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Detachment 201 : des directeurs de Meta, OpenAI et Palantir deviennent lieutenants-colonels
Meta, Oracle, Amazon et d'autres entreprises de la tech soutiennent discrètement la parade militaire controversée de Trump,
des critiques estiment que l'évènement, coïncidant avec l'anniversaire de Trump, lui sert de « couronnement »
Ce 14 juin 2025, Washington D.C. est devenu le théâtre d'une parade militaire controversée, organisée officiellement pour célébrer le 250e anniversaire de l'armée américaine. Cet événement coïncide également avec le Flag Day et le 79e anniversaire de Donald Trump, ce qui a suscité de nombreuses critiques le qualifiant de célébration déguisée de l'ancien président et de « tour d'honneur » pour les partisans du mouvement MAGA. Ce qui est moins évident, c'est le rôle significatif des géants de la technologie dans le financement de cet événement.
Contexte
L'organisation à but non lucratif America250 est en charge de l'organisation et du financement de cette parade. Parmi ses sponsors, on retrouve de grands noms de la tech tels qu'Amazon, Coinbase, Oracle, Lockheed Martin (bien que principalement dans l'aérospatiale et la défense, elle a des liens technologiques importants), et Palantir. D'autres entreprises comme Stellantis, Coca-Cola, Walmart, UFC, Phorm Energy, Nextdoor, FedEx et Scotts Miracle-Gro sont également impliquées.
Le coût estimé de l'événement se situe entre 25 et 45 millions de dollars, sans compter les éventuels dommages aux rues de Washington. Les documents promotionnels des organisateurs attribuent à la direction de Trump et à son programme "America First" la force et la préparation de l'armée, ce qui renforce l'idée que cette parade est une plateforme politique déguisée.
Des parrains influents pour une parade controversée
Le contribuable américain va devoir payer pour tous les soldats, les chars et les avions qui apparaissent durant la parade militaire de Donald Trump. D'ailleurs, sur X, le sénateur Bernie Sanders a déclaré :
« Nous aimons tous profiter d'une belle fête d'anniversaire. Mais la plupart d'entre nous ne le célèbrent pas avec un défilé militaire financé par le contribuable à hauteur de 45 millions de dollars. Économisez l'argent des contribuables. Faites un gâteau d'anniversaire et soufflez quelques bougies. Ne fermez pas la capitale et ne faites pas défiler des chars de 60 tonnes dans les rues ».
Cependant, plusieurs grandes entreprises technologiques financent les festivités qui se dérouleront le long du parcours du défilé.
Selon des déclarations récentes d'America250, Oracle, Amazon, Coinbase, Lockheed Martin et Palantir figurent parmi les sponsors les plus en vue de la fondation America250, l'organisation à but non lucratif nommée par le Congrès et chargée de collecter des fonds pour célébrer le demi-siècle des États-Unis. Bien que le 250e anniversaire de la signature de la Déclaration d'indépendance ait lieu l'année prochaine (le 4 juillet 2026) America250, qui est coprésidée par l'ancienne secrétaire au Trésor Rosie Rios et l'ancien directeur de campagne de Trump, Chris LaCivita, s'occupe de la logistique des spectateurs, ainsi que d'un festival, pour le défilé militaire controversé qui a lieu ce samedi.
« Un grand nombre de ces sponsors soutiendront le grand défilé militaire qui se tiendra à Washington, DC, le samedi 14 juin, pour célébrer le 250e anniversaire de l'armée américaine », peut-on lire dans un communiqué de presse annonçant de nouveaux partenariats d'entreprises à partir du 9 juin. « Alors que l'élan vers le 250e anniversaire se renforce, ces sponsors apporteront des ressources, des idées et une expertise essentielles pour impliquer tous les Américains dans cette étape historique au cours de l'année à venir. »
La position de Meta
Dans les semaines précédant le défilé, le site web d'America250 a également listé Meta comme un sponsor de haut niveau, et un communiqué de presse du 22 mai a mentionné Meta comme un sponsor tout en annonçant que quatre grands constructeurs automobiles américains (Chrysler, Dodge, Jeep, et Ram) étaient désormais en partenariat avec l'organisation. Peu après que les médias américains ont demandé des précisions sur l'implication de Meta, mercredi, America250 a retiré le logo de Meta de sa page de parrainage, mais n'a pas répondu à une demande de commentaire.
