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Une cour d'appel US considère la surveillance de masse de la NSA exposée par Snowden comme étant illégale
Une cour d'appel américaine a jugé illégale la surveillance de masse mise en place par la NSA
et dénoncée par Edward Snowden
Nous sommes en 2013 lorsqu’un ancien employé au renseignement américain a révélé que l'agence de sécurité nationale américaine (NSA) et le FBI avaient accès aux bases de données de neuf sociétés technologiques parmi lesquels Facebook, Google ou même Apple. Ce projet porte le nom de code PRISM et est en activité depuis 2007. Les agences collectent des millions de courriels, vidéos, photos qu’ils passent au crible.
L’ancien employé en question s’appelle Edward Snowden et ce n’était que le début d’une série de révélations qui l’ont emmené à se réfugier en Russie. Comme il l’a expliqué, il ne regrettait pas son geste :
« Je m’appelle Edward Snowden. Il y a un peu plus d’un mois, j’avais une famille, une maison au paradis et je vivais dans un très grand confort. J’avais aussi la capacité, sans aucun mandat, de chercher, de saisir et de lire toutes vos communications. Celles de n’importe qui, n’importe quand. J'avais le pouvoir de changer le sort des personnes.
« C’était aussi une grave violation de la loi. Les 4e et 5e amendements de la Constitution de mon pays, l’article 12 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen ainsi que de nombreux accords et traités interdisent un tel système de surveillance massive et omniprésente. Mais bien que la Constitution Américaine qualifie ces programmes d’illégaux, mon gouvernement explique qu’un jugement d’un tribunal secret, que personne ne peut voir, a légitimé ces pratiques illégales. Ce jugement corrompt purement et simplement la notion fondamentale de Justice, notion selon laquelle pour réellement exister la Justice doit être appliquée dans les faits. L’immoral ne peut être rendu moral par une loi secrète.
« Je crois au principe établi à Nuremberg en 1945 : « Les individus ont un devoir international qui transcende les obligations nationales d’obéissance. Il en découle que les citoyens ont le devoir de violer leurs lois domestiques pour empêcher que des crimes contre la Paix et contre l’Humanité ne puissent être perpétrés ».
« Par conséquent, j’ai fait ce que j’ai cru bon. J’ai lancé une campagne contre ces mauvaises pratiques. Je n’ai pas cherché à m’enrichir. Je n’ai pas cherché à vendre des secrets américains. Je n’ai passé aucun accord avec un gouvernement étranger pour garantir ma sécurité. À la place, j’ai rendu public ce que je savais, pour que ce qui nous touche tous puisse être débattu par nous tous, à la lumière du jour. J’ai voulu un monde de Justice.
« Cette décision morale de parler au grand public de ces pratiques d’espionnage m’a coûté très cher, mais c’était la chose à faire et je ne regrette rien ».
Petit rappel sur les révélations de Snowden
L'infiltration du siège d'Huawei par la NSA durant l'opération Shotgiant
La NSA se serait infiltrée dans les serveurs du Chinois Huawei, recueillant des informations sensibles et captant les communications entre cadres dirigeants lors d’une opération baptisée « Shotgiant ».
À l’origine, l’opération visait à rechercher des indices pointant des relations entre Huawei et l’armée chinoise pour accréditer la thèse d’une collusion. La NSA se serait intéressée aux équipements de Huawei vendus à des pays tiers partout dans le monde, en vue de s’assurer ainsi « un accès à des réseaux de communication jugés intéressants ».
L'opération Nymrod : la NSA a espionné 122 personnages politiques depuis 2009 parmi lesquels la chancelière allemande
Parmi eux figuraient le nom de la Chancelière allemande, qui aurait fait l'objet de plusieurs centaines de rapports (autour de 300) depuis mai 2009, mais également les noms des présidents Bashar Al-Assad, le président Syrien (environ 800 rapports) ou encore Alvaro Uribe, l’ancien président Colombien (environ 700 rapports).
Le système utilisé par Nymrod range automatiquement sous forme de rapports les résumés de fax, appels téléphoniques, et toute autre communication interceptée par les ordinateurs pour découvrir des informations liées à des « cibles de grandes valeurs ». Der Spiegel explique que le système est destiné à « trouver des informations liées aux cibles qu’il serait difficile de se procurer autrement ».
