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La Maison-Blanche réfléchit à un potentiel bannissement du minage des cryptomonnaies basées sur l'algo PoW
La Maison-Blanche réfléchit à un potentiel bannissement du minage des cryptomonnaies basées sur l’algorithme de preuve de travail comme le bitcoin
Et rejoint des suggestions similaires en UE
Les cryptomonnaies peuvent-elles mener l’humanité au chaos dû au changement climatique ? C’est possible, si l'adoption de celles reconnues énergivores comme le bitcoin se fait à des taux similaires à ceux de technologies comme les cartes de crédit. Faut-il alors détruire les réseaux informatiques sur lesquels elles reposent pour empêcher que cela ne se produise ? La Maison-Blanche réfléchit à un potentiel bannissement du minage des cryptomonnaies basées sur l’algorithme de preuve de travail. C’est un positionnement qui rejoint celui du vice-président de l'Autorité européenne des marchés financiers qui s’est prononcé sur la question en début d’année.
« Le gouvernement américain a la responsabilité d'assurer la stabilité du réseau électrique, de permettre un avenir énergétique propre et de protéger les communautés contre la pollution et le changement climatique et de protéger les communautés de la pollution et des impacts du changement climatique », lit-on dans le rapport relatif aux réflexions sur un potentiel bannissement du minage des cryptomonnaies basées sur l’algorithme de preuve de travail.
Ce positionnement lui-même rejoint celui du vice-président de l'Autorité européenne des marchés financiers qui s’est voulu clair sur la question en début d’année : « l’UE doit bannir le minage de cryptomonnaies qui s’appuient sur l’algorithme de preuve de travail. »
Sa sortie était une redite du positionnement des directeurs généraux de l'autorité suédoise de surveillance financière et de l'agence suédoise de protection de l'environnement : « La méthode la plus courante pour produire des actifs cryptographiques nécessite d'énormes quantités d'électricité et génère d'importantes émissions de dioxyde de carbone. Les producteurs d’actifs cryptographiques souhaitent utiliser davantage d'énergie renouvelable et sont de plus en plus présents dans la région nordique. La Suède a besoin de l'énergie renouvelable visée par les producteurs d’actifs cryptographiques pour la transition climatique de nos services essentiels et l'utilisation accrue par les mineurs menace notre capacité à respecter l'accord de Paris. L'extraction d’actifs cryptographiques à forte intensité énergétique devrait donc être interdite. »
En effet, dans le cadre du système de preuve de travail, les ordinateurs doivent résoudre des énigmes mathématiques afin de valider les transactions qui se produisent sur un réseau donné. Le processus est conçu pour devenir plus difficile à mesure que le nombre de blocs de transactions validées dans la chaîne augmente, ce qui signifie que plus de puissance de calcul - et donc d'énergie - est requise.
L'algorithme preuve du travail exige des utilisateurs qu'ils « travaillent » pour obtenir des récompenses. Ce qui se traduit par des calculs cryptographiques qui doivent être effectués afin de confirmer une transaction sur le réseau. Essentiellement, les mineurs sont en concurrence les uns avec les autres pour savoir qui va résoudre le problème en premier. La solution au problème est également connue sous le nom de « hash ». Chaque fois qu'un mineur parvient à valider une transaction avec succès, en résolvant les bons calculs, il reçoit une récompense sous la forme d'une monnaie cryptographique. La monnaie virtuelle qu'ils reçoivent dépend du réseau sur lequel ils résolvent ces transactions cryptographiques complexes. Par exemple, si un mineur valide une transaction effectuée sur le réseau Bitcoin, il recevra une récompense sous forme de bitcoin. Cela conduit à une course aux armements parmi les mineurs, qui rivalisent pour être le premier à valider un nouveau bloc et réclamer le prix d'un nouveau jeton cryptographique : plus votre matériel est puissant, plus vous avez de chances d'obtenir le jeton.
Ces calculs cryptographiques nécessitent une grande puissance de calcul pour être résolus de façon efficace. Et il y a des centaines de milliers de mineurs qui sont tous en concurrence, seuls ou en groupe, pour résoudre un bloc de transaction. Une fois qu'un mineur particulier a résolu le bon problème et donc le bloc de transaction, tous les autres mineurs (nœuds) en sont également informés. Cela leur permet non seulement de passer au bloc suivant, mais aussi de s'assurer qu'il n'y a pas de problème de double dépense dans le réseau.
