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La justice irlandaise demande à la CJUE d'analyser la légalité des transferts de données de Facebook
La justice irlandaise demande à la CJUE d'analyser la légalité des transferts de données de Facebook aux États-Unis
Facebook a jusqu'au 30 avril pour faire appel
Dans le cadre d'une bataille juridique de cinq ans impliquant Max Schrems, activiste autrichien pour la protection de la vie privée, la Haute Cour irlandaise a officiellement posé une série de onze questions à la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) afin de déterminer s'il est légal, en vertu du droit européen, que Facebook transfère régulièrement des données d'utilisateurs aux États-Unis.
Les transferts de données transfrontaliers font partie intégrante de l'activité des entreprises, que ce soit à des fins de ressources humaines, de transactions par carte de crédit ou de stockage des historiques de navigation, mais le transfert de données génère des incertitudes sur les mécanismes juridiques.
Le document de cinq pages de la Haute Cour demande à la Cour de justice de l'UE si Privacy Shield (l’ensemble des règles actuelles en vigueur régissant ces transferts), en vertu duquel les entreprises certifient qu'elles respectent la législation européenne en matière de protection des données lorsqu'elles transfèrent des données aux États-Unis, signifie que les États-Unis assurent un niveau de protection adéquat.
Il faut rappeler que la législation de l'UE sur la protection des données interdit le transfert de données personnelles vers un pays où la protection de la vie privée est inadéquate.
Facebook a jusqu'au 30 avril pour déposer une demande pour bloquer cette procédure. Paul Gallagher, un avocat de l’entreprise américaine, a déclaré qu'il envisageait de demander un délai ou un éventuel recours.
Si la CJUE se prononce contre Facebook, cela pourrait provoquer une réaction de nombreuses grandes enseignes technologiques américaines qui pourraient tout faire pour éviter d’être dans la même position que Facebook. À l'heure actuelle, les utilisateurs européens de Twitter, Google et Facebook ont leurs données saisies dans leur pays d'origine, mais les données sont traitées et/ou stockées par les sociétés mères américaines.
Comme l'a noté la juge Caroline Costello dans le document : « [Schrems] déclare que ses données personnelles sont transmises par Facebook à Facebook Inc. aux États-Unis d'Amérique où ses données sont traitées. Facebook Inc. est tenue de mettre ses données personnelles à la disposition et/ou de les divulguer aux autorités des États-Unis telles que, par exemple, la National Security Agency (NSA) et le Federal Bureau of Investigation (FBI). Il allègue qu'il n'existe aucun recours juridictionnel permettant à la personne concernée de prendre les mesures appropriées pour protéger ses droits en matière de données personnelles. »
Facebook Ireland Limited à Dublin aurait été créé en grande partie pour des raisons d’optimisation fiscale.
Dans une déclaration envoyée aux journalistes, Schrems semblait optimiste quant à la décision de la CJUE de se prononcer en sa faveur.
« En termes simples, la loi américaine exige que Facebook aide la NSA avec une surveillance de masse et la législation européenne l'interdit », a-t-il écrit. « Comme Facebook est soumis aux deux juridictions, ils se sont retrouvés dans un dilemme juridique qu'ils ne peuvent pas résoudre à long terme à moins qu'ils ne divisent le service en deux ou abandonnent l'évasion fiscale en Irlande. »
Ce différend, vieux de plusieurs années, est particulièrement accentué dans le contexte actuel où Facebook est sous surveillance après qu'il est apparu que les informations personnelles de 87 millions d'utilisateurs, principalement aux États-Unis, ont pu être partagées de manière inappropriée avec le cabinet de conseil politique Cambridge Analytica.
Cette affaire a pris une telle proportion que le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, s’est vu contraint à des jours d’interrogatoire devant les législateurs américains. En outre, le nouveau règlement général sur la protection des données de l'UE, RGPD, devrait entrer en vigueur fin mai. Dans un tel contexte, Facebook sait bien qu’il sera sous les feux des projecteurs.
Sources : Reuters, demande transmise à la CJUE
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L'audition de Mark Zuckerberg devant le Congrès américain a révélé un PDG déconcerté
L'audition de Mark Zuckerberg devant le Congrès américain a révélé un PDG déconcerté
Le patron de Facebook aurait-il trompé les élus américains ?
Cette semaine, le patron de Facebook s’est rendu à Washington pour affronter les sénateurs et députés américains et tenter tant bien que mal de répondre à leurs questions concernant les bavures du réseau social liées à la protection des données privées.
