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Chine : même les porteurs de masques peuvent être identifiés, selon une société de reconnaissance faciale
Une intelligence artificielle aurait fourni les premières alertes sur l'épidémie du coronavirus de Wuhan,
se servant du big data pour suivre et anticiper la propagation des maladies infectieuses les plus dangereuses au monde
En Chine, l'épidémie de coronavirus s'est déclarée le mois dernier dans la ville de Wuhan, dans le centre du pays. Selon l'OMS, les coronavirus forment une famille comptant un grand nombre de virus qui peuvent provoquer des maladies très diverses chez l’homme, allant du rhume banal au SRAS, et qui causent également un certain nombre de maladies chez l’animal. Le bilan du coronavirus continue à grimper en Chine, qui recense dimanche 56 morts et près de 2 000 personnes contaminées, selon les autorités, au lendemain de l'avertissement du président Xi Jinping sur une accélération de la propagation du coronavirus. L'épidémie a atteint la France et l'Australie, malgré le renforcement des mesures prises pour tenter d'enrayer sa propagation.
Le 9 janvier, l'Organisation mondiale de la santé a informé le public de la nouvelle souche de coronavirus qui avait été signalé à Wuhan. Les Centers for Disease Control and Prevention (CDc) des États-Unis avaient fait passer le mot quelques jours plus tôt, le 6 janvier. Mais une plateforme canadienne de surveillance de la santé les avait pris de vitesse, informant ses clients sur l'épidémie le 31 décembre.
BlueDot utilise un algorithme basé sur l'IA qui parcourt les reportages en langue étrangère, des publications parlant de maladies animales et végétales et les déclarations officielles pour avertir ses clients afin d'éviter les zones dangereuses comme Wuhan.
La vitesse est importante lors d'une épidémie, et les responsables chinois n'ont pas de bons antécédents en matière de partage d'informations sur les maladies, la pollution de l'air ou les catastrophes naturelles. Néanmoins, les responsables de la santé publique de l'OMS et du CDC doivent compter sur ces mêmes responsables de la santé pour leur propre surveillance des maladies. Alors peut-être qu'une IA peut y arriver plus rapidement. « Nous savons que les gouvernements ne sont pas obligés de fournir des informations en temps opportun », déclare Kamran Khan, fondateur et PDG de BlueDot. « Nous pouvons prendre des nouvelles d'éventuelles épidémies, de petits murmures sur des forums ou des blogs sont parfois des indices soulignant que des événements inhabituels sont en cours ».
Khan a expliqué que l'algorithme n'utilise pas les publications sur les réseaux sociaux parce que ces données sont trop confuses. Mais il a une astuce dans son sac : l'accès aux données de billetterie des compagnies aériennes mondiales qui peuvent aider à prédire où et quand les résidents infectés se dirigeront ensuite. Il a correctement prédit que le virus passerait de Wuhan à Bangkok, Séoul, Taipei et Tokyo dans les jours suivants son apparition initiale.
Le big data
Khan, qui travaillait comme spécialiste des maladies infectieuses à l'hôpital à Toronto pendant l'épidémie de SRAS de 2003, rêvait de trouver une meilleure façon de suivre les maladies. Ce virus a commencé dans la province de Chine et s'est propagé à Hong Kong puis à Toronto, où il a tué 44 personnes. « Il y a un peu de déjà vu en ce moment », a indiqué Khan à propos de l'épidémie de coronavirus aujourd'hui. « En 2003, j'ai vu le virus envahir la ville et paralyser l'hôpital. Il y avait une énorme fatigue physique et mentale, et je me suis dit : "il ne faut plus que cela recommence" ».
Des schémas de vol mondiaux à l'apprentissage des noms des patients individuels, les scientifiques affirment qu'ils ont plus de moyens de surveiller les maladies infectieuses que jamais. Ces informations sont tirées des nouvelles technologies basées sur les données, de l'amélioration de la communication entre les agences de santé publique et de la transparence accrue dans la notification des infections.
Mais comme notre monde interconnecté a facilité le partage d'informations, il a également multiplié les possibilités de propagation des virus, a noté Kamran Khan.
