Vie privée : La consultation de livres via Google Books sera-t-elle soumise a discrétion ?
Alors que la vaste entreprise de numérisation de centaines de milliers d'ouvrages du projet de librairie Google Books déffraie la chronique et s'attire nombre de protestations, de nouveaux questionnements font surface et ajoutent une ombre au tableau.
Libraires et experts en protection de la vie privée se demandent en effet ce que Google fera des traces laissées par la consultation d'ouvrages.
Pour beaucoup de libraires (dont ceux travaillant avec Google pour la numérisation de leurs collections) la question est épineuse. En général, les médiathèques ne conservent pas très longtemps les informations relatives aux personnes empruntants leurs livres. L'American Library Association s'est d'ailleurs battue corps et âme pour défendre la vie privée des lecteurs, notamment contre l'U.S. Patriot Act, cette loi de l'administration Bush découlant directement des attentats du 11 septembre et visant à oeuvrer pour la protection contre "la menace terroriste". Le gouvernement américain fait valoir ce texte pour avoir un droit de regard sur les actions de ces citoyens et notamment, pour ficher et surveiller l'emprunt de ressources dites "sensibles", comme par exemple des ouvrages sur la confection d'explosifs ou portant sur des valeurs "anti-américaines", etc.
Avec l'étendue sans fin des titres disponibles via Google Books, la question se pose de savoir si les lecteurs verront leur vie privée aussi respectée qu'en bibliothèque.
Google a souvent été attaqué sur ce thème, et a presque toujours réagit pour respecter au mieux -selon lui- ses utilisateurs, comme dans l'affaire récente de Google Maps Street View en Suisse qui entraîna le floutage systematique des visages sur les images prises par les automobiles exploratrices de la firme.
De même, son service de localisation mobile Google Latitude n'enregistre pas les localisations de ses utilisateurs. Ces données ne sont pas conservées.
Qu'en sera-t-il alors des listes d'ouvrages consultés dans Google Books, seront-t-elles conservées et partagées avec d'autres organismes, notamment d'état ?
En guise d'ébauche de réponse, Google a posté des FAQ sur son site qui devraient être appuyées par une déclaration officielle et plus formelle dans les prochaines semaines. L'entreprise y promet que les informations personnelles de ses utilisateurs ne seront ni revendues, ni cedées à des tiers, mais n'explique pas si elles seront conservées, et si oui pour quelle durée ?
Pour l'instant, rien n'est clair. Google a mis en ligne l'année dernière une ébauche du réglement de fonctionnement de Google Books, suite a des plaintes lui ayant été adressées pour violation de droits d'auteur. Le tribunal de New York tranchera le 7 octobre sur l'acceptation ou non de ce texte comme réglement officiel et définitif.
Ces conditions d'utilisation du service sont totalement muettes en ce qui concerne la vie privée, ce qui préocupe certains opposant au dispositif si le texte est approuvé en octobre et par là-même, non modifié. Il leur sera néanmoins toujours possible de saisir le Département de la Justice américain à ce sujet.
Source: Conférence de Michael Zimmer, professeur à l'University du Wisconsin à Milwaukee, dans l'enceinte de l'Université de Californie vendredi 28 août 2009.
A votre avis, Google Books sera plutôt une extension des bibliothèques, ou une extension de la recherche sur Internet ? Quelles différences cela implique-t-il ?
La vie privée des internautes consultant des textes sur GoogleBooks sera-t-elle respectée ?
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