Interview : Une importante "fracture numérique" pénalise les femmes sur le marché de l'emploi
Une importante "fracture numérique" pénalise les femmes sur le marché de l'emploi, entretien exclusif avec Brice Teinturier, DG chez Ipsos
Dans le cadre d'une thématique lancée par Microsoft, il m'a été possible de m'entretenir avec Brice Teinturier, Directeur Général Délégué chez Ipsos, dont la mission est d'accompagner les décideurs économiques et politiques grâce au décryptage de l’opinion et de ses évolutions.
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L'homme est un expert des évolutions de l’opinion, tant dans la sphère politique et électorale que sociétale.
Notre entretien a abordé l'étude qu'Ipsos a menée à la demande de Microsoft, sur "un échantillon représentatif de 500 femmes âgées de 18 à 65 ans,composé majoritairement d'actives mais aussi d'inactives, par téléphone, en novembre 2010".
De façon personnelle, Brice Teinturier pense que le peu de travailleurs IT féminins est dû à un "phénomène culturel" : "Dans notre pays, historiquement, il y a eu très longtemps une sorte de coupure entre les matières scientifiques plutôt réservées aux hommes ; avec de plus une représentation sociétale des ingénieurs davantage associée à l'homme."
La situation viendrait donc du "poids de la tradition culturelle", mais aussi de "l'inégale répartition des fonctions ménagères, inégalité qui se répercute sur les carrières".
La discussion s'est ensuite engagée sur les résultats de l'étude réalisée par l'institut de sondages. Premier constat : "Plus de 4 femmes sur 10 (soit 42%) en poste ont un sentiment d'indisponibilité très fort. Elles disent avoir des contraintes de type familial qui les rendent moins disponibles que leurs collègues hommes, or ces contraintes sont culturelles. Ce sont les femmes elles-même qui se disent moins disponibles que les mâles, car elles doivent davantage s'occuper des enfants quand ils sont malades ou de ce genre de soucis domestiques. Elles consacrent aussi plus de temps à la cuisine, aux courses, au ménage, etc."
Ces inégalités fondamentales "perdurent, et ont été intégrées par les femmes".
Plus précisément, les 42% cités précédemment correspondent à une femme sur deux entre 25 et 49 ans. "Dès le premier enfant, le chiffre grimpe à 56%", renchérit Brice.
Mais ce manque de disponibilité féminine serait-il un choix ? Apparemment non, puisque 7% seulement des femmes du panel déclare que son manque de disponibilité professionnelle est du à "une autre priorité que le travail dans la vie". Pour 72% en revanche, "la situation est subie et causée par des contraintes de ménage et de gestion du foyer".
Les femmes "sont peu équipées en outils numériques, si 72% ont un ordinateur qu'elles peuvent utiliser quand elles en ont besoin, 9% seulement possèdent un smartphone, et uniquement 55% disposent d'un e-mail personnel. Les autres ne disposent pas de ce type d'outil, qui est pourtant fondamental dans la recherche d'emploi par exemple, ce qui génère une fracture numérique sur le marché de l'emploi", continue monsieur Teinturier.
Ainsi, "53% des femmes en situation de chômage pensent que leur situation professionnelle pourrait s'améliorer plus facilement si elles utilisaient plus de technologies numériques. Mais 66% des femmes n'ont jamais suivi de formation numérique."
Ces différences les pénalisent aussi dans la sphère active.
Pour aller plus loin, l'étude d'Ipsos a regroupé en quatre catégories différentes les personnes interrogées :
- Les "Femmes Numériques" : 61% de l'échantillon, qui sont bien équipées en matériel et en savoir d'utilisation, et qui se sentent disponibles. "Ce sont plutôt des cadres supérieures", ajoute le Directeur Général Délégué.
- Les "Techno-demandeuses" : 10% de l'échantillon, "ce n'est pas rien", s'exclame-t-il. "Si 53% des femmes techno-demandeuses (femmes à la recherche d’un emploi, plus d’un tiers d’entre elles ont deux enfants ou plus), pensent que leur situation professionnelle peut s’améliorer grâce aux technologies, 80% des techno-demandeuses expriment le besoin de savoir mieux les utiliser.", indique l'étude.
- Les "Techno-défavorisées" : 12% de l'échantillon. Le plus souvent ouvrières, employées, résidant en milieu rural, de faible formation initiale, elles aspirent elles aussi à une vie professionnelle numérique puisqu’elles sont même 62% à souhaiter pouvoir profiter des technologies numériques. "Elles sont à la fois moins disponibles pour leurs contraintes familiales et aussi pénalisées en terme d'équipement, ce qui leur cause deux handicaps. Elles ont un sentiment d'incompétence", détaille Brice.
- Les "Techno-sceptiques" : 17% de l'échantillon. Le plus souvent en CDD ou en intérim, seulement 9% d'entre elles pensent que le numérique peut les aider, mais 69% d’entre elles n’ont pas accès aux outils numériques pour leur travail et sont donc pénalisés en termes d'équipement.
