Lutte contre le contenu à caractère terroriste : l'UE donne un délai de trois mois aux entreprises du Net
Lutte contre le contenu à caractère terroriste : l'UE donne un délai de trois mois aux entreprises du Net
pour lui montrer des résultats pertinents
Dans le cadre de la lutte contre le contenu illicite en ligne, la Commission européenne vient de publier de nouvelles recommandations à observer par les plateformes en ligne. Il s'agit d'après la Commission d'un ensemble de mesures opérationnelles pour une suppression plus efficace du contenu illicite.
Au mois de janvier, la Commission s'est pourtant félicitée de ce que les grandes entreprises du Net avaient fait des efforts considérables pour la suppression de contenu haineux. En vertu d'un Code de conduite visant à combattre les discours de haine illégaux en ligne, les sociétés de l'internet ont en effet supprimé en moyenne 70 % des discours haineux illégaux qui leur ont été notifiés et dans plus de 80 % des cas, les suppressions ont lieu dans les 24 heures. Des résultats qui ont été salués par la Commission même si elle a demandé un redoublement d'efforts.
Mais là encore, il ne s'agit que des discours incitant à la haine, et les nouvelles mesures recommandées par la Commission s'appliquent à toutes les formes de contenu illicite, allant du contenu à caractère terroriste, de l'incitation à la haine et à la violence, de la pédopornographie aux produits de contrefaçon et aux violations du droit d'auteur. Concrètement, l'UE demande à Google, YouTube, Facebook et Twitter de :
- mettre en place des procédures de notification et d'action plus claires, c'est-à-dire que les entreprises doivent définir des règles simples et transparentes pour la notification du contenu illicite, et afin d'éviter la suppression du contenu qui n'est pas illicite, les fournisseurs de contenu doivent être informés de l'existence de telles décisions et avoir la possibilité de les contester ;
- se doter d'outils plus efficaces et de technologies proactives, c'est-à-dire des systèmes de notification clairs pour les utilisateurs et des outils proactifs permettant aux entreprises de détecter et de supprimer tout contenu illicite ;
- mettre en place des garanties plus solides en matière de droits fondamentaux : dans le cas de l'utilisation d'outils automatisés par exemple, les entreprises doivent se doter des moyens de supervision et de vérification humaines, dans le plein respect des droits fondamentaux, de la liberté d'expression et des règles en matière de protection des données ;
- accorder une attention particulière aux petites entreprises, en partageant par exemple des solutions technologiques, notamment des outils de détection automatique, avec les petites plateformes dont les ressources et l'expertise sont plus limitées ;
- s'engager dans une coopération plus étroite avec les autorités, par exemple informer ces dernières s'il existe des preuves d'une infraction pénale grave ou le soupçon qu'un contenu illicite représente une menace pour la vie d'autrui ou la sécurité.
Mais parmi les contenus illicites en ligne, la Commission européenne semble plus préoccupée par les contenus à caractère terroriste. « Le contenu à caractère terroriste en ligne représente un risque particulièrement grave pour la sécurité des Européens, et sa diffusion massive doit être traitée de toute urgence », peut-on lire dans son communiqué. Pour ce type de contenu, la Commission a proposé des mesures supplémentaires. Elle exige notamment que la suppression du contenu à caractère terroriste se fasse dans un délai d'une heure et non dans les 24 heures, comme pour les contenus incitant à la haine. « Étant donné que le contenu à caractère terroriste est le plus préjudiciable au cours des premières heures de sa parution en ligne, toutes les entreprises doivent supprimer ce type de contenu dans le délai d'une heure à compter de son signalement en règle générale », indique l'UE dans son communiqué.
L'UE donne également un délai de trois mois aux entreprises du Net pour lui présenter des « informations pertinentes » qui indiquent une avancée notable dans la lutte contre le contenu à caractère terroriste, en raison de l'urgence de la question. Si la Commission n'est pas satisfaite des résultats, elle pourrait envisager des mesures législatives. Pour tous les autres types de contenu illégal, la Commission évaluera les progrès des entreprises technologiques dans un délai de six mois.
