« Je refuse de connecter mon lave-vaisselle à ton stupide Cloud » : Jeff Geerling prend position contre la connectivité Cloud contraignante
de nos appareils du quotidien
L'Internet des objets (IdO) est en pleine expansion, transformant notre quotidien avec des objets connectés qui vont des réfrigérateurs intelligents aux thermostats automatiques, en passant par des lave-vaisselles connectés. Mais derrière l'attrait de ces gadgets modernes, une question essentielle se pose : pourquoi devrions-nous connecter chaque appareil de notre maison à internet, et surtout à des serveurs externes ? C’est précisément cette interrogation qui a poussé un utilisateur a nous livrer une réflexion critique sur l'IdO et la tendance croissante des fabricants à connecter des appareils ménagers à des services cloud.
Dans I Won't Connect My Dishwasher To Your Stupid Cloud, Jeff Geerling nous livre une réflexion critique sur l'Internet des objets et la tendance croissante des fabricants à connecter des appareils ménagers à des services cloud. Après avoir remplacé son vieux lave-vaisselle GE défectueux par un modèle Bosch 500 Series, Geerling s'est retrouvé confronté à une exigence surprenante : pour utiliser certaines fonctionnalités de l'appareil, comme le cycle de rinçage ou l'éco-mode, il fallait télécharger une application et connecter l'appareil au Wi-Fi.
Geerling exprime son mécontentement vis-à-vis de cette tendance, soulignant que des fonctionnalités qui étaient auparavant accessibles directement via le panneau de contrôle de l'appareil sont désormais bloquées derrière un service cloud. Selon lui, cela illustre la tendance à la planned obsolescence, où les appareils sont conçus pour ne plus être fonctionnels ou pour devenir obsolètes plus rapidement, incitant ainsi les consommateurs à acheter de nouveaux produits.
L'auteur dénonce également la pratique de rendre ces fonctionnalités disponibles uniquement via des applications et services externes, ce qui semble déconnecté de l'usage traditionnel et fonctionnel de l'appareil. Il soulève des questions sur la sécurité des données personnelles, la dépendance à des services externes pour des tâches simples et la question du coût des services de cloud computing, qui peuvent à terme entraîner des frais supplémentaires pour les consommateurs.Envoyé par Jeff Geerling
Geerling conclut qu'il refuse d'accepter cette évolution et plaide pour une plus grande autonomie des appareils, soulignant l'importance de garder des contrôles locaux et accessibles sans avoir à passer par des plateformes cloud. Pour lui, il est essentiel que les consommateurs résistent à cette "cloudification" excessive de leurs appareils du quotidien.
L'appel à la résistance
Le refus de connecter des appareils à des plateformes en ligne a émergé comme une forme de résistance face à une société toujours plus interconnectée. L'expression en question symbolise un rejet du modèle de "cloudification" des appareils domestiques. Ce modèle consiste à connecter des objets du quotidien à internet, permettant aux entreprises de collecter des données sur les utilisateurs, de mettre à jour les appareils à distance, et parfois même de vendre des services supplémentaires.
Mais ce système n'est pas sans ses inconvénients. L’un des arguments majeurs contre cette tendance est la question de la vie privée. De nombreux utilisateurs ne sont pas pleinement conscients des données collectées par ces appareils, qui peuvent inclure des informations personnelles sensibles. Par exemple, un lave-vaisselle connecté peut transmettre des informations sur les habitudes de consommation d’eau et d’énergie de l’utilisateur, voire d’autres détails sur son emploi du temps.
Le Cloud et la sécurité
L’argument de la sécurité est également central dans ce débat. Les appareils connectés sont vulnérables aux cyberattaques. Le "cloud", qui est essentiellement un ensemble de serveurs distants utilisés pour stocker des données et exécuter des processus, est un terrain de jeu privilégié pour les pirates. En connectant un lave-vaisselle, une caméra de sécurité ou même un thermostat au cloud, nous ouvrons une porte d'entrée potentielle à ces menaces. Et même si de nombreuses entreprises affirment que les données sont chiffrées et sécurisées, l'histoire récente nous montre que des failles de sécurité existent toujours. Les brèches de données dans des entreprises comme Facebook ou même des géants de la technologie comme Google ont montré que la sécurité des données personnelles reste un défi majeur.