La NSA aurait utilisé des logiciels malveillants pour espionner des millions d'ordinateurs à travers le monde
La NSA aurait travaillé depuis plusieurs années sur l’expansion de sa capacité à infecter les ordinateurs et terminaux mobiles avec des logiciels malveillants.
Les malware destinés initialement à quelques centaines d’ordinateurs dont les communications ne pouvaient pas être surveillées par les moyens traditionnels dont disposait la NSA ont été étendus à une « échelle industrielle ». Ainsi, depuis 2010, la NSA a injecté dans des millions d’ordinateurs à travers le monde, des malware qui lui permettent d’extraire des données des réseaux téléphoniques et internet.
La collecte des données se ferait par un système automatique baptisé « Turbine ». Turbine serait un système de commande et de contrôle intelligent, capable de contrôler automatiquement les dispositifs sur lesquels les malware ont été implantés, avec le minimum d’intervention humaine.
Une cour d'appel américaine a jugé illégale la surveillance de masse mise en place par la NSA
Sept ans après qu'Edward Snowden a révélé que l'agence nationale de sécurité américaine (NSA) effectuait des écoutes massives auprès des citoyens américains, la cour d'appel des États-Unis pour le neuvième circuit (la plus importante cour d'appel fédérale du pays) a estimé mercredi 2 septembre 2020 que cette pratique allait à l'encontre du Foreign Intelligence Surveillance Act de 1978 et pourrait avoir été inconstitutionnelle.
L’annonce du verdict a été immédiatement saluée par le principal intéressé, Edward Snowden, qui est aujourd’hui réfugié en Russie. « Je n’aurais jamais imaginé que je vivrais assez longtemps pour voir nos tribunaux condamner les activités de la NSA comme étant illégales et dans le même jugement me créditer pour les avoir exposées », a-t-il écrit le 2 septembre sur Twitter. « Et pourtant, ce jour est arrivé. »
La preuve que la NSA avait commencé à établir une base de données de registres téléphoniques de millions d'Américains était l'une des révélations les plus explosives de Snowden.
Pourtant, jusqu'à ce moment, les hauts responsables du renseignement ont publiquement insisté sur le fait que la NSA ne collectait jamais sciemment d'informations sur les Américains. Après la révélation du programme, les responsables américains se sont repliés sur l'argument selon lequel l'espionnage avait joué un rôle crucial dans la lutte contre l'extrémisme domestique, citant en particulier le cas de quatre résidents de San Diego qui étaient accusés de fournir une aide à des fanatiques religieux en Somalie.
Les responsables américains ont insisté sur le fait que les quatre intéressés (Basaaly Saeed Moalin, Ahmed Nasir Taalil Mohamud, Mohamed Mohamud et Issa Doreh) avaient été condamnés en 2013 grâce à l'espionnage téléphonique de la NSA, mais la cour d'appel a toutefois jugé que ces arguments n'étaient « pas cohérents avec le contenu des enregistrements classés ».
En d'autres termes, pour la justice américaine, la surveillance téléphonique qui a concerné en secret des millions d’Américains sur des années n’a même pas été décisive dans la lutte contre le terrorisme. Un seul exemple concret d’une attaque que ces relevés téléphoniques auraient permis de déjouer a été présenté par la NSA, alors même qu’elle répétait que ces écoutes avaient contribué à contrecarrer diverses attaques terroristes.
« Dans la mesure où les déclarations publiques des représentants du gouvernement ont créé une impression contraire, cette impression est incompatible avec le contenu du dossier classifié », a déclaré la juge Marsha Berzon.
La décision n'affectera pas les condamnations de Moalin et de ses compagnons accusés; le tribunal a jugé que la surveillance illégale n'avait pas entaché les preuves présentées lors de leur procès. Néanmoins, des groupes de surveillance, dont l’Union américaine des libertés civiles, qui a aidé à porter l’affaire en appel, ont salué le verdict des juges sur le programme d’espionnage de la NSA.