Source : Communiqué de la Commission européenne
Et vous ?
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L'UE prépare une loi pour la suppression de contenu terroriste en ligne dans un délai d'une heure
L'UE prépare une loi pour la suppression de contenu terroriste en ligne dans un délai d'une heure
estimant insuffisants les efforts volontaires des plateformes d'Internet
La Commission européenne demande toujours plus d'effort de la part des plateformes en ligne dans le cadre de sa lutte contre toute forme de contenu illicite en ligne, allant du contenu à caractère terroriste, de l'incitation à la haine et à la violence, de la pédopornographie aux produits de contrefaçon et aux violations du droit d'auteur.
En mai 2016, les principales plateformes de contenus en ligne ont signé un code de conduite sur Internet, par lequel elles se sont engagées volontairement auprès de l'UE à respecter certaines prescriptions dans le but de retirer les contenus illicites de la toile. Près de deux ans après cet engagement, en mars dernier, la Commission a décidé de renforcer l'action de l'UE contre ce type de contenu, en donnant de nouvelles consignes à Google, YouTube, Facebook et Twitter. Il s'agissait entre autres, pour ces entreprises, de se doter d'outils plus efficaces et de technologies proactives pour détecter et supprimer tout contenu illicite ; s'engager dans une coopération plus étroite avec les autorités ; mais aussi aider les petites entreprises - qui n'ont pas les ressources ou l'expertise adéquates - en partageant par exemple avec elles des solutions technologiques, notamment des outils de détection automatique.
Parmi les types de contenu illicite, c'est celui à caractère terroriste qui préoccupe le plus l'UE. La Commission avait donc, pour cette question en particulier, demandé que les contenus signalés soient désormais retirés dans l'heure et non dans les 24 heures, comme pour les contenus incitant à la haine. « Le contenu à caractère terroriste en ligne représente un risque particulièrement grave pour la sécurité des Européens, et sa diffusion massive doit être traitée de toute urgence », expliquait la Commission européenne. Les entreprises du Net ont alors reçu un ultimatum de trois mois, pour faire des progrès sur la question, avant que l'UE envisage des mesures législatives.
D'après le Financial Times, la Commission européenne n'est pas satisfaite des efforts volontaires faits depuis lors par les plateformes en ligne. Pour cette raison, elle prépare une loi pour forcer ces entreprises à supprimer le contenu terroriste en ligne dans un délai d'une heure après signalement par la police et les autorités compétentes, ou faire face à des amendes.
Julian King, le commissaire européen chargé de la sécurité, a déclaré au Financial Times que Bruxelles n’avait « pas assez progressé » en matière de retrait de contenu à caractère terroriste par les entreprises technologiques et « prendrait des mesures plus énergiques pour mieux protéger les citoyens » de l'UE. « Nous ne pouvons pas nous permettre d'être relaxes ou faire preuve de complaisance face à un phénomène aussi sombre et destructeur », a déclaré M. King.
Autrement dit, pour la lutte contre le contenu terroriste en ligne, Bruxelles a décidé d'abandonner l'approche volontaire qui a été utilisée jusqu'à présent, en faveur d’un projet de loi plus contraignant qui devrait être publié le mois prochain. Mais il devrait ensuite être approuvé par le Parlement européen et une majorité d'États membres de l'UE avant d'entrer en vigueur. M. King a également déclaré que le projet de loi devrait contribuer à créer une sécurité juridique pour les plateformes et s'appliquer à tous les sites Web, quelle que soit leur taille.
D'après un fonctionnaire de l'UE, les pressions de la commission pour une loi européenne contre le contenu terroriste reflètent la préoccupation selon laquelle certains gouvernements européens prennent des mesures unilatérales. C'est le cas par exemple en Allemagne où au début de cette année, une loi sur les « discours de haine » est entrée en vigueur. En vertu de cette loi, les plateformes d'Internet doivent supprimer tout contenu illégal dans les 24 heures ou faire face à des amendes allant jusqu'à 50 millions d'euros.