En utilisant une méthode de division du taux de hachage similaire à celle du CBECI (Cambridge Bitcoin Electricity Consumption Index), une borne inférieure et une borne supérieure du matériel minier sont fournies. Basé sur cette méthode, Timothy Swanson, qui est également professeur d'économie des ressources à l'Institut de hautes études internationales et du développement de Genève, montre que les chaînes de PoW consument en temps réel des ressources qui sont proportionnelles à la valeur de la cryptomonnaie sous-jacente.
La consommation énergétique du réseau Bitcoin comparée à celle du réseau VISA illustre que le minage d’un bitcoin produit une énergie suffisante pour faire 44 fois le tour du monde en voiture électrique.
L’Ethereum, deuxième cryptomonnaie à la capitalisation la plus importante, était concernée par ces développements puisque basée initialement sur l’algorithme de preuve de travail. Son minage consommait selon les estimations plus d'énergie qu'un ménage américain moyen n'en utilise en une journée. Le lancement de la phase Beacon Chain, la première de la mise à jour Ethereum 2.0, s’est effectué avec succès et vient changer la donne. Le système de validation par preuve de travail cède sa place à celui dit à preuve d’enjeu pour ce qui est de l’Ethereum. L’impact : réduire la consommation des transactions de 99 %. En effet, l’Ethereum avec l’algorithme de preuve de travail absorbait plus d’énergie qu’un ménage moyen américain, selon des estimations.
Bill Gates va dans le même sens en indiquant qu’il faut explorer de nouveaux moyens de mise sur pied des monnaies cryptographiques. Il penche pour des cryptomonnaies du genre émises par des banques centrales et qui mettent de côté l’une des plus-values les plus importantes du bitcoin : le transfert de valeur entre individus sans nécessité de l'intervention d'un tiers dit de confiance (banque). « Une telle monnaie ne pourra pas être utilisée pour exiger des rançons ou pour du blanchiment », indique-t-il.
Qu'elles soient basées sur l’algorithme de preuve de travail ou sur celui dit à preuve d’enjeu, l’image d’escroquerie colle à la peau des cryptomonnaies pour certains observateurs. L’initiateur du projet Mozilla a critiqué la fondation pour l’adoption des paiements en cryptomonnaies à l’entame du mois de janvier. Motif : « les cryptomonnaies sont des escroqueries de Ponzi qui incinèrent la planète. » Seulement l'exemple du Salvador (qui a adopté le bitcoin comme monnaie légale) amène à soulever la question de savoir si les cryptomonnaies ne peuvent pas être le soutien d’une révolution monétaire si elles bénéficient de plus d’adoption.
Source : Maison-Blanche
Et vous ?
:fleche: Le terme Ponzi est-il adapté comme qualificatif pour les monnaies cryptographiques ?
:fleche: Que pensez-vous de la décision du Salvador d'adopter le bitcoin comme monnaie légale ? Est-ce un exemple à suivre ?
Voir aussi :
:fleche: Le bitcoin et d'autres cryptomonnaies basés sur l'algorithme Proof of Work sont un cauchemar suivant les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, selon Timothy Swanson
:fleche: Les pirates informatiques à l'origine d'une présumée attaque par ransomware contre Kia exigent des millions de dollars en bitcoins, plusieurs services en ligne de la société auraient été touchés
:fleche: Le bitcoin atteint une capitalisation boursière de 1000 milliards de dollars alors que le coût de la cryptomonnaie continue de grimper
:fleche: La plupart des cadres financiers ne prévoient pas de détenir le bitcoin comme actif d'entreprise, d'après une enquête de Gartner, seuls 5 % prévoient de le faire en 2021
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Le département US du Trésor recommande d'explorer la création d'un dollar numérique
Le département US du Trésor recommande d'explorer la création d'un dollar numérique,
suite au décret de Joe Biden visant à mettre en place un cadre pour promouvoir et contrôler les monnaies numériques.
Alors que la répression des cryptomonnaies grandit dans le monde, les projets de monnaies numériques de banques centrales (central bank digital currency - CBDC) occupent de plus en plus les débats aux États-Unis, en Chine et dans l'Union européenne (UE). La Chine travaille activement sur son projet de yuan numérique, qui est déjà expérimental dans certaines régions du pays. De son côté, la Banque centrale européenne (BCE) pense que l'euro numérique pourrait stimuler l'utilisation internationale de la monnaie unique, mais également représenter un moyen sûr pour les citoyens d'accéder aux services publics et privés en ligne.
