Si c'était juste un problème de savoir... Mais c'est plus grave que ça ! Car ça fait plus de 40 ans qu'on baigne dans l'hyperindividualisme et la compétition entre les travailleurs. Et ce à tous les niveaux. Ma mère, chef de centre divisionnaire à la Sécu, connaissait tous ses collègues, lesquels se donnaient des coups de main sans pour autant mobiliser la hiérarchie. Car c'est bien joli de recevoir des assurés qui ont la grippe, mais ça la transmet aux guichetiers... Elle me racontait qu'il y avait une nouvelle direction qui avait une toute autre mentalité que la solidarité. Celle-ci en effet voulait instaurer de la compétition et briser la camaraderie qui, pourtant, donnait de bons résultats professionnels. Ma mère fut toute contente de prendre sa retraite anticipée (et payée comme complète, on comprend pourquoi) car elle ne supportait plus cette mentalité de panier de crabes qui se mettait en place.
Ceci chez les cadres moyens et inutile de vous dire qu'au niveau inférieur c'est encore plus féroce.
Puis est venu la détestation entre les tranches d'âge. La bonne vieille tactique du "diviser pour règner" propre aux tyrans de bas étage. Dans la vie quotidienne il était devenu impensable que des jeunes fréquentent des "vieux" qui pouvaient transmettre un savoir. C'était de la "pédophilie", les jeunes allaient se faire violer. Certes on nage dans le ridicule, mais ça marche. Pour rester dans le monde IT Pro j'avais rencontré un collègue, lors des réunions bidons de l'ANPE, mais instructives si on discute avec les personnes convoquées. Celui-ci, chef de projet, s'était retrouvé sur le carreau quand la SSCI qui l'embauchait avait fait faillite. La quarantaine, à l'époque, comme moi, avec des recherches de jobs aussi dérisoires que les miennes. Ce qui, avec un bon traitement de texte, ne vous occupe pas beaucoup. Mais ce confrère était ce qu'on appelle un "battant", donc plein d'énergie et ne pouvant pas rester inactif "tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre" (Blaise Pascal). Donc il avait proposé aux gamins de son groupe d'immeubles de faire un club informel d'initiation à l'informatique. "J'ai vite arrêté", me racontait-il, "car les parents commençaient à me regarder de travers". Voilà pour l'ambiance ! Après ça venez me raconter que l'on va pouvoir faire une coopérative alliant informaticiens chevronnés mais sur le carreau et bleusaille ne dégottant que des stages...
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