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Selon vous, les banques seraient dans la mouise, pourtant elles affichent des bénéfices qui font rêver.
Les banques ont aligné de gros bénéfices en 2010 en supprimant des investissements (suppression de personnels, stratégie de court terme) et grâce à des opérations spéculatives gagnantes (le marché s'y prête). Mais les bénéfices n'ont rien à avoir avec la pérennité de la banque.
Habituellement une banque navigue avec un ratio dettes sur fonds propres de 0.95. Si jamais celui-ci passe à 1.0, la banque est considérée en faillite. Or, les banques possédaient des créances valent plusieurs milliards qui viennent de disparaître alors que leurs dettes sont toujours identiques (dont certaines contractées auprès de la BCE pour prêter à la Grèce). Elles sont donc fragilisées, il va leur falloir se recapitaliser et si pendant ce temps là un pépin se produit, elles peuvent très bien y passer.
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Non, certains résistent encore et toujours à la baisse du pouvoir d'achats. Dans ce dernier lien, les patrons du CAC 40 auraient vu en moyenne leur salaire augmenté de 24% en 2010. Qui a eu une telle augmentation de salaire ?
Oui, il est scandaleux de voir les actionnaires se goinfrer et les patrons de banques qui nous ont mis dedans augmenter leurs salaires pendant qu'ils licencient. Ces types sont des porcs sans aucune morale, nous le savons. Promulgue une loi interdisant ce genre de rémunérations si ça te chante. Mais au mieux ça ne changera rien à notre quotidien, c'est le genre de mesure symbolique dont je parlais à propos de l'extrême-gauche (lit le programme du Front de gauche : aucune mesure permettant concrètement de résoudre les problèmes). Au pire certains pensent que ça nous nuirait.
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Ensuite, il est clair que le système actuel n'est plus viable (comment expliquer les crises successives depuis 2008 autrement ?), et pourtant on nous explique que l'on ne peut rien changer... Moi, je reste dubitatif.
Disons plutôt franchement que certains n'ont aucun intérêt à changer.
Mais tout le monde veut changer le système ! Mais personne ne veut le changer de la même façon. Si on considère les positions françaises, prenons quelques exemples :
* Nous voulons changer la politique monétaire européenne. Berlin ne veut pas et n'est pas prêt à faire de concession. Berlin veut en revanche un contrôle budgétaire renforcé de l'UE. Paris est d'accord si Berlin bouge sur la politique monétaire. A la fin Paris cédera sans doute en se contentant de concessions sur le mode de gouvernance avec un président européen (ce dont les Allemands ne veulent pas). Sauf que les "petits" pays de l'Est n'en veulent pas non plus et réclament quant à eux des eurobonds, pour lesquels la France est tiède et l'Allemagne plutôt froide.
* Nous voulions faire reculer le secret bancaire et menons un bras de fer avec la Suisse à ce sujet. La Suisse a proposé aux pays européens de renoncer à ces initiatives et d'offrir une impunité aux fraudeurs en échange de 30% sur toutes les sommes déposées en Suisse depuis la France, soit plusieurs milliards par an. Paris a refusé, Berlin a accepté. Et, avant cela, les initiatives à plus large échelles se sont échouées sur les résistances américaines et britanniques qui pratiquent l'évasion fiscale et le blanchiment à grande échelle sur leur propre sol (Delaware, Îles britanniques, City, etc).
* Sarko voulait flinguer l'euro il n'y a pas si longtemps et aurait été ravi de voir sa valeur baisser. Au final il se retrouve à devoir le sauver pour éviter que l'euro ne perde la moitié de sa valeur en trois mois et disparaisse, nous laissant avec une monnaie nationale restaurée à valeur d'un clou et demi et un litre d'essence à trois heures de travail d'un smicard.
De toute façon, encore, une fois, personne ne nie que le système se marche sur la tête. Quand tu vois les agences de notation et les banques forer un trou dans la cale du navire dans lequel elles sont embarquées, c'est l'évidence même. Le problème c'est qu'on ne sait pas quoi mettre à la place, que personne n'est d'accord sur ce qu'il faut mettre à la place, que personne ne sait vraiment ce qui serait efficace. Nous sommes une planète avec plusieurs pays, avec des acteurs étatiques et non-étatiques et chacune parle d'une voix différente et a ses intérêts propres et souvent concurrents.
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La question que je me pose, et je suppose que je ne suis pas le seul, c'est pourquoi est-ce qu'on nous dit qu'il faut sauver le système actuel, sinon ça va être la récession, le chomage, la pauvreté, etc... et pour sauver le système actuel (et donc éviter les catastrophes pré-citées) on met en place une rigueur qui entraine du chomage, la récession, la pauvreté, etc.
