La toxicité des environnements de travail s'aggrave : 80 % des travailleurs affirment que leur emploi nuit à leur santé mentale
et 73 % des développeurs ont déjà souffert d'épuisement professionnel
Les environnements professionnels deviennent de plus en plus toxiques et le bien‑être psychologique des salariés se dégrade. Les travailleurs citent principalement la culture d’entreprise toxique et le mauvais management comme sources de stress et de malaise. D’autres facteurs aggravants incluent la surcharge de travail, le manque d’opportunités d’évolution et la pénurie de personnel. Les incertitudes créées par l'IA sur le marché de l'emploi constituent une nouvelle source de stress pour les travailleurs. Selon un sondage récent aux États-Unis, 80 % des travailleurs américains estiment que leur emploi nuit à leur santé mentale, contre 67 % l’année précédente.
Dans le secteur technologique, la pression est quasi permanente lorsqu’il s’agit d’achever les projets dans des délais serrés, de respecter le cahier des charges du client, d’intégrer les nouvelles exigences qui n’avaient pas été définies au départ toujours en respectant les contraintes d’avant-projet. Ces conditions de travail hautement stressantes et les environnements professionnels de plus en plus toxiques affectent de plus en plus le bien-être des salariés.
Des études publiées ces dernières années révèlent que la santé mentale au travail devient un problème majeur. Selon l'enquête 2025 Mental Health in the Workplace (Santé mentale sur le lieu de travail) menée par Monster auprès de plus de 1 100 travailleurs américains, les employés signalent de plus en plus souvent des environnements toxiques, un mauvais état de bien-être et peu de confiance dans les mesures prises par leurs employeurs pour les aider.
En effet, 80 % des travailleurs déclarent aujourd'hui travailler dans un environnement toxique, contre 67 % en 2024. Plus inquiétant encore, 93 % d'entre eux ont déclaré que leur employeur ne fait pas assez pour soutenir leur santé mentale, ce qui représente une forte augmentation par rapport aux 78 % en 2024.
Les salariés atteignent également un point de rupture : plus de la moitié (57 %) déclarent qu'ils préféreraient démissionner plutôt que de rester dans un environnement de travail toxique. Les conclusions soulignent l'urgence croissante pour les entreprises de considérer le bien-être mental comme une priorité sur le lieu de travail, et non comme une question secondaire. Les experts insistent sur l'importance de l'équilibre entre vie privée et vie professionnelle.
Les causes principales du mal dans les milieux professionnels
Cet environnement difficile a des conséquences importantes sur les travailleurs. Pas moins de 71 % des travailleurs déclarent que leur santé mentale est mauvaise (40 %) ou moyenne (31 %), tandis que seuls 29 % la jugent positive : 20 % la qualifient de bonne et 9 % d'excellente. Les personnes interrogées par Monster citent les situations ou conditions suivantes comme principales causes d'une mauvaise santé mentale au travail :
- culture de travail toxique (59 %) ;
- mauvais manager (54 %);
- manque d'opportunités d'évolution (47 %) ;
- augmentation de la charge de travail (47 %) ;
- pénurie de personnel (33 %).
Parmi ceux qui ont une santé mentale mauvaise ou passable, 51 % affirment que leur bien-être s'améliorerait si leur employeur se débarrassait des employés toxiques. L'American Psychological Association constate également que la santé mentale au travail est l'un des principaux facteurs de rotation du personnel.
Vicki Salemi, experte en carrière chez Monster, affirme que les environnements de travail toxiques peuvent entraîner plus qu'un simple épuisement professionnel. « Les environnements de travail stressants et toxiques ne sont pas seulement mauvais pour les affaires, ils sont également dangereux pour la santé des employés. Nos conclusions montrent que les travailleurs atteignent un point de rupture, privilégiant leur bien-être mental même au détriment des promotions ou des augmentations de salaire ».
Les développeurs sont victimes d'épuisement professionnel
En raison de la pression et des délais serrés dans l'industrie technologique, de nombreux travailleurs de la filière (ingénieurs logiciels, designers, etc.) perdent au fil des années le goût pour le travail, car ils n’arrivent plus à s’adapter aux variations et objectifs de l’entreprise pour laquelle ils travaillent. S’ensuivent alors le manque de confiance en soi et le sentiment d’échec qui constituent des marqueurs du syndrome d’épuisement professionnel.
Selon le rapport The State of Developer Ecosystem 2023 de JetBrains, 73 % des développeurs ont souffert d'épuisement professionnel, ont cessé d'apprendre des programmes ou des cours et près des trois quarts d'entre eux codent pour le plaisir pendant les week-ends. Les victimes de ce trouble mental se sentent plus souvent fatiguées, et 51 % d'entre eux utilisent une application ou un appareil d'autosurveillance pour suivre leurs données de santé.