Le programme de collecte de métadonnées en masse de la NSA a été interrompu en 2015 lorsque le Congrès a adopté le USA Freedom Act. En vertu de la loi, les enregistrements téléphoniques en vrac seraient toujours conservés par des compagnies de téléphone privées, mais ne pourraient être obtenus par les enquêteurs qu'avec la permission d'un juge. La NSA aurait complètement cessé de rechercher les métadonnées téléphoniques depuis 2018.
Source : décision de justice, Snowden
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Un tribunal consacre les profits générés par le livre Permanent Record d'Edward Snowden au gouvernement
Un tribunal rend son verdict final sur les profits générés par le livre Permanent Record d'Edward Snowden où il expose l'espionnage américain
le gouvernement va bénéficier de plus de 5,2 millions de dollars
Les avocats du ministère de la Justice ont décidé de s'en prendre à une source potentielle de revenus (pour Edward Snowden mais également pour Macmillan Publishers) : en 2019, ils ont engagé une action au civil contre lui pour la publication de son livre, Permanent Record. Ce dernier, qui a été publié en septembre 2019, raconte l'histoire de la décision de Snowden de devenir un dénonciateur et d'exposer les façons dont le gouvernement américain espionnait les Américains ainsi que le monde à la fin des années 2000 et au début des années 2010. Snowden a fui les États-Unis en 2013 après que plusieurs nouvelles histoires ont été écrites sur la base de documents qu'il a divulgués et vit maintenant à Moscou, en Russie.
La plainte, déposée devant le tribunal américain du district de Eastern Virginia, n'avait pas pour objectif de faire cesser la publication ou la distribution de Permanent Record. Comme l'a déclaré à ce moment-là un porte-parole du DOJ dans un communiqué de presse, « sous la jurisprudence bien établie de la Cour suprême [dans l'affaire] Snepp c. États-Unis, le gouvernement cherche à recouvrer tout le produit réalisé par Snowden en raison de son incapacité à soumettre sa publication à un examen préalable à la publication, en violation de ses obligations contractuelles et fiduciaires présumées ».
Le mémoire de Snowden n’aurait pas été soumis à la CIA ou à la NSA pour un examen préalable à la publication, une pratique obligatoire parmi les anciens employés des agences de renseignement. En tant que tel, le ministère considère le livre comme une violation des obligations contractuelles et fiduciaires de Snowden et désigne les éditeurs comme codéfendeurs dans la poursuite.
Étant donné les programmes et les documents encore classés qui ont été abordés dans le mémoire, il est peu probable que le livre ait été approuvé pour publication par les agences. Snowden reste un fugitif de facto du gouvernement des États-Unis et serait probablement poursuivi en vertu de la loi sur l'espionnage s'il retournait dans son pays.
« Les renseignements devraient protéger notre pays et non pas permettre de générer un profit personnel », a déclaré G. Zachary Terwilliger, procureur américain du district oriental de Virginie. « Cette action en justice garantira qu'Edward Snowden ne retirera aucun avantage financier de la violation de la confiance placée en lui ».
« Edward Snowden a violé une obligation qu’il avait contractée envers les États-Unis lorsqu’il a signé des accords dans le cadre de son emploi pour la CIA et en tant que contractant de la NSA », a déclaré le procureur général adjoint Jody Hunt de la division civile du ministère de la Justice. « La capacité des États-Unis à protéger des informations confidentielles relatives à la sécurité nationale dépend du respect par les employés et les entrepreneurs de leurs accords de non-divulgation, y compris de leurs obligations en matière d’examen préalable à la publication. Cette action en justice démontre que le ministère de la Justice ne tolère pas ces atteintes à la confiance du public. Nous ne permettrons pas aux individus de s’enrichir, aux dépens des États-Unis, sans se conformer à leurs obligations en matière d’examen préalable à la publication ».
Dans sa plainte, le Ministère américain de la Justice affirme que Snowden a violé les accords de confidentialité de la CIA et de la NSA qu’il a signés aux termes de son contrat de travail. Dans les accords de non-divulgation conclus avec la CIA, Snowden a signé qu'il reconnaissait « être tenu de soumettre son matériel à un examen préalable à la publication » avant de discuter [du travail] avec ou de le montrer à toute personne non autorisée à accéder à des « informations classifiées », ont expliqué les avocats du Ministère de la Justice dans leur plainte. « Snowden était également tenu de "ne prendre aucune mesure en faveur de la divulgation publique avant d'obtenir l'autorisation écrite de la Central Intelligence Agency de le faire ».
