entre son bureau et Facebook l'empêche de répondre publiquement si Facebook a ou non contacté l'ICO (Information Commissioner's Office) pour réaliser un audit des applications. « Je pense que je pourrais répondre à cette question avec vous et la commission en privé. Cela fait partie d'un accord que nous avons conclu avec Facebook », a-t-elle déclaré au député Kevin Brennan.
« En ce qui concerne notre litige contre Facebook, il y a donc un accord qui n'est pas dans le domaine public et c'est la raison pour laquelle je préfère en discuter en privé », a-t-elle ajouté.
L'ICO se retrouve coincée en raison d'un accord qu'elle a conclu avec Facebook
En effet, en octobre 2019, Facebook a conclu un accord avec l'organisme britannique de protection des données, acceptant de payer la totalité de la pénalité de 500 000 livres sterling annoncée par l'ICO en 2018 en relation avec l'infraction de Cambridge Analytica, mais dont Facebook avait fait appel. Lorsqu'il a conclu un accord avec l'ICO, Facebook n'a pas admis sa responsabilité. Il avait auparavant obtenu gain de cause, auprès d'un tribunal de première instance qui avait jugé que "l'équité procédurale et les allégations de partialité" contre le régulateur devaient être prises en compte dans le cadre de son appel.
Ainsi, le procès de l'ICO contre Facebook avait pris un mauvais départ, ce qui a probablement incité le régulateur à conclure un accord avec l'armée privée d'avocats internes de Facebook. Dans une déclaration à l'époque, l'ICO a dit que Denham considérait que l'accord "sert au mieux les intérêts de toutes les personnes concernées au Royaume-Uni qui sont des utilisateurs de Facebook". Il n'y avait aucune mention de "clauses de bâillonnement" dans cette divulgation. Mais le régulateur a noté que les termes de l'accord donnaient à Facebook la permission de conserver les documents divulgués par l'ICO pendant l'appel à d'autres fins.
Ainsi, d'un seul coup, Facebook a pris le contrôle d'un grand nombre d'informations stratégiquement importantes. L'accord semble avoir été extrêmement pratique pour Facebook. Non seulement il était incroyablement bon marché (Facebook a payé 5 milliards de dollars pour conclure un accord avec la FTC à la suite du scandale de Cambridge Analytica peu de temps après), mais il a fourni à Facebook une mine de données obtenues par l'ICO pour qu'il puisse faire ses propres recherches sur Cambridge Analytica en toute sécurité, à l'abri des regards du public.
De plus, il a également garanti que le régulateur britannique serait limité dans ce qu'il pourrait dire publiquement. C'est pourquoi le commissaire à l'information a refusé de dire quoi que ce soit sur l'audit des applications en public. Paul-Olivier Dehaye, enseignant-chercheur en mathématique à l’Université de Zurich qui s'est reconverti en ennemi de Facebook et qui a contribué aux révélations sur les agissements de Cambridge Analytica en 216, a écrit sur Tweeter que ce genre d'accord entre le gouvernement et les grandes entreprises multinationales pourrait à la longue nuire aux dénonciateurs et avoir des effets dissuasifs.
« Le commissaire britannique à l'information a précédemment transmis des informations à FB concernant Cambridge Analytica, et a conclu un accord juridique secret avec cette société. Toute personne qui leur a transmis des informations (par exemple, les dénonciateurs) s'en inquiètera. À long terme, cette pratique aura des effets dissuasifs », a-t-il écrit. L'ICO a saisi une énorme quantité de données de la société en disgrâce qui était devenue une telle épine dans le pied de Facebook, après avoir fait un raid dans les bureaux de Cambridge Analytica au Royaume-Uni au début de 2018.