Mark Zuckerberg, PDG de Facebook
Comment a été la performance de Mark Zuckerberg ? Les points de vue divergent. Les investisseurs en tout cas ont semblé apprécier la performance du PDG lors de l’audition, surtout devant le Sénat américain. En bourse, Facebook a réalisé sa meilleure séance depuis deux ans.
Mais tout le monde ne partage pas cet avis, à vrai dire, certains pensent même que Mark Zuckerberg a volontairement trompé les députés américains tandis que d’autres pensent que le PDG ignore tout sur la société qu’il a fondée.
Devant le Congrès, Zuckerberg s’est montré incapable de répondre à des questions sur des aspects fondamentaux de Facebook et sa politique de confidentialité. En réalité, l’audition du PDG au Congrès peut être résumée en une série d’excuses sous prétexte d’ignorance des détails. Ainsi, Zuckerberg a réussi le pari de passer au Capitol Hill près de dix heures sans apporter quoi que ce soit au public.
Même lorsqu’on lui a demandé si Facebook a mené des discussions internes pour informer les 87 millions d’utilisateurs affectés par le scandale Cambridge Analytica, le PDG a répondu : « De manière générale, je ne sais pas s’il y a eu des discussions à Facebook parce que je n’étais pas impliqué, » et finalement « je ne me rappelle pas d’avoir mené une discussion de ce type. »
Et pour répondre à la question si des employés de Facebook ont été impliqués dans le travail de Cambridge Analytica, Mark Zuckerberg s’est contenté encore une fois de nier toute connaissance des faits.
Durant certains moments, Zuckerberg s’est montré confus et a semblé ignorer des détails que tout le monde sait et qui sont expliqués dans le site même du réseau social. Lorsqu’un sénateur lui a demandé s’il peut confirmer que « Facebook peut traquer l’activité de navigation des utilisateurs, même lorsqu’ils ne sont pas connectés à Facebook, » le PDG a répondu, « Sénateur, je voudrais qu’on obtienne des informations exactes, alors il serait probablement judicieux de contacter mon équipe après. »
Difficile de croire que le PDG de Facebook ignore les détails entourant cette question pourtant simple et dont la réponse est affichée sur le site de Facebook : « Si vous êtes déconnectés ou vous n’avez pas de compte Facebook, et vous visitez un site web avec le bouton J’aime ou un autre plugin social, votre navigateur nous envoie un ensemble plus limité de données. »
Zuckerberg a répondu de même sur la question si Facebook traque les utilisateurs à travers d’autres appareils (comme leur smartphone ou leur tablette). Le PDG a répondu qu’il n’était pas sûr de la réponse. Pourtant, le site de Facebook explique clairement que c’est l’un des avantages de la plateforme par rapport à la concurrence, c'est de traquer les utilisateurs sur plusieurs appareils de manière précise et ils expliquent même comment se fait ce tracking.
Ces réponses évasives ont continué de plus belle pendant plusieurs occasions, de telle façon que certains observateurs moins généreux pourraient les qualifier de mensonges. En treize occasions, Zuckerberg a demandé aux sénateurs de contacter son équipe pour avoir des réponses.
Mais au Congrès américain, une représentante démocrate a été moins impressionnée par l’attitude de Zuckerberg et a remis en cause son refus de se comporter comme l’unique patron de Facebook depuis sa création en 2004.
Zuckerberg a-t-il choisi délibérément de mentir aux élus américains ? Ou bien il ignore réellement comment fonctionne la machine qu’il a aidé à créer et qui est devenue indispensable à près de deux milliards de terriens. Certains pensent que Zuckerberg s’est beaucoup éloigné des affaires de tous les jours de Facebook, et qu’en tant que PDG, il a délégué la direction de l’entreprise à Sheryl Sandberg, la COO de la société. Cet argument est d’autant plus vrai lorsqu’on sait que Zuckerberg s’est en quelque sorte désengagé de Facebook pour se consacrer à d’autres activités, comme le fait qu’il a décidé de faire un tour aux États-Unis.
Bien que mal informées sur les techniques de publicité numériques, les attaques des sénateurs et des députés américains ont tourné à l’humiliation du patron de Facebook. Certes sa performance a été applaudie par la bourse et certains observateurs, après tout, il ne s’est pas effondré sous la pression, et le Congrès américain n’est pas sur le point d’édicter de nouvelles règles qui devraient affecter le modèle économique de Facebook. Mais si le réseau social « traverse réellement une période de vaste changement philosophique », comment va-t-il s’autoréguler et résoudre ses problèmes de protection de données privées ? Autant de questions dont les réponses sont peut-être méconnues au PDG ou bien il n’a pas l’intention de les partager avec le public. En conséquence, on ne peut que se demander si Mark Zuckerberg est capable de diriger une compagnie aussi tentaculaire.
