Facebook montre des contradictions lorsqu'il est questionné sur la présence d'un média conspirationniste
Facebook et Google vont priver de publicités les sites rapportant de fausses actualités,
pour lutter contre leur propagation
Il y a quelques jours, Mark Zuckerberg répondait aux critiques qui mettaient Facebook au centre d’une supposition selon laquelle la plateforme a participé à l’élection de Donald Trump en permettant la diffusion de faux articles d’actualité diffusés par des pages engagées politiquement. « L’idée que Facebook ait influencé l’élection de la moindre manière à cause de ses faux articles d’actualité, qui représentent une partie infime de notre contenu, me paraît ridicule », assurait le PDG de Facebook. Mais Facebook n’était pas la seule entreprise dans le collimateur de personnes qui pourraient avoir la défaite amère : Google et Twitter ont également été pointés du doigt pour avoir laissé filtrer de fausses informations.
Le numéro un de la recherche et le numéro un des réseaux sociaux ont donc décidé de prendre des mesures concrètes afin de calmer les inquiétudes. Google pour sa part a annoncé qu’il travaillait sur une modification du règlement de sa régie AdSense afin d’empêcher la propagation de fausses actualités via son réseau publicitaire. « Dorénavant, nous limiterons nos services publicitaires sur les pages qui cachent, falsifient ou mentent sur l’identité de leur gérant, la nature de son contenu ou l’objectif poursuivi par ce site web », a indiqué Google qui assure avoir planché sur ces modifications avant les élections.
Pour rappel, dans la politique d’utilisation d’AdSense, les sites pornographiques ou ceux qui incitent à la consommation d’alcool ou de tabac ne sont pas les bienvenus. Google y indique en effet que « notre système est doté de filtres destinés à éviter la diffusion d’annonces sur des pages qui proposent un contenu susceptible d’être jugé déplacé, non adapté à tous publics, voire choquant ».
Selon un ancien employé de Google qui a travaillé au sein de l’équipe AdSense, Google se sert à la fois d’une équipe dédiée mais aussi de l’intelligence artificielle pour examiner les sites qui demandent à figurer sur son réseau publicitaire. De plus, les sites continuent d’être observés même lorsqu’ils sont acceptés.
Cependant, cette approche ne résout pas un problème de fausses actualités ou canulars qui peuvent s’afficher parmi les résultats de recherches effectuées sur son moteur. Par exemple, il y a quelques jours un cas pareil s’est présenté quand une recherche sur “final election count 2016” a envoyé les utilisateurs vers de fausses actualités indiquant que Trump avait remporté l’élection populaire.
Facebook de son côté s’engage à mettre à jour ses politiques publicitaires pour préciser que son interdiction de publier du contenu trompeur s'applique également aux articles dits d’actualité. Lundi dernier, l’entreprise avait déclaré au Wall Street Journal qu’une règle concernant cette pratique était déjà implicite. Cette fois-ci, la plateforme a mis à jour son règlement pour la rendre explicite : « nous avons renforcé nos politiques et prenons des mesures rapides contre les sites et les applications qui se trouvent en infraction. Notre équipe continuera de surveiller de près tous les éditeurs, potentiels et existants, afin de s'assurer de leur conformité », a assuré un porte-parole de Facebook.
Dans son combat contre les fausses actualités, Facebook va bannir des sites rapportant de fausses actualités de ses réseaux publicitaires, notamment de son « Audience Network », qui affiche des annonces sur d'autres sites Web et applications. Cependant, l'entreprise n'a pas pris de mesure pour ce qui est considéré comme le problème majeur : le fait que ces fausses actualités sont parfois largement partagées par les « amis ».
Se basant sur des affirmations de quelques employés de Facebook qui ont désiré conserver l’anonymat, Buzzfeed assure que Facebook a lui aussi des employés assignés à détecter les fausses actualités. Ils précisent d’ailleurs que Facebook ne manque pas d’outils pour combattre cette pratique comme le réseau social le fait par exemple pour la nudité ou des contenus violents.
