Débat : Apple est-il devenu anti-compétitif ? en s'appuyant sur "Le Dossier contre Apple en cinq parties" de J. Calcanis
Jason Calacanis a jeté un pavé dans la mare. L'homme, fondateur de compagnies comme Silicon Alley et Weblogs (entre autres), est considéré par beaucoup comme LE blogueur le plus connu dans le monde. Il est même une véritable star dans son pays d'origine, les Etats-Unis (il est né à New York en 1970). Il a revendu certaines de ses sociétés à AOL, travaillé pour Netscape (version de Netscape transfiguré en concurrent direct de Digg) et est maintenant le dirigeant de sa dernière création : Mahalo, moteur de recherche humain.
Depuis le 11 juillet 2008, Calacanis avait cessé son activité de blogging, dénonçant une trop forte "pression" de la part des lecteurs (surtout les mécontents) ; mais il a repris le blog ainsi que le podcast ce premier mai 2009 avec "This Week In Startups".
Il communique également via une lettre d'information qu'il envoie régulièrement à plus de 16.300 abonnés.
Autant dire que les paroles de Jason sont largement diffusées, lues et entendues. Alors, quand une personne aussi influente décide de lancer un sujet polémique, ça fait du bruit !
Avant-hier, Jason Calacanis a publié un billet intitulé "Le dossier contre Apple en cinq parties". Si certains de ses abonnés y voient une parole d'Evangile, ce n'est pas le cas de beaucoup de farouches défenseurs de la pomme, et ce débat (qui n'est pas nouveau : Microsoft-Apple c'est un peu les feux de l'amour de l'informatique) fait rage outre-Atlantique.
l'Animal, comme le surnomment certains, annonce être en passe de cesser d'utiliser des produits Apple. Il dénonce l'esprit corporate et mainstream que la firme semble avoir adopté. Beaucoup de ceux qui voyaient en Steve Jobs un heureux visionnaire, hippie sur les bords, sont aujourd'hui déçus et le considèrent maintenant comme un "vendu hypocrite de la pire espèce".
Steve Gillmor remarquait d'ailleurs il y a quelques années "l'aberration iTunes" expliquant que "les gens intelligents sont obligés de descendre en gamme et d'utiliser les anciennes versions" du logiciel, tellement ses upgrades sont "mauvais et contraires aux libertés".
Pour en revenir à Jason Calcanis, il commence son texte en rappelant qu'après 20 années passées à utiliser assidûment les produits Microsoft, il s'était "converti" en 2002 pour n'utiliser plus que du matériel Apple. Ce fut pour lui la révélation : "Tout est plus cher chez Apple, mais travailler avec un environnement exonéré de virus, qu'on ne doit pas formater tous les ans, et pour lequel il n'y a aucun anti-virus à acheter, ça change la vie". Il explique aussi que depuis six ans, il a acheté absolument TOUT ce qui est sorti des usines d'Apple (iMac, iPhone, iPod, Time Capsule, etc.) et parfois même en plusieurs exemplaires. Mais aujourd'hui, il regrette sa décision et reproche à Steve Jobs d'être devenu "le monstre anti-compétitif qu'il appelait à combattre en 1984".
Jason en arrive alors à développer son "dossier anti-Apple" où il explique ce qui le chagrine dans les nouvelles directions prises par la firme, de manière détaillée, précise et argumentée en cinq parties.
La première partie dénonce les pratiques anti-compétitives propres à iTunes. Il trouve totalement aberrant qu'iTunes ne soit pas en mesure d'être synchronisé avec un lecteur MP3 autre que l'iPod alors qu'aucune raison technique ne l'empêche.
La seconde partie accuse la division télécommunications de la compagnie de suivre une politique de monopole (par rapport à l'association exclusive entre AT&T et l'iPhone aux USA).
La troisième partie poursuit en dénonçant la sélection subjective et les censures pratiquées dans le catalogue des applications de l'Apps Store.
La quatrième partie revient sur l'iPhone et s'insurge contre la volonté d'Apple de bannir les autres navigateurs de son produit (comme Opera par exemple).
Et, enfin, la cinquième partie enfonce le clou en revenant sur le "scandale" du refus d'Apple de permettre l'utilisation de Google Voice sur son téléphone (ce qui serait la raison non-officielle du départ d'Eric Schmidt ).
Jason conclue en prédisant une "révolte de ses utilisateurs" contre Apple qui se produira dans les prochaines années ; majoritairement à cause des concurrents de la firme à la pomme qui proposent des produits "bon-marché, stables et ouverts". Et de terminer avec un avertissement final demandant à Jobs et ses équipes de s'intéresser à la concurrence : "Réaliser de très bons produits ne vous dispense pas de la règle de base en technologie qui dit "ne soyez pas le mal". Cela ne vous sauvera pas non plus de la règle de base de Scarface : ne vous sur-estimez jamais".
La publication est rude, la fin cinglante. Jason est-il allé trop loin ?
Source : The Case Against Apple in Five Part (en anglais)
Pensez-vous que le succès d'Apple serait différent (en bien ou en mal) s'il avait adopté une stratégie plus ouverte ?
Pensez-vous qu'Apple mériterait d'être sanctionné par des procédures d'anti-trust ?
A votre avis, est-ce-que les compétences d'Apple et la grande qualité de ses produits justifie qu'on lui pardonne ses mauvais comportements ?
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