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La fonctionnalité de suivi des contacts qui a été inefficace pour contrer la Covid-19 vient d'être désactivée
Faut-il pister les smartphones des gens pour s’assurer qu’ils s’isolent pendant cette pandémie globale ? La méthode a déjà cours dans certains pays
et la France envisage de faire pareil avec Orange
Le suivi et la limitation des mouvements des voyageurs et des personnes soupçonnées d'être porteuses du coronavirus (COVID-19) se sont révélés être des outils essentiels pour contrôler la pandémie. C’est en tout cas ce que suggère l’exemple de pays comme Singapour.
Depuis que Singapour a confirmé son premier patient le 23 janvier, le pays a eu 385 cas de COVID-19 et 131 se sont complètement rétablis. Singapour a fait état de deux décès au cours du week-end dernier. Les personnes susceptibles d'avoir été exposées au nouveau coronavirus (en particulier celles qui revenaient de l'étranger) ont été soumises à des périodes d'isolement à domicile de 14 jours. Les patients confirmés pour leur part ont été hospitalisés. Pour faire respecter les périodes d'isolement à domicile, les fonctionnaires demandaient aux citoyens d'activer les services de géolocalisation sur leurs smartphones et de cliquer de façon périodique sur un lien envoyé par SMS.
Ce lien signalait leur position, confirmant qu'ils restaient effectivement chez eux. Ces derniers devaient répondre aux messages dans un court laps de temps pour empêcher que des tiers ne trichent en laissant leurs téléphones pendant qu’ils s’aventurent à l’extérieur. En sus, les autorités ont procédé à des descentes sur le terrain pour confirmer la localisation des personnes placées en quarantaine. La dernière innovation technologique des autorités de Singapour pour le suivi des mouvements est l’introduction d’une application dénommée TraceTogether. Elle utilise la technologie Bluetooth pour noter les contacts étroits des citoyens – les personnes dont ils se sont approchés à moins de 2 mètres et avec lesquelles ils ont passé au moins 30 minutes. L’application de ces mesures de suivi combinées à d’autres recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) permet aujourd’hui au pays de 5,7 millions d’habitants d’être parmi ceux qui contrôlent le mieux la propagation de l’infection. À ce jour, Singapour a l’un des taux d’infection les plus lents.
En Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a, la semaine dernière, autorisé l'agence de sécurité intérieure du pays à puiser dans une vaste banque de données de téléphones portables (GPS), jusqu'alors non divulguée, pour retracer les mouvements des personnes qui ont contracté le coronavirus et identifier d'autres personnes qui devraient être mises en quarantaine parce que leurs chemins se sont croisés. L'idée est de passer au crible les données de géolocalisation collectées de façon régulière par les fournisseurs de téléphonie mobile israéliens sur des millions de leurs clients en Israël, de trouver les personnes qui ont été en contact étroit avec des porteurs de virus connus et de leur envoyer des SMS leur enjoignant de s'isoler immédiatement.
La décision sans précédent d'utiliser des données recueillies de façon secrète pour lutter contre le terrorisme à des fins de santé publique a fait l'objet de débats pendant des heures dimanche dernier par le cabinet du Premier ministre israélien. L’une des résolutions au sortir des travaux est que l’approche, en principe réservée aux cas de lutte contre le terrorisme, va continuer à être appliquée au combat contre le coronavirus avec une autorisation spéciale du procureur général. Ces mesures d’urgence prennent effet sous peu, ce, pour une période de 30 jours.
En parallèle, le ministère israélien de la Santé met à la disposition des populations l’application The Shield. L’objectif poursuivi au travers de cette dernière est le même qu’avec le dispositif antiterroriste (collecte de données GPS et SSID). Toutefois, la différence est que The Shield s’appuie sur des données de géolocalisation constituées à partir de déclarations de patients.
L’application The Shield
En Europe, certains opérateurs de téléphonie mobile d’Italie, d’Allemagne et d’Autriche partagent les données de localisation avec les autorités sanitaires depuis peu. En France, l’approche serait en étude. Dans le cadre d’un partenariat avec l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), Orange entend utiliser les données de géolocalisation pour modéliser et gérer la propagation de la pandémie.
Le difficile équilibre entre droits individuels et intérêt général
Depuis le début du mois dernier, Taïwan a bloqué l’accès à son territoire aux citoyens chinois, puis a mis en place un système de quarantaine ciblant ceux et celles qui s’étaient rendus dans les provinces chinoises touchées. À Taïwan, les porteurs potentiels du virus sont dotés d'un smartphone équipé d'un GPS et d’une application de pistage. Ces dispositifs font office de « barrière électronique » et permettent de garantir que les personnes en quarantaine restent chez elles en prévenant les forces de l’ordre si ces dernières sortent de quarantaine, s’éloignent de leur domicile ou éteignent leur téléphone. La police locale appelle jusqu’à deux fois par jour pour s’assurer que les personnes en isolement se trouvent là où ils devraient être.