L'on ne sait pas exactement quelle part de ces données a été transmise à Facebook par le biais du règlement de l'ICO. Toutefois, il est intéressant de noter que l'ICO n'a jamais produit de rapport final sur son enquête sur Cambridge Analytica. Au lieu de cela, en 2020, elle a envoyé une lettre à la commission DCMS (Department for Digital, Culture, Media and Sport) pour confirmer son point de vue selon lequel la maison mère de CA avait rassemblé des ensembles de données provenant de sources commerciales pour essayer de "faire des prédictions sur les données personnelles à des fins d'alliance politique".
L'ICO a aussi confirmé que les données Facebook obtenues de manière inappropriée avaient été incorporées dans une base de données préexistante contenant "des données sur les fichiers d'électeurs, la démographie et les consommateurs pour les individus américains". Par ailleurs, elle a également déclaré que son enquête n'avait pas trouvé de preuves que les données Facebook qui avaient été vendues à Cambridge Analytica avaient été utilisées pour une campagne politique associée au référendum sur le Brexit.
Mais il n'y a pas eu de rapport global détaillant les mécanismes sous-jacents par lesquels le régulateur est parvenu à ses conclusions. Denham a tout de même déclaré que les preuves obtenues de Cambridge Analytica ont été partagées avec la FTC, la SEC et les procureurs généraux des États-Unis.
Sources : Parliamentlive.tv, Paul-Olivier Dehaye
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Facebook est poursuivi pour avoir "perdu le contrôle" des données d'environ un million d'utilisateurs
Facebook est poursuivi pour avoir "perdu le contrôle" des données d'environ un million d'utilisateurs
en Angleterre et au Pays de Galles
Lors des révélations concernant le scandale de la collecte de données de Cambridge Analytica en 2018, l'organisme britannique de surveillance de la protection des données a imposé à Facebook une amende maximale de 500 000 livres sterling, soit 569 615 €, pour sa participation à la cybercriminalité internationale. Le journaliste Peter Jukes a entamé une action en justice au nom des utilisateurs britanniques de Facebook. Il affirme que ses données ont été compromises lors du scandale de Cambridge Analytica. Facebook insiste sur le fait qu'il n'y a "aucune preuve" que les données des utilisateurs britanniques ou européens ont été envoyées à la société.
Le journaliste et écrivain Peter Jukes, qui dirige l'action, a affirmé hier que ses données ainsi que celles d'un million d'autres utilisateurs de Facebook au Royaume-Uni ont été compromises. Il affirme que de novembre 2013 à mai 2015, Facebook a permis à "This Is Your Digital Life, une application tierce, d'accéder sans accord préalable ni connaissance, aux informations personnelles de ceux qui ont téléchargé l'application. Dans l'action en représentation des consommateurs déposée devant la Haute Cour de justice de Londres, Jukes prétend que Facebook a violé ses obligations légales et demande des dommages et intérêts pour avoir enfreint la loi de 1998 sur la protection des données.
Comment Cambridge Analytica a-t-elle obtenu des données Facebook sur quelque 50 millions de personnes ?
Il faut d’abord savoir que Cambridge a payé pour acquérir les renseignements personnels par l'intermédiaire d'un chercheur externe, le Dr Aleksandr Kogan qui, selon Facebook, prétendait les recueillir à des fins académiques. Il ne s’agit donc pas d’une violation du système de Facebook.
Ceci étant dit, rappelons que Facebook offre un certain nombre d'outils technologiques pour les développeurs de logiciels, et l'un des plus populaires est Facebook Login, qui permet aux gens de simplement se connecter à un site Web ou une application en utilisant leur compte Facebook au lieu d’enregistrer de nouvelles informations. Les gens s’en servent probablement parce que c'est facile (en deux clics, ils peuvent créer leur compte) et élimine le besoin de se souvenir d'une nouvelle combinaison pseudo/MdP.