L'argument de l’obsolescence programmée
Derrière cette opposition se cache également une critique de l’obsolescence programmée. De nombreux consommateurs s'inquiètent du fait que l'ajout de la connectivité internet à un appareil comme un lave-vaisselle puisse accélérer sa dégradation. Lorsqu'un appareil devient obsolète en ligne, par exemple en raison de la fin de son support logiciel ou de mises à jour qui cessent, il perd de sa fonctionnalité, ou pire, il devient inutilisable. Ce phénomène est particulièrement préoccupant pour les appareils qui ne sont plus pris en charge après quelques années, une situation qui se présente de plus en plus avec les objets connectés. Il devient alors difficile, voire impossible, de réparer ou de maintenir l’appareil sans recourir à des services supplémentaires, souvent coûteux, voire inaccessibles.
Le respect de la vie privée et la décentralisation des données
Le refus de connecter des objets au cloud relève également d'un désir de préservation de la vie privée et de contrôle sur ses propres données. L’une des critiques majeures de l’IdO est la centralisation des données personnelles dans les mains d’un petit nombre d’entreprises qui détiennent ces informations et les utilisent pour leurs propres fins commerciales, telles que le ciblage publicitaire ou la création de profils détaillés. En refusant cette connectivité, les consommateurs cherchent à garder un contrôle direct sur leurs données, en rejetant l’idée que des entreprises extérieures puissent avoir accès à des informations privées sans leur consentement explicite.
La décentralisation des données, comme alternative, est une solution que beaucoup préconisent. Dans ce modèle, les appareils pourraient fonctionner de manière autonome, avec des données stockées localement sur des dispositifs personnels comme des serveurs domestiques ou des réseaux privés. Ce système pourrait permettre de conserver la sécurité des informations tout en réduisant les risques d’intrusion. Il ouvrirait également la voie à une consommation plus responsable et durable des objets connectés.
L'avenir des appareils connectés
Si l’Internet des objets semble irréversible, il est encore possible d’imaginer un avenir où les consommateurs garderont un pouvoir de contrôle plus important sur leurs appareils et leurs données. Les entreprises pourraient offrir des solutions plus transparentes et sécurisées, où les utilisateurs pourraient choisir de ne pas connecter leur lave-vaisselle (ou tout autre appareil) au cloud. Cela inclurait des options de désactivation du cloud ou de stockage local des données, ainsi que des garanties sur la durée de vie des produits et le soutien continu.
L’acceptation des objets connectés dépendra probablement de l’évolution de la législation et des attitudes sociétales à l’égard de la vie privée et de la sécurité des données. Dans ce contexte, des labels de certification, une meilleure transparence des pratiques des entreprises, et une réglementation plus stricte sur la collecte de données pourraient jouer un rôle clé dans la définition des standards de l'IoT pour les années à venir.
Conclusion
Le refus de connecter des appareils comme un lave-vaisselle au cloud n'est pas seulement un caprice technologique, mais une prise de position sur la gestion des données personnelles, la sécurité, et la durabilité des objets. Il incarne un appel à la responsabilité dans la conception des objets du quotidien, à une meilleure gestion des données et à un respect plus grand de la vie privée des utilisateurs. Face à un futur où tout semble connecté, la question que pose "I Won't Connect My Dishwasher To Your Stupid Cloud" est d'autant plus pertinente : devons-nous accepter de sacrifier nos libertés et notre autonomie au nom de la commodité technologique ?
Source : billet Jeff Geerling
Et vous ?
La connectivité cloud des appareils ménagers est-elle vraiment nécessaire pour améliorer l'expérience utilisateur ? Peut-on imaginer un modèle où les appareils restent fonctionnels sans avoir besoin d'une connexion Internet constante ?
Quels sont les risques réels associés à la collecte et au stockage de données personnelles par les fabricants d'appareils connectés ? Jusqu'où peut-on accepter que nos données personnelles soient collectées et utilisées par des entreprises tiers ?
L'Internet des objets pourrait-il encourager la consommation durable, ou mène-t-il plutôt à l'obsolescence programmée des produits ? Est-ce que la mise à jour constante des appareils via le cloud contribue à leur durée de vie ou accélère leur remplacement ?
Les entreprises devraient-elles être tenues légalement responsables si des appareils connectés compromettent la sécurité des données personnelles des utilisateurs ? Comment peut-on garantir que les données collectées par ces appareils sont protégées de manière adéquate contre les cyberattaques ?
La connectivité des appareils ménagers à des services cloud pourrait-elle être bénéfique dans certains cas ? Par exemple, pour des fonctionnalités de maintenance à distance ou des mises à jour de sécurité ? Y a-t-il des situations où le cloud pourrait réellement améliorer l'utilisation d'un appareil tout en respectant la vie privée de l'utilisateur ?
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