« Bien que nous ne soyons pas actuellement un sponsor, nous avons eu une relation historique avec America250, et nous explorons activement les opportunités de partenariat potentiel avec eux à l'avenir », a déclaré un porte-parole de Meta.
Le parrainage potentiel de Meta est remarquable, compte tenu de ses relations antérieures avec America250. Le géant de la technologie s'était engagé à verser 10 millions de dollars à America250, dont il était le principal bailleur de fonds en dehors du gouvernement fédéral, avant d'annuler brusquement son contrat avec l'organisation à but non lucratif en 2022. Le Wall Street Journal a rapporté à l'époque que la commission gérait mal les fonds et avait un comportement sexiste, et Meta a cité ces rapports, ainsi que des préoccupations concernant le « dysfonctionnement du leadership », comme raison de se retirer de l'accord. S'ils avaient poursuivi leur partenariat, Meta aurait été le partenaire exclusif de « connectivité sociale » d'America250 et aurait joué un rôle majeur dans la promotion et la présentation des événements entourant le quart de millénaire.
Autres soutiens notables de Big Tech à Trump
Au-delà de cette parade, les entreprises et dirigeants de la Big Tech ont multiplié les contributions financières et les alliances stratégiques. Citons par exemple :
Fonds d'inauguration
En 2017, lors de la première investiture de Trump, la Silicon Valley s’était montrée largement distante, voire hostile, à l’égard de l’homme d’affaires devenu président. Les tensions étaient exacerbées par ses politiques controversées en matière d’immigration et ses critiques acerbes envers les entreprises technologiques, accusées de biais politiques et de pratiques monopolistiques. Cependant, pour son deuxième mandat, les géants de la tech ont adopté une stratégie différente.
Meta et Amazon ont chacune fait un don d’un million de dollars au fonds d’investiture de Trump. Ce geste marque un tournant, en particulier pour Meta, qui n’avait soutenu financièrement aucune investiture présidentielle par le passé. Pour Amazon, ce choix pourrait s’expliquer par une volonté d’apaiser les relations après des années de critiques acerbes de Trump contre son fondateur, Jeff Bezos, et contre le Washington Post, propriété de ce dernier.
Un des gestes les plus remarqués est celui de Sam Altman, PDG d’OpenAI, qui a annoncé une contribution personnelle d’un million de dollars. Altman, un acteur majeur dans le domaine de l’intelligence artificielle, a justifié sa démarche en affirmant vouloir soutenir les efforts de l’administration Trump pour maintenir la position dominante des États-Unis dans la course mondiale à l’innovation technologique.
Google a également rejoint le bal en annonçant un don d'un million de dollars au fonds d'investiture du président élu Donald Trump : « Google est heureux de soutenir l'investiture de 2025, avec un livestream sur YouTube et un lien direct sur notre page d'accueil. Nous faisons également un don au comité d'investiture », a déclaré Karan Bhatia, responsable mondial des affaires gouvernementales et de la politique publique de Google.
Fin de la vérification des faits sur Facebook et Instagram pour rétablir la liberté d'expression
Meta a ajusté ses politiques d'examen des contenus sur ses plateformes, en se débarrassant des vérificateurs des faits tiers pour s'aligner sur le discours de Donald Trump. L'opérateur de Facebook, Instagram et Threads a récemment fait marche arrière en ce qui concerne la modération, et sa vérification des faits a toujours été controversée.
