La Californie, propulsée par ses géants technologiques de la Silicon Valley, dépasse le Japon et devient la quatrième économie mondiale
mais cette prospérité est menacée par les droits de douane de Trump
Le gouverneur de la Californie, Gavin Newsom, a annoncé que le PIB nominal de l'État a atteint 4 100 milliards de dollars, devançant le PIB nominal du Japon, qui s'élève à 4 020 milliards de dollars. La Californie se classe désormais derrière les États-Unis (29 180 milliards de dollars), la Chine (18 740 milliards de dollars) et l'Allemagne (4 650 milliards de dollars). Elle est propulsée notamment par la Silicon Valley, un pôle mondial de l'innovation technologique qui abrite les géants d'Internet et du matériel tels que Meta, Apple, Google, Oracle, Nvidia, Broadcom... Mais cette prospérité est menacée par les droits de douane radicaux du président Donald Trump.
« La Californie ne se contente pas de suivre le rythme du monde, elle le donne. Notre économie est florissante parce que nous investissons dans les personnes, que nous donnons la priorité au développement durable et que nous croyons au pouvoir de l'innovation », affirme le gouverneur Gavin Newsom dans un communiqué annonçant le classement le 23 avril. Le PIB de la Californie a augmenté plus rapidement que celui de ses devanciers en 2024.
En 2024, le PIB nominal de la Californie a atteint à 4 100 milliards de dollars. Il a augmenté de 6 % en 2024, contre 5,3 % pour l'ensemble de l'économie américaine, 2,6 % pour la Chine et 2,9 % pour l'Allemagne. Le dynamisme des secteurs économiques et la productivité ont alimenté la croissance de l'État.
La Californie reste un leader dans des secteurs tels que la technologie, la production manufacturière et l'agriculture aux États-Unis. La Californie abrite la Silicon Valley, un pôle incontournable de l'innovation technologique. Des entreprises majeures telles qu'Apple, Alphabet (la société mère de Google), Nvidia, et Meta (anciennement Facebook) y ont leur siège. Ces sociétés génèrent des revenus colossaux et ont une influence significative sur l'économie mondiale.
Selon un rapport publié en juin et commandé par la Fondation californienne pour le commerce et l'éducation, le secteur technologique emploie environ 20 % de la main-d'œuvre californienne, ce qui représente une proportion considérable comparée à d'autres États américains. Cette concentration d'emplois hautement qualifiés contribue à la robustesse économique de l'État. Mais il faut souligner que la Silicon Valley fait face actuellement à quelques difficultés.
La Californie est également un leader en matière de recherche et développement. Elle accueille certaines des institutions éducatives les plus prestigieuses au monde comme l'Université de Stanford et l'Université de Californie, qui collaborent étroitement avec l'industrie technologique pour favoriser l'innovation. Grâce à son écosystème technologique dynamique, la Californie attire des investissements internationaux et exporte des technologies de pointe.
Les milliardaires de la Silicon Valley semblent s'être trompés sur Donald Trump
La Silicon Valley a massivement Donald Trump lors de l'élection de 2024, malgré les signaux évidents des risques autoritaires et économiques qu'il représentait. Ce revirement idéologique, motivé par des intérêts financiers (déréglementation, fiscalité avantageuse) et des griefs culturels (anti-wokisme), révèle une profonde dissonance entre les prétentions progressistes de ces élites technologiques et leur alignement avec un agenda politique régressif.
Les arguments avancés par des figures de premier plan comme Marc Andreessen et Ben Horowitz, notamment la croissance économique et la suprématie technologique face à la Chine, se sont effondrés face à la réalité : politiques commerciales désastreuses, coupes budgétaires dans la recherche, et expulsion des talents étrangers. Plutôt que d’accélérer l’innovation, Donald Trump a exacerbé les fractures économiques et affaibli la position géopolitique des États-Unis.