Y pas quelque chose qui cloche ?
Bien sûr que si ça cloche. Mais deux remarques :
* Les économistes ne recommandent pas la rigueur. C'est le peuple français qui apprécie les discours sur la rigueur et les politiciens qui en rajoutent donc trois couches. Mais les économistes aujourd'hui insistent sur la nécessité de relancer l'économie, pas sur la rigueur. Tout en incitant à la prudence vu le risque de spirale d'endettement.
* Les banques ont l'impression de prendre des risques en prêtant aux Etats. Donc elles fixent des taux d'intérêt plus élevés. Elles savent pertinemment que c'est dangereux pour elles puisque cela augmente le risque que les Etats ne puissent pas se redresser et ne remboursent pas leurs dettes. Sauf qu'elles ne veulent pas pour autant prêter à bas taux alors que pour le même prix elles peuvent faire des opérations plus rentables, et alors que leurs client réclament 50% de AAA dans leurs portefeuilles.
- Bonjour, je voudrais emprunter de l'argent.
- Encore ? Oui mais ça ne m'arrange vraiment pas, là, je préfèrerais le mettre ailleurs. En plus vous nous devez pas mal d'argent
- De toute façon je trouverai bien quelqu'un pour me le prêter et puis j'ai besoin d'argent pour investir pour pouvoir vous rembourser.
- Ben tiens. Bon, ok. Mais vu que je préférerais prêter à quelqu'un d'autre et que ça commence à sentir mauvais, je vais saler le taux d'intérêt.
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Pour rembourser sa dette, l'état devrait pouvoir compter sur les recettes de ses actifs, mais c'est justement ces actifs qu'on lui demande de vendre. En gros, il va gagner de l'argent rapidement, mais à longs termes, il verra ses recettes sérieusement remises en cause. C'est un peu ce qu'a fait Sarko en vendant les concessions autoroutières aux sociétés qui les géraient. L'état a gagné beaucoup (d'ailleurs où est passé cet argent ?) d'un coup, mais ne gagne plus rien par la suite. C'est ce qu'on appelle gérer à court terme !
La cession des autoroutes françaises a servi a payer la politique clientéliste de Sarkzoy. Le plan de sauvetage de la Grèce est différent : pour espérer rembourser, la Grèce a besoin de réduire sa dette (dont les taux d'intérêts sont maintenant supérieurs à la rentabilité d'une entreprise publique typique : grosso modo en vendant une entreprise qui te rapporte un milliard par an tu peux annuler un montant de dettes avec deux milliards par an d'intérêt) et d'augmenter sa compétitivité (ce qui nécessite d'investir).
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Dans le cas de la Grèce, elle devrait pouvoir compter sur ses actifs pour rembourser sa dette, en même temps que diminuer ses dépenses pour aller vers l'équilibre. C'est ce qu'on lui empêche de faire. Résultat pour stabiliser ces recettes, elle n'a pas d'autres solutions que d'augmenter les impôts. Et donc d'augmenter la pauvreté au sein de son peuple. En augmentant les impôts, elle diminue le pouvoir d'achat, et donc la consommation. Ce qui entraine que les entreprises vendent moins, elles sont donc obligées de licenciées. Augmentation du chômage, et pertes de recettes gouvernementales. Pression des banques pour que les recettes augmentent, alors augmentation des impôts, ... et la boucle est bouclée.
Tout à fait. Et ça c'est la faute de l'Europe, c'est à dire des politiciens et notamment de Sarko et de Merkel, contre l'avis du FMI qui jugeait le plan asphyxiant pour la Grèce (et, vu le passé catastrophique du FMI en la matière, c'est dire ! Enfin, c'est la preuve que même le FMI peut apprendre de ses erreurs). Donc là aussi ce sont les politiques qui tiennent un discours différent des économistes. Cela dit le dernier plan de sauvetage ne comporte pas de nouvelles mesures de rigueur il me semble.
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Et pourtant, on nous assure que c'est le bon système. Permettez-moi d'en douter.
Encore, une fois, personne ne dit que c'est le bon système. C'est simplement que nous nous sommes tous enfermés dans un trou et que nous ne pouvons plus en sortir. Et qu'on ne voit pas très bien dans quel autre trou nous pourrions nous enterrer après ça.
@GPPro
Non, encore une fois tu appliques une grille de lecture française : en France, le but c'est le chef, l'Assemblée n'est que le moyen de l'appuyer et les coalitions le moyen de le renforcer. Mais ce n'est pas vrai dans tous les pays : dans beaucoup d'entre eux, la finalité, c'est le Parlement car c'est lui qui détient le pouvoir et le gouvernement n'est qu'un conseil restreint de ce parlement.