Ce que signifie la victoire de Donald Trump pour les géants de la technologie tels que Google, Apple et Microsoft :
un potentiel assouplissement des réglementations face à la montée des menaces antitrust
Donald Trump a bénéficié d'un large soutien de la Silicon Valley lors de sa campagne électorale et sa victoire pourrait avoir un impact important sur le secteur américain de la technologie. L'enjeu est de taille pour le secteur. La réglementation sur l'IA est susceptible de changer, les visas H-1B pourraient être affectés, le secteur des cryptomonnaies pourrait bénéficier d'une réglementation plus souple que prévu et la manière dont Donald Trump traitera la Chine déterminera l'avenir à court de l'industrie des semiconducteurs. Toutefois, les analystes pensent que les grandes affaires antitrust déclenchées sous l'administration Biden ne devraient pas être affectées.
Donald Trump est de retour à la Maison Blanche. Et le monde de la technologie attend de voir ce que sa nouvelle administration signifiera pour des questions clés telles que la réglementation de l'IA, les visas H-1B, les questions antitrust et les fusions et acquisitions. Donald Trump a tendance à prendre des décisions surprenantes et souvent erratiques, avec des impacts importants. Des traits qu'il semble partager avec Elon Musk, son principal allié dans sa réélection.
Donald Trump a exprimé des opinions sur une variété de sujets technologiques importants, et il est également raisonnable de prendre en compte les opinions et les motivations d'Elon Musk, qui a reçu les éloges du nouveau président des États-Unis. « Elon est un homme extraordinaire », a déclaré Donald Trump après sa victoire. Voici ci-dessous comment le second mandat de Donald Trump pourrait affecter les grandes entreprises technologiques :
Intelligence artificielle : évolution probable sous Donald Trump
Donald Trump n'a pas donné beaucoup de détails sur les politiques qu'il entend mener en matière d'IA, bien qu'il ait qualifié la technologie de « très dangereuse » après avoir publié des images générées par l'IA de « Swifties for Trump ». « Nous pensons que Trump serait plus souple et que Harris serait plus directe », a expliqué Dan Romanoff, analyste principal de la recherche sur les actions chez Morningstar, à propos de la réglementation américaine en matière d'IA.
Donald Trump a notamment promis d'annuler le décret de Joe Biden sur l'IA, qui définit « des politiques en matière de gouvernance de l'IA, de promotion de la concurrence et de lutte contre les menaces liées à l'IA ».Donald Trump avait déclaré que ce décret remettait en cause la liberté d'expression et pouvait ralentir l'évolution du secteur. Certains analystes affirment que l'abrogation du décret de Joe Biden serait un résultat mitigé pour les entreprises technologiques.
« Je pense que c'est à double tranchant dans un sens où, bien sûr, moins de réglementation, moins de rapports, moins d'obstacles bureaucratiques à franchir, c'est très bien », a déclaré Valerie Wirtschafter, chargée de recherche à la Brookings Institution's Foreign Policy, Artificial Intelligence and Emerging Technology Initiative. Valerie Wirtschafter a également déclaré que l'annulation du décret pris par l'administration Biden pourrait s'avérer être une bonne initiative.
Des observateurs craignent une déréglementation du secteur
Donald Trump n'est pas un adepte de la réglementation des entreprises d'IA, et il en va de même pour ses soutiens, comme Marc Andreessen. « Je crains que sa réélection ne conduise à une déréglementation accrue du secteur de la technologie, ce qui aura un impact préjudiciable sur les droits de l'homme dans le monde entier », a déclaré la professeur Sandra Wachter de l'Oxford Internet Institute, une figure de proue dans l'étude de la technologie et de la réglementation.
Elon Musk, le principal allié de Donald Trump, se considère comme un « libertarien » et s'affiche comme un fervent la liberté d'expression. Toutefois, ses détracteurs affirment que sa notion de la liberté d'expression est à géométrie variable et Elon Musk est également accusé d'avoir laissé X (ex-Twitter) se transformer en un bastion pour les personnes qui propagent l'idéologie nazie, les discours antisémites et de nombreux autres types de discours haineux en ligne.Envoyé par Sandra Wachter
Certains analystes craignent en effet que l'influence d'Elon Musk sur Donald Trump conduise à une réglementation laxiste sur ces sujets sensibles. Dans le même temps, d'autres personnes partageant les idées d'Elon Musk accusent l'administration Biden d'avoir pris des mesures restreignant la liberté d'expression.
OpenAI pourrait faire face à des défis avec le duo Trump-Musk
Selon certains analystes, dans le domaine de l'IA, ainsi que dans les domaines des véhicules électriques, des vols spatiaux et des biotechnologies, Elon Musk devrait se révéler influent. Donald Trump aurait l'intention de confier à Elon Musk la réorganisation du gouvernement américain, ce qui pourrait offrir des opportunités à la startup xAI d'Elon Musk et à ses autres entreprises. Le cours de l'action Tesla a bondi de plus de 10 % en réaction au résultat de l'élection.
La querelle d'Elon Musk avec OpenAI pourrait également désavantager cette entreprise, bien que le gendre de Donald Trump, Jared Kushner, soit le frère de Josh Kushner, dont la société Thrive Capital est un investisseur majeur et de longue date d'OpenAI. Jared Kushner a vendu sa participation dans Thrive au cours de la première administration Trump, dans laquelle il a joué un rôle. Les alliés de Donald Trump ne semblent pas avoir en estime le fabricant de ChatGPT.
La fille de Donald Trump, Ivanka Trump, partage les opinions de l'ancien chercheur d'OpenAI, Leopold Aschenbrenner, qui a mis en garde contre les lacunes en matière de sécurité à OpenAI et dans d'autres laboratoires d'IA de premier plan. Leopold Aschenbrenner pense que l'intelligence artificielle générale (AGI) émergera dans les prochaines années et a appelé à un effort américain semblable au projet Manhattan pour développer l'AGI avant que la Chine ne le fasse.
Affaires antitrust : Donald Trump a en ligne de mire l'empire Meta
Lