Apologie dissumulée du cloud ?
Bonjour,
Je ne me suis pas intéressé au titre " Le Web a besoin de plus de langages de programmation pour rivaliser avec le « natif » "... Mais plutôt aux justifications données qui me paraissent un poil aberrantes.
Tout d'abord quelqu'un peut-il me dire comment une application web peut-elle être plus performante qu'une application native et sans être installée ?
...C'est le même processeur qui exécute les deux de une, et de deux actuellement, ce sont bien des applications natives qui interprètent/exécutent du code/byte-code... Au mieux, les processeurs de demain auront une interface unifiée et standardisée leur permettant d'exécuter directement un langage machine unique (à l'instar de la JVM et de certains processeurs capables d'exécuter directement du JAVA), et quoi qu'il en soit, ces applications pourraient alors être qualifiées de "natives" puisque compilées pour la plate-forme (même si celle-ci était unique à l'avenir...).
Revenons au possibilités actuelles : avoir un langage compilé sur la machine. Il en existe énormément, pourquoi aller en inventer d'autres alors ? Mais après tout l'idée étant de les rendre disponibles par le web, savoir si il faut en inventer un ou pas est au-delà de la porté de mon commentaire. Quoi qu'il en soit, un tel langage nécessitera tout de même le téléchargement des sources pour les compiler (ce qui ne résout d'ailleurs pas la faiblesse du JS qui même minifié permet la rétro-ingénierie). Ce point engendre deux absurdités : la première, c'est que je ne vois pas trop de différences entre "compiler" et "installer"... Après tout, ou parle là de ce qu'on fait tout (enfin...) les jours : aller chercher une application, la télécharger et l'installer... Certes, le fait que ce soit fait automatiquement peut simplifier la vie de l'utilisateur, mais là encore, avec tous les stores et autres qui existent aujourd'hui, on y est déjà...
...On en arrive donc au sujet 'sensible' : en fait, le seul véritable argument là-dedans, c'est la non-persistance de l'application, et ÇA c'est magique : il faut se connecter à internet pour pouvoir l'utiliser. Et c'est ÇA le point clef. Mais pourquoi cela intéresse-t-il tant les industriels ces histoires de cloud et l'idée que l'utilisateur n'ait au final qu'une machine sans aucun moyen de stockage ?
Parce que les grosses firmes ont fait une énorme erreur dès le début de l'informatique : une fois une application achetée, il n'y a plus besoin de donner de l'argent à son éditeur, elle marche toute seule ad vitam æternam. À une époque, cela ne posait pas trop de problèmes grâce à la loi de Moore : les performances doublent toutes les X années, et il faut sans cesse renouveler toutes les machines et les programmes qui sont "outdated". Les entreprises pouvaient donc survivre en améliorant les performances et les possibilités de leurs produits.
Aujourd'hui, la loi de Moore s’essouffle un peu... Le développement devient plus complexe et les produits déjà très aboutis. Il suffit de regarder le premier programme que la plupart des gens installent s'il ne l'est pas déjà : Windows. Regardez le nombre d'entreprises qui ont hésité pour passer à Windows 7 / 8 car XP leur fournissait déjà tout ce dont ils avaient besoin... (ne pas partir hors sujet à ce propos, un changement s'impose aujourd'hui pour des raisons de sécurité) Et l'image de Microsoft s'est nettement dégradée en voulant encore innover pour toujours vendre leurs produits... Résultat ? Ils ont remis le menu "démarrer" dans Win 8.1 et se sont mis à faire aussi du matériel avec Surface.
Google et bien d'autres ne veulent pas faire la même erreur. Leur secret, c'est que ce n'est pas sur l'OS qu'ils vont faire du chiffre. Celui-ci, une fois stable et suffisamment portable pour s'adapter à la plupart des architectures n'a pas vraiment besoin d'être modifié. On mise donc sur les applications, et leurs stores.
L'idée derrière tout ça et qu'acheter l'application ne suffit pas. Si on pouvait les louer, on gagnerait vraiment beaucoup d'argent ! Seulement comment louer une application installée sur la machine et qui marche ad vitam æternam ? Plusieurs solutions existent :
- Faire en sorte qu'au bout d'un certain temps, il faut une nouvelle clef d'activation (à acheter biensîr). Cette solution a l’inconvénient que l'utilisateur est habitué aux programmes qu'on achète définitivement... La pilule aurait du mal à passer aujourd'hui. Outre l'avis de l'utilisateur, toute application achetée/louée est vulnérable au cracking, donc c'est un mauvais plan globalement. (Sauf pour les anti-virus et certains milieus se renouvelant très rapidement)
- L'utilisateur paye (ou pas) son application, mais si il veut du contenu supplémentaire (par exemple dans un jeu vidéo une arme plus puissante) il devra alors payer. C'est ce qui arrive en masse sur les réseaus sociaux et sur Android. Certaines familles se sont d’ailleurs faites piéger à ce "jeux"
Quoi qu'il en soit, ça reste des applications installées assujetties à la piraterie...
En fait, la solution (presque) idéale serait que l'application ne soit pas en local, mais qu'il faille se connecter au réseau et pour aller encore plus loin, qu'elle ne s'exécute même pas sur la machine du client qui serait en conséquence un simple écran qui sert juste pour les entrée/sortie. À partir de là, il faudrait payer un abonnement pour pouvoir utiliser l'application, et c'est le Jackpot !
L’ironie, dans l'histoire, c'est que cette solution va convenir à presque tout le monde (sauf certains comme moi) :
Toutes les entreprises y gagnent (beaucoup) car pour les hébergeurs de ces applications, ils font payer aux éditeur un droit pour qu'ils puissent les héberger. Les éditeurs font payer un abonnement aux utilisateurs, leur permettant de faire un bénéfice (là encore très important) par rapport à ce qu'il payeront à l'hébergeur. De plus, ils récolteront des données sur leurs utilisateurs, ce qui ravira les agences gouvernementales qui cette fois pourront vraiment obtenir toutes les informations et données que possède une personne. Ces informations pourront aussi être revendues à des agences de marketing qui seront elles aussi ravies. Et l'utilisateur au final ? Il sera aux anges (de la téléréalité ? [à méditer]) ! Car on lui fournira une super tablette pour quelques euros voir gratuite... Après tout, ce ne serait qu'une batterie, et un écran tactile avec un émetteur/récepteur Wifi, Il n'aura plus besoin de clef USB, les données sont dans le "nuage", il pourra se connecter partout (sauf pour appeler à l'aide au fond d'un gouffre... et encore), il n'aura plus peur qu'on lui vole son téléphone quisqu'il n'est pas cher... Et il ne payera alors que ce dont il aura besoin.
Une autre ironie est qu'il achète du coup sa prison et les caméras braquées sur lui...
Voilà ce que je comprend par " Le Web a besoin de plus de langages de programmation pour rivaliser avec le « natif » ". Par ailleurs, ce titre est lui-même est presque subliminal... Moi, ma question, c'est plutôt : "Faut-il que le web rivalise avec les applications natives ?"