La controverse reflète également les préoccupations concernant le pouvoir croissant des réseaux sociaux et leur capacité à influencer les personnes et les événements, bien qu’ils soient d’une grande aide pour les groupes de personnes puisqu’ils leur permettent par exemple de communiquer et de s'organiser.
Source : Reuters
Fausses actualités : Mark Zuckerberg aurait-il sous estimé leur portée sur Facebook ?
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Le PDG trouvait « ridicule » l'idée d'une quelconque influence sur les élections
D’après un article partagé plus d’un million de fois sur Facebook en septembre, il était indiqué que Donald Trump avait reçu le support du pape, ce qui était bien entendu une fausse actualité qui avait pourtant été largement diffusée comme bien d’autres. Après l’élection de Donald Trump, des voix se sont élevées pour pointer Facebook d’un doigt accusateur en affirmant que le réseau social avait contribué à son investiture en laissant diffuser de telles actualités qui ont influencé les grands électeurs.
Cette pratique peut avoir des conséquences non négligeables sur des personnes ou des évènements comme le suggère une étude menée par Pew Research Center qui a analysé la portée et les caractéristiques des consommateurs de médias sociaux dans neuf sites de réseautage social et a indiqué que 44 % des Américains qui vont sur Facebook y lisent des actualités.
Pourtant, Mark Zuckerberg s’est défendu, soutenant que « l’idée que Facebook ait influencé l’élection de la moindre manière à cause de ses faux articles d’actualité, qui représentent une partie infime de notre contenu, me paraît ridicule ».
Des allégations qui viennent contredire les résultats d’une recherche menée par Facebook en 2010 sur 61 millions d’utilisateurs aux Etats-Unis un peu avant les élections de mi-mandat. Un groupe a reçu un message « allez voter », tandis qu'un autre groupe a vu le même message avec un petit ajout : des images en vignette de leurs amis Facebook qui avaient cliqué sur «J'ai voté». En se servant des listes électorales publiques pour comparer les groupes après l'élection, les chercheurs ont conclu que le second message avait emmené des centaines de milliers d'électeurs.
En 2012, les chercheurs de Facebook ont à nouveau modifié le flux d'information pour une autre expérience : cette fois-là, certains utilisateurs voyaient s’afficher un peu plus de publications positives, tandis que d'autres voyaient un peu plus de publications négatives. Le panel qui parcourait plus de publications optimistes avait tendance à se montrer également optimiste dans ses publications. De même que le panel qui voyait un peu plus de publications négatives répondaient de la même manière dans leurs publications. D’ailleurs, pendant des décennies, des chercheurs ont assuré que les gens sont influencés par leurs pairs et leurs réseaux sociaux.
Pour le New York Times, le problème de l'influence de Facebook sur le discours politique ne se limite pas à la diffusion de fausses actualités mais aussi à l’utilisation de cette plateforme comme chambre à écho. L'algorithme de l'entreprise choisit les publications qui apparaissent plus haut dans les flux d'actualité des utilisateurs, de même pour celles qui sont plus bas. « Les humains ont déjà tendance à se regrouper parmi les personnes partageant les mêmes idées et à chercher des actualités qui confirment leurs préjugés », avance le New York Times qui continue en disant que « les recherches de Facebook montrent que l'algorithme de l'entreprise encourage cet aspect en priorisant un peu les publications que les utilisateurs trouvent réconfortantes ».
Pour le NYT, Facebook doit travailler en collaboration avec des chercheurs indépendants pour mieux analyser et mitiger les problèmes liés à cette attitude. « Et les dangers ne sont pas limités aux États-Unis. Les effets peuvent être encore plus calamiteux dans les pays où les contrôles sont moins nombreux », indique le quotidien, qui rappelle le cas du Myanmar : « au Myanmar, par exemple, la désinformation sur Facebook aurait contribué à alimenter le nettoyage ethnique, créant une énorme crise de réfugiés ».
Source : NYT
Et vous ?
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