Seulement voilà : lorsque les utilisateurs utilisent Facebook Login, ils accordent au développeur de l'application une série d'informations provenant de leur profil Facebook, telles que leur nom, leur emplacement, leur adresse e-mail ou leur liste d'amis. C'est ce qui est arrivé en 2015, quand un professeur de l'Université de Cambridge nommé Dr Aleksandr Kogan a créé une application appelée « thisisyourdigitallife » qui utilisait cette fonctionnalité de connexion de Facebook. Quelque 270 000 personnes ont utilisé Facebook Login pour créer des comptes et ont ainsi choisi de partager leurs données personnelles avec Kogan.
En 2015, cependant, Facebook a également permis aux développeurs de recueillir des informations sur les réseaux d'amis de personnes qui ont utilisé Facebook Login. Cela signifie que même si un seul utilisateur a accepté de remettre ses données, les développeurs peuvent également accéder à certaines données sur leurs amis. Précisons que depuis Facebook a mis à jour ses conditions de service pour que cela ne soit plus possible, du moins pas au même niveau de détail. Grâce à ces 270 000 personnes qui ont opté, Kogan a pu accéder aux données de quelque 50 millions d'utilisateurs de Facebook.
Peter Jukes mène l'action
« Facebook profite de ses milliards d'utilisateurs, qui comptent raisonnablement sur la plateforme pour protéger les informations personnelles qu'ils lui confient », a déclaré Jukes. Il affirme que Facebook a abusé de la confiance des utilisateurs en mettant « des données privées à la disposition d'une application tierce, sans leur consentement ou même à leur insu. Cela a ouvert nos données personnelles à l'abus… Il est juste que nous, en tant que consommateurs, tenions Facebook pour responsable de ne pas avoir respecté la loi et d'avoir mis nos données personnelles en danger, afin que cela ne se reproduise plus ».
Jukes est représenté par le cabinet d'avocats Hausfield, spécialisé dans les litiges relatifs aux violations de données. Le cabinet affirme que Facebook a manqué à ses "obligations légales" de protéger les données des utilisateurs. Jukes a déclaré qu'il voulait s'assurer que la situation ne pourrait pas se reproduire. L'action vise à obtenir des dommages et intérêts de la part de Facebook pour non-respect de la loi de 1998 sur la protection des données.
En réponse à la plainte, Facebook a déclaré que « l'enquête du bureau du commissaire à l'information sur ces questions, qui comprenait la saisie et l'interrogatoire des serveurs de Cambridge Analytica, n'a trouvé aucune preuve que les données des utilisateurs britanniques ou européens ont été transférées par le Dr Aleksandr Kogan à Cambridge Analytica ».
Le procès contre le géant de la technologie, qui pourrait durer des années, portera sur la "perte de contrôle" des données personnelles des utilisateurs, ce qui justifie une indemnisation.
En octobre 2018, l'organisme britannique de surveillance de la protection des données a infligé à Facebook une amende maximale de 500 000 livres sterling pour son rôle dans le scandale de Cambridge Analytica. Le bureau du commissaire à l'information (ICO) a déclaré que Facebook avait permis une "violation grave" de la loi. Facebook s'est excusé et a permis aux utilisateurs de vérifier quelles "applications interdites" avaient accédé à leurs données. Une action judiciaire de masse similaire a été intentée contre Facebook en octobre, par le groupe Facebook You Owe Us, représenté par le cabinet d'avocats Milberg London.
En raison de la similitude des affaires, la Haute Cour peut décider de fusionner les deux ou de les considérer simultanément. Bien qu'il n'existe pas de précédent pour une telle action en justice de masse au Royaume-Uni, il y en a un aux États-Unis. Google a accepté de payer un montant record de 22,5 millions de dollars (16,8 millions de livres sterling) dans une affaire portée devant la Commission fédérale du commerce des États-Unis sur la même question en 2012. L'entreprise a également conclu un accord à l'amiable avec un petit nombre de consommateurs britanniques.