Bastien Dubuc, Country Manager France chez Avast, a expliqué que l'épuisement professionnel est un état d'épuisement physique, émotionnel et mental lié à une dégradation du rapport d'une personne à son travail. Cet épuisement émotionnel, physique et psychique se traduit pour l’employé par la sensation d'être « vidée de ses ressources », tout en alliant des sentiments négatifs liés au travail et une efficacité au travail réduite en conséquence.
En 2024, une étude a révélé que seul un programmeur sur cinq affirme sans détour être satisfait de son emploi actuel. C’est ce qui ressort de l’édition 2024 du Stack Overflow Developer Survey et de l’analyse de plus de 30 000 réponses de participants mondiaux sur la question particulière de la satisfaction en lien avec leur emploi.
Contribuer au bien-être des salariés dans les organisations
Les conclusions de Monster montrent que la toxicité au travail n’est pas un problème marginal, mais une crise émergente qui affecte la majorité des travailleurs. En 2018, une enquête menée auprès des employés des entreprises technologiques de pointe de Silicon Valley a révélé que 57 % des travailleurs interrogés souffrent d'épuisement professionnel (burnout). Ce syndrome est parfois accompagné d’un sentiment d’échec et une perte de confiance en soi.
L'enquête a été réalisée par l'équipe de Blind, une application de revue anonyme des conditions de travail et de messagerie instantanée utilisée par les employés de nombreuses entreprises technologiques telles que Microsoft (40K + utilisateurs), Amazon (25K + utilisateurs), Google (utilisateurs 10K +), Uber (7K + utilisateurs), LinkedIn (5K + utilisateurs) et Facebook (utilisateurs 5K +). Selon la plateforme, 11 487 utilisateurs avaient répondu à la question.
Le problème semble s'être considérablement aggravé plus de sept ans après. Les experts appellent les entreprises à améliorer le bien-être au travail. Selon la récente l'enquête de Monster, les personnes interrogées ont cité plusieurs façons dont leurs employeurs peuvent soutenir la santé mentale de leurs employés.
Signes de soutien
Pour les travailleurs qui se sentent soutenus par leur employeur :
- 50 % déclarent avoir droit à des congés pour se rendre à des rendez-vous médicaux ou thérapeutiques ;
- 29 % soulignent la générosité des politiques en matière de congés payés ;
- 23 % citent des politiques spécifiques en matière de santé mentale.
Priorités des travailleurs
- 63 % des travailleurs privilégieraient leur bien-être mental plutôt qu'un emploi « dont ils pourraient se vanter » ;
- 43 % des travailleurs refuseraient une promotion et 33 % renonceraient même à une augmentation pour protéger leur santé.
Plutôt que de rester dans un environnement de travail toxique, les travailleurs déclarent qu'ils préféreraient :
- quitter leur emploi (57 %) ;
- être licenciés (42 %) ;
- accepter une baisse de salaire (29 %) ;
- travailler le week-end (23 %) ;
- renoncer à leurs jours de congé pendant un an (14 %).
Tous les travailleurs qui souffrent de troubles mentaux ne sont pas en mesure de jeter l'éponge. Cela est surtout vrai à l'ère du « job hugging » (attachement à son emploi). Mais cela ne change rien au fait que beaucoup aimeraient le faire. Comme le révèle l'enquête, 57 % répondants aimeraient pour quitter leur job.
Conclusion
Les environnements professionnels deviennent de plus en plus toxiques. L'enquête de Monster révèle une forte augmentation d'une année sur l'autre de la culture toxique et de la mauvaise santé mentale des salariés. Cette situation entraîne une détérioration générale du bien‑être des salariés et menace la rétention des talents. De nombreux employés envisagent de quitter leur poste ou de refuser des promotions afin de préserver leur santé mentale.
Les entreprises se trouvent donc face à un double enjeu : améliorer leur environnement de travail pour soutenir leurs équipes tout en maintenant leur performance et leur attractivité. La pression grimpe particulièrement dans le rang des développeurs, alors que les dirigeants exigent le retour au bureau et que l'IA s'immisce dans les processus des entreprises. Les travailleurs talentueux qui ont le choix refusent ces ordres et menacent de démissionner.
La solution est peut-être à portée de main. Selon des études récentes, le travail hybride, qui combine le travail en présentiel et à domicile, présente plusieurs avantages pour la santé mentale des employés. Les travailleurs en mode hybride seraient plus heureux, moins stressés, plus concentrés et plus productifs que ceux qui travaillent uniquement en présentiel ou à distance. Mais cela ne se produit pas dans tous les environnements de travail agiles.
Si votre organisation développe une culture de travail toxique, cela aura des effets psychologiques néfastes sur les employés, quel que soit leur lieu de travail. Dans ce cas, les travailleurs s'exposent à un risque d’isolement et pourraient également subir une augmentation du stress et de la frustration.
Source : Monster
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