Il faut enfin souligner que l'UE opte toujours pour l'autorégulation ou approche volontaire des plateformes dans les autres domaines tels que les discours de haine et les fausses informations.
Source : Financial Times (paywall)
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Voir aussi :
:fleche: L'Allemagne commence l'application de sa loi sur les discours de haine : une amende allant jusqu'à 50 millions € pour les entreprises lentes à agir
:fleche: L'UE menace d'adopter des lois si les géants du Web sont lents à agir contre les propos en ligne incitant à la haine, à la violence et au terrorisme
:fleche: Lutte contre le contenu à caractère terroriste : l'UE donne un délai de trois mois aux entreprises du Net, pour lui montrer des résultats pertinents
:fleche: L'UE félicite Facebook, Twitter et YouTube pour avoir supprimé 70 % des contenus haineux signalés, mais demande encore plus d'efforts
:fleche: Facebook, Microsoft, Twitter et YouTube signent un code de conduite sur internet avec l'UE, afin de bannir la haine et la violence sur la toile
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L'UE prépare son projet de loi pour obliger les médias sociaux à supprimer les contenus terroristes en 1h
L'Europe prépare son projet de loi pour obliger les médias sociaux à supprimer les contenus terroristes dans l'heure,
sous peine d'une lourde amende
En mai 2016, les principales plateformes de contenus en ligne ont signé un code de conduite sur Internet, par lequel elles se sont engagées volontairement auprès de l'UE à respecter certaines prescriptions dans le but de retirer les contenus illicites d’internet. Près de deux ans après cet engagement, en mars dernier, la Commission a décidé de renforcer l'action de l'UE contre ce type de contenu, en donnant de nouvelles consignes à Google, YouTube, Facebook et Twitter. Il s'agissait entre autres, pour ces entreprises, de se doter d'outils plus efficaces et de technologies proactives pour détecter et supprimer tout contenu illicite ; s'engager dans une coopération plus étroite avec les autorités ; mais aussi aider les petites entreprises - qui n'ont pas les ressources ou l'expertise adéquates - en partageant par exemple avec elles des solutions technologiques, notamment des outils de détection automatique.
Parmi les types de contenu illicite, c'est celui à caractère terroriste qui préoccupe le plus l'UE. La Commission avait donc, pour cette question en particulier, demandé que les contenus signalés soient désormais retirés dans l'heure et non dans les 24 heures, comme pour les contenus incitant à la haine. « Le contenu à caractère terroriste en ligne représente un risque particulièrement grave pour la sécurité des Européens, et sa diffusion massive doit être traitée de toute urgence », expliquait la Commission européenne. Les entreprises du Net ont alors reçu un ultimatum de trois mois, pour faire des progrès sur la question, avant que l'UE envisage des mesures législatives.
Cependant, fin août, le Financial Times a indiqué que la Commission européenne n'est pas satisfaite des efforts volontaires faits depuis lors par les plateformes en ligne. Pour cette raison, elle prépare une loi pour forcer ces entreprises à supprimer le contenu terroriste en ligne dans un délai d'une heure après signalement par la police et les autorités compétentes, ou faire face à des amendes lourdes (pouvant aller jusqu’à 4% de leur chiffre annuel d’affaires).
Julian King, le commissaire européen chargé de la sécurité, avait alors déclaré au Financial Times que Bruxelles n’avait « pas assez progressé » en matière de retrait de contenu à caractère terroriste par les entreprises technologiques et « prendrait des mesures plus énergiques pour mieux protéger les citoyens » de l'UE. « Nous ne pouvons pas nous permettre d'être laxistes ou faire preuve de complaisance face à un phénomène aussi sombre et destructeur », a déclaré King.
Dans son discours annuel sur l'état de l'Union devant le Parlement européen, Jean-Claude Juncker a déclaré qu'une heure était une « fenêtre temporelle décisive durant laquelle le plus gros dommage a lieu ».