Dans le cadre de l'accord de non-divulgation, « Snowden a convenu expressément que "[en plus de tout autre recours auquel le gouvernement des États-Unis pourrait avoir droit, je cède au gouvernement des États-Unis tous les droits, titres et intérêts dans toutes les redevances, rémunérations et émoluments résultant ou pouvant résulter de toute divulgation, publication ou révélation d'informations ou de documents de ma part effectuée en violation de [l'obligation de publication préalable]] " ».
La décision de justice
En décembre 2019, un juge fédéral en Virginie a estimé que Snowden aurait dû demander l'approbation de la Central Intelligence Agency (CIA) et de la National Security Agency (NSA). Selon les documents déposés par le gouvernement, Snowden a signé trois accords de confidentialité avec la CIA en novembre 2005, août 2006 et avril 2009. Il a également signé trois accords de confidentialité avec la NSA en juillet 2005, mai 2009 et mars 2013. Tous ces accords étaient sans ambiguïté, selon le juge, et obligeaient Snowden à obtenir une revue de prépublication avant la publication du livre.
Snowden a soutenu que son livre ne contenait aucune information qui n'était pas déjà publique (grâce à lui, bien sûr), et qu'il ne voulait pas que la CIA « édite [sa] vie ». Les agences de sécurité nationale ont tendance à être sélectives sur qui peut faire l'objet de poursuite pour violation des accords de confidentialité, selon Snowden.
Il a fallu attendre le 29 septembre 2020 pour que le tribunal rende un jugement définitif et une injonction permanente contre Edward Snowden.
Mardi 29 septembre, le tribunal a rendu un jugement en faveur du gouvernement pour un montant supérieur à 5,2 millions de dollars et a imposé une fiducie implicite au profit des États-Unis sur ces sommes et toutes autres sommes d'argent, redevances ou autres avantages financiers obtenus par Snowden de Permanent Record ainsi que des 56 allocutions (speeches) spécifiques.
« Edward Snowden a violé ses obligations légales envers les États-Unis et, par conséquent, ses gains financiers illégaux doivent être cédés au gouvernement », a déclaré le sous-procureur général Jeffrey A. Rosen. « Comme le montre cette affaire, le ministère de la Justice n'oubliera pas les actions fautives de ceux qui cherchent à trahir la confiance qui leur est accordée et à profiter personnellement de leur accès à des informations classifiées sur la sécurité nationale ».
« Les informations du renseignement doivent protéger notre nation et non fournir un profit personnel », a déclaré G. Zachary Terwilliger, procureur américain du district oriental de Virginie. « Ce jugement garantira qu’Edward Snowden ne reçoive aucun avantage monétaire en cas de violation de la confiance placée en lui. »
«Nous poursuivrons ceux qui profitent de postes sensibles au sein du gouvernement pour profiter des informations classifiées apprises pendant leur service gouvernemental», a déclaré Jeffrey Bossert Clark, procureur général adjoint par intérim de la division civile.
Cette poursuite est distincte des accusations criminelles portées contre Snowden pour ses prétendues divulgations d'informations classifiées. Cette poursuite est une action civile, et basée uniquement sur le non-respect par Snowden des obligations claires d’examen préalable à la publication incluses dans ses accords de non-divulgation signés.
Source : ministère américain de la Justice
Et vous ?
:fleche: Partagez-vous la décision du tribunal ?
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Le programme de surveillance téléphonique de la NSA est inconstitutionnel et coûteux
Le programme de surveillance téléphonique de la NSA est inconstitutionnel et coûteux,
il n'a pas empêché une seule attaque terroriste d’après un juge fédéral
La collecte de métadonnées de télécommunication des citoyens est l’une des tactiques les plus utilisées aujourd’hui par les gouvernements pour soi-disant lutter contre le terrorisme. Les groupes de défense des droits de l’Homme ont beau protester, mais cela reste toujours d’actualité. Les données provenant de l'Europe et des États-Unis montrent que la surveillance de masse ne contribue pas à arrêter les attaques terroristes. Pourtant, les autorités continuent de s'appuyer sur des technologies de surveillance telles que la reconnaissance faciale et la localisation.
