Les détracteurs du Rust s’unissent autour de l’initiative Fil-C : Une implémentation sécurisée des langages C et C++
Destinée à redonner au langage C sa grandeur
Le langage C est de plus en plus sujet à controverse comme en témoigne la situation tendue dans la communauté de développement du noyau Linux : les principaux mainteneurs sont des habitués du langage C et refusent de porter le code existant en C ou de passer du temps pour aider d’autres contributeurs à le porter en Rust. En toile de fond, c’est la question de savoir si le langage C a besoin d’un remplaçant dans la filière de la programmation système qui est au centre des débats. C’est la raison de l’apparition d’implémentation dites sécurisées du langage C comme Fil-C.
« Les langages de programmation C et C++ sont merveilleux. Il existe une tonne de codes écrits dans ces deux langages. Mais le C et le C++ sont des langages peu sûrs. De simples erreurs de logique peuvent amener un attaquant à contrôler la zone mémoire un pointeur et ce qui y est écrit, ce qui ouvre la voie à une exploitation facile. Beaucoup d'autres langages (Rust, Java, etc.) n'ont pas ce problème ! Mais j'aime le C. Et j'aime presque autant le C++. J'ai grandi avec eux. C'est une telle joie pour moi de d'utiliser les deux ! C'est pourquoi, pendant mon temps libre, j'ai décidé de créer mes propres langages C et C++ à mémoire sécurisée. Il s'agit d'un projet personnel et d'une expression de mon amour pour le C. Fil-C introduit la sécurité de la mémoire au cœur du C et du C++ », souligne Filip Pizlo de Epic Games.
« Le projet vise une compatibilité à 100 % avec C et C++. Il suffit de compiler son code avec le compilateur pour obtenir du code sécurisé », d’après Pizlo. Ce dernier reconnaît néanmoins que « le principal obstacle à l'utilisation de Fil-C en production est la vitesse. Fil-C est actuellement environ 1,5 à 5 fois plus lent que le C traditionnel. »
L’initiative fait surface dans un contexte de multiplications des appels au passage à des langages de programmation dits sécurisés et Rust s’impose au point d’être adopté pour lé développement du noyau Linux
Linus Torvalds lui-même est pourtant d’avis que le langage Rust est une solution d’avenir pour le développement du noyau. Il considère la prise en charge de Rust pour le développement du noyau Linux comme une « une étape importante vers la capacité d'écrire les pilotes dans un langage plus sûr. » Rust de Mozilla Research est le type de langage de programmation auquel ceux qui écrivent du code pour des systèmes d’entrée/sortie de base (BIOS), des chargeurs d’amorce, des systèmes d’exploitation, etc. portent un intérêt. D’avis d’observateurs avertis, c’est le futur de la programmation système en lieu et place du langage C. En effet, des experts sont d’avis qu’il offre de meilleures garanties de sécurisation des logiciels que le couple C/C++. Chez AWS on précise que choisir Rust pour ses projets de développement c’est ajouter l’efficacité énergétique et la performance d’exécution du C à l’atout sécurité.
En effet, il y a une liste de griefs qui reviennent à l’encontre du langage C : les problèmes liés à la gestion de la mémoire – dépassements de mémoire tampon, allocations non libérées, accès à des zones mémoire invalides ou libérées, etc. D’après les chiffres du dictionnaire Common Vulnerabilities and Exposure (CVE), 15,9 % des 2288 vulnérabilités qui ont affecté le noyau Linux en 20 ans sont liées à des dépassements de mémoire tampon.
De plus, certains benchmarks suggèrent que les applications Rust sont plus rapides que leurs équivalents en langage C. Et c’est justement pour ces atouts que sont la parité en termes de vitesse d’exécution en comparaison avec le C, mais surtout pour la sécurisation et la fiabilité que de plus en plus d’acteurs de la filière du développement informatique recommandent le Rust plutôt que le C ou le C++.
Ainsi, en adoptant Rust, la communauté autour du noyau Linux devrait mettre à profit ces atouts du langage sur le C. Et elle devrait faire d’une pierre deux coups étant donné que Rust peut faciliter l’arrivée de nouveaux contributeurs. C’est en tout cas ce que laisse entrevoir une étude de l’université de Waterloo.
Source : GitHub du projet
Et vous ?
Que pensez-vous de cette multiplication d’implémentations dites sécurisées du langage C ?
Pourquoi le langage C pourrait encore avoir de longues années devant lui ? Simple résistance au changement ?
Le C a-t-il vraiment besoin d’un remplaçant en matière de programmation système ?
Le problème avec le C n’est-il pas plutôt le mauvais usage que certains développeurs en font ?
Voir aussi :
Programmation : une étude révèle les langages les plus voraces en énergie, Perl, Python et Ruby en tête, C, Rust et C++, les langages les plus verts
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