Source : Reuters
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Meta menace de retirer Facebook et Instagram du marché européen
Meta menace de retirer Facebook et Instagram du marché européen
si le groupe n'est plus autorisé à échanger les données des utilisateurs européens avec les États-Unis
La société mère de Facebook, Meta Platforms, envisage de quitter l'Europe si le groupe n'est plus autorisé à échanger des données d'utilisateurs européens avec les États-Unis. Ce message, qui peut être considéré comme une pure menace, a été inclus dans un document qu'elle a déposé auprès de la Commission américaine des valeurs mobilières (SEC), l'organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers.
Ce n'est pas la première fois que le groupe met cette menace sur la table. En 2020, les autorités irlandaises de protection de la vie privée ont fait savoir à Facebook qu'il ne pouvait plus utiliser les clauses contractuelles standard, notamment le Privacy Shield, pour se conformer aux règles de protection de la vie privée lors de l'envoi de données aux États-Unis.
Pour mémoire, l’accord « Privacy Shield » est venu remplacer l’accord « Safe Harbor ». Ce dernier, qui organisait une partie du transfert des données entre l’Union européenne et les États-Unis, a été annulé par la Cour de justice de l’Union européenne le 6 octobre 2015. Après cette décision, la Commission européenne a donc négocié rapidement un nouvel accord avec les États-Unis, afin d'assurer la continuité du flux massif de données entre les deux continents. C’est ainsi qu’a été proposé le Privacy Shield, qui est entré en vigueur à partir du 1er août 2016.
Privacy Shield n'est plus reconnu comme offrant une protection adéquate depuis le 16 juillet 2020, et ne peut donc plus servir de fondement à un transfert de données personnelles de l'Espace économique européen vers les États-Unis d'Amérique. Selon la Cour européenne de justice, les données personnelles sont moins bien protégées aux États-Unis qu'en Europe. Facebook a immédiatement averti que l'arrêt des transferts de données transatlantiques pourrait avoir un impact dévastateur sur l'entreprise. La société s'appuie sur le traitement des données des utilisateurs pour fournir des publicités en ligne ciblées.
Une enquête est toujours en cours par le régulateur irlandais des données. Meta attend donc toujours une décision finale dans l'affaire. Cela pourrait arriver au premier semestre de cette année. Dans ce contexte, la société américaine avertit désormais que si une bonne solution n'est pas trouvée, « nous ne serons probablement pas en mesure d'offrir certains de nos produits et services de base, y compris Facebook et Instagram, en Europe ».
L'affaire a commencé il y a plusieurs années avec une plainte du militant autrichien de la vie privée Maximilian Schrems concernant Facebook Ireland, le siège européen de l'entreprise. Schrems s'était plaint auprès de l'autorité irlandaise de protection des données du transfert de données personnelles de Facebook Ireland à sa société mère aux États-Unis. Il se demande s'ils sont suffisamment protégés aux États-Unis.
Clauses contractuelles types
Outre Privacy Shield, Meta utilise également des accords dits types, ou clauses contractuelles types, comme base juridique principale pour le traitement des données des utilisateurs européens sur des serveurs américains.
Ces accords types sont également examinés à Bruxelles et dans d'autres parties de l'UE.
En effet, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), dans son arrêt du 16 juillet 2020, a indiqué qu'en règle générale, les clauses contractuelles types (CCT) peuvent toujours être utilisées pour transférer des données vers un pays tiers (qu’il s’agisse des États-Unis ou d’un autre pays tiers). Cependant, la CJUE a souligné qu'il incombe à l'exportateur et à l'importateur de données d'évaluer en pratique si la législation du pays tiers permet de respecter le niveau de protection requis par le droit de l’UE et les garanties fournies par les CCT.
Si ce niveau ne peut pas être respecté, les entreprises doivent prévoir des mesures supplémentaires pour garantir un niveau de protection essentiellement équivalent à celui prévu dans l’Espace économique européen, et elles doivent s’assurer que la législation du pays tiers n'empiétera pas sur ces mesures supplémentaires de manière à les priver d'effectivité.