Plus tôt cette année, la Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé avoir testé une conception pour un dollar américain numérique qui a réussi à gérer 1,7 million de transactions par seconde. Baptisé "Hamilton", le projet décrit un processeur de transaction théorique à haute performance et résilient pour une CBDC (central bank digital currency), développé à l'aide d'un logiciel de recherche libre appelé "OpenCBDC". Le projet est conduit par la Fed et le Massachusetts Institute of Technology (MIT).
Précisons qu'en mars, le président Joe Biden a signé un décret ordonnant aux agences gouvernementales américaines de mettre en place un cadre pour promouvoir et contrôler les monnaies numériques. Ce décret, qui pourrait conduire les États-Unis à créer une monnaie numérique, demande au gouvernement d'évaluer les risques et les avantages de la création d'un dollar numérique de banque centrale, ainsi que d'autres questions relatives aux cryptomonnaies, a indiqué la Maison-Blanche.
« Mon administration accorde la plus grande urgence aux efforts de recherche et de développement sur les options potentielles de conception et de déploiement d'une CBDC [monnaie numérique de banque centrale] des États-Unis. Ces efforts devraient inclure des évaluations des avantages et des risques possibles pour les consommateurs, les investisseurs et les entreprises ; la stabilité financière et le risque systémique ; les systèmes de paiement ; la sécurité nationale ; la capacité d'exercer les droits de l'homme ; l'inclusion financière et l'équité ; et les actions nécessaires pour lancer une CBDC américaine si cela est jugé dans l'intérêt national », indique le décret.
D’après le décret de Biden, une monnaie numérique émise par les États-Unis pourrait être utilisée pour « soutenir des transactions efficaces et à faible coût, en particulier pour les transferts de fonds et les paiements transfrontaliers, et pour favoriser un plus grand accès au système financier, avec moins de risques posés par les actifs numériques administrés par le secteur privé » tels que le bitcoin et d'autres cryptomonnaies. Mais il y a « des risques et des inconvénients potentiels à prendre en compte », et Biden a ordonné aux agences fédérales de préparer un rapport dans les six mois pour analyser les implications.
Joe Biden a également ordonné aux agences gouvernementales d'élaborer des politiques de gestion des cryptomonnaies qui existent déjà. Le décret de Biden « encourage les régulateurs à assurer une surveillance suffisante et à se prémunir contre tout risque financier systémique posé par les actifs numériques ». Ce décret note que « les impacts négatifs sur le climat et la pollution environnementale... peuvent résulter de l'extraction de certaines cryptomonnaies ». Il n'y aurait pas besoin de minage avec une monnaie numérique émise par une banque centrale.
Le rapport demandé par Biden doit être produit par le secrétaire au Trésor, en consultation avec le secrétaire d'État, le procureur général, le secrétaire au Commerce, le secrétaire à la Sécurité intérieure, le directeur du Bureau de la gestion et du budget et le directeur du renseignement national. Il est censé analyser les implications potentielles d'une monnaie numérique sur la croissance économique, la stabilité et « l'inclusion financière » ; la relation entre une monnaie numérique émise par les États-Unis et les actifs numériques administrés par le secteur privé ; « l'avenir de la monnaie souveraine et privée au niveau mondial et les implications pour notre système financier et notre démocratie » ; « la mesure dans laquelle les CBDC étrangères pourraient remplacer les monnaies existantes et modifier le système de paiement d'une manière qui pourrait compromettre la centralité financière des États-Unis » ; les implications potentielles pour la sécurité nationale, la criminalité financière et les droits de l'homme ; et les effets que les CBDC étrangères pourraient avoir sur les intérêts américains en général.
Les recommandations du Trésor
L'administration Biden fait un pas de plus vers le développement d'une monnaie numérique de la banque centrale, connue sous le nom de dollar numérique, affirmant que cela contribuerait à renforcer le rôle des États-Unis en tant que « leader du système financier mondial ».
La Maison-Blanche a déclaré vendredi qu'après que le président Joe Biden a publié le décret exécutif en mars appelant diverses agences à rechercher des moyens de réglementer les actifs numériques, les agences ont rédigé neuf rapports, couvrant les impacts de la cryptomonnaie sur les marchés financiers, l'environnement, l'innovation et d'autres éléments du système économique.