« D'une part, le monde change rapidement, où les maladies émergent et se propagent plus rapidement », a remarqué Khan. « D'un autre côté, nous avons de plus en plus accès à des données que nous pouvons utiliser... pour générer des informations et les diffuser plus rapidement que les maladies ne se propagent. »
Après avoir testé plusieurs programmes prédictifs, Khan a lancé BlueDot en 2014 et a levé 9,4 millions de dollars en financement de capital-risque. La société affirme qu'elle « utilise l'analyse du big data pour suivre et anticiper la propagation des maladies infectieuses les plus dangereuses au monde ». L'entreprise compte maintenant 40 employés, des médecins et des développeurs qui conçoivent le programme d'analyse de surveillance des maladies, qui utilise des techniques de traitement en langage naturel et d'apprentissage automatique pour parcourir les reportages en 65 langues, ainsi que les données des compagnies aériennes et les rapports d'épidémies de maladies animales. « Ce que nous avons fait, c'est utiliser le traitement du langage naturel et l'apprentissage automatique pour entraîner ce moteur afin qu'il puisse faire la différence et reconnaître s'il s'agit d'une épidémie d'anthrax en Mongolie et non d'une réunion du groupe de heavy metal Anthrax », a expliqué Kahn.
Une fois le tri automatisé des données terminé, l'analyse humaine prend le relais. Les épidémiologistes vérifient que les conclusions ont un sens d'un point de vue scientifique, puis un rapport est envoyé aux clients du gouvernement, des entreprises et de la santé publique.
Les rapports de BlueDot sont ensuite envoyés aux responsables de la santé publique dans une douzaine de pays (y compris aux États-Unis et au Canada), aux compagnies aériennes et aux hôpitaux de première ligne où les patients infectés pourraient se retrouver. BlueDot ne vend pas ses données au grand public, mais ils y travaillent, précise Khan.
BlueDot partage ses analyses avec ses clients des secteurs privé et public pour les tenir informés des derniers développements à mesure qu'une épidémie évolue, afin qu'ils puissent coordonner leur réponse, a expliqué Khan. Cependant, il admet que chaque prédiction s'accompagne d'un certain degré d'incertitude. Par exemple, les chercheurs reconstituent toujours l'ampleur de l'épidémie de coronavirus et l'efficacité avec laquelle le virus est transmis d'une personne à l'autre.
Il ne s'agit pas de la première entreprise à rechercher une solution finale pour les responsables de la santé publique, mais ils espèrent faire mieux que Google Flu Trends, qui a pris sa retraite après avoir sous-estimé la gravité de la saison de la grippe de 2013 de 140 %. BlueDot a prédit avec succès l'emplacement de l'épidémie de Zika dans le sud de la Floride dans une publication dans la revue médicale britannique The Lancet.
:fleche: En savoir plus sur BlueDot
Source : déclarations de Kan, levée de fonds BlueDot
Et vous ?
:fleche: Qu'en pensez-vous ?
J'ai vu, j'ai vuuuu......
Oui, avec Madame Irma, et sa boule de cristal, je savais (mais à #~^@]$% d'euros la séance), je savais qu'il allait y avoir une épidémie....
Car Madame Irma fait du big-data cristalin, pour beaucoup moins cher.
Soyons sérieux quelques minutes. Blue Dot tente de faire de la prédiction d'épidémie, en parcourant les infos diffusées dans le monde en 65 langues, avec un ensemble d'algorithmes (inconnus), suivant une logique purement commerciale (seuls ses clients payants sont informés), et travaille pour améliorer son dispositif. C'est merveilleux, comme le système de pré-crime en cours de développement aux USA, et testé en France depuis plusieurs années, fondé sur les données pénales et judiciaires des intéressés. C'est chouette.
Tout comme on peut prévoir que ceux dont les carrières sont les plus compliquées (chomage, refus d'embauche, licenciement, formations imposées, etc...), seront ceux dont les retraites seront les plus faibles. Vous savez les travailleurs pauvres (venez faire une visite dans le Pays de Gex, où les loyers sont suisses, et les salaires chinois), ceux dont personne ne parle, ceux dont même les syndicats se moquent.
