France : en 20 ans, le niveau en maths des élèves de terminale S est en baisse de 20 %
France : en 20 ans, le niveau en maths des élèves de terminale S est en baisse de 20 %
une menace pour l'enseignement supérieur en informatique ?
Fin novembre, l’IEA (International Association for the Evaluation of Education Achievement) a publié les résultats de la dernière enquête TIMSS (Trends In Mathematics and Science Study). Cette enquête internationale mesure depuis 1995 les performances des élèves en mathématiques et en sciences par niveau scolaire et s’appuie, pour les évaluer, sur les programmes d’enseignement communs aux pays participants.
Trois niveaux scolaires sont mesurés indépendamment des parcours scolaires :
- TIMSS 4 : fin de 4e année de scolarité obligatoire (CM1 en France) - évaluation tous les quatre ans depuis 1995 ;
- TIMSS 8 : fin de la 8e année de scolarité obligatoire (4e en France) - évaluation tous les quatre ans depuis 1995 ;
- TIMSS Advanced : fin de terminale scientifique - évaluation en 1995, 2008 et 2015
Pour la première fois, les élèves français de CM1 ont participé à cette enquête en mars 2015. Les élèves français de terminale scientifique ont quant à eux participé pour la deuxième fois depuis 1995 à l’enquête.
Par rapport aux autres pays européens et à la moyenne internationale, on retiendra que les résultats des représentants de l’éducation française sont plutôt décevants. Cela confirme une autre enquête internationale selon laquelle la France serait en dessous de la moyenne de l’OCDE, notamment avec un manque d'équité, des élèves et enseignants démotivés.
Au niveau mondial, l’enquête TIMSS 2015 révèle que les pays d’Asie de l'Est – notamment Singapour, Hong Kong, la Corée, Taipei de Chine et le Japon – dominent les autres pays en mathématiques comme en sciences, et ce, quel que soit le niveau. En sciences, on note toutefois que la Russie s’invite parmi ces derniers.
Évaluation des élèves français de CM1
Avec un score de 488 en mathématiques au TIMSS 4, la France obtient de moins bons résultats que la majeure partie des pays participants. Elle se situe en dessous de la moyenne de référence TIMSS qui est fixée à 500, mais également en dessous de la moyenne européenne qui est de 527 points. Le classement est dominé par Singapour qui totalise 618 points.
En sciences, les élèves français ne font pas mieux. La France est toujours en dessous de la moyenne de référence TIMSS avec 487 points, tandis que Singapour domine une fois encore le palmarès avec 590 points. Il faut ajouter que les Français sont une fois de plus en deçà de la moyenne européenne en sciences qui est de 525 points.
Essayant de justifier ces résultats, le ministère de l’Éducation nationale explique qu’après avoir été « interrogés sur leurs pratiques d’enseignement, les enseignants français expriment plus fréquemment que leurs collègues européens un certain malaise face à ces deux disciplines ».
Évaluation des élèves de terminale scientifique
Il semble toutefois que la note de la France est bien meilleure chez les élèves du primaire que chez leurs ainés de la terminale S. L’enquête TIMSS Advanced révèle en effet que ces derniers ont perdu près de 20 % de leurs capacités en 20 ans.
En 1995, la France était la mieux classée des six pays qui ont participé à l’enquête en 1995 et 2015. Avec 569 points en 1995, la France avait donc fait mieux que la Russie (561 points), mais est passée, 20 ans après, à 463 points. Cela représente une baisse d’environ 19 %, soit la plus grosse chute des six pays présents les deux années. En physique pour le niveau de terminale S, la France passe également de 469 points en 1995 à 363 en 2015, soit une baisse d’un peu plus de 20 %.
Au total, neuf pays ont participé à l'étude TIMSS Advanced 2015. Il s’agit de la France, l’Italie, le Liban, la Norvège, le Portugal, la Russie, la Slovénie, la Suède et les États-Unis. Et en physique, la France occupe la dernière place.