Et vous ?
:fleche: Pensez-vous que l'audition de Zuckerberg devant le Congrès américain a été un succès ?
:fleche: Pensez-vous qu'il a délibérément trompé les élus américains ? Ou bien il est dépassé par les faits ?
Voir aussi :
:fleche: La CJUE va analyser la légalité des transferts de données de Facebook aux États-Unis, Facebook a jusqu'au 30 avril pour faire appel
:fleche: Scandale C.A. : Facebook lance « Data Abuse Bounty » pour récompenser les signalements d'abus de données, les primes peuvent atteindre 40 000 $ USD
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Facebook se retire de la campagne qui s'oppose au Consumer Privacy Act de Californie
Facebook se retire de la campagne qui s'oppose au Consumer Privacy Act de Californie,
qui veut restreindre la vente des données de l'utilisateur
Facebook a récemment fait équipe avec Google, Comcast, AT&T et Verizon afin de s’opposer à une loi sur la vie privée dont l’application est envisagée en Californie. Les cinq entreprises ont donné chacune 200 000 $ pour créer un fonds de 1 million de dollars afin de bloquer la California Consumer Privacy Act qui pourrait faire l’objet d’une étude en novembre 2018.
Si elle est approuvée, cette loi fournirait aux consommateurs le pouvoir de demander :
- qu'une entreprise lui divulgue les informations qu’elle a collectées sur lui/elle ;
- qu'une entreprise divulgue des informations sur la façon dont les renseignements personnels du consommateur ont été vendus ou divulgués et à qui ;
- qu'une entreprise ne vende ni ne divulgue pas des renseignements personnels du consommateur.
Pour un consommateur exerçant l’un ou l’ensemble de ces droits potentiels, le projet de loi prévoit que l’entreprise ne le traite pas différemment des autres consommateurs par représailles.
La mesure permettrait également aux consommateurs de poursuivre des entreprises pour des failles dans la sécurité pouvant porter atteinte à leurs informations personnelles ou pour d'autres violations des dispositions de l'initiative.
Cependant, comme Facebook essuie les retombées de l’atteinte à la vie privée affectant plus de 87 millions d'utilisateurs, le réseau social a décidé d’abandonner son opposition publique à la loi proposée sur la vie privée. Par conséquent, il ne va donc plus fournir d’argent pour soutenir cette initiative.
Bien entendu, cela ne signifie en aucun cas que Facebook est en train de soutenir ce projet de loi, mais le promoteur dudit projet voit ce retrait comme une victoire :
« Nous sommes heureux que Facebook ait abandonné son opposition à la California Consumer Privacy Act. Maintenant qu'ils ont vu l'erreur de leur manœuvre, nous espérons qu'ils vont travailler avec nous de manière proactive pour protéger les informations personnelles de tous les Californiens, et nous soutenir publiquement et financièrement », a déclaré le promoteur de l'initiative, Alastair Mactaggart.
Et de continuer en disant « Nous croyons que tous les consommateurs méritent les droits fondamentaux décrits dans notre initiative. Nous appelons les sociétés restantes qui ont contribué au Super PAC, qui s’oppose à cette mesure de bon sens, d’arrêter leur opposition. Google, AT&T, Verizon et Comcast : si vous ne vendez pas nos informations personnelles, pourquoi dépensez-vous un million de dollars pour vous opposer à nous ? Les électeurs appuient massivement cette mesure, et la protection des consommateurs n'est pas seulement une bonne décision commerciale, mais la bonne chose à faire. Il est temps d'arrêter les affaires comme d'habitude et de prendre la bonne décision. »
Dans une déclaration, Facebook a confirmé avoir retiré son appui à l’opposition : « Nous avons pris cette mesure afin de concentrer nos efforts pour soutenir des mesures raisonnables de protection de la vie privée en Californie », a déclaré un porte-parole de Facebook. L’entreprise a déclaré qu’elle n’a pas d’informations supplémentaires à offrir pour le moment. Et quand lui a été posée la question de savoir si elle comptait retirer les fonds qu’elle a placés en février dans cette initiative, elle n’a pas donné de réponse.
Sous le feu des projecteurs pour la façon dont elle recueille et utilise les données des consommateurs, Facebook ne va probablement plus travailler plus activement pour s’opposer à cette proposition de loi sur la vie privée en Californie.
