3 pièce(s) jointe(s)
Les États-Unis condamnent un expert en cryptomonnaie à 5 ans de prison
Le développeur Virgil Griffith risque 20 ans de prison après avoir participé à une conférence sur la blockchain en Corée du Nord,
pour complot au profit du pays
Le développeur Virgil Griffith a été arrêté vendredi dernier à sa descente d’avion à Los Angeles (il vit à Singapour) par le FBI après avoir participé en avril 2019 à un sommet blockchain en Corée du Nord. Il est accusé d'avoir transmis durant ce sommet des informations de nature technique pouvant être utilisées par la Corée du Nord pour éviter les sanctions imposées par les États-Unis. Mais les défenseurs de Griffith, dont le fondateur d'Ethereum, Vitalik Buterin, décrivent cette arrestation comme une réaction excessive. Griffith travaillait pour la fondation Ethereum et Buterin le considère comme un ami.
« Je ne pense pas que ce que Virgil a fait donne à la RPDC [République populaire démocratique de Corée] une quelconque aide réelle pour faire quelque chose de mal », a tweeté Buterin dimanche. « Il a fait une présentation basée sur des informations publiquement disponibles sur les logiciels open source ». Un argument qui a été contesté en réponse à son tweet par un internaute expliquant que « ce n'est pas parce que ces informations étaient disponibles publiquement dans les logiciels open source que les Nord-Coréens possèdent les compétences techniques nécessaires pour lire le code et en comprendre le fonctionnement. Même les programmeurs expérimentés ont des problèmes avec cela (d'où le besoin de documentation) ».
Les procureurs fédéraux affirment que Griffith, un citoyen américain résidant à Singapour, savait pertinemment que son voyage avait violé les lois américaines en matière de sanctions. Ils rappellent que Griffith a demandé l'approbation de son voyage au département d'État américain et que sa demande avait été refusée. Griffith a quand même fait le voyage, traversant la Chine pour contourner les restrictions imposées aux États-Unis.
Le procureur général adjoint, John Demers a noté que : « Malgré les avertissements, Griffith se serait rendu chez l’un des principaux adversaires des États-Unis, la Corée du Nord, où il aurait enseigné à son auditoire comment utiliser la technologie blockchain pour échapper aux sanctions. Par cette plainte, nous entamons le processus de recherche de la justice pour une telle conduite ».
Pour situer le contexte, le 18 mars 2016, le Président des États-Unis a émis le décret 13722 qui interdisait « l'exportation ou la réexportation, directe ou indirecte, des États-Unis ou par un américain, indépendamment de l'endroit où il est situé, de tout bien, service ou technologie à la Corée du Nord » et aussi « toute approbation, financement, facilitation ou garantie fournie par un américain, indépendamment de l'endroit où il est situé, d'une transaction amorcée par une personne étrangère qui pourrait être interdite par cette section si elle était effectuée par un américain ou sur le sol américain ».
Dans l'acte d'accusation, l'agent du FBI Brandon Cavanaugh a écrit que Griffith « a expliqué comment la RPDC pourrait utiliser la technologie blockchain et les cryptomonnaies pouvaient être utilisés pour blanchir de l'argent et échapper aux sanctions, et comment la RPDC pourrait utiliser ces technologies pour devenir indépendante du système bancaire mondial ».
Griffith fit peu d'efforts pour cacher ses projets de voyage. Il a tweeté une photo de ses documents de voyage et s'est volontairement entretenu avec le FBI après son voyage. Il a même donné la permission aux autorités d'inspecter son téléphone portable.
Selon le gouvernement fédéral, les communications électroniques de Griffith montrent clairement son intention de violer les lois américaines sur les sanctions. Quand une personne lui a demandé par message électronique pourquoi le régime nord-coréen était intéressé par la cryptomonnaie, il a écrit « probablement pour éviter les sanctions... qui sait ? »
Plus tard, il a annoncé à un ami son plan d’aider à envoyer 1 unité de cryptomonnaie (probablement 1 Ether, soit 134 euros) entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. Son correspondant a demandé « n'est-ce pas une violation des sanctions ? » Griffith a répondu « oui », selon le gouvernement américain.
L'expert sera poursuivi pour complot au profit de la Corée du Nord. Il risque jusqu’à 20 ans de prison. Il faut rappeler que la Corée du Nord a déjà fait part de sa volonté de développer sa propre cryptomonnaie pour contourner les sanctions internationales portées à son égard. Buterin a déclaré qu’il signait une pétition suite à un appel du développeur italien Enrico Talin, qui lui-même l’exhortait à lancer un document pour recueillir des signatures et obtenir la libération de Griffith.