Concernant les États-Unis, la Cour a estimé que le droit américain en matière d’accès aux données par les services de renseignement (en particulier la section 702 du FISA et l’Executive Order 12333) ne permet pas d’assurer un niveau de protection essentiellement équivalent. La poursuite des transferts de données personnelles vers les États-Unis sur la base des CCT dépendra donc des mesures supplémentaires que vous pourriez mettre en place.
Conséquences pour les groupes, labels et magazines de l'UE
Si Facebook devait quitter le marché européen (ce qui serait peu probable étant donné que le marché européen leur rapporte 21 milliards de dollars américains et est leur deuxième plus grand marché), cela pourrait signifier un coup dur pour tous ces groupes, labels et magazines qui dépendent uniquement ou fortement de Facebook pour leurs activités promotionnelles.
Bernard Van Isacker, qui suit toute l'affaire, a fait ce commentaire : « C'est en gros ce contre quoi je mets en garde depuis des années, à savoir de ne pas mettre tous ses œufs dans le panier Facebook. Vous ne possédez tout simplement PAS les données là-bas, vous les louez et chaque fois vous devez payer pour atteindre vos abonnés, à moins que vous n'ayez une publication virale, ce qui n'arrive pas souvent. Nous l'avons également vu avec la façon dont ils ont intentionnellement réduit la portée sur Facebook et Instagram afin que les groupes, les labels et les magazines doivent payer pour faire passer leur message à leurs propres fans, qui ont souvent été achetés en premier lieu via Facebook (qui était une décision idiote en premier lieu). C'est comme si vous deviez acheter le même CD encore et encore si vous vouliez l'écouter Bonkers. Ce problème n'existe par exemple pas avec les multinationales qui vendent des biens un peu plus chers qu'un vinyle ou un CD. Pour les entreprises qui vendent des biens d'une valeur beaucoup plus élevée, le marketing dépensé sur Facebook est en fait assez favorable au retour sur investissement pour ainsi dire. Mais, le retour sur investissement sur Facebook n'est dans la plupart des cas pas vraiment rentable pour la scène musicale, sauf si vous vendez des produits haut de gamme où vos dépenses sont plus équilibrées par le prix de vos produits, je pense aux méga sorties limitées par exemple ou aux gros coffrets ».
Alors que se passera-t-il si Meta quitte vraiment l'Europe ? Bernard explique que : « C'est très simple, tous ceux qui ne se sont appuyés que sur les plateformes Meta pour diffuser leur message auront un problème majeur s'ils ne possèdent pas leurs propres données et sites Web. Je vois que la plupart des labels intelligents travaillent sur leurs propres données, mais tous ceux qui ne le font pas, eh bien, ce sera fini pour eux, j'en ai peur. De même pour les magazines qui s'appuient fortement sur Facebook pour capter l'essentiel de leur trafic, il sera difficile de continuer à être pertinents. Quoi qu'il en soit, Facebook a déjà fortement réduit la portée et le trafic sortant pendant des années, donc je pense que cela aurait dû être un signal d'alarme important pour tous ceux qui ont dormi au fil des ans ».
Des résultats trimestriels attendus par les investisseurs
Les résultats trimestriels de Meta doivent être publiés mercredi, et un représentant a souligné que le développement pour le métavers n'était pas l'objectif principal de l'entreprise, contrairement à ce qu'avait suggéré Mark Zuckerberg lorsqu'il annonçait le changement du nom de l'entreprise lors de l'édition 2021 de la Facebook Connect : « Notre marque était trop liée à un seul de nos services et ne reflétait pas tout ce que nous faisons », a expliqué le PDG du groupe. « Ce nouveau nom marque notre nouvel objectif : aider à donner vie au métavers », avait-il assuré.
Le représentant de Meta a également affirmé que la nouvelle orientation n'a entraîné aucune réduction significative de l'emploi pour les équipes actuelles.
