L'UE appelle à la mise en oeuvre d'une application mobile paneuropéenne pour suivre le coronavirus
Le Contrôleur européen de la protection des données appelle à la mise en oeuvre d'une application mobile paneuropéenne pour suivre le coronavirus,
l’initiative nommée PEPP-PT devrait lancer sa plateforme cette semaine
Afin de venir à bout de la pandémie à coronavirus, chaque pays n’hésite pas à adopter la solution qui lui parait la plus opportune. Après avoir recommandé le port des masques, le lavage régulier des mains, l’éloignement d’au moins 1,5 m, le confinement, le dimanche dernier, le ministre français de l’Intérieur, Christophe Castaner, s’est dit favorable au traçage à visée médicale. « Le tracking fait partie des solutions retenues par un certain nombre de pays, donc nous avons fait le choix de travailler en lien avec eux pour regarder ces solutions. Je suis convaincu que si elles permettent de lutter contre le virus et si évidemment, elles respectent les libertés individuelles, c’est un outil qui sera retenu et soutenu par l’ensemble des Français », a-t-il déclaré. Il faut préciser qu’avant cette nouvelle déclaration, Castaner avait déclaré dans un premier entretien au sujet du traçage des Français avec une application que « cela n’est pas la culture française. Je fais confiance aux Français pour que nous n’ayons pas à mettre en place ces systèmes qui, au fond, atteignent la liberté individuelle de chacun pour être efficaces. Donc, ce n’est pas un sujet sur lequel nous travaillons ».
Les pays de l’Union européenne combattant en rang dispersé en adoptant différentes applications
Le changement d’avis de Castaner intervient alors que plusieurs pays autour de la France travaillent à exploiter les avantages qu’offrent les outils technologiques pour suivre de près les déplacements de personnes porteuses du virus afin de pouvoir circonscrire les nouvelles contaminations. Déjà, une équipe de chercheurs de l’université britannique d’Oxford travaille sur une application permettant de suivre une personne porteuse du virus et d’avertir les personnes avec lesquelles elle a été en contact en utilisant le Bluetooth. Les chercheurs ont opté pour cette solution, car selon eux, « les méthodes traditionnelles de recherche des contacts en santé publique sont trop lentes pour suivre ce virus ». Le professeur Christophe Fraser du Big Data Institute de l’université d’Oxford explique que « le coronavirus est différent des épidémies précédentes et nécessite plusieurs stratégies de confinement interdépendantes. Notre analyse suggère que près de la moitié des transmissions de coronavirus se produisent au tout début de l’infection, avant l’apparition des symptômes. Nous avons donc besoin d’une application mobile rapide et efficace pour alerter les personnes qui ont été exposées ».
En Allemagne, cette idée a déjà été retenue et le gouvernement s’apprête à présenter dans les prochains jours une application basée sur le même principe afin d’identifier rapidement les personnes ayant été en contact avec une personne infectée. La Croix-Rouge autrichienne a pour sa part déjà lancé son application Stop Corona qui utilise des connexions Bluetooth entre smartphones. Elle a été téléchargée par des centaines de milliers de personnes. L’Irlande et la Pologne ont également annoncé des initiatives nationales similaires.
L’initiative singapourienne aurait-elle montré son efficacité ?
Il convient de préciser que tous ces pays se sont inspirés de l’application Trace Together développée par le gouvernement de Singapour. Pour suivre la transmission du virus, l’application échange par Bluetooth des identifiants chiffrés avec les téléphones à proximité et sur lesquels l’application est également installée. Les données sont stockées uniquement sur les téléphones des utilisateurs. Si une personne contracte le virus, les agents de santé lui demandent l’accès aux identifiants anonymisés stockés sur son appareil et envoient une notification anonymisée aux personnes avec lesquelles le nouveau porteur a été en contact. Après 21 jours, ces informations sont automatiquement détruites. Aucune autre donnée n’est collectée.
Pour aider les autres pays à lutter contre cette pandémie, le code de l’application a même été passé au format open source par le gouvernement singapourien. Cependant, il est bon de préciser qu’en dépit de l’usage de l’application et de l’adoption des mesures comme le port du masque, cela n’a pas empêché de contenir la progression du virus. Tout le pays s’apprête à son tour à passer au stade de confinement général à partir de ce mardi 7 avril.
L’Union européenne favorable à une application unique pour suivre les infections
Pour éviter que chaque pays de l’Union européenne ait à développer sa propre solution, qui pourrait non seulement porter atteinte à la vie privée, mais également disperser les efforts des États de l’UE, Wojciech Wiewiorowski, le responsable de la surveillance de la vie privée de l’UE, a délivré un communiqué ce lundi dans lequel il a déclaré que le Contrôleur européen de la protection des données (CEPD) « appelle à une application mobile COVID-19 de modèle paneuropéen, coordonnée au niveau de l’UE » pour suivre la propagation du nouveau coronavirus. Comme principe de fonctionnement, le CEPD recommande que l’application s’appuie sur des identifiants de diffusion temporaires et la technologie Bluetooth pour suivre les contacts, ce qui permettrait de protéger à la fois la confidentialité et les données personnelles. En outre, pour rassurer davantage les individus et les organismes de protection de la vie privée, Wiewiorowski déclare qu’« idéalement, une coordination avec l’Organisation mondiale de la santé devrait également avoir lieu, afin de garantir la protection des données dès la conception dans le monde entier ».
L’initiative, nommée Pan-European Privacy Preserving Proximity Tracing (PEPP-PT), rassemble plus de 130 chercheurs de huit pays et suit globalement l’approche adoptée par l’application TraceTogether de Singapour. PEPP-PT devrait lancer sa plateforme cette semaine avec une application allemande de suivi des contacts contre le coronavirus soutenue par l’Institut Robert Koch qui coordonne la réponse nationale au coronavirus.
Source : Reuters
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