La secrétaire au Trésor, Janet Yellen, a déclaré que l'une des recommandations du Trésor était que les États-Unis « font avancer les travaux politiques et techniques sur une éventuelle monnaie numérique de la banque centrale, ou CBDC, afin que les États-Unis soient prêts si la CBDC est jugée dans l'intérêt national ». « En ce moment, certains aspects de notre système de paiement actuel sont trop lents ou trop chers », a déclaré Yellen lors d'un appel jeudi avec des journalistes exposant certaines des conclusions des rapports.
Pour mémoire, le département du Trésor des États-Unis (en anglais : United States Department of the Treasury) est le département exécutif fédéral des États-Unis chargé de répondre aux besoins fiscaux et monétaires.
Les monnaies numériques de la banque centrale diffèrent de la monnaie numérique existante accessible au grand public, comme le solde d'un compte bancaire, car elles seraient une responsabilité directe de la Réserve fédérale, et non d'une banque commerciale.
Qu'est-ce qu'une monnaie numérique de banque centrale ?
La Réserve fédérale explique qu'une monnaie numérique de banque centrale « est généralement définie comme un engagement numérique d'une banque centrale qui est largement disponible pour le grand public ». Cela s'oppose aux deux types actuels de monnaie de banque centrale aux États-Unis : « la monnaie physique émise par la Réserve fédérale et les soldes numériques détenus par les banques commerciales à la Réserve fédérale »", indique de la Réserve fédérale.
« Alors que les Américains détiennent depuis longtemps de l'argent principalement sous forme numérique (par exemple sur des comptes bancaires, des applications de paiement ou par le biais de transactions en ligne), une CBDC serait différente de l'argent numérique existant disponible pour le grand public parce qu'une CBDC serait une responsabilité de la Réserve fédérale, et non d'une banque commerciale », explique la Réserve fédérale. Parce qu'elle serait une responsabilité de la Réserve fédérale, « une CBDC serait l'actif numérique le plus sûr disponible pour le grand public, sans risque de crédit ou de liquidité associé ».
Une monnaie numérique émise par les États-Unis serait, à certains égards, similaire aux monnaies stables qui sont liées à la valeur du dollar. Une différence majeure est que les CBDC seraient émises par la Réserve fédérale elle-même.
La Réserve fédérale indique qu'elle n'a pas encore décidé si elle allait se lancer dans la création d'une monnaie numérique, mais note qu'une CBDC « pourrait fournir aux ménages et aux entreprises une forme électronique pratique de monnaie de banque centrale, avec la sécurité et la liquidité que cela implique ; donner aux entrepreneurs une plateforme sur laquelle créer de nouveaux produits et services financiers ; soutenir des paiements plus rapides et moins chers (y compris les paiements transfrontaliers) ; et élargir l'accès des consommateurs au système financier. »
« La Réserve fédérale n'a pas l'intention de procéder à l'émission d'une CBDC sans un soutien clair de l'exécutif et du Congrès, idéalement sous la forme d'une loi d'autorisation spécifique », indique également la Réserve fédérale. Une CBDC américaine ne remplacerait pas les espèces ou le papier monnaie. « La Réserve fédérale s'est engagée à assurer la sécurité et la disponibilité continues de l'argent liquide et envisage une CBDC comme un moyen d'élargir les options de paiement sûres, et non de les réduire ou de les remplacer », a déclaré la Réserve fédérale.
La monnaie numérique peut être un outil de surveillance
La monnaie numérique émise par une banque centrale peut être utilisée comme un outil de surveillance des citoyens par le gouvernement et de contrôle de leurs transactions financières. C'est un problème avec la monnaie numérique chinoise, qui en est aux premiers stades de son déploiement. Comme l'écrivait l'année dernière Akram Keram, expert de la Chine au National Endowment for Democracy, « avec le yuan numérique, le PCC [Parti communiste chinois] aura un contrôle direct sur la vie financière des individus et y aura accès, sans avoir besoin de faire pression sur les entités financières intermédiaires. Dans une société consommant des yuans numériques, le gouvernement pourrait facilement suspendre les portefeuilles numériques des dissidents et des militants des droits de l'homme, par exemple ».
