Faut-il sevrer les enfants de Wi-Fi à l’école au motif de les protéger de contenus inappropriés ? Oui, d’après des sénateurs qui ont adopté un plan cruel
De blocage des points d’accès Wi-Fi pour les écoliers
Le Sénat américain vient de voter à l'unanimité, contre un programme de la Commission fédérale des communications visant à distribuer des points d'accès Wi-Fi aux écoliers. Les démocrates y voient une mesure cruelle car estiment que le vote des républicains compliquera la tâche des enfants qui n'ont pas d'accès fiable à l'Internet et qui ne peuvent pas faire leurs devoirs. Le tableau n’est pas sans rappeler un appel de l’UNESCO à interdire les smartphones dans les salles de classe au motif de de lutter contre les perturbations en classe, d'améliorer l'apprentissage et de protéger les enfants contre la cybercriminalité.
Le Sénat a voté en faveur de la suppression d'une règle de la Commission fédérale des communications (FCC) qui utilisait des fonds fédéraux pour couvrir les points d'accès Wi-Fi pouvant être utilisés en dehors des écoles et des bibliothèques.Senate Republicans just passed a partisan resolution that strips students and educators of the tools they need to succeed – threatening Wi-Fi hotspots for millions of Americans.
— Senator Ben Ray Luján (@SenatorLujan) May 8, 2025
When we should be increasing connectivity, Senate Republicans are working to limit it. Grateful to… pic.twitter.com/ZHh24p7jbK
Le programme, mis en œuvre pour la première fois par l'ancienne présidente de la FCC, Jessica Rosenworcel, utilisait des fonds provenant du programme fédéral E-Rate, d'une valeur de 2,6 milliards de dollars, pour permettre aux écoles et aux bibliothèques de fournir des points d'accès Wi-Fi gratuits aux enfants et aux autres personnes n'ayant pas ou peu d'accès à l'internet à la maison.
Comme le note Policyband, avant le vote de procédure du Sénat qui a abouti hier à l'adoption de la mesure, le chef de la majorité sénatoriale, John Thune (R-SD), a déclaré que la règle « viole la loi sur les communications, qui limite clairement l'utilisation des fonds en question aux salles de classe et aux bibliothèques ».
Dans une déclaration faite l'année dernière, Mme Rosenworcel a contesté le fait que la loi ne permette pas le prêt de points d'accès (hotspots). Citant les problèmes d'apprentissage à distance mis en évidence par la pandémie de grippe aviaire, Mme Rosenworcel a écrit que si l'E-Rate avait remporté un succès retentissant en connectant les écoles et les bibliothèques, il devait être modernisé afin que les écoles et les bibliothèques puissent « prêter des points d'accès Wi-Fi pour soutenir l'accès à l'internet à haut débit dans l'Amérique rurale, l'Amérique urbaine et tout ce qui se trouve entre les deux ». Elle a précisé que ce changement pouvait être réalisé « dans le cadre du budget E-Rate existant ».
La FCC sous la présidence de Brendan Carr, qui s'est opposé au programme de prêt de hotspots, s'est vigoureusement retirée des programmes de protection des consommateurs et s'est transformée en bras de censure de facto de l'administration Trump. Les membres du GOP au Congrès se sont efforcés de supprimer les subventions qui contribuent à accroître l'accès à l'internet aux États-Unis, comme le programme de connectivité abordable de la FCC, au nom de la réduction des dépenses. Citant une étude récente réalisée en mars, TechDirt a écrit que « les 7 à 8 milliards de dollars de coûts annuels du programme pour les contribuables ont généré entre 28,9 et 29,5 milliards de dollars d'économies grâce à l'élargissement de l'accès à l'internet abordable et aux services de télésanté à distance. »
Dans une déclaration publiée après le vote, la commissaire de la FCC Anna Gomez, qui avait été nommée par l'ancien président Joe Biden, a déclaré que ce vote allait exacerber les disparités économiques. « Ceux qui disposent d'un accès suffisant à l'internet sont de plus en plus séparés de ceux qui n'en ont pas, et cette décision risque d'élargir encore ce fossé », a déclaré Mme Gomez.
L’UNESCO a de même appelé les écoles du monde entier à interdire les smartphones dans les salles de classe au motif de lutter contre les perturbations en classe, d'améliorer l'apprentissage et de protéger les enfants contre la cybercriminalité
Le rapport paru à mi-parcours de l’année 2023 met en garde contre l'utilisation excessive des téléphones portables dans les écoles. Il en ressort que les avantages que les smartphones et les ordinateurs dans l'éducation apportent disparaissent lorsqu'ils sont utilisées à l'excès ou sans les conseils d'un enseignant. Il souligne que le simple fait d'être à proximité d'un smartphone est lié à la distraction des élèves en classe, ce qui se traduit par une baisse de leurs performances. Ainsi, l'UNESCO recommande d'interdire les smartphones dans les écoles afin de lutter contre les perturbations en classe, d'améliorer l'apprentissage et de protéger les enfants contre la cyberintimidation.
L'UNESCO a déclaré que son appel à l'interdiction des smartphones envoyait un message clair : « la technologie numérique dans son ensemble, y compris l'IA, devrait toujours être subordonnée à une vision centrée sur l'humain de l'éducation et ne jamais supplanter l'interaction en face à face avec les enseignants. Il faut privilégier les besoins de l'apprenant et soutenir les enseignants. Les connexions en ligne ne remplacent pas l'interaction humaine ». L'agence met en garde contre l'adoption irréfléchie de la technologie numérique, affirmant que son impact positif sur les résultats d'apprentissage et l'efficacité économique pouvait être surestimé.
Et vous ?
Pour ou contre le sevrage des écoliers de Wi-Fi au motif de les protéger contre des contenus inappropriés ?
Pour ou contre l’interdiction des smartphones à l’école ?
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