Surveillance téléphonique de la NSA
PRISM, est un programme américain de surveillance électronique par la collecte de renseignements à partir d'Internet et d'autres fournisseurs de services électroniques. Ce programme classé, relevant de la NSA, prévoit le ciblage de personnes vivant hors des États-Unis. Le programme de surveillance téléphonique de la NSA a été mis en place dans le cadre de PRISM de 2008 à 2019 aux États-Unis. Il « autorise spécifiquement les agences de renseignement à surveiller les téléphones, le courrier électronique et les autres communications des citoyens américains pendant une semaine au maximum sans obtenir de mandat » lorsque l'une des parties se trouve hors des États-Unis.
Selon le New York Times, le programme de surveillance téléphonique de la NSA a coûté à ce jour plus de 100 millions de dollars aux contribuables américains. Pourtant, il n'a pas empêché une seule attaque terroriste. Le programme a cessé d'exister fin 2019 et n'est plus en place. La surveillance sans mandat des citoyens est anticonstitutionnelle aux États-Unis, en Allemagne ainsi que dans la plupart des pays démocratiques.
Surveillance sans mandat des citoyens
Néanmoins, PRISME était en place depuis plus d'une décennie et pendant cette période les citoyens américains étaient surveillés par les services secrets à leur insu. Le programme de collecte des relevés téléphoniques de la NSA a été mis en lumière pour la première fois par l'ancien contractant de la NSA, Edward Snowden, en 2013. Devant l'indignation publique qui a suivi cette révélation, l'agence a défendu le programme en affirmant qu'il avait contribué à contrecarrer les attaques terroristes. La NSA a fait valoir qu'elle avait besoin de ce type d'informations pour mettre fin aux attaques terroristes et assurer la sécurité des citoyens américains. Mais la NSA n'a pu citer qu'un seul exemple : le cas de Basaalay Moalin, un immigrant somalien qui, au début de cette année, a été condamné pour avoir conspiré en vue de fournir un soutien matériel au groupe terroriste al-Shabaab.
Mercredi, la cour d'appel a statué que non seulement la collecte des relevés téléphoniques de Moalin était illégale, mais qu'elle n'était finalement pas pertinente pour la condamnation. En d'autres termes, il n'y a aucune preuve que le programme d'enregistrement des appels téléphoniques de la NSA ait stoppé une attaque terroriste, ce qui contredit les déclarations publiques des responsables des services de renseignement américains suite à la révélation de Snowden, a déclaré le juge Marsha Berzon dans son jugement. « Dans la mesure où les déclarations publiques des responsables gouvernementaux ont créé une impression contraire, cette impression est en contradiction avec le contenu du dossier classifié », a-t-elle écrit.
L'arrêt a conclu que les preuves produites par la surveillance téléphonique illégale n'étaient pas nécessaires pour condamner le criminel et n'apportaient pas d'autres informations que celles déjà connues des autorités.
Une enquête similaire sur les attaques terroristes en Europe est arrivée à la même conclusion. Entre 2014 et 2017, 13 attentats terroristes islamistes ont eu lieu en Europe, à la suite desquels 24 auteurs ont été condamnés. Ces 24 personnes étaient déjà toutes connues des autorités avant l'attentat et avaient été classées comme violentes.
Faut-il mettre fin à la surveillance de masse ?
Nombreux sont ceux qui répondront par l’affirmatif, notamment les groupes de défense des droits de l’Homme qui pensent que nous devons mettre fin à la surveillance de masse. Et que celle-ci n'est pas un outil adéquat pour lutter, encore moins pour prévoir la criminalité et qu’il n'est pas possible de l'aligner sur la constitution.