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Jean-Claude Juncker, faisant la proposition dans son discours annuel sur l'état de l'Union
Les entreprises affirment leur position
Pour sa part, Facebook a déclaré : « Il n’y a pas de place pour le terrorisme sur Facebook et nous partageons l’objectif de la Commission européenne de le combattre, et nous pensons que ce n’est que par un effort commun entre entreprises, société civile et institutions. les résultats peuvent être atteints.
« Nous avons fait des progrès significatifs dans la recherche et la suppression rapide de la propagande terroriste et à grande échelle, mais nous savons que nous pouvons faire plus ».
Un porte-parole de YouTube a ajouté que le site « partageait le désir de la Commission européenne de réagir rapidement au contenu terroriste et de garder l'extrémisme violent hors de nos plateformes ».
Et de préciser : « C'est pourquoi nous avons beaucoup investi dans les ressources humaines, la technologie et la collaboration avec d'autres entreprises technologiques dans le cadre de ces efforts ».
Les plateformes Internet devront élaborer de nouvelles méthodes pour contrôler le contenu, même si la forme qu’elles vont prendre n’est pas encore claire. En effet, tandis que des entreprises telles que Google comptent de plus en plus sur l'apprentissage automatique pour résoudre les problèmes, elles ont également besoin de beaucoup de modérateurs humains pour détecter les contenus extrémistes.
« Nous avons besoin d'outils puissants et ciblés pour gagner cette bataille en ligne », a reconnu la commissaire à la justice, Vera Jourova.
Le projet va exiger que les 28 mettent en place la capacité d’identifier des contenus extrémistes en ligne, des sanctions et une procédure de recours.
Source : BBC
Et vous ?
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:fleche: Ne peut-on pas craindre qu'il y ait des abus ? Quel type par exemple ?
:fleche: Les modérateurs doivent-ils donc être disponibles 24h / 24 sous peine de causer un préjudice à leur entreprise (4% du CA annuel) ?
Voir aussi :
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Lutte anti-terroriste : 44 organisations exhortent Macron à renoncer à un projet de règlement européen
Lutte anti-terroriste : 44 organisations exhortent Macron à renoncer à un projet de règlement européen,
qui pourrait porter préjudice à Internet
En septembre, suite à une demande des gouvernements allemand et français, la Commission européenne a déposé un projet de règlement pour la « prévention de la diffusion de contenus à caractère terroriste en ligne ». « La France et l’Allemagne ont fait de la lutte contre l’utilisation d’Internet à des fins terroristes une priorité, écrivaient en avril 2018 les ministres de l’Intérieur français et allemand dans un courrier aux commissaires. Une modification de ce cadre juridique dans un sens plus contraignant apparaît indispensable. »
Pour justifier cette proposition, l'Europe a expliqué que l'’omniprésence de l’internet permet à ses utilisateurs de communiquer, de travailler, de nouer des contacts, de créer, d’obtenir et de partager des informations et du contenu avec des centaines de millions de personnes dans le monde entier. Les plateformes internet contribuent considérablement au bien-être économique et social des utilisateurs au sein de l’Union et à l’extérieur. Toutefois, la capacité d’atteindre ce large public à un coût minime attire également les criminels désireux d'utiliser abusivement l’internet à des fins illicites. « Les attentats terroristes perpétrés récemment sur le territoire de l’Union ont montré comment les terroristes abusent de l’internet pour faire des émules et recruter des sympathisants, pour préparer et faciliter des activités terroristes, pour faire l'apologie de leurs atrocités et pour exhorter d'autres à leur emboîter le pas et à semer la peur parmi le grand public ».