« Il y aura des économies et des pays entiers développés numériquement en utilisant la VR/Web3, et nous ne faisons qu'effleurer la surface », a-t-il déclaré, faisant référence à la technologie métavers de nouvelle génération. « C'est l'avenir de la science-fiction, et Meta a pris la décision audacieuse d'en faire une réalité », a-t-il affirmé, notant que Meta était en tête avec la réalité virtuelle grâce à des produits comme ses casques Oculus.
L'incursion de Facebook dans le métavers a commencé au sommet. Mike Schroepfer, le directeur de la technologie de longue date, a déclaré en septembre qu'il démissionnerait d'ici la fin de 2022. À sa place, Zuckerberg a nommé Andrew Bosworth, parfois connu sous le nom de "Boz", qui a dirigé le développement de produits tels que les casques Oculus et les lunettes connectées Ray Ban Stories.
En octobre, la société a annoncé le recrutement dans les cinq prochaines années de 10 000 ingénieurs et développeurs en Europe. Un projet pour lequel Facebook a réservé 10 milliards de dollars rien que pour 2021, une addition qui sera donc plus salée les années à venir :
« Nous annonçons donc aujourd'hui un plan de création de 10 000 nouveaux emplois hautement qualifiés au sein de l'Union européenne (UE) au cours des cinq prochaines années. Cet investissement est un vote de confiance dans la force de l'industrie technologique européenne et le potentiel des talents technologiques européens.
« L'Europe est extrêmement importante pour Facebook. Des milliers d'employés dans l'UE aux millions d'entreprises utilisant nos applications et outils chaque jour, l'Europe est une grande partie de notre succès, car Facebook est investi dans le succès des entreprises européennes et de l'économie au sens large.
« C'est une période passionnante pour la technologie européenne. L'UE présente un certain nombre d'avantages qui en font un endroit idéal pour les entreprises technologiques : un vaste marché de consommation, des universités de premier ordre et, surtout, des talents de premier ordre. Les entreprises européennes sont à la pointe de plusieurs domaines, qu'il s'agisse de la biotechnologie allemande qui aide à développer le tout premier vaccin à ARNm ou de la coalition de néo-banques européennes menant l'avenir de la finance. L'Espagne enregistre des niveaux record d'investissements dans des startups qui résolvent tout, de la livraison d'épicerie en ligne à la neuroélectronique, tandis que la Suède est en passe de devenir la première société sans numéraires au monde d'ici 2023.
« Nous pensons depuis longtemps que le talent européen est un leader mondial, c'est pourquoi nous y avons investi si massivement au fil des ans - du financement de subventions à l'Université technique de Munich à l'ouverture de notre premier grand laboratoire de recherche européen en IA et programme d'accélérateur FAIR en France et Facebook Reality Labs à Cork.
« Au-delà des talents technologiques émergents, l'UE a également un rôle important à jouer dans l'élaboration des nouvelles règles d'Internet. Les décideurs politiques européens ouvrent la voie en aidant à intégrer les valeurs européennes telles que la liberté d'expression, la vie privée, la transparence et les droits des individus dans le fonctionnement quotidien d'Internet. Facebook partage ces valeurs et nous avons pris des mesures considérables au fil des ans pour les faire respecter. Nous espérons voir l'achèvement du marché unique numérique pour soutenir les avantages existants de l'Europe, ainsi que la stabilité des flux de données internationaux, qui sont essentiels à une économie numérique florissante. »
Le projet, en développement dans le département Facebook Reality Labs (qui s'occupe des technologies de réalité augmentée, virtuelle et mixte), compte actuellement 10 000 salariés aux États-Unis. Les employés affirment que Reality Labs est désormais à l'avant-garde de la transition métavers de l'entreprise. Les travailleurs du développement de produits, de l'ingénierie et de la recherche ont été invités à postuler pour de nouveaux postes là-bas, selon des sources, tandis que d'autres ont été promus des divisions des réseaux sociaux pour superviser les mêmes fonctions avec un accent sur le métavers.
Sources : lettre de Facebook à la SEC, site web de l'UE
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