Virgil Griffith a été présenté lundi devant un juge, ce dernier devant établir la solidité des allégations du Ministère Public. À l’issue de l’audience de l’après-midi, Brian Klein de Baker Marquart, conseil de Griffith a communiqué des nouvelles plutôt rassurantes : en dépit du fait que le juge a statué que le ministère de la Justice des États-Unis disposait de suffisamment de preuves pour poursuivre Virgil Griffith pour « complot », une libération prochaine est envisageable :
« Nous sommes très heureux que le juge ait conclu aujourd’hui que Virgil devrait être libéré de prison en attendant son procès. Nous contestons les allégations non vérifiées de la plainte criminelle. Virgil attend avec impatience le jour ou, devant le tribunal, il pourra exposer toute l’histoire. »
Virgil Griffith est connu entre autres pour son implication en 2003 dans un procès avec l'éditeur américain de logiciel Blackboard, dont il menaçait d'exposer publiquement les lacunes de son système. Le 14 aout 2007 il a lancé un logiciel utilitaire, WikiScanner (qui disparaîtra en 2011). Cet outil permettait de retracer les modifications d’articles Wikipédia à partir de comptes non enregistrés jusqu’à leur adresse IP d’origine et d’identifier les sociétés ou organisations auxquelles ils appartenaient. Selon la BBC, WikiScanner a permis de révéler que certaines des modifications apportées à Wikipédia proviennent d’ordinateurs appartenant au Democratic Congressional Campaign Committee, à la CIA, au Vatican entre autres.
En 2008, Griffith a conçu avec Aaron Swartz (informaticien, écrivain, militant politique et hacktiviste américain qui mettra fin à ses jours le 11 janvier 2013 à l’âge de 26 ans) le proxy Tor2web.
Depuis 2014, il s’engage plus activement dans la cryptomonnaies.
Source : Vitalik Butterin, acte d'accusation, Enrico Talin , fondateur Ethereum
Et vous ?
:fleche: Que pensez-vous de cette situation ?
Voir aussi :
:fleche: Les États-Unis, la Chine, le Japon et la Corée vont dominer la 5G en laissant l'Europe à la traîne
:fleche: La découverte des logiciels malveillants nord-coréens sur le réseau d'une centrale nucléaire indienne confirmée par les autorités, suite aux rumeurs d'infection sur Twitter
:fleche: GitHub confirme avoir bloqué les développeurs en Iran, en Syrie et en Crimée le blocage s'étend désormais au Cuba et à la Corée du Nord
:fleche: Le gouvernement sud-coréen veut migrer vers Linux à la fin du support de Windows 7, va-t-il aller jusqu'au bout sans faire demi-tour comme Munich ?
1 pièce(s) jointe(s)
Les États-Unis condamnent un expert en cryptomonnaie à 5 ans de prison
Les États-Unis condamnent un expert en cryptomonnaie à 5 ans de prison après une présentation sur la blockchain en Corée du Nord
Virgil Griffith écope également d'une amende de 100 000 dollars
Les États-Unis ont condamné mardi Virgil Griffith, un expert américain en cryptomonnaies, à 63 mois de prison (un peu plus de 5 ans) pour avoir aidé la République populaire démocratique de Corée (RPDC) en lui fournissant des informations techniques sur la manière d'échapper aux sanctions. Selon le ministère américain de la Justice (DOJ), Griffith a plaidé coupable de conspiration pour violer la loi américaine sur les pouvoirs économiques en cas d'urgence internationale (IEEPA). Griffith écope également d'une amende de 100 000 dollars.
Virgil Griffith, 39 ans, est titulaire d'un doctorat de l'Institut de technologie de Californie. Il est chercheur en blockchain et a participé au développement de la blockchain Ethereum. Selon les documents judiciaires, Griffith aurait commencé à formuler des plans dès 2018 pour fournir des services à des individus en RPDC en y développant et finançant des infrastructures de cryptomonnaies, notamment pour miner des cryptomonnaies. Le DOJ a déclaré que Griffith savait que la RPDC pouvait utiliser ces services pour se soustraire aux sanctions américaines et les éviter, et pour financer son programme d'armes nucléaires et d'autres activités "illicites".