Pour l'Europe, les contenus à caractère terroriste partagés en ligne à de telles fins, qui sont diffusés par des fournisseurs de services d’hébergement qui permettent le chargement de contenus tiers, ont joué un rôle important dans la radicalisation des « loups solitaires » qui, inspirés par ces contenus, ont perpétré plusieurs attentats terroristes récemment en Europe. Et de continuer en disant que « Non seulement ces contenus ont des incidences négatives considérables sur les personnes et la société dans son ensemble, mais ils réduisent également la confiance des utilisateurs dans l’internet et portent préjudice aux modèles commerciaux et à la réputation des entreprises concernées. Non contents d'avoir abusé des grandes plateformes de médias sociaux, les terroristes ont aussi de plus en plus recours à de plus petits fournisseurs proposant différents types de services d’hébergement à l’échelle mondiale. Cette utilisation abusive de l’internet soulève la question de la responsabilité sociétale particulière que doivent assumer les plateformes internet pour protéger leurs utilisateurs contre l’exposition à des contenus à caractère terroriste et les risques graves que ces contenus représentent pour la sécurité de la société dans son ensemble ».
Cinq mois plus tard, le texte de la Commission est prêt. Dans son résumé, il est expliqué entre autres « qu’afin d’assurer la suppression des contenus illicites à caractère terroriste, le règlement introduit une injonction de suppression pouvant être émise en tant que décision administrative ou judiciaire par une autorité compétente d’un État membre. Dans de tels cas, le fournisseur de services d’hébergement est tenu de supprimer les contenus ou d'en bloquer l’accès dans un délai d’une heure. En outre, le règlement harmonise les exigences minimales applicables aux signalements envoyés par les autorités compétentes des États membres et par les organes de l’Union (tels qu’Europol) aux fournisseurs de services d’hébergement pour examen à l'aune de leurs conditions commerciales respectives. Enfin, le règlement impose aux fournisseurs de services d’hébergement, le cas échéant, de prendre des mesures proactives proportionnées au niveau de risque et de supprimer le matériel terroriste de leurs services, y compris en déployant des outils de détection automatisés ».
Mais en septembre, la Quadrature du net, l’organisation française de défense des libertés, a dénoncé un texte qui « banalise la censure policière ou privée » d’internet. L’association basée à Paris alerte sur deux autres dangers : ce règlement aurait pour conséquence de renforcer le monopole des multinationales du numérique (Google, Facebook, Microsoft…), et de mettre en danger l’existence même de services de messageries chiffrés, comme Signal ou ProtonMail.
« Les gouvernements européens se réuniront le 6 décembre pour décider de leur position sur ce texte. Ce règlement instrumentalise la crainte terroriste pour museler tout Internet, mais ne servira à rien d’autre qu’à renforcer Google et Facebook et à remettre en cause la confidentialité de nos communications », prévient la Quadrature du Net. L’association a adressée à l’Elysée une lettre ouverte :
Citation:
Envoyé par lettre ouverte
Monsieur le Président,
Au nom de la lutte contre la radicalisation terroriste en ligne, vous défendez un projet de règlement européen imposant de nouvelles obligations à l’ensemble des acteurs de l’Internet : hébergeurs de site, de blog et de vidéo, forum et réseaux sociaux, sites de presse, fournisseurs de mail et de messagerie, etc.
Alors que la Commission européenne et votre gouvernement ne démontrent de façon étayée ni l’efficacité ni la nécessité de ces obligations pour lutter contre le terrorisme, vous souhaitez imposer aux acteurs d’Internet d’agir sur des contenus dont la dangerosité n’aura été évaluée par aucun juge et ce dans des délais extrêmement courts.
Ces obligations sont porteuses de graves dangers pour l’ensemble de l’écosystème numérique européen. En effet, les moyens économiques, humains et techniques requis pour exécuter les obligations envisagées sont tout simplement hors de portée de la quasi-totalité des acteurs : très peu sont ceux qui seront en mesure de répondre 24h/24h, 7j/7 et en moins d’une heure aux demandes de retrait de contenu provenant de n’importe quelle autorité d’un État membre de l’Union. De la même manière, les mesures de surveillance et de censure automatisées que les autorités nationales pourraient imposer en vertu du texte seront totalement impraticables.