La Réserve fédérale a déclaré que toute monnaie numérique émise par les États-Unis « devrait trouver un équilibre approprié entre la sauvegarde des droits à la vie privée des consommateurs et la transparence nécessaire pour décourager les activités criminelles ». Cela pourrait être réalisé grâce à un modèle intermédiaire dans lequel « le secteur privé offrirait des comptes ou des portefeuilles numériques pour faciliter la gestion des avoirs et des paiements de la CBDC », ce qui "faciliterait l'utilisation des cadres existants du secteur privé en matière de protection de la vie privée et de gestion de l'identité », a déclaré la Réserve fédérale.
Source : département américain du Trésor
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Voir aussi :
:fleche: Dollar numérique, une cryptomonnaie des États-Unis pour faire face au confinement et stimuler l'économie, selon un projet de loi US
:fleche: La Fed des États-Unis aurait conçu un dollar numérique capable de traiter 1,7 million de transactions par seconde, qui se base sur un logiciel de recherche libre appelé "OpenCBDC"
:fleche: L'euro numérique pourrait stimuler l'utilisation internationale de la monnaie unique, selon la Banque centrale européenne
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Un responsable du Trésor américain affirme que le dollar numérique est loin d'être une réalité
Un responsable du Trésor américain affirme que le dollar numérique est loin d'être une réalité
tandis que la BCE est susceptible de lancer le test d'un euro numérique en 2023
La sous-secrétaire aux finances intérieures au Trésor des États-Unis, Nellie Liang, a déclaré lors d'une interview cette semaine que le dollar numérique pourrait ne pas voir le jour avant plusieurs années. Liang a déclaré que les régulateurs du pays doivent d'abord déterminer si le dollar numérique contribuera d'une manière ou d'une autre à permettre des paiements interbancaires rapides et peu coûteux en temps réel. Il est intéressant de noter que la Réserve fédérale des États-Unis souhaite introduire les paiements interbancaires en temps réel dès l'année prochaine. Mais Liang affirme que le pays est loin d'entrevoir les réelles utilités d'un tel projet.
La monnaie numérique de banque centrale (MNBC) est une nouvelle forme de monnaie qui n'existe que sous forme numérique. Au lieu d'imprimer de l'argent, la banque centrale émet des pièces numériques largement accessibles afin que les transactions et les transferts numériques deviennent simples. Les efforts en faveur de la MNBC se sont rapidement développés dans le monde entier pour de nombreuses raisons. Par exemple, le commerce électronique a connu un boom pendant la pandémie de la Covid-19 et par conséquent des paiements électroniques, car les consommateurs avaient peur d'être contaminés par un billet de banque infectée.
Selon les spécialistes, cela a fortement réduit l'utilisation des espèces. En outre, les cryptomonnaies développées par des organisations privées ou des communautés informelles ont connu des développements importants et une augmentation de leur valeur. Le groupe de réflexion américain Atlantic Council estime que 114 pays (représentant plus de 95 % du PIB mondial) étudient actuellement les MNBC. Atlantic Council note que les sanctions financières contre la Russie ont conduit les pays à envisager des systèmes de paiement qui évitent le dollar. Il y aurait désormais 9 tests transfrontaliers de MNBC de gros et 7 projets transfrontaliers de détail.
Les États-Unis sont l'un des pays dans lesquels le débat sur l'élaboration d'une MNBC est à un stade avancé. Cependant, si certains responsables souhaitaient lancer un dollar numérique dès l'année prochaine, d'autres sont plus sceptiques sur le sujet. La Réserve fédérale américaine espère introduire les paiements interbancaires en temps réel l'année prochaine, mais Liang pense que ce calendrier est trop optimiste et pourrait ne pas tenir compte de tous les aspects d'un tel projet. Pour la responsable du Trésor, rien ne presse. Elle a également été ferme lorsqu'on lui a demandé si une MNBC aiderait le dollar à conserver son statut à l'échelle internationale.
« Mon point de vue est que notre leadership mondial ne vient pas de notre technologie. Il vient de notre système de gouvernance, des règles qui régissent nos marchés financiers, de notre État de droit, ainsi que de la sécurité et de la solidité de nos institutions », a-t-elle déclaré. Liang affirme qu'il n'y a pas encore de cas d'utilisation concret pour une MNBC. Liang a laissé entendre que l'adoption d'une MNBC par les États-Unis pourrait encore prendre plusieurs années. Peut-être même jusqu'à cinq ans ou plus. Elle estime que dans ce laps de temps, plusieurs autres pays devraient avoir introduit leur CBDC, incitant ainsi les États-Unis à en adopter une.