Conformément à l'IEEPA et à l'Executive Order 13466, il est interdit aux personnes américaines d'exporter des biens, des services ou des technologies vers la RPDC sans une licence de l'Office of Foreign Assets Control (OFAC) du département américain du Trésor. En avril 2019, Griffith se serait rendu en RPDC pour assister et faire une présentation à la "Pyongyang Blockchain and Cryptocurrency Conference". Cependant, alors que le département américain d'État lui avait refusé l'autorisation de se rendre en RPDC, Griffith a fait des présentations à la conférence sur les cryptomonnaies de la RPDC et aurait adapté son message au public de la RPDC.
Ce qui était en violation des sanctions contre la RPDC. Selon le DOJ, lors de la conférence sur les cryptomonnaies de la RPDC, Griffith et ses co-conspirateurs ont donné des instructions sur la façon dont la RPDC pourrait utiliser la blockchain et les cryptomonnaies pour blanchir de l'argent et échapper aux sanctions. Les présentations de Griffith auraient été approuvées par des responsables de la RPDC et porteraient essentiellement sur la manière dont la blockchain, en particulier les contrats intelligents, pouvait être utilisée au profit de la RPDC, notamment dans le cadre des négociations sur les armes nucléaires avec les États-Unis.
Griffith et ses co-conspirateurs auraient également répondu à des questions spécifiques sur les technologies comme la blockchain et les cryptomonnaies pour le public de la RPDC, y compris des personnes qui, selon Griffith, travaillaient pour le gouvernement nord-coréen. Selon les documents judiciaires, lorsque Griffith voulait se rendre en RPDC, l'expert en cryptomonnaies a demandé à recevoir son visa de voyage sur un papier séparé et non sur son passeport américain, probablement pour éviter de créer des preuves matérielles de son voyage en Corée du Nord. Griffith aurait également essayé de recruter d'autres Américains pour la même cause.
Selon les procureurs, Griffith a déclaré lors de l'une de ces présentations que "la caractéristique la plus importante des blockchains est qu'elles sont ouvertes". À la suite de ces événements, Griffith, qui travaillait en tant que développeur de projets spéciaux et chercheur scientifique pour la Fondation Ethereum, a été arrêté en novembre 2019 par le FBI. « Il ne fait aucun doute que la Corée du Nord constitue une menace pour la sécurité nationale de notre pays, et le régime a montré à maintes reprises qu'il ne reculera devant rien pour ignorer nos lois dans son propre intérêt », a déclaré le procureur américain Damian Williams.
« Griffith a admis devant le tribunal avoir pris des mesures pour échapper aux sanctions, qui sont en place pour empêcher la RPDC de construire une arme nucléaire. La justice a été rendue avec la sentence prononcée », a-t-il ajouté. En septembre 2021, Griffith a plaidé coupable à un chef d'accusation de complot visant à violer les sanctions internationales contre la Corée du Nord. Bien que le crime ait entraîné une peine maximale de 20 ans, l'accord de plaidoyer de Griffith avec les procureurs fédéraux a ramené la peine à une fourchette de 63 à 78 mois - environ cinq à six ans et demi.
Griffith a déjà passé environ deux ans en détention, bien qu'il ait été libéré sous caution pendant 14 de ces mois. Le tribunal considérera les 10 mois restants comme du temps passé en prison. La peine prononcée mardi par le juge Kevin Castel du district sud de New York se situe dans le bas de la fourchette des peines recommandées par l'accusation et correspond à la peine recommandée par le service de probation. Outre les plus de cinq ans d'emprisonnement, Griffith a également été condamné à trois ans de liberté surveillée et à une amende de 100 000 dollars.
Source : Le DOJ
Et vous ?
:fleche: Quel est votre avis sur le sujet ?
:fleche: Que pensez-vous de la peine infligée à Virgil Griffith ?
Voir aussi
:fleche: L'utilisation des cryptomonnaies est plus répandue dans les pays corrompus, d'après une récente étude du FMI
:fleche: Les États-Unis accusent John McAfee de fraude dans le domaine des cryptomonnaies, qu'il aurait perpétrée en utilisant la technique de pump-and-dump
:fleche: Un ingénieur de Microsoft a volé 10 millions de dollars en vendant des cartes-cadeaux Xbox contre des bitcoins, sur des marchés de cryptomonnaies comme Paxful
:fleche: Un nouveau projet de loi permettrait au gouvernement des États-Unis d'interdire discrètement les transactions en cryptomonnaie, une chose qui inquiète les utilisateurs
:fleche: Le ministère US de la Justice a arrêté trois opérateurs du service de prêt BitConnect, qui auraient récolté l'équivalent de 722 millions de dollars en cryptomonnaie grâce à une pyramide de Ponzi