L'étude affirme également que : 61% des femmes qui pensent que leur situation professionnelle pourrait s’améliorer si elles utilisaient davantage les nouvelles technologies demandent à mieux savoir les utiliser ; 60% n’ont pas encore bénéficié d’une telle formation ; Seules 36% des femmes en CDD ou en intérim, 20% des vendeuses et 26% des ouvrières disposent d’une connexion Internet accessible pour leur travail.
Alors, quelles solutions entrevoir ?
Ipsos propose que "opérateurs et organisations pourraient se concentrer davantage sur ces femmes en situation de manque pour leur fournir des formations et équipements adaptés". Le fait de ne pas travailler en bureau pourrait aussi être un atout : "55% des salariées ne travaillent pas en bureau et n'ont pas la notion de poste fixe, passer directement aux solutions mobiles éviterait de les rendre tributaires d'un bureau qu'elles ne peuvent pas avoir pour des raisons de coûts".
En clair, pour aider les femmes à mieux s'en sortir sur le marché de l'emploi ainsi que dans leur appréhension du numérique, les trois mots clés sont : "allègement des infrastructures, mobilité et cloud".
Brice Teinturier conclut en expliquant qu'il sera également important de permettre de "lutter contre l'isolement des femmes précaires, en leur ouvrant des endroits où elles auront des informations et des équipements à leur disposition".
Des actions que Microsoft réalise déjà depuis plusieurs années maintenant, et que nous détaille Isabelle Leung-Tack dans un autre entretien.
:fleche: Que pensez-vous de ces statistiques et de cette situation globale des femmes par rapport au Numérique dans le domaine professionnel ?
En France elles n'aiment pas l'informatique
En deux ans de boutique (fin des Amstrad début des PC donc entre 1986 et 1988) là où c'était de l'informatique d'amateurs je n'ai pas vu une seule hobbiste femme. Compte-tenu de la faune lycéenne et étudiante, faut pas raconter de salades et mettre ça sur les "tâches ménagères".
Au boulot elles se servent des ordis sans aucun intérêt et sans chercher à amméliorer quoi que ce soit. Elle ont mis un temps fou à apprendre à se servir d'un fax et refusent obstinément de se servir du courriel (le nombre de boîtes françaises qui n'ont qu'un fax) ou, quand elles ont une boite de courriel, on se demande bien où ça passe car on entend plus jamais parler.
Pas plus que mon permis de conduire à renouveler qui a été envoyé le 17 novembre et qui ne m'a toujours pas été retourné ce 19 janvier.
Des laissés pour compte !
Ensuite le fait de dire que les femmes ont une vie familiale est un prétexte fallacieux. Il fait le dire tout simplement : elles ne s'intéressent pas aux nouvelles technologies !
Il ne s'agit pas que d'un problème professionnel car la solution serait tout simplement une formation adaptée. Mais le fond du problème est l'approche des femmes au sujet de tout ce qui est technique !
Elle ont exactement les mêmes problèmes à la maison avec les magnétoscopes, les machine à lavés, la programmation de la chaudière ou encore le poste de télévision ... Et je ne vous parle pas de la voiture, ni du GPS !
Cela est bien connu. Les femmes et la technologie ne font pas bon ménage.
Mais pourquoi cette inégalité entre les hommes et les femmes ?
Je pense que le grand responsable de tout cela est l'homme.
Car l'homme avant tout s'est fait plaisir avec cette technologie. Il est comme un enfant au milieu de ses jouets. Oui, j'ai bien dit SES, c'est à dire l'appartenance des jouets à l'homme, où la femme est exclue.
De plus, la grande ambition des nouvelles technologies était, soi-disant, de nous simplifier la vie. Mon sentiment à ce sujet est que cela la complexifie. Et les femmes dans tout cela sont les premières victimes du manque d'ergonomie, c'est à dire de l'absence de simplicité entre l'homme (je devrais dire la femme) et la machine.
Le jour où l'on tiendra compte qu'il existe une différence entre les hommes et les femmes, la société aura fait un grand pas en avant. Mais tant que l'on ne comprendra pas que la femme n'est pas un homme (qui s'ignore) alors les femmes seront inadaptées à la société moderne.
Je ferai aussi la remarque que ce problème n'est pas uniquement féminin, mais dans une moindre mesure, il y a aussi des hommes qui sont inadaptés à ce monde trop technologique.
Le remède à ce problème n'est pas plus de formation, mais bien une réadaptation de la société, pas uniquement à la condition de la femme en générale, mais à tous ceux dont la technologie pose problème.
Nous devons nous simplifier la vie et non la rendre plus compliquée. La solution serait de faire une société pour les hommes et une société pour les femmes avec des métiers adaptés pour chacun d'eux. J'insiste sur ce point : c'est la société qui doit s'adapter aux hommes et aux femmes et non l'inverse sinon il y aura toujours des laissés pour compte.