À Hong Kong, les citoyens de retour au pays sont accueillis par des fonctionnaires de police qui leur posent des bracelets électroniques au poignet. Ces derniers sont liés à une application que les concernés téléchargent avant d’entrer en quarantaine pendant 14 jours. Ainsi, les autorités ont en temps réel la maîtrise de leur situation géographique.
Ce sont des exemples pour illustrer le dilemme auquel l’humanité fait face. Nous avons une urgence terrifiante sur les bras. Il existe une technologie qui pourrait être vraiment utile pour mesurer en temps réel l'efficacité (ou non) des politiques publiques. Mais elle est si intrusive qu'en temps normal, nous hésiterions beaucoup à l'adopter. Toutefois, les temps actuels ne sont pas normaux, ce qui fait qu’elle va continuer de faire l’objet d’adoption, ce, pour la durée de la période de crise. C’est l’après qu’il faudra ensuite envisager. Avec les événements du 11 septembre, les USA sont passés par une situation (d’urgence) similaire. Cette urgence a conduit le pays, pris de panique, à mettre en place l'État de surveillance qu'Edward Snowden a fini par exposer en 2013. Une fois qu'un gouvernement s'engage dans ce genre de choses, il semble qu'il n'y ait pas de retour en arrière.
Sources : scmp, NYT, LeFigaro, AFP
Et vous ?
:fleche: Êtes-vous pour l’adoption des technologies de pistage des individus dans le cadre de la lutte contre le coronavirus ?
:fleche: Droits individuels vs intérêt général : lequel de ces aspects devrait avoir la primeur dans les décisions des gouvernements en cette période de pandémie mondiale ?
:fleche: Est-il selon vous possible de trouver un équilibre entre les deux ?
Voir aussi :
:fleche: Pour l'Iran, la réponse à l'épidémie du coronavirus est de couper l'Internet, une initiative du gouvernement pour garder la mainmise sur le récit de l'épidémie
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COVID-19 : la France n'est pas contre un traçage des smartphones
COVID-19 : la France n'est pas contre un traçage des smartphones,
pour déterminer si des personnes a priori saines ont été en contact avec des individus contaminés
Depuis que Singapour a confirmé son premier patient le 23 janvier, le pays a eu 385 cas de COVID-19 et 131 se sont complètement rétablis. Singapour a fait état de deux décès au cours du week-end dernier. Les personnes susceptibles d'avoir été exposées au nouveau coronavirus (en particulier celles qui revenaient de l'étranger) ont été soumises à des périodes d'isolement à domicile de 14 jours. Les patients confirmés pour leur part ont été hospitalisés. Pour faire respecter les périodes d'isolement à domicile, les fonctionnaires demandaient aux citoyens d'activer les services de géolocalisation sur leurs smartphones et de cliquer de façon périodique sur un lien envoyé par SMS.
Ce lien signalait leur position, confirmant qu'ils restaient effectivement chez eux. Ces derniers devaient répondre aux messages dans un court laps de temps pour empêcher que des tiers ne trichent en laissant leurs téléphones pendant qu’ils s’aventurent à l’extérieur. En sus, les autorités ont procédé à des descentes sur le terrain pour confirmer la localisation des personnes placées en quarantaine. La dernière innovation technologique des autorités de Singapour pour le suivi des mouvements est l’introduction d’une application dénommée TraceTogether. Elle utilise la technologie Bluetooth pour noter les contacts étroits des citoyens – les personnes dont ils se sont approchés à moins de 2 mètres et avec lesquelles ils ont passé au moins 30 minutes. L’application de ces mesures de suivi combinées à d’autres recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) permet aujourd’hui au pays de 5,7 millions d’habitants d’être parmi ceux qui contrôlent le mieux la propagation de l’infection. À date, Singapour a l’un des taux d’infection les plus lents.
La France envisage-t-elle de suivre cet exemple ?
Le gouvernement français va-t-il envisager le pistage numérique de la population pour vérifier qu’elle respecte bien les règles du confinement et pour déterminer si des personnes a priori saines ont été en contact avec des individus contaminés par le coronavirus ? La France a annoncé mardi la mise en place d’un comité de chercheurs et de médecins qui sera notamment chargé de conseiller l’exécutif sur les pratiques de backtracking qui permettent d’identifier les personnes en contact avec celles infectées par le coronavirus.
Composé de douze chercheurs et médecins, le comité analyse recherche et expertise (CARE) sera installé à 17h00 ce mardi à l’Élysée par Emmanuel Macron en présence du Premier ministre Édouard Philippe, du ministre de la Santé Olivier Véran et de la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation Frédérique Vidal.
