Bonjour.

Voici une petite fiche technique dont je n'ai pas trouvé d'équivalent, pour ceux qui utilisent la messagerie Signal avec le client Windows, et n'ont pas considéré qu'il faille malgré tout conserver l'installation d'origine sur leur smartphone (nécessaire, outre la création initiale du compte associé à un numéro de téléphone mobile, pour certaines opérations, sans compter qu'au bout d'une période d'inactivité de l'application smartphone, l'application Windows viendra menacer de bloquer le compte pour cette raison , cf la contrainte sur le site officiel : https://support.signal.org/hc/fr/art...A9l%C3%A9phone )

En l'absence de sauvegarde des données de l'application Signal smartphone qui aurait été désinstallée au profit exclusif du client Windows après association d'appareils, et si vous vous souvenez à minima du code Pin Signal, rien n'est perdu, voici comment faire :

- Réinstaller Signal sur Android,
- Passer outre les étapes demandant des restaurations de données,
- Saisie du code Pin Signal,
- Associer dans Signal Windows cette nouvelle instance de Signal Android (menu Paramètres).

Les anciennes conversations dans Signal client Windows sont malgré tout conservées, mais par prudence, j'avais fait une sauvegarde avant ne sachant pas comment cela allait se comporter.


Pour aller au delà de l'aspect pratique de cette difficulté, pour ma part, j’utilise Signal car d’autres contacts l’utilisent, mais je préfère techniquement les clients du protocole Matrix.org car cela repose sur un système d’identifiants indépendants, non liés à un numéro de téléphone mobile. Cette distinction est fondamentale dans les contextes où l’anonymat, la souveraineté numérique ou la maîtrise des infrastructures sont des enjeux. Matrix permet à chacun de créer une identité libre, sous forme d’un identifiant (@utilisateur:serveur), sans dépendre d’un opérateur téléphonique ni d’un appareil mobile spécifique.
Contrairement à Signal, dont le fonctionnement repose sur un modèle centralisé et une identité téléphonique, Matrix est un protocole ouvert, fédéré, et interopérable. Il autorise l’auto-hébergement, la création de serveurs indépendants, et l’usage de clients autonomes, sans lien obligatoire avec un appareil principal. Cette architecture décentralisée offre une résilience accrue, notamment pour les collectifs, les associations ou les structures qui souhaitent garder la maîtrise de leurs données et de leurs flux de communication.
Ce point a été illustré récemment par la panne majeure d’Amazon Web Services (AWS) survenue le 20 octobre 2025. Signal, qui repose sur l’infrastructure d’AWS, a été partiellement inaccessible pendant plusieurs heures, comme de nombreux autres services centralisés. Les utilisateurs ont rencontré des difficultés à envoyer ou recevoir des messages, à se connecter ou à synchroniser leurs appareils. Bien qu’aucune perte de données n’ait été rapportée, cet incident rappelle la vulnérabilité des services dépendants d’un fournisseur unique. À l’inverse, Matrix permet une redondance par la fédération : si un serveur tombe, les autres continuent de fonctionner.
Il est d’ailleurs notable que cette approche, longtemps portée par des cercles militants ou des développeurs indépendants, a été adoptée par l’État français lui-même. Depuis septembre 2025, l’usage de Matrix est devenu obligatoire dans certains postes de la fonction publique, via l’implémentation officielle Tchap, soutenue par la DINUM et recommandée par l’ANSSI. Ce glissement du militantisme vers l’institutionnalisation témoigne de la robustesse et de la pertinence du protocole Matrix dans des contextes exigeants, qu’ils soient techniques, politiques ou opérationnels.
Ainsi, au-delà des préférences personnelles ou des usages sociaux, il est utile de comprendre les implications structurelles de chaque outil. Matrix offre une autonomie identitaire et technique que Signal, malgré ses qualités en matière de chiffrement et de simplicité, ne peut garantir dans les mêmes termes.