« Il n'est pas normal que des choses puissent être dites à la télévision ou au Congrès, mais pas sur nos plateformes », a écrit Joel Kaplan, le nouveau responsable des affaires internationales de Meta, dans un billet de blogue décrivant les changements. Dans une vidéo d'accompagnement, le PDG de Meta, Mark Zuckerberg, a déclaré que les règles que l'entreprise applique actuellement dans ces domaines sont « tout simplement déconnectées du discours dominant ».
Meta a remplacé les vérificateurs de faits tiers par des « notes communautaires » générées par les utilisateurs, similaires à celles de X d'Elon Musk. Meta supprime également les restrictions sur les discours concernant des sujets tels que l'immigration, l'identité sexuelle et le genre, que Meta décrit comme des sujets fréquents de discours et de débats politiques. Meta affirme que la modération et la vérification des faits sont devenues des sujets trop politisés.
Google abandonne ses objectifs d'embauche basés sur la diversité après Amazon et Meta
Google a récemment annoncé l'abandon de ses objectifs d'embauche basés sur la diversité et la révision de certaines de ses initiatives en matière de diversité, d'équité et d'inclusion (DEI). En 2020, à la suite des manifestations contre les violences policières envers les Afro-Américains, Google avait fixé des objectifs ambitieux pour accroître la représentation des groupes sous-représentés au sein de l'entreprise. Cependant, dans un courriel adressé au personnel, Fiona Cicconi, directrice des ressources humaines d'Alphabet, a indiqué que l'entreprise n'aurait plus ce type d'objectifs à l'avenir.
Meta Platforms, propriétaire de Facebook, a supprimé l'équipe chargée de superviser ses efforts en matière de diversité et a mis fin à ses objectifs de représentation pour les entretiens et l'embauche de femmes et de minorités. La vice-présidente des ressources humaines de Meta, Janelle Gale, a déclaré aux employés que « le paysage juridique et politique entourant les efforts de diversité, d'équité et d'inclusion aux États-Unis est en train de changer ».
Dans un courriel interne adressé à des membres du personnel le 16 décembre 2024, Candi Castleberry, vice-présidente d'Amazon chargée des expériences et technologies inclusives, a expliqué que l'entreprise est en train de « mettre fin à des programmes et matériels obsolètes » dans le cadre d'un réexamen plus large de centaines d'initiatives. Le courriel laisse entendre qu'après un examen interne, Amazon n'est pas satisfait des résultats obtenus jusqu'ici.
C'est ainsi qu'Amazon a annoncé à ses employés qu'elle met fin à certaines de ses initiatives en matière de diversité. Elle a supprimé de son site web la phrase « la diversité, l'équité et l'inclusion sont bonnes pour les affaires », tout en conservant d'autres références à la diversité et à l'inclusion.
Conclusion
En somme, si le sponsoring de la parade militaire de Donald Trump par la Big Tech peut sembler discret, il s'inscrit dans une tendance plus large de rapprochement et de soutien, souvent motivée par des considérations commerciales et réglementaires. Ce phénomène souligne l'intersection croissante entre le pouvoir des entreprises technologiques et le paysage politique américain.
Sources : America250 (1, 2)
Et vous ?
:fleche: Des critiques pensent que l'évènement sert de « couronnement » de Trump, étant donné qu'il a lieu le jour de son anniversaire. Aussi, certains ont décidé de le boycotter en rejoignant l'évènement « No Kings » qui a lieu au même moment. Partagez-vous ce point de vue ?
:fleche: Les grandes entreprises technologiques peuvent-elles encore prétendre à la neutralité politique après avoir sponsorisé des événements aussi symboliquement forts ?
:fleche: Le soutien financier d'Amazon, Palantir ou Oracle à Trump traduit-il une vision idéologique ou un simple calcul d’intérêts économiques ?
:fleche: Si les entreprises s'alignent davantage avec l'administration Trump, quel pourrait être l'impact sur l'innovation technologique, la neutralité du net, la liberté d'expression en ligne et la protection des données personnelles ?
:fleche: Comment ce rapprochement avec Donald Trump pourrait-il affecter l'image et la perception de ces entreprises auprès du grand public, des consommateurs et de leurs employés ? Y a-t-il un risque de boycott ou de désengagement ?