Présidé par Françoise Barré-Sanoussi, virologiste à l’Institut Pasteur/INSERM, prix Nobel et découvreuse du virus du SIDA, le comité assurera « le suivi des études thérapeutiques autorisées en France et les essais engagés sur des traitements à l’étranger ».
Selon un communiqué de la présidence de la République, repris par Reuters, le comité CARE doit accompagner la réflexion des autorités accompagnera « la réflexion des autorités sur la doctrine et la capacité à réaliser des tests ainsi que sur l’opportunité de la mise en place d’une stratégie numérique d’identification des personnes ayant été au contact de personnes infectées ». Celle-ci pourrait s’appuyer sur la géolocalisation des smartphones.
Les contours de cette « stratégie numérique d’identification des personnes » demeurent flous à ce stade, à supposer qu’elle soit effectivement exécutée. Les avis du CARE sont a priori de nature consultative, de sorte qu’ils n’obligent pas le gouvernement. Cela étant, celui-ci assure fonder son action en prenant l’avis de la communauté scientifique.
Une stratégie déjà étudiée ou exploitée par d'autres pays
Cette stratégie, qui vise à utiliser les données de géolocalisation pour tenter d’enrayer la progression de l’épidémie, est déjà en œuvre ou en passe de l’être en Corée du Sud, en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Chine, en Corée du Sud, en Espagne, aux États-Unis, en Italie, en Israël, en Pologne, en Russie, ou encore à Taïwan.
En Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a, la semaine dernière, autorisé l'agence de sécurité intérieure du pays à puiser dans une vaste banque de données de téléphones portables (GPS), jusqu'alors non divulguée, pour retracer les mouvements des personnes qui ont contracté le coronavirus et identifier d'autres personnes qui devraient être mises en quarantaine parce que leurs chemins se sont croisés. L'idée est de passer au crible les données de géolocalisation collectées de façon régulière par les fournisseurs de téléphonie mobile israéliens sur des millions de leurs clients en Israël, de trouver les personnes qui ont été en contact étroit avec des porteurs de virus connus et de leur envoyer des SMS leur enjoignant de s'isoler immédiatement.
Depuis le début du mois dernier, Taïwan a bloqué l’accès à son territoire aux citoyens chinois, puis a mis en place un système de quarantaine ciblant ceux et celles qui s’étaient rendus dans les provinces chinoises touchées. À Taïwan, les porteurs potentiels du virus sont dotés d'un smartphone équipé d'un GPS et d’une application de pistage. Ces dispositifs font office de « barrière électronique » et permettent de garantir que les personnes en quarantaine restent chez elles en prévenant les forces de l’ordre si ces dernières sortent de quarantaine, s’éloignent de leur domicile ou éteignent leur téléphone. La police locale appelle jusqu’à deux fois par jour pour s’assurer que les personnes en isolement se trouvent là où ils devraient être.
À Hong Kong, les citoyens de retour au pays sont accueillis par des fonctionnaires de police qui leur posent des bracelets électroniques au poignet. Ces derniers sont liés à une application que les concernés téléchargent avant d’entrer en quarantaine pendant 14 jours. Ainsi, les autorités ont en temps réel la maîtrise de leur situation géographique.
En France, des voix se sont aussi élevées pour suggérer l’exploitation des données, mais pas forcément pour pister les individus : plutôt pour modéliser la propagation du Covid-19, ce qui pourrait servir aux épidémiologistes à l’avenir en cas de nouvelle crise sanitaire. C’est ce que ce défend par exemple Stéphane Richard, le PDG d’Orange, le plus important des opérateurs en France, dans les colonnes du Figaro :
« Nous travaillons avec l’INSERM pour voir comment les données peuvent être utiles pour gérer la propagation de l’épidémie. Un des chantiers du futur avec INSERM est de permettre aux épidémiologistes de modéliser la propagation de la maladie. Dans un tel usage, les données de géolocalisation sont anonymisées. Mais malgré ça, cela demanderait des ajustements réglementaires et un accord de la CNIL. Ainsi, il faudrait pouvoir garder des données sur une durée de temps longue, or actuellement nous devons les supprimer au bout d’un an, nous voudrions les garder deux ans. Ce sont des travaux tout à fait essentiels.
« Les données pourraient aussi être utilisées pour mesurer l’efficacité des mesures de confinement, comme en Italie. Je le répète nous parlons de données anonymisées et agrégées. Leur utilisation est indispensable pour mesurer le confinement et pour ajuster les dispositions en fonction des comportements. Il ne s’agit pas de traquer les gens individuellement. Il faut au moins savoir si les gens respectent les périmètres de confinement, ou s’ils se déplacent, sans pour autant savoir qui va où ».
Source : Reuters, Le Figaro
Et vous ?
:fleche: Pour ou contre le traçage des smartphones pour déterminer si des personnes a priori saines ont été en contact avec des individus contaminés ?
:fleche: Pour ou contre le traçage des smartphones pour vérifier que le confinement est bien respecté ?