Plusieurs milliardaires de la technologie ont fait des dons pour son investiture et ont assisté à la cérémonie. Cela fait 100 jours que Donald Trump a prêté serment et certains de ces patrons de la Silicon Valley restent à ses côtés. Pourtant, beaucoup de choses ont changé depuis le jour de l'investiture.
En raison des politiques tarifaires agressives de Donald Trump, les milliardaires de la technologie qui l'ont soutenu ont vu leur valeur nette et la valeur des actions des entreprises qu'ils dirigent dégringoler. Les droits de douane de Donald Trump et ses politiques illisibles ont créé des incertitudes dans le rang des investisseurs. Résultat, pendant plusieurs semaines, les marchés ont plongé, les valeurs technologiques faisant partie des actions les plus touchées.
Elon Musk, Jeff Bezos, Mark Zuckerberg et Jensen Huang ont tous apporté leur soutien à Donald Trump dans le cadre de son second mandat. Ensemble, ces quatre milliardaires de la technologie ont perdu plus de 194 milliards de dollars au cours de ses 100 premiers jours de la présidence de Donald Trump.
La Californie dénonce les droits de douane radicaux du président Donald Trump
Donald Trump a imposé des droits de douane à presque tous les pays du monde lors d'un événement (« Liberation Day ») organisé à la Maison Blanche le 2 avril. Le 5 avril, un tarif universel de 10 % sur toutes les importations aux États-Unis est entré en vigueur, mais la Chine et d'autres pays se sont vus imposer des taxes très élevées pour différentes raisons. Par exemple, les produits chinois sont soumis à des droits de douane pouvant aller jusqu'à 145 %.
Le gouverneur de la Californie, Gavin Newsom, a prévenu que les prouesses économiques de l'État sont menacées par « les politiques tarifaires inconsidérées de l'administration fédérale ». Il a mis en garde contre les retombées de la politique tarifaire agressive et poursuit l'administration Trump en justice.
Pour Donald Trump, toute la production peut être rapatriée aux États-Unis, ce qui réduirait les risques en matière de sécurité nationale. Mais les analystes ont alerté que les droits de douane sur les importations chinoises pourraient avoir des effets extrêmement négatifs sur l'industrie technologique américaine.Envoyé par Communiqué de presse du bureau du gouverneur Gavin Newsom
Selon Gavin Newsom, plus de 36 000 sociétés manufacturières californiennes emploient plus de 1,1 million de personnes et elles pourraient être touchées de manière disproportionnée par cette mesure. Et selon Rockefeller Institute of Government, l'État verse 83 milliards de dollars de plus en impôts fédéraux qu'il ne reçoit d'aides fédérales. La Californie poursuit l'administration Trump pour mettre fin à ses politiques tarifaires qui menacent l'économie du pays.
Ces politiques ont provoqué une baisse significative des actions technologiques américaines. Les produits les plus menacés sont les composants électroniques et les appareils connectés. Ainsi, le 11 avril, la Maison Blanche a annoncé des exemptions sur les importations de produits électroniques fabriqués en Chine. Les disques durs, les puces mémoires, les écrans plats de télévision et les semiconducteurs figurent également parmi les composants exemptés.
Un iPhone entièrement fabriqué aux États-Unis pourrait coûter 3 fois plus cher
Le président américain Donald Trump et ses responsables économiques ont promis que, grâce aux droits de douane, de nombreux emplois manufacturiers seraient finalement réimplantés aux États-Unis, ce qui permettrait d'employer des millions d'Américains. Mais Dan Ives, responsable mondial de la recherche technologique pour la société de services financiers Wedbush Securities, a déclaré à Erin Burnett, de CNN, que cette idée est une « utopie ».
Ce plan pourrait rendre le smartphone beaucoup plus cher pour les Américains. Par exemple, le prix d'un iPhone pourrait grimper jusqu'à environ 3 500 $ s'il était fabriqué aux États-Unis, car il serait nécessaire de reproduire l'écosystème de production très complexe qui existe actuellement en Asie.