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Detachment 201 : des directeurs de Meta, OpenAI et Palantir deviennent lieutenants-colonels
Detachment 201 : des directeurs de Meta, OpenAI et Palantir deviennent lieutenants-colonels dans la Réserve de l'Armée américaine,
pour apporter des « solutions technologiques rapides et évolutives » aux défis les plus pressants de l'armée
Une première dans l’histoire militaire et technologique américaine. Le 13 juin 2025, à l’occasion du 250e anniversaire de l’armée des États-Unis, quatre figures de la Silicon Valley ont été officiellement commissionnés au grade de lieutenant-colonels dans la Réserve de l'Armée américaine. Parmi eux, des cadres de haut rang issus de Meta, OpenAI et Palantir.
Leur rôle ne sera pas de s'engager dans des opérations de terrain classiques, mais plutôt d'agir comme des catalyseurs d'innovation. Baptisée Detachment 201 (ou Executive Innovation Corps), cette initiative est spécifiquement conçu pour les mobiliser sur des projets ciblés et de haute priorité, où leur capacité à diagnostiquer des problèmes complexes, à imaginer des solutions disruptives et à superviser leur mise en œuvre rapide sera mise à profit. L'objectif est clair : apporter des « solutions technologiques rapides et évolutives » aux défis les plus pressants de l'armée. Detachment 201 marque une nouvelle étape dans la fusion entre l’innovation privée et les institutions de défense.
Contexte
Quatre hauts responsables technologiques d'OpenAI, de Meta et de Palantir viennent de s'engager dans l'armée américaine (sans parcours du combattant, ni ordres criés, ni marches exténuantes). La réserve de l'armée a chargé ces hauts responsables de la technologie de servir en tant qu'officiers de niveau intermédiaire, laissant de côté la tradition pour poursuivre la transformation. Les nouveaux venus ne participeront à aucune version actuelle du rite de passage le plus fondamental et le plus enraciné de l'armée : le camp d'entraînement. Au lieu de cela, ils suivront une formation express que les dirigeants de l'armée sont encore en train de mettre au point, a déclaré le colonel Dave Butler, porte-parole du chef d'état-major de l'armée
Qui sont ces nouveaux officiers de la tech ?
Dans une démarche révolutionnaire qui pourrait redéfinir la collaboration entre le secteur privé de la technologie et les forces armées, l'Armée de Terre des États-Unis a annoncé l'intégration de plusieurs dirigeants de haut vol issus de Meta, OpenAI et Palantir au sein de sa Réserve. Cette initiative, concrétisée par la création du Détachement 201 : Corps d'Innovation Exécutif, vise à injecter l'agilité et l'expertise de la Silicon Valley directement au cœur des opérations militaires américaines.
Le recrutement de ces poids lourds de l'industrie technologique n'est pas anodin. Il s'agit d'une reconnaissance claire de l'importance croissante de la technologie de pointe dans la défense nationale et d'une volonté stratégique d'accélérer l'innovation au sein de l'armée. En effet, la complexité des défis contemporains – allant de la guerre cybernétique à l'intégration de l'intelligence artificielle sur le champ de bataille – exige une approche plus dynamique et réactive que les méthodes traditionnelles ne peuvent toujours offrir.
Les quatre premiers officiers de ce programme hors norme sont :
- Andrew Bosworth, le Directeur de la Technologie (CTO) de Meta (anciennement Facebook), figure clé derrière des innovations majeures dans la réalité virtuelle, augmentée et le développement du métavers (il est en charge notamment de Reality Labs et de la vision « métavers »). Sa vision des technologies immersives et des interactions numériques pourrait transformer l'entraînement, la planification et la communication militaire.
- Shyam Sankar, le Directeur de la Technologie (CTO) de Palantir, une entreprise connue pour ses plateformes d'analyse de données complexes utilisées par les agences de renseignement et de défense. Son expertise en matière de gestion de données massives et de renseignement est inestimable.
