La PDG d'IBM suggère de recruter sur la base des compétences au lieu des diplômes universitaires
La PDG d'IBM suggère de recruter sur la base des compétences au lieu des diplômes universitaires
elle estime que c'est essentiel pour l'avenir de la tech
Traditionnellement, l'accès à un emploi qualifié en général, et dans le domaine IT en particulier, est conditionné à l'obtention d'un diplôme universitaire ou d'études supérieures, parce que les universités et grandes écoles ont pendant longtemps eu le monopole de la formation. Mais ces dernières années, la formation s'est diversifiée avec de nouveaux acteurs qui prétendent permettre aux gens de se doter de compétences pertinentes sans avoir besoin de passer par les formations diplômantes conventionnelles. Ce qui nous emmène souvent à nous demander s'il ne viendra pas un jour où avoir un diplôme d'études supérieures ne sera pas une condition nécessaire dans le recrutement IT. En tout cas, certaines entreprises disent ne plus exiger de diplômes quand elles recrutent. C'est le cas par exemple de Google, Apple et IBM, comme l'a révélé Glassdoor en août dernier.
Cette décision serait liée à un effort visant à améliorer la diversité et à faciliter l'embauche de personnes qui passent par des boot camps ou qui poursuivent des études supérieures non traditionnelles. « Quand on observe des gens qui n'ont pas fait d'études supérieures et qui font leur chemin dans le monde [professionnel], ce sont des êtres humains exceptionnels », a déclaré Laszlo Bock, ancien vice-président senior de Google, chargé des opérations de personnel. « Et nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour trouver ces personnes », a-t-il ajouté.
Un peu dans le même sens, Joanna Daly, vice-présidente d'IBM chargée des talents a déclaré à CNBC en 2017 qu'environ 15 % des employés américains de son entreprise n'avaient pas de diplôme de niveau Bac+4. Elle a expliqué qu'au lieu de regarder exclusivement des candidats qui entraient à l'université, IBM se penche désormais sur les candidats ayant une expérience pratique via un boot camp de programmation ou par d'autres voies. Des propos qui viennent d'être confirmés par Virginia (Ginni) Rometty, la PDG du groupe IBM.
S'exprimant lors du Forum économique mondial en Suisse, la patronne d'IBM a soutenu qu'il est important que les sociétés de technologie s’emploient à recruter des personnes possédant des compétences précieuses, et pas seulement des diplômés d’université. Comme l'explique Ginni Rometty, « l'évolution rapide de la technologie au XXIe siècle fait qu'il est plus difficile de trouver un emploi, ce qui a conduit à la désillusion quant à l'avenir ». Pour se réinsérer ou briguer les nouveaux emplois créés par l'évolution technologique, beaucoup passent donc par des programmes d'apprentissage, des formations professionnelle, des formations intensives ou de courte durée, mais leur insertion n'est pas facile. C'est ce qu'a d'ailleurs montré le bilan 2017 de la Grande École du Numérique, une initiative française d'envergure nationale visant à démocratiser la programmation et les formations en informatique pour répondre à un certain besoin de talents dans le numérique. En juin dernier, la Grande École du Numérique a présenté dans son bilan un taux 23 % de CDI à la sortie.
Ce chiffre, qui pour certains est la preuve d'un échec, pourrait s'expliquer par la réticence des entreprises à embaucher de tels profils, un point que touche Ginni Rometty. « Avec les nouvelles technologies, je pense qu’il y a un énorme problème d’inclusion », dit-elle en faisant allusion à ces nombreuses personnes qui essaient d'avoir ou conserver des emplois dans le secteur des technologies. « Je pense que ceux d'entre nous qui bénéficient des technologies, nous avons un devoir très sérieux à ce sujet, car ces technologies évoluent plus rapidement que leurs compétences », un problème qui, selon la PDG d'IBM, provoque une « crise de compétences ».
Poursuivant son intervention, Ginni Rometty assure aux entreprises qu'elle va « embaucher sur la base des compétences, pas seulement sur la base des diplômes. » Sinon, nous ne pourrons jamais résoudre cette crise, dit-elle. « Nous les entreprises, nous sommes remplies de personnes avec des diplômes universitaires, des doctorats, mais il est temps d'être plus inclusifs et de faire de la place à tous les membres de la société », a déclaré Rometty.
En même temps, les formations diplômantes, avec tout le formalisme qu'il y a autour, n'offrent-elles plus de garantie que les autres types de formations que les candidats ont les compétences qu'ils revendiquent ?
Source
Et vous ?
:fleche: Êtes-vous d’accord avec la PDG d’IBM ? Pourquoi ?
:fleche: Exiger un diplôme d'études supérieures ne réduit-il pas le risque de recruter des personnes incompétentes ?
:fleche: L’appel de Ginni Rometty pourrait-il est entendu en France de sitôt ?
Voir aussi :
:fleche: La démocratisation du codage et des formations IT, quel est le but ? Remédier à une pénurie sur le marché de l'emploi ou baisser les salaires ?
:fleche: Avoir un diplôme d'études supérieures restera-t-il une condition nécessaire dans le recrutement IT ? Google, Apple et IBM disent ne plus l'exiger
:fleche: La Grande École du Numérique : 14 millions d'euros de subvention en 2017, mais seulement 23 % de CDI à la sortie, initiative utile ou inutile ?
:fleche: Tim Cook, le CEO d'Apple, pense que pour les écoliers apprendre à coder devrait être plus important qu'apprendre l'anglais, partagez-vous cet avis ?
:fleche: Des écoles numériques veulent former une nouvelle génération de codeurs « made in Africa », les écoles françaises sont les pionniers de l'aventure
:fleche: Que pensez-vous des formations intensives en programmation ? Sont-elles plus efficaces que les formations classiques en informatique ?