La position de ces groupes de défense est celle-ci : au lieu de réclamer davantage de surveillance, les responsables politiques devraient se concentrer sur la protection des droits de l'homme des citoyens, comme le droit à la vie privée et le droit à la liberté d'expression. Selon eux, ces droits ne peuvent pas être respectés si une surveillance de masse sans mandat est mise en place. Dans sa pire forme, elle pourrait conduire à une société qui ne serait plus libre de discuter des opinions ouvertement et sans crainte.
Sources : Document du tribunal, NY Times
Et vous ?
:fleche: Quel est votre avis sur le sujet ?
:fleche: Que faut-il privilégier selon vous, la vie privée des citoyens ou la surveillance de masse au nom de la protection contre le terrorisme ?
:fleche: Est-il justifié de violer la vie privée des citoyens pour raison de sécurité ? Pourquoi ?
:fleche: Est-il possible d'avoir un compromis entre vie privée et sécurité selon vous ?
Voir aussi :
:fleche: La CIA livre plus de détails sur son drone de surveillance en forme de libellule développé dans les années 70, pendant la guerre froide
:fleche: La Chine exhorte les pays à s'opposer à la "surveillance de masse contre d'autres États", et invite les entreprises à ne pas installer "de backdoor dans leurs produits pour obtenir des données"
:fleche: La Maison-Blanche demande de ré autoriser la surveillance des données téléphoniques des Américains, pour une durée indéterminée
:fleche: Le FBI veut renforcer son niveau de surveillance des médias sociaux en collectant plus de données, dont les identifiants et les numéros de téléphone
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Les États-Unis auraient tenté d'empêcher The Guardian de publier les révélations de Snowden, selon un livre
Les États-Unis auraient demandé à l'agence d'espionnage britannique d'empêcher The Guardian de publier les révélations de Snowden
selon un nouveau livre
Un nouveau livre, intitulé "The Secret History of Five Eyes", qui doit paraître ce jeudi affirme que les États-Unis ont tenté d'empêcher le journal britannique The Guardian de publier en 2013 les révélations de l'ex-contractant de la NSA, Edward Snowden, sur la collecte massive de données secrètes. Le livre affirme que les Américains ont téléphoné au chef du Quartier général des communications du gouvernement britannique (GCHQ) le matin même de la publication des documents et a demandé à l'agence de faire pression sur le journal pour qu'il abandonne son initiative. Mais l'agence a refusé de servir d'organe de censure.
Le 6 juin 2013, le monde entier découvrait avec stupéfaction les détails de vastes programmes de surveillance des alliés par les États-Unis. Snowden a révélé au grand jour les efforts considérables déployés par la NSA pour suivre les appels téléphoniques et surveiller le courrier électronique et le trafic Internet de pratiquement tous les Américains, mais également des alliés et partenaires du G20. À l'époque, l'ex-contractant de la NSA a laissé entendre qu'il avait accès aux listes complètes de toutes les personnes travaillant à l'agence de renseignement, à l'ensemble de la communauté du renseignement et aux agents infiltrés dans le monde entier.
À ce jour, de nombreux détails restent encore flous dans cette affaire, mais de nouvelles informations sont récemment apparues dans le nouveau livre du réalisateur et journaliste d'investigation Richard Kerbaj, "The Secret History of Five Eyes". Le livre raconte l'histoire inédite du réseau d'espionnage international, à travers ses cibles, ses traîtres et ses espions. On y apprend que la NSA a tenté désespérément d'empêcher la publication du Guardian de ce 6 juin 2013 sur les révélations de Snowden. La NSA aurait appelé tard dans la nuit Sir Iain Lobban, le chef du GCHQ, pour lui demander de faire pression sur le journal pour empêcher la publication.
Mais cette initiative n'a pas abouti. Lobban aurait refusé de céder aux pressions américaines visant à utiliser son agence pour censurer la presse, quels que soient les dommages potentiels qu'elle pourrait causer et les vies qu'elle pourrait mettre en danger. Le livre rapport que bien que le GCHQ ait été cité comme ayant participé aux programmes de surveillance, Lobban a pensé que faire pression sur un journal pour empêcher la publication d'un article afin de sauver la mise à la NSA était l'erreur de trop à ne pas commettre. « Ce n'était ni l'objectif de son agence ni le sien de s'occuper des relations publiques de la NSA », écrit Kerbaj.