Un iPhone coûte actuellement environ 1 000 $. Cette hausse considérable des prix serait due au coût élevé de la construction et de l'entretien d'usines de pointe aux États-Unis. La Chine a mis des dizaines d'années à construire ses infrastructures industrielles de pointe et une chaîne d'approvisionnement intégrée. Apple prévoit d'investir plus 500 milliards de dollars aux États-Unis, mais les analystes estiment que cet investissement louable reste insuffisant.
La fabrication et l'assemblage des pièces de smartphones se sont déplacés vers l'Asie il y a des décennies, les entreprises américaines s'étant concentrées sur le développement de logiciels et la conception de produits, qui génèrent des marges bénéficiaires beaucoup plus importantes. Cette évolution a contribué à faire d'Apple l'une des entreprises les plus précieuses au monde et à consolider sa position de plus grand fabricant de smartphones au monde.
« Vous construisez cette (chaîne d'approvisionnement) aux États-Unis avec une usine en Virginie-Occidentale et dans le New Jersey. Ce seront des iPhone à 3 500 dollars », a déclaré Dan Ives, en faisant référence aux installations de production de haute technologie où sont normalement fabriquées les puces informatiques qui alimentent les appareils électroniques. Selon les analystes, les droits de douane de Donald Trump menacent directement l'empire d'Apple.
L'Union européenne envisage une riposte ciblée contre les Big Tech américains
En réponse aux droits de douane de Donald Trump, l'Union européenne envisage des mesures de rétorsion ciblant spécifiquement les géants technologiques américains. Selon les responsables européens, cette stratégie reflète la volonté du bloc des 27 de diversifier ses contre-mesures au-delà des produits manufacturés, en incluant notamment les services numériques dominés par des entreprises telles que Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft.
La riposte de l'UE pourrait offrir un terrain favorable à l'émergence de solutions locales. Si l'accès des Big Tech américains est restreint ou plus réglementé, des entreprises européennes de taille intermédiaire pourraient renforcer leur position sur des segments comme l'hébergement souverain, les moteurs de recherche alternatifs ou les plateformes open source. Il existe toutefois un risque de fragmentation et d'instabilité sur le plan réglementaire.
Cette escalade réactive un débat de fond sur la souveraineté numérique de l'Europe. Pour les professionnels du numérique, il ne s’agit plus simplement de choisir des outils performants, mais de composer avec un environnement géopolitique instable, où les choix technologiques peuvent devenir des enjeux stratégiques.
Donald Trump a déclaré qu'il ne laisserait pas l'UE profiter des entreprises américaines. En attendant d'en arriver là, la Commission européenne a déclaré au début du mois qu'elle a proposé un accord tarifaire « zéro pour zéro » afin d'éviter une guerre commerciale avec Donald Trump. (Les ministres de l'UE ont convenu de donner la priorité aux négociations, tout en ripostant avec des droits de douane de 25 % sur certaines importations américaines.)
Source : communiqué de presse du bureau du gouverneur de Californie, Gavin Newsom
Et vous ?
Quel est votre avis sur le sujet ?
Que pensez-vous des prouesses de l'économie californienne ?
Quid des plaintes du gouvernement de Californie au sujet des droits de douane de Donald Trump ?
Voir aussi
Trump chercherait « désespérément » à conclure un accord avec la Chine au sujet des droits de douane qui menacent l'industrie technologique américaine, qui est dépendante des composants électroniques chinois
Donald Trump admet son erreur en exemptant les smartphones et les ordinateurs des droits de douanes exorbitants contre la Chine, comprenant que les USA sont incapables de les fabriquer
Quand la guerre des tarifs douaniers devient numérique : la France envisage des mesures de rétorsion contre les grandes entreprises tech américaines, projetant de réglementer plus strictement les données
Partager