Ainsi, pour se plier à ces nouvelles contraintes, les acteurs économiques de petites et moyennes tailles ne pourront que sous-traiter l’exécution des demandes de retrait et la censure automatisée aux quelques grandes entreprises qui, en raison de leur puissance financière, seront capables de les prendre en charge, Google et Facebook en tête, cette sous-traitance étant porteuse d’une dépendance économique et technique gravement préjudiciable à l’économie numérique européenne.
Quant aux acteurs associatifs et collaboratifs à buts non lucratifs, ils n’auront d’autres choix que de cesser leurs activités.
Ce règlement appauvrira donc radicalement la diversité numérique européenne et soumettra ce qu’il en reste à une poignée d’entreprises qui sont déjà en situation de quasi-monopole et dont il faudrait au contraire remettre en cause l’hégémonie.
Enfin, ce règlement conduirait à une surveillance généralisée de nos échanges en ligne et une censure privée et automatisée de l’information, parfaitement contraires au projet humaniste que vous entendez porter au niveau européen.
Nous, acteurs de cet écosystème et défenseurs des libertés fondamentales, vous demandons de renoncer à ce projet.
Au total, ce sont donc 44 associations de défense des libertés, professionnels, hébergeurs et FAI associatifs demandent à Emmanuel Macron de renoncer à son projet de règlement européen de censure sécuritaire, que la Quadrature du net identifie comme étant le principal promoteur.
Sources : La Quadrature du net, texte de la Commission européenne
Et vous ?
:fleche: Partagez-vous les craintes de la Quadrature du net ?
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:fleche: Les musulmans du Xinjang en Chine forcés par le gouvernement à installer l'application Jinwang, un spyware censé détecter des contenus terroristes
L'UE en passe de sous-traiter la censure de l’Internet à Google et Facebook, estime la Quadrature du Net
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après le rapport d'un eurodéputé
En mai 2016, les principales plateformes de contenus en ligne ont signé un code de conduite sur Internet, par lequel elles se sont engagées volontairement auprès de l'UE à respecter certaines prescriptions dans le but de retirer les contenus illicites de la toile. Après cet engagement, elles ont fourni des efforts pour satisfaire à la demande de l'UE. Ces efforts ont d'ailleurs été reconnus en janvier 2018, quand la Commission européenne a félicité Facebook, Twitter et YouTube pour avoir supprimé 70 % des contenus haineux signalés.
La Commission a toutefois estimé que ces progrès dans la suppression de contenu illicite n'étaient pas suffisants, et que les géants de l'Internet devraient redoubler d'efforts. C'est ainsi qu'elle a donné de nouvelles consignes à Google, YouTube, Facebook et Twitter. Il s'agissait entre autres, pour ces entreprises, de se doter d'outils plus efficaces et de technologies proactives pour détecter et supprimer tout contenu illicite ; s'engager dans une coopération plus étroite avec les autorités ; mais aussi aider les petites entreprises - qui n'ont pas les ressources ou l'expertise adéquate - en partageant par exemple avec elles des solutions technologiques, notamment des outils de détection automatique.
Mais parmi les types de contenu illicite, c'est celui à caractère terroriste qui préoccupe le plus l'UE. La Commission avait donc, pour cette question en particulier, demandé que les contenus signalés soient désormais retirés dans l'heure et non dans les 24 heures, comme pour les contenus incitant à la haine. « Le contenu à caractère terroriste en ligne représente un risque particulièrement grave pour la sécurité des Européens, et sa diffusion massive doit être traitée de toute urgence », expliquait la Commission européenne. Les entreprises du Net ont alors reçu un ultimatum de trois mois, pour faire des progrès sur la question, avant que l'UE envisage des mesures législatives.
Le délai passé et la Commission européenne n'étant toujours pas satisfaite des efforts volontaires faits par les plateformes en ligne, elle a décidé de passer à la vitesse supérieure. En septembre dernier, elle a fait une proposition pour empêcher la diffusion de contenus à caractère terroriste en ligne. Celle-ci vise à forcer les plateformes en ligne à supprimer le contenu terroriste en ligne dans un délai d'une heure après signalement par la police et les autorités compétentes, ou faire face à des amendes.
