Envoyé par
DonQuiche
Je ne vais pas relever le mot esclavage, simplement insister sur un point : y a t-il accaparement d'une partie de la valeur ajoutée au profit des détenteurs de capital ? Indéniablement ! Entre les dividendes qui représentent en moyenne un septième des dépenses salariales et le logement qui doit ajouter dix à quinze points de transfert (on ne compte que la valeur ajoutée par rapport au coût brut de construction et les ménages ne paient pas toute leur vie), disons que le "taux de spoliation" est de 25% à 30%. En somme sans ces transferts un salarié pauvre serait 33% à 43% plus riche. Sauf que...
* Le 1% les plus riches (disons les rentiers pour simplifier) ne possèdent "que" 25% du capital, les 10% les plus riches 48% du capital, et les 30% les plus riches 65% et les 50% les plus riches 93% du capital. Autrement dit, ce ne sont pas une poignée de riches qui, majoritairement, "spolient". Ce sont au contraire toutes les classes aisées, du petit prof au développeur avec leurs assurances-vies et autres spéculations sur des biens de première nécessité que sont la plupart des investissements fonciers.
* A rebours de cela la société offre quelques mécanismes de redistribution dans l'autre sens, financiers ou en nature (école gratuite). Pas sûr que tous ces spoliateurs s'y retrouvent.
* Le capital est nécessaire pour développer les entreprises et investir dans la construction de logements, à moins de rêver d'un monde en stagnation. Dans le capitalisme cette acquisition de capital est organisée en principe par la carotte du profit et le bâton du risque. Les questions sont donc plutôt : si on est en désaccord avec ce système, lequel propose t-on ? Si on est en accord, y a t-il excès de gain ou défaut de risque ? En enfin l'origine du capital est-elle juste, à savoir est-il normal qu'un développeur gagne plus qu'un balayeur, auquel cas la premier aura évidemment du capital et "spoliera" le second ?
Bref, ça me semble un poil plus compliqué que "c'est la faute des riches" qui, en définitive, ne sont pas prépondérants dans le problème : le système bénéficie à beaucoup plus qu'à 1% contrairement à ce qu'ont affirmé les indignés. Qui plus est, quand bien même tout le monde serait d'accord pour changer le système, vouloir et faire sont deux choses différentes. Face à la complexité d'un monde globalisé et les imbrications des acteurs entre eux, dire "basta !" ne suffit pas, il faut aussi dire comment.