Le livre indique que cet appel téléphonique aux premières heures du 6 juin 2013 est le premier d'une série d'éléments qui allait mettre à mal les relations entre les partenaires des Five Eyes (Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni et États-Unis). Cependant, des pressions ont manifestement été exercées à d'autres niveaux du gouvernement, puisque le Premier ministre britannique de l'époque, David Cameron, a menacé en octobre 2013 d'étouffer l'histoire par des injonctions ou d'autres "mesures plus sévères" pour empêcher toute nouvelle publication des révélations de Snowden sur les activités de la NSA et du GCHQ.
Parmi les révélations retentissantes de Snowden, on trouve les affirmations selon lesquelles les agences de renseignement américaines et britanniques ont réussi à déjouer une grande partie du chiffrement en ligne sur lequel des millions de personnes comptent pour protéger leurs données personnelles et leurs communications. Le livre a également révélé d'autres moments de tension entre les alliés, comme lorsque le général Keith Alexander, homologue de Lobban à la tête de la NSA, n'a même pas informé les Britanniques que Snowden était la source des articles du Guardian. Le GCHQ l'a appris au même moment que le grand public.
En effet, Lobban, qui avait lancé une chasse à la taupe au sein de sa propre organisation ne l'a appris qu'après que Snowden est l'auteur des fuites lors d'une interview publique au Guardian. « C'était un rappel effrayant de l'importance que l'on a, ou que l'on n'a pas », aurait déclaré un initié du renseignement britannique dans le livre de Kerbaj. Les trois autres membres des Five Eyes ont également été exposés par les fuites et incriminés dans l'espionnage d'alliés tels que la chancelière allemande de l'époque, Angela Merkel. Le reste du groupe s'est indigné qu'un contractant tel que Snowden puisse avoir accès à leurs secrets embarrassants.
Avant les révélations, Snowden travaillait comme administrateur de systèmes informatiques. Les quatre autres ont également appris qu'en raison de l'externalisation du gouvernement américain, 1,5 million d'Américains disposaient d'une habilitation de sécurité de haut niveau comme Snowden. Dans une interview lors de son départ à la retraite en 2014, Lobban a déclaré qu'il n'y aurait jamais une version britannique d'Edward Snowden, car le GCHQ traite les contractants "comme s'ils étaient de simples personnes". Le livre rappelle également que seuls les Britanniques avaient osé critiquer à l'été 2013 la façon dont la NSA fonctionnait.
Mais la dynamique du pouvoir entre les cinq pays était claire, car ils craignaient tous d'être coupés du flux vital de financement et de renseignements de la NSA. Une fois de plus, le livre révèle que Sir Kim Darroch, ancien conseiller à la sécurité nationale du Royaume-Uni, a déclaré : « les États-Unis nous donnent plus que nous ne leur donnons, alors nous devons simplement faire avec ». Bien que la Russie ait accordé à Snowden le statut de résident permanent depuis 2020, les États-Unis cherchent toujours le moyen de le rapatrier afin qu'il soit jugé pour espionnage, vol et utilisation illégale de biens gouvernementaux.
Rappelons que le 2 septembre 2020, la cour d'appel des États-Unis pour le neuvième circuit (la plus importante cour d'appel fédérale du pays) a estimé que les agissements de la NSA allaient à l'encontre du "Foreign Intelligence Surveillance Act" de 1978 et pourrait avoir été inconstitutionnelle. L’annonce du verdict a été immédiatement Snowden. « Je n’aurais jamais imaginé que je vivrais assez longtemps pour voir nos tribunaux condamner les activités de la NSA comme étant illégales et dans le même jugement me créditer pour les avoir exposées. Et pourtant, ce jour est arrivé », a-t-il écrit le sur Twitter.
Pourtant, jusqu'à ce moment, les hauts responsables du renseignement ont publiquement insisté sur le fait que la NSA ne collectait jamais sciemment d'informations sur les Américains. Après la révélation du programme, les responsables américains se sont repliés sur l'argument selon lequel l'espionnage avait joué un rôle crucial dans la lutte contre l'extrémisme domestique, citant en particulier le cas de quatre résidents de San Diego qui étaient accusés de fournir une aide à des fanatiques religieux en Somalie. Le programme de collecte de métadonnées en masse de la NSA aurait été interrompu en 2015.