La prochaine étape dans le processus législatif était de soumettre le texte au Parlement européen, ce qui a été fait. Le 21 mars, les eurodéputés vont se prononcer sur le texte de la Commission européenne. Mais avant, un rapporteur du Parlement européen devait proposer quelques amendements sur ledit texte afin de fournir une base sur laquelle le Parlement va discuter. L'eurodéputé britannique Daniel Dalton a été désigné rapporteur pour la Commission LIBE (la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du Parlement européen) sur le règlement de censure antiterroriste. Mercredi dernier, il a publié son projet de rapport, mais selon la Quadrature du Net, ce projet de rapport ne propose aucun vrai changement par rapport au texte initial.
« Venant du Royaume-Uni, [Daniel Dalton] ne fera plus partie du Parlement européen d’ici quelques mois, mais il compte auparavant laisser l’Union européenne sous-traiter la censure de l’Internet à Google et Facebook, détruire les autres acteurs de l’Internet et laisser à la police le pouvoir d’ordonner le retrait en une heure de contenus qu’elle juge illicites, et cela sans autorisation judiciaire », s'insurge la Quadrature du Net, l'association française de défense des droits et libertés des citoyens sur Internet.
Lors des derniers mois, Dalton a pourtant exprimé publiquement son opposition aux obligations de filtrage automatique qui résulteront de l’article 13 de la directive sur le droit d’auteur. Le seul changement significatif que suggère Dalton dans son projet de rapport est d’indiquer que le règlement ne devra pas conduire à un filtrage automatisé des contenus. C’est en accord avec sa position sur la directive droit d’auteur. « Mais il n’a pas encore réalisé que, malgré sa proposition, le cœur même du texte ne peut conduire qu’à une forme de censure automatisée », explique la Quadrature du Net ; et une censure qui sera déléguée à Google et Facebook.
L'association explique en effet que si les acteurs de l’Internet sont obligés de prévoir un point de contact disponible 24h/24 et 7 jours sur 7 pour répondre en moins d’une heure aux injonctions de retrait de la police (quelque chose toujours présent dans le projet de rapport), très peu d’acteurs seront capables de retirer des contenus dans un tel délai et personne n'attendra non plus calmement que la police l'appelle. Ainsi, la plupart des acteurs ne pourront que déléguer la modération des contenus à d’autres entreprises, c'est-à-dire à Google et Facebook par exemple, qui prétendent être capables de détecter et de retirer des contenus à caractère terroriste en une heure. D'ailleurs, la Commission a dès le début demandé à ces géants de l'Internet de partager leurs outils de détection automatique de contenus illicites avec les petits acteurs qui n'ont pas l'expertise ou les ressources adéquates ; ce pour quoi, pour la Quadrature du Net, cela revient à déléguer la modération du Web à Google et Facebook. Le défenseur des droits et libertés des citoyens sur Internet s'étonne donc du fait que Dalton, qui dit s'opposer au filtrage automatisé, n'ait pas simplement rejeté le texte de la Commission, mais ait proposé un rapport qui ne change pas grand-chose au texte initial, comme base pour les discussions au sein du Parlement.
Sources : Quadrature du Net, Rapport de Daniel Dalton
Et vous ?
:fleche: Quel avenir pour ce nouveau projet de loi de l'UE ?
:fleche: Pensez-vous que l'UE va autoriser une censure de masse qui sera déléguée à Google et Facebook ?
Voir aussi :
:fleche: L'Allemagne commence l'application de sa loi sur les discours de haine : une amende allant jusqu'à 50 millions € pour les entreprises lentes à agir
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:fleche: L'UE félicite Facebook, Twitter et YouTube pour avoir supprimé 70 % des contenus haineux signalés, mais demande encore plus d'efforts
:fleche: Facebook, Microsoft, Twitter et YouTube signent un code de conduite sur internet avec l'UE, afin de bannir la haine et la violence sur la toile