Alors la prédiction d'une épidémie, faut aussi d'abord avoir un premier malade, déclaré, vérifié, et surtout analysé (vous savez, on regarde de quoi il est atteint, ou mort). Et là, Blue Dot, va pouvoir faire une prédiction de la maladie (une fois que ça a commencé, parce qu'avant, ...), oui avant ben Blue Dot peut rien prédire.
Blue Dot fait juste de la collecte de données, puis analyse ce qui est, et enfin rend son rapport. Mais pas de données préalables, pas de 'prédiction'. Sauf que prédiction implique de dire avant, de prévoir ce qui va arriver. Et là, ben rien. Aucun système ne voit vraiment avant que ça n'arrive, ou alors en se basant sur des modèles compliqués (genre météo, ou cours de la bourse), qui comportent un taux d'erreurs à croissance géométrique (j'ai demandé à un statisticien professionnel, il a bien rigolé).
Blue Dot c'est juste une boule de cristal félée de plus.
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Le coronavirus fait sortir de l'ombre l'état de surveillance de la Chine
Le coronavirus fait sortir de l'ombre l'état de surveillance de la Chine,
Les sociétés d'IA se targuant de pouvoir identifier dans la rue des personnes ayant même une faible fièvre, selon un rapport
La surveillance de masse en Chine ne date pas d’aujourd’hui, et les Chinois savent bien qu’ils sont suivis au quotidien par les systèmes de surveillance électronique les plus sophistiqués au monde. Cependant, l'urgence sanitaire liée à l’épidémie du coronavirus a occasionné l’émergence une importante partie de cette technologie restée longtemps à l’ombre, fournissant aux autorités une justification pour les méthodes de balayage du contrôle social de haute technologie.
Selon un rapport de Reuters, les sociétés d'intelligence artificielle et de caméras de sécurité se targuent de pouvoir scanner les rues à la recherche de personnes ayant même une faible fièvre, de reconnaître leur visage même si elles portent un masque et de les signaler aux autorités. En raison de l’urgence du virus, le système de nom réel de la compagnie ferroviaire peut fournir une liste des personnes assises à proximité d’un patient atteint de coronavirus monte à bord d'un train, a rapporté Reuters vendredi.
Reuters rapporte qu’un homme de Hangzhou en Chine, dont la voiture a été repérée grâce à sa plaque d'immatriculation dans la ville voisine de Wenzhou, lorsqu’il était de retour d’un voyage, a été contacté par la police une fois rentré chez lui. La police lui a demandé de rester à l'intérieur pendant deux semaines. Alors qu’il s’ennuyait après être resté à domicile pendant environ 12 jours, il est sorti. Et cette fois, non seulement la police l'a contacté à nouveau, mais son patron aussi. En effet, il avait été repéré par une caméra dotée d'une technologie de reconnaissance faciale, et les autorités avaient alerté sa société en guise d'avertissement, a rapporté Reuters.
« J'ai été un peu choqué par la capacité et l'efficacité du réseau de surveillance de masse. Ils peuvent essentiellement suivre nos mouvements grâce à la technologie de l'IA et au big data, à tout moment et en tout lieu », a déclaré l'homme qui a demandé à rester anonyme.
Selon Reuters, des applications mobile peuvent indiquer aux utilisateurs s'ils sont dans un avion ou un train avec un porteur de coronavirus connu, et les cartes peuvent leur montrer l'emplacement des bâtiments où vivent les patients infectés. Cependant, selon le rapport, les citoyens chinois semblent pour l’instant accepter cette surveillance supplémentaire, ou même y adhérer, comme un moyen de combattre l'urgence sanitaire, bien qu'il y ait eu quelques récriminations anonymes sur les médias sociaux.
Selon Carolyn Bigg, associée du cabinet d'avocats DLA Piper à Hong Kong, « Dans les circonstances, les individus sont susceptibles de considérer cela comme raisonnable même s'ils ne sont pas spécifiquement informés à ce sujet ».
Les Chinois sont déjà assez accoutumés à la surveillance. La Chine utilise l’IA pour suivre les citoyens chinois dans certaines parties du pays. En novembre dernier, IPVM, une autorité mondiale en matière de vidéosurveillance, a rapporté que la police chinoise utilise désormais une caméra basée sur l'IA et des analyses raciales pour suivre les Ouïghours, vivant dans la région dite autonome du Xinjiang en Chine, afin de les distinguer de la majorité Han.