Du côté du comité d’opposition, un porte-parole a déclaré par courriel : « Facebook n'a PAS abandonné son opposition à cette mesure. Facebook est persuadé qu’elle est "défectueuse” et continue de s'y opposer, mais la société a simplement abandonné officiellement sa participation à la campagne "non”. »
Le comité a également déclaré : « Il n'est pas surprenant que les partisans de la California Consumer Privacy Act cherchent à détourner l'attention de leur initiative profondément erronée qui nuira énormément à l'économie californienne sans protéger la vie privée de quiconque. »
Des propos qui ont été confirmés par courriel par un porte-parole de Facebook : « Nous pensons que l'initiative est défectueuse et nous espérons que l'Assemblée législative élaborera une solution solide pour donner aux consommateurs le droit de savoir quelle information est recueillie et la capacité de décider si leur information peut être vendue. »
Sources : comité d'opposition (participations), information sur le projet de loi, déclaration Alastair, Kqed, BI
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Hastag #deleteFacebook : quel impact depuis l’éclatement du scandale Cambridge Analytica ?
Hastag #deleteFacebook : quel impact depuis l’éclatement du scandale Cambridge Analytica ?
De récentes statistiques donnent des pistes
Avec l’affaire Cambridge Analytica sur les bras, Facebook fait face au pire des scandales depuis sa création en 2004. Les révélations liées à la fuite massive des données de 87 millions d’utilisateurs de par le monde dont 2,7 millions en Europe ont débouché sur une énorme campagne #deleteFacebook sur de nombreuses plateformes en ligne, y compris au sein du réseau social lui-même.
Y faisant suite, Cher, une actrice et chanteuse américaine a annoncé la suppression de son compte Facebook. Elon Musk lui a emboîté le pas quelques jours plus tard avec le retrait de ses sociétés SpaceX et Tesla de la plateforme du géant des réseaux sociaux. Depuis, le phénomène a, semble-t-il, pris de l’ampleur.
Primo, dans l’intention de passer à l’acte comme le révèle un sondage de la société qui met l’application Blind à la disposition des employés de la Tech aux USA. Sur un total de 2600 répondants (sur une période de cinq jours allant du 20 au 25 mars dernier), 31 % ont exprimé leur intention de se défaire de leur compte Facebook. En substance, il s’agit de 50 % des employés de Microsoft, 38 % de ceux issus de Google, 2 % chez Facebook, etc. pour ne citer que ces trois entreprises. Teamblind a publié un graphe récapitulatif des répartitions.
Secundo, lorsqu’on jette un œil aux résultats d’un autre sondage mené par Techpinion, une plateforme en ligne qui publie quotidiennement des opinions sur l’industrie de la Tech étasunienne. L’enquête de cette dernière a porté sur un échantillon de 1000 Américains triés sur le volet pour que tous les genres et âges soient représentés au mieux. D’après ce que rapporte la firme d’analyse, 9 % des participants disent avoir supprimé leur compte Facebook ; un chiffre qui, ramené à l’échelle de tout le pays, voudrait dire qu’à date, le réseau social enregistre 19,2 millions de désertions (le nombre total de comptes Facebook est estimé à 214 millions pour les USA seulement).
Possible ? Il ne s’agit là que d’une projection. Toutefois, les résultats de ces deux enquêtes sont révélateurs de la perte de crédibilité croissante du réseau social auprès des utilisateurs ; un fait qui rejoint un autre chiffre du sondage de Techpinion : 28 % des participants à l’enquête ont déclaré qu’ils n’ont même jamais eu confiance en Facebook.
En France, ce sont plus de 200 000 possesseurs de comptes qui sont concernés par les fuites de données dans le cadre du scandale Cambridge Analytica. Difficile d’imaginer que dans le cas de ce pays également la situation n’a pas généré son lot de déçus. À ceux-là, on prescrit cette excellente vidéo en français qui montre comment supprimer son compte.
Sources
teamblind
techpinions
Et vous ?
:fleche: Que pensez-vous de ces chiffres ?
:fleche: Est-il possible que 19,2 millions de comptes Facebook aient été supprimés à date ? Si oui, quelle alternative sérieuse pour tous ces utilisateurs ?
:fleche: Disposez-vous d'un compte Facebook ? Si oui, pour quelle raison continuez-vous d'en faire usage ?
Voir aussi
:fleche: Cambridge Analytica aurait fait du profilage de 50 millions d'utilisateurs de Facebook pour influer sur les élections US et le vote du Brexit
:fleche: Après le congrès, c'est au tour de la FTC de lancer une enquête sur Facebook, Sur la fuite massive de données utilisées pour un profilage
:fleche: L'un des fondateurs de WhatsApp appelle à quitter Facebook suite au scandale lié à la fuite massive de données utilisées pour un profilage