Comme l'indique le tableau ci-dessus, 22 % des élèves de la classe d'âge en France étudient les mathématiques avancées et 22 % également la physique. En proportion, la France forme donc beaucoup plus de scientifiques. On voit en effet qu'en Russie et aux États-Unis, seulement 5 % des élèves de cette classe d'âge étudient la physique et respectivement 12 % et 11 % étudient les mathématiques avancées. De manière paradoxale, les résultats de la France sont très moyens et dans les pays où les élèves excellent en maths et physique, on voit en général que la proportion d'élèves dans ces disciplines est plus faible. Peut-on en déduire que le filtre de sélection des élèves dans les filières scientifiques en France est un peu trop large ? Cela constitue-t-il une menace pour l'enseignement supérieur en informatique ?
Sources : Rapport pdf de l’enquête TIMSS 2015, ministère de l’Éducation nationale, TIMSS 4 – Maths et Sciences (2015), TIMSS Advanced – Maths et Sciences (2015)
Et vous ?
:fleche: Qu’en pensez-vous ?
:fleche: Les niveaux en maths et sciences sont-ils en baisse en France ? Si oui, quelles en sont les causes ?
:fleche: Cela constitue-t-il une menace pour l'enseignement supérieur en informatique ?
Voir aussi :
:fleche: Performance des systèmes éducatifs : la France serait en dessous de la moyenne de l'OCDE, avec un manque d'équité, des élèves et enseignants démotivés
La destruction des enseignements scientifiques résulte d'une volonté
L'état français alloue ses postes de responsabilité sur concours et les grandes entreprises utilisent les diplômes délivrés par l'état pour recruter. Le système économique qui en résulte a besoin d'une école qui enseigne ainsi que de programmes stables et réfléchis.
Dans ce système, les responsables recrutés par concours ou sur diplôme pensent qu'ils méritent leur job et ne doivent rien à personne: ils peuvent résister aux pressions qu'exercent sur eux les lobbies et ils arrivent à imposer des choix techniques audacieux (le GSM, Ariane, Airbus).
A l'opposé, le modèle que l'oligarchie occidentale est en train d'imposer en France est celui en place aux US:
1) Tout responsable doit son job à un oncle, un parti politique, ou plus généralement à son "réseau". Ainsi il est redevable à son réseau et sera tenu de renvoyer l'ascenseur.
2) L'argent permet d'obtenir n'importe quel diplôme pour éviter que ne se crée des réseaux de diplômés indépendants des lobbies.
3) Des entreprises prennent à leur compte la selection qui en France est faite par l'école.
Google a par exemple un protocole de recrutement qui ressemble à un examen: 5 entretiens techniques qui sont des exercices d'informatiques et 1 entretien RH.
La destruction d'une école orientée vers la sélection de futurs responsables techniques indépendants a donc été orchestrée avec l’appui des médias qui ont distillés l'idée que toute sélection était injuste en oubliant de dire qu'il n'y aurait pas des places de chef pour tout le monde et que la selection se ferait autrement. La continuité du processus (1981-2016) ne s'explique pas autrement.
Le signe positif est que les 2 études mentionnées dans l'article ont fait du bruit dans les médias qui jusqu'alors étouffaient toutes les mal-pensances élitistes.
Note1: La baisse du niveau est bien plus dramatique que 20%, il faut plutôt faire l'hypothèse que les bachelier série S 2016 savent résoudre 20% des problèmes que savaient traiter leurs ainés des années 1980.
Note2: En 1975, math + physique représentait plus de 50% des coefficients au bac série C. Aujourd'hui il n'est pas exceptionnel qu'un élève obtienne le bac S avec 4/20 en math.
Note3: La sélection par concours n'est pas parfaite mais elle a donné des résultats: EDF, SNCF (TGV), Ariane, Airbus, des éditeurs de logiciels comme Dassault Systèmes (CATIA) et Ubisoft(Jeux).