The Telegram a aussi rapporté en septembre dernier que la Chine a dévoilé une caméra de 500 mégapixels dotée d'IA capable d'identifier un seul visage parmi des dizaines de milliers de personnes, faisant craindre aux défenseurs de la vie privée une répression accrue des libertés civiles. The South China Morning Post a rapporté l’année dernière également que Shenzhen, métropole moderne au sud-est de la Chine, était en train de mettre au point un service de billetterie par reconnaissance faciale qui permettra aux voyageurs de pouvoir scanner leur visage sur un écran de la taille d'une tablette montée sur le portail d'entrée du train et faire déduire automatiquement le tarif de leur compte lié.
En février 2019, Victor Gevers, chercheur en sécurité et co-fondateur de la Fondation GDI, a découvert grâce à une base de données non sécurisée en ligne que la Chine suit de près les déplacements de près de 2,6 millions de personnes dans la région du Xinjiang où vivent des minorités musulmanes. La base de données contenait les noms, les numéros de carte d'identité, les dates de naissance et les données de localisation.
Les nouvelles technologies sorties de l’ombre en faveur de l’épidémie du coronavirus
La présente crise a révélé que les entreprises de télécommunications ont longtemps suivi discrètement les mouvements de leurs utilisateurs. En effet, au cours de cette semaine, China Mobile a envoyé des SMS aux habitants de Pékin pour leur dire qu'ils pouvaient vérifier où ils se trouvaient au cours des 30 derniers jours, a rapporté Reuters. L’utilité de la technologie n’a pas été expliquée, mais elle pourrait servir si une personne devait fournir des informations sur ses déplacements aux autorités ou à son employeur.
« À l'ère du big data et de l'Internet, le flux de chaque personne peut être clairement vu. Nous sommes donc différents de l'époque du sras maintenant », a déclaré l'épidémiologiste Li Lanjuan dans une interview accordée la semaine dernière à la chaîne publique chinoise CCTV, comparant l'épidémie à un virus qui a tué 800 personnes en 2003. « Avec ces nouvelles technologies, nous devrions les utiliser pleinement pour trouver la source de l'infection et la contenir », a-t-il ajouté.
Megvii, une société de reconnaissance faciale, a déclaré mardi, selon Reuters, qu'elle avait développé une nouvelle méthode pour repérer et identifier les personnes atteintes de fièvre, avec le soutien des ministères de l'Industrie et des Sciences. Son nouveau « système IA de mesure de la température », qui détecte la température avec des caméras thermiques et utilise les données du corps et du visage pour identifier les personnes, est déjà testé dans un quartier de Pékin.
Le port des masques ne devrait plus constituer un obstacle pour les autorités chinoises. SenseTime, une autre société d'IA de premier plan, a déclaré avoir construit un système similaire pour les entrées des bâtiments, qui peut identifier les personnes portant des masques. La société de caméras de surveillance Zhejiang Dahua affirme qu'elle peut détecter les fièvres avec des caméras infrarouges avec une précision de 0,3ºC.
Reuters a rapporté un entretien de l'agence de presse Xinhua avec Zhu Jiansheng de l'Académie chinoise des sciences ferroviaires. Il a expliqué comment la technologie peut aider les autorités à trouver des personnes susceptibles d'être exposées à un cas confirmé ou suspecté de coronavirus dans un train. Il a déclaré à ce sujet :
« Nous allons récupérer les informations pertinentes sur le passager, y compris le numéro du train, le numéro du wagon et les informations sur les passagers qui étaient proches de la personne, comme les personnes assises sur trois rangées de sièges avant et après la personne ». Il a continué en disant que « Nous extrairons les informations et les fournirons ensuite aux services de prévention des épidémies concernés ».
Certes, de nouveaux systèmes de surveillance sont en train de sortir de l’ombre dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, mais la surveillance de masse en Chine était-elle encore « dans l'ombre » ?
Source : Reuters
Et vous ?
:fleche: Que pensez-vous de la multiplication des applications de surveillance, alors que le coronavirus continue de sévir ?
:fleche: Ces applications aident à faire face à l’urgence sanitaire. Les citoyens chinois devraient-ils se plaindre de l’aspect vie privée en pareille circonstance ?
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