L'on ignore combien d'années de prison il risque, contrairement à Julian Assange qui encourait une peine allant jusqu'à 175 ans. Depuis son exil toutefois, Snowden continue ses dénonciations et ses provocations envers le gouvernement américain. En avril 2020, il a averti que les États utilisent le coronavirus pour construire « l'architecture de l'oppression » et a prédit que les mesures prises pour lutter contre la pandémie Covid-19 vont persister longtemps. Un an auparavant, il déclarait que cela serait une erreur de considérer la NSA comme étant la plus grande menace à la vie privée. Selon lui, ce titre revient aux grandes entreprises technologiques.
« L’objectif interne de Facebook, qu’il le déclare publiquement ou non, est de compiler des archives parfaites de la vie privée dans toute la mesure de ses possibilités, puis de les exploiter pour son propre enrichissement, et ce, sans tenir compte des conséquences. C’est en fait exactement la même chose que ce que fait la NSA. Google a un modèle très similaire », a déclaré Snowden dans une interview en 2019. Il a tout de même reconnu que ces entreprises n'en savent toujours pas autant que le gouvernement, qui peut collecter des informations à partir de toutes les nombreuses plateformes technologiques.
Il s'est également rebellé contre les tentatives répétées des gouvernements, notamment des agences nationales de renseignement, pour saper le chiffrement sur Internet. Les gouvernements font pression sur les géants de la technologie comme Facebook et Apple pour qu'ils accordent aux autorités l'accès aux messages chiffrés, mais les entreprises font valoir que le chiffrement est nécessaire pour garantir la vie privée des utilisateurs. Snowden est de cet avis et a prévenu que l'affaiblissement du chiffrement en ligne aurait "des conséquences désastreuses" et pourrait causer la mort de nombreuses personnes.
Il pense que cela pourrait déclencher une traque sans précédent d'une plus grande ampleur que ce qui a été observé en Afghanistan après la reprise du pouvoir par les talibans. « La vie privée, c'est le pouvoir. Si vous affaiblissez le chiffrement, des gens vont mourir. Rien que cette année, après la chute du gouvernement afghan, nous avons vu à quel point le chiffrement est crucial pour assurer la sécurité des gens ordinaires », a déclaré Snowden, lors d'une interview en 2020.
Cependant, les gouvernements prétendent que le chiffrement entrave la lutte contre le terrorisme et la pédopornographie, de rechercher le matériel sur les abus sexuels sur les enfants (Child Sexual Abuse Material - CSAM), etc. Et force est de constater que les projets de loi visant à saper le chiffrement se multiplient en Europe, aux États-Unis et ailleurs dans le monde, ce qui ne présage rien de bon. En France, le président Emmanuel Macron a également dit qu'il ne souhaitait plus d'anonymat en ligne.
Source : The Guardian
Et vous ?
:fleche: Quel est votre avis sur le sujet ?
:fleche: Que pensez-vous des révélations du livre de Richard Kerbaj ?
:fleche: Que pensez-vous de l'affaire Snowden ? A-t-il trahi son pays en révélant ses informations ?
:fleche: Que pensez-vous des lanceurs d'alerte et des dénonciateurs ? Pourquoi certains sont-ils traqués par la justice ?
Voir aussi
:fleche: Snowden avertit que les États utilisent le coronavirus pour construire « l'architecture de l'oppression », et prédit que les mesures prises pour lutter contre le COVID-19 vont persister longtemps
:fleche: Edward Snowden : c'est une erreur de considérer la NSA comme une menace plus grave à la vie privée que les grandes entreprises technologiques
:fleche: Edward Snowden : « Sans le chiffrement, nous perdrons toute confidentialité. C'est notre nouveau champ de bataille », cependant, les gouvernements continuent de s'y opposer au nom de la sécurité
:fleche: Edward Snowden : « Des gens mourront si vous affaiblissez le chiffrement », il estime que la vie privée est un pouvoir essentiel