De la possession et son usage, et du pouvoir
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r0d
Je ne comprend pas cette phrase, mais j’en profite tout de même pour continuer sur le sujet de la propriété. Traitez-moi donc d’opportuniste, vous auriez certainement raison :)
Désolé : il manque le verbe "je ne PARLE plus de nourriture". Ceci se voulait une plaisanterie, car il ne reste plus alors que des excréments.
Nous comprenons que cette notion de propriété est centrale pour vous (nous), et probablement même fondatrice de votre (notre) personnalité.
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r0d
La propriété n’est pas une caractéristique naturelle.
Je me sens un peu gêné, parce que ceci me semble être un postulat sur lequel se base votre réflexion, et me semble faux. Pour exposer ma “façon de voir les choses”, et pour raisonner avec votre mot "naturelle", l’animal sera l’exemple. Toutes les races cherchent plus ou moins à s’approprier un espace qu’elles doivent défendre par la suite. Nourriture ou nid. Le lointain objectif étant la reproduction. De la bactérie au lion. Chez les plus évoluées, la défense territoriale est généralement l’affaire du mâle, qui éventuellement peut dominer (s’approprier ?) un groupe, “son” groupe. Chacun tente d’envoyer à ses semblables un message indiquant qu’il s’est “réservé” de l’espace, souvent sous forme olfactive. On peut également pousser l’observation aux plantes : dans la jungle où toutes luttent pour la plus d’espace, de lumière. La couche la plus "basse" de l’humain est son corps : l’animal.
Le dicton "Pierre qui roule…" est probablement juste. En tout cas pour moi, c’est vrai. Ce que je ne possède devrait tenir dans deux grandes valises. Le plus volumineux étant mes deux ordinateurs. J’ai toujours trouvé la comparaison de l’homme avec le scarabée bousier juste et rigolote. J’ai vu une référence à Gandhi dans vos pages. Il y a peu, j’ai entendu dire de lui qu’il ne voulait pas posséder “trop” de meubles, car selon lui, c’était voler les pauvres. Je ressens quelque chose de similaire depuis (et seulement depuis) que je vis ici (2007), mais en sortant de table. Et pour le même raison, je me sens coupable de vol quand je me sens le ventre “trop” plein.
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r0d
Tout le monde sait respirer à la naissance, ça c’est naturel. Mais beaucoup ne possèdent rien à la naissance, et certains toute leur vie. Moi par exemple, je ne possède quasiment rien (et mes parents non plus, pour répondre à de basses et candides accusations).
La remarque sur vos parents est très intéressante. Il se trouve que les miens étaient de la petite bourgeoisie provinciale. J’ai pleine conscience que mon caractère est composé de leurs réactions face à leur désire de possession (de pouvoir), tout comme vous. Mes parents aussi n’étaient pas à la maison et, finalement, pour les mêmes raisons que les vôtres : le travail. Pour ma part, leur traque continuelle ainsi que leurs conversations m’ont dégouté de l’argent, qui est la forme humanisée de la possession. C’était peut-être très basique, l’enfant pensant : « Je hais l’argent parce que maman le préfère à moi ».
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L’aspect polymorphe et polysémique de la propriété rend difficile une définition précise du concept. Une façon de voir les choses est la suivante: "Lorsqu’on possède un objet, on a le monopole de son usage". C’est nous qui choisissons qui peut utiliser (au sens large) cet objet que nous possédons. C’est une définition très utilitariste, basée sur la notion de l’usage: un objet se définit par l’usage que l’on en fait. Et c’est justement un des points qui rend cette définition assez puissante, dans le sens où elle montre clairement l’importance de l’usage dans le concept de propriété: rien ne sert de posséder un objet si on ne s’en sert pas.
D’accord. Notez que j’ai immédiatement pensé à la connaissance, au “savoir” en lisant la dernière phrase.
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r0d
Or, il me semble que justement, le point central se trouve là, dans la notion d’usage. Qu’est-ce qui est important: posséder un objet, ou pouvoir s’en servir quand on veut? Est-il préférable de posséder un objet inutile, ou d’avoir une potentialité d’usage sur un objet utile?
Pour moi, le meilleur de l'"objet utile" est le bijou (beau sujet aussi, non ?). Mais, dans cette partie, le mot essentiel est “pouvoir”. L'exemple de DSK : c’est un drogué du sexe. Il a besoin de pouvoir (dont la possession est une forme, donc) pour assouvir son addiction. DSK est une figure, mais l’analogie avec les autres humains traqueurs (de beaucoup) de pouvoir tient probablement. Et probablement jusqu’au chef d’entreprise, voir le chef de famille.
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ce qui est important dans la propriété, c’est, en réalité, l’usage.
D’accod. Mais c’est l’intellect qui parle, plus l’animal.
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C’est la raison pour laquelle je crois qu’il serait temps de repenser totalement notre conception de la notion de propriété. Parce qu’aujourd’hui, sous le libéralisme triomphant, l’idée globalement perçue de la propriété ressemble plus à "l’interdiction à autrui de profiter de l’objet possédé", plutôt que des considérations sur l’usage.
Vous faites un pas que je ne fais pas. L’usage n’est pas une nécessité si l’on considère le gain de la propriété comme étant l’accroissement de son pouvoir, l’objectif étant plus le pouvoir. Et le pouvoir, lui, n’a de sens que s’il est exercé.
"temps de repenser" : surement et toujours,
"libéralisme" : le mot le plus hypocrite que je connaisse. Commençant comme liberté et terminant comme intégrisme,
"la propriété ressemble à une interdiction" : hooo non : ça suggère trop l'expression d'une frustration mal vécue.