« Si, après cinq ans ou plus, plusieurs pays ont mis en place une MNBC, cela pourrait inciter les États-Unis à en adopter une », a déclaré Liang. Mais elle a souligné que l'étude du gouvernement américain sur une éventuelle MNBC visait principalement à se préparer à un besoin qui n'existe pas actuellement. Selon elle, les régulateurs américains doivent d'abord déterminer si le dollar numérique contribuera à permettre des paiements interbancaires rapides et peu coûteux en temps réel. Christopher Waller, membre du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale américaine, est également apparu comme un sceptique en ce qui concerne les MNBC.
Alors que Liang affirme que la prédominance du dollar dans le commerce international n'est pas menacée par un retard dans la mise en place d'un dollar numérique, d'autres pensent le contraire. Jusqu'à présent, la Chine a piloté le yuan numérique dans au moins 15 provinces. Plus encore, elle a également piloté le yuan numérique dans un réseau financier multinational. Pour certains experts financiers, la Chine est en passe de devenir la référence en matière de monnaie numérique de banque centrale. Selon eux, cela signifie essentiellement que la place du dollar comme monnaie de réserve mondiale pourrait être menacée dès maintenant.
D'autres pays se rapprochent également de l'adoption de leurs propres MNBC. La semaine dernière, le directeur de la Banque centrale du Brésil a annoncé son intention de lancer une monnaie numérique l'année prochaine. Le président de la Banque centrale du Brésil, Roberto Campos Neto, a déclaré que la MNBC du pays ferait ses débuts après un test pilote fermé avec des institutions financières, et que la conception de la MNBC conduirait les banques à tokeniser leurs actifs et à promouvoir une plus grande efficacité. « Si la MNBC est en fait un dépôt tokenisé, elle hérite de toute la réglementation qui s'applique déjà aux dépôts », a-t-il déclaré.
Atlantic Council note que la plupart des Banques centrales du monde ont manifesté leur intérêt pour les CBDC : 11 pays auraient déjà lancé une CBDC et 17 autres seraient en train d'en tester une. Au total, 72 pays seraient en phase de recherche et de développement, tandis que seuls deux pays, le Sénégal et l'Équateur, ont abandonné leurs efforts. Le groupe de réflexion estime également qu'en 2023, plus de 20 pays prendront des mesures importantes pour piloter une MNBC. L'Australie, la Thaïlande, le Brésil, l'Inde, la Corée du Sud et la Russie auraient l'intention de poursuivre ou de commencer des essais pilotes l'année prochaine.
La Banque centrale européenne (BCE) est également susceptible de lancer un projet pilote en 2023. Comme l'explique la BCE elle-même, l'euro numérique serait comme les billets de banque en euros, mais numériques. Il s'agirait d'une forme de monnaie électronique, émise par l'Eurosystème (la BCE et les banques centrales nationales de la zone euro), et qui serait accessible à tous les citoyens et entreprises. L'euro numérique ne remplacerait pas les espèces, mais les compléterait. L'euro numérique donnerait aux gens un choix supplémentaire sur la manière de payer et faciliterait cette tâche, contribuant ainsi à l'accessibilité et à l'inclusion.
L'UE prévoit d'achever la phase d'investigation de son projet d'euro numérique à l'automne 2023. Le 16 septembre 2022, la BCE a annoncé qu'elle va commencer le prototypage et pour l'occasion, elle travaillera avec cinq entreprises technologiques qui développeront chacune une interface utilisateur potentielle pour l'euro numérique. L'espagnole CaixaBank, la française Worldline SA, l'italienne Nexi S.p.A., EPI, un consortium de banques et d'acquéreurs tiers, et le géant américain du commerce électronique Amazon sont les entreprises ciblées par la BCE.
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Voir aussi
:fleche: Biden envisage la mise sur pied du dollar numérique. Voici en quoi cette monnaie digitale pourrait différer de la monnaie ordinaire
:fleche: La Fed des États-Unis aurait conçu un dollar numérique capable de traiter 1,7 million de transactions par seconde, qui se base sur un logiciel de recherche libre appelé "OpenCBDC"
:fleche: Les grandes enseignes bancaires et la Fed de New York lancent un projet pilote du dollar numérique de 12 semaines pour accélérer le temps de règlement sur les marchés des changes
:fleche: La BCE fait appel à Amazon et à quatre autres sociétés pour développer des interfaces utilisateur potentielles pour l'euro numérique, chaque société se penchera sur un cas d'utilisation spécifique