Le niveau de la batterie est exploité pour traquer les utilisateurs
Le niveau de la batterie est exploité pour traquer les utilisateurs
En assignant des empreintes uniques pour chaque appareil
L'API de statut de la batterie, souvent mentionnée sous le nom Battery API, fournit des informations sur le niveau de charge du système et envoie des notifications lors du changement du niveau de charge de la batterie. Cela peut être utilisé pour ajuster la consommation d'une application et la réduire lorsque la batterie est faible ou encore de sauvegarder les données quand la batterie est bientôt vide. Cette API peu connue a été introduite avec le HTML5, la dernière révision majeure du HTML (format de données conçu pour représenter les pages web).
Une nouvelle étude de deux chercheurs de l’Université de Princeton a révélé que cette API est utilisée pour traquer les utilisateurs. Et pour cause, elle permet aux administrateurs de sites web d’avoir accès à des informations sur le niveau de la batterie ou le temps de charge et le temps de décharge, des informations entre autres qui ont soulevé dès le début des questions de confidentialité. Dès son lancement dans les navigateurs Firefox, Chrome et Opéra, des chercheurs avaient mis en garde contre une éventuelle possibilité d’utilisation de l’API pour trouver des combinaisons uniques du niveau de la batterie restant ainsi que sa capacité, ce qui permet d’assigner une empreinte digitale unique pour identifier chaque appareil. Autrement dit, l’API pourrait aider à démasquer l’identité des utilisateurs en ligne.
C’est ce que viennent de confirmer les deux chercheurs de Princeton. En ayant recours à un navigateur modifié, ils ont pu trouver deux scripts qui exploitent cette API pour traquer les utilisateurs. Un de ces deux scripts se charge d’enregistrer le niveau de charge de la batterie et combine cette information avec d’autres données comme l’adresse IP locale. Le deuxième script retrouve le statut de charge de la batterie, c'est-à-dire le temps restant pour la décharger ou la recharger. En exploitant les informations fournies par l’API, il devient possible d’assigner des empreintes spécifiques pour chaque appareil, ce qui permet de traquer les utilisateurs. Il faut noter que cette empreinte est quasi unique et sa chance de se reproduire est très minime (une chance sur 14 millions).
Un autre chercheur nommé Lukasz Olejnik a souligné que cette API pourrait être exploitée pour d’autres fins en dehors de l’espionnage des utilisateurs. Le chercheur a constaté que les gens ont tendance à agir différemment lorsque la batterie de leur appareil est sur le point de mourir. Olejnik explique que les acteurs sans scrupule peuvent exploiter cette API pour adapter les prix au niveau de la batterie par exemple. « Quelques firmes pourraient analyser la possibilité de monétiser l’accès au niveau de la batterie », écrit-il. « Quand la batterie est faible, les gens sont susceptibles de prendre des décisions différentes. Dans quelques cas, les gens acceptent de payer plus pour un service ».
Source : Randomwalker - Blog.lukaszolejnik
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Firefox : Mozilla supprime l’API HTML5 qui donne le statut de la batterie
Firefox : Mozilla supprime l’API HTML5 qui donne le statut de la batterie
après des recherches montrant qu’elle permet de traquer les internautes
En 2015, des chercheurs ont montré que les utilisateurs peuvent être identifiés en ligne, grâce à une API HTML5 qui donne le statut de la batterie. Introduite en 2012 par le World Wide Web Consortium (W3C), l’API de statut de la batterie a été implémentée dans Firefox, Chrome et Opera. Elle permet aux sites Web de consulter les propriétés de la batterie telles que le niveau de charge, le temps de charge et le temps de décharge entre autres propriétés disponibles.
En ce qui concerne l’utilité de cette norme, le W3C explique que si un serveur peut détecter l'état de la batterie d'un appareil et qu’il reconnaît que le dispositif est presque déchargé, il pourrait par exemple faire passer l’utilisateur sur une version plus légère du site, optimisée pour permettre à l'appareil de rester beaucoup plus longtemps en marche grâce à une réduction des ressources utilisées. S’il s’agit d’un réseau social ou d'un site de contenu audiovisuel par exemple, le site pourrait désactiver la fonction de lecture automatique sachant que l’appareil est presque déchargé.
Si l’idée semble brillante, les chercheurs ont montré que les sites pourraient abuser de cette API pour suivre les utilisateurs et les identifier de manière unique lorsqu’ils sont connectés. Avec ce nouvel identifiant, les sites pourront faire du « respawning ». C’est-à-dire que si les cookies de l’utilisateur sont stockés à distance, même s'il supprime les cookies stockés localement, il sera toujours possible de les rétablir une fois que l’utilisateur est identifié grâce aux données collectées sur l’état de sa batterie. « Quand des visites consécutives sont faites dans un court intervalle, le site peut lier de nouvelles et vieilles identités en exploitant le niveau de la batterie et les temps de charge/décharge. Le site peut alors réinstancier les cookies des utilisateurs et autres identificateurs côté client, une méthode connue sous le nom de respawning, », ont expliqué les chercheurs.
Cet avertissement n’a pas vraiment été pris au sérieux jusqu’il y a quelques mois, lorsqu’une nouvelle étude de deux chercheurs de l’Université de Princeton a révélé que cette API est utilisée pour traquer les utilisateurs. Ils ont en effet trouvé des scripts qui exploitent cette API pour suivre les utilisateurs.
En plus de ce fait, un autre chercheur a souligné que cette API pourrait être exploitée pour d’autres fins en dehors de l’espionnage des utilisateurs. Constatant que les gens ont tendance à agir avec précipitation lorsque leur appareil est sur le point de se décharger, le chercheur a expliqué que des sites peuvent par exemple profiter de cette situation pour vendre un service un peu plus cher, sachant que si l’utilisateur est en déplacement par exemple, il aura tendance à vouloir payer avant que son appareil se décharge.
Ces dernières découvertes ont donc poussé Mozilla à supprimer la fonctionnalité de Firefox. L’API de statut de la batterie a finalement été retirée le 27 octobre : « En 2015, des chercheurs en sécurité ont publié une étude qui présentait que l’API de statut de la batterie comme une source de fuite de confidentialité potentielle. Elle est maintenant désactivée pour le contenu Web, mais est toujours disponible pour les modules complémentaires Firefox. Si l'API de batterie fait partie de la spécification HTML5, IE, Edge et Safari ne l'ont jamais implémentée et il y a peu d'utilisations courantes dans le monde réel en dehors du fingerprinting [une technique permettant de créer une empreinte digitale à partir des informations de l'appareil de l'utilisateur]. La suppression de cette API prendra effet avec Firefox 52 et réduira la quantité d'informations pouvant être utilisées pour suivre les utilisateurs sur le Web », a déclaré Mozilla dans un communiqué.
Après que Mozilla a supprimé l'API de batterie, les développeurs de Webkit, le moteur open source sur lequel est basé le navigateur Safari d'Apple, ont également proposé de supprimer le code supportant l'API de leur projet. Cela veut dire que cette API ne sera peut-être jamais supportée dans Safari.
Sources : The Guardian, Bugzilla, WebKit mailing list
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