- Kevin Weil, le Directeur des Produits (CPO) d'OpenAI (auparavant chez Twitter et Instagram), la société pionnière derrière ChatGPT et d'autres avancées majeures en intelligence artificielle générative. Son expérience dans la traduction de la recherche fondamentale en produits concrets sera cruciale pour l'intégration de l'IA dans les systèmes de défense.
- Bob McGrew, ancien Directeur des Revenus (CRO) d'OpenAI, dont l'expérience en matière de déploiement et de commercialisation de technologies de pointe sera essentielle pour assurer que les innovations militaires ne restent pas de simples prototypes, mais sont effectivement mises à l'échelle et adoptées. Il est aujourd’hui conseiller stratégique pour Thinking Machines Lab.
Tous les quatre ont été nommés au grade de lieutenant-colonel dans la réserve. Ils conservent leurs fonctions actuelles dans le secteur privé mais consacreront une partie de leur temps à servir dans les rangs de l’armée, en tant que conseillers technologiques de haut niveau.
Une tradition réactivée
« Ils suivront un entraînement au tir, un entraînement physique, ils apprendront la structure des grades et l'histoire de l'armée, ainsi que les uniformes », a expliqué Butler. En ce qui concerne les plans de type camp d'entraînement, « on peut considérer qu'il s'agit d'un projet pilote », a-t-il déclaré, ajoutant que les nouveaux soldats font partie de l'effort plus large de l'armée de terre pour se moderniser rapidement.
La décision de l'armée de permettre aux quatre officiers de ne pas participer au camp d'entraînement de « commissionnement direct », une version abrégée du camp d'entraînement des officiers réguliers, est inhabituelle, mais n'est pas sans précédent historique, a rappelé Butler : « L'armée autorise l'engagement direct de civils depuis 1861 afin d'intégrer dans les forces armées des experts possédant des compétences indispensables ».
William Atterbury, président de l'American Railway Association, a reçu une commission directe dans l'armée en 1917 et a servi en tant que directeur général des transports pour les forces expéditionnaires alliées en France.
Parmi les autres exemples notables, citons le président de la Columbia Gas and Electric Corporation de New York, Edward Reynolds, qui a été commissionné comme colonel de l'armée pour servir en tant que chef du Medical Supply Service pendant la Seconde Guerre mondiale, et le dirigeant de General Motors, William Knudsen, qui a été commissionné directement comme lieutenant-général et est devenu directeur de la production pour le ministère de la Guerre.
Les nouveaux lieutenants-colonels techniciens devront se conformer aux normes de l'armée, a indiqué Butler, et devront passer le test annuel d'aptitude physique de l'armée pour rester en règle. Ils passeront environ deux semaines par an à travailler, soit à peu près le minimum requis pour les réservistes militaires.
Un objectif clair : accélérer l’innovation militaire
L’armée américaine ne s’en cache pas : elle veut « absorber » l’innovation du secteur civil pour maintenir sa supériorité technologique face à des adversaires comme la Chine. Ces nouvelles recrues ont pour mission de transposer leur expertise en intelligence artificielle, cybersécurité, cloud, données et robotique autonome au domaine militaire.
Ils travailleront notamment sur :
- les programmes de modernisation numérique de l’armée,
- l’intégration de l’IA dans les systèmes de commandement et de renseignement,
- la transformation des processus d’acquisition (inspirée de l’agilité des startups),
- le renforcement de la résilience cyber face aux menaces hybrides.
Pourquoi maintenant ? Une urgence stratégique
L'intégration de ces talents ne relève pas du hasard. Elle intervient à un moment où la compétition géopolitique est de plus en plus définie par la supériorité technologique. Les armées modernes ne se battent plus seulement avec des armes conventionnelles, mais aussi avec des algorithmes, des données et des systèmes autonomes. La Chine et la Russie investissent massivement dans l'IA, la cybernétique et les technologies émergentes, poussant les États-Unis à intensifier leurs propres efforts.
En faisant appel à ces leaders du secteur privé, l'Armée Américaine cherche à :
- Réduire les délais de développement et de déploiement : la bureaucratie et les cycles d'acquisition traditionnels peuvent être lents. L'apport d'individus habitués aux "sprints" et aux "produits minimum viables" peut considérablement accélérer le processus.
- Attirer et retenir les talents : cette initiative peut rendre le service militaire plus attractif pour les professionnels de la tech qui souhaitent contribuer à la sécurité nationale sans quitter entièrement leur carrière dans le privé.
- Bénéficier d'une expertise de pointe : les technologies développées par Meta, OpenAI et Palantir sont souvent des années-lumière en avance sur ce qui est actuellement en service dans de nombreuses administrations publiques.
- Favoriser une culture d'innovation : en exposant le personnel militaire à des méthodes de travail et des mentalités axées sur l'innovation rapide, l'armée espère insuffler une culture plus agile à l'ensemble de l'organisation.
Les enjeux et les perspectives
Si cette initiative est prometteuse, elle n'est pas sans défis. L'intégration de la culture dynamique et souvent informelle de la tech avec la structure hiérarchique et réglementée de l'armée nécessitera une adaptation mutuelle. Des questions concernant la sécurité des informations, la gestion des conflits d'intérêts et la confidentialité devront être gérées avec la plus grande rigueur.
Néanmoins, le Détachement 201 représente un pas audacieux et nécessaire vers une armée plus connectée, plus intelligente et plus résiliente. En bâtissant un pont solide entre les géants de la technologie et les forces armées, les États-Unis visent à garantir que leur supériorité militaire de demain sera autant technologique qu'opérationnelle. C'est une vision du futur où l'innovation la plus rapide et la plus brillante du monde civil est directement mise au service de la défense nationale, transformant ainsi le concept même de service et de sécurité.
Conclusion : une militarisation douce de la Silicon Valley ?
En commissionnant des figures majeures de l’innovation technologique dans ses rangs, l’armée américaine opère un tournant stratégique majeur. Plus que de simples consultants, ces nouveaux officiers sont les vecteurs d’une coopération militaire-technique assumée, où l’intelligence artificielle, la puissance de calcul et les stratégies de produits deviennent des armes comme les autres.
Cette dynamique pose néanmoins des questions cruciales sur la nature des conflits futurs, sur l’autonomie de la recherche civile, et sur l’équilibre délicat entre innovation, sécurité et démocratie.
L’histoire retiendra-t-elle que l’armée de 2050 a été façonnée par des développeurs en t-shirt et des designers UX passés sous uniforme ?
Source : communiqué de presse de l'armée américaine
Et vous ?
:fleche: Leur rôle de « lieutenant-colonels » est-il purement honorifique ou implique-t-il une réelle autorité et des responsabilités opérationnelles au sein des projets ?
:fleche: Comment l'armée pourrait-elle mesurer le succès et l'impact concret du Détachement 201 sur ses capacités technologiques ?
:fleche: Est-ce un signal positif pour les jeunes diplômés de la tech, qui hésitent à s’engager dans le service public ?
:fleche: Quelles mesures pourraient être mises en place pour prévenir d'éventuels conflits d'intérêts ou l'utilisation d'informations privilégiées par ces cadres au profit de leurs entreprises privées (Palantir, Meta, OpenAI) ?
:fleche: Comment gérer la question de la confidentialité des données sensibles de l'armée lorsque des individus ayant des liens étroits avec des entreprises privées y ont accès ?
:fleche: Faut-il élargir ce programme à d’autres domaines (climat, santé, éducation) en commissionnant des experts civils ?
:fleche: Ce modèle hybride pourrait-il inspirer d’autres pays, notamment européens, ou rester exclusivement américain ?
:fleche: Que se passera-t-il en cas de guerre ou de mobilisation ? Ces "officiers de réserve" seront-ils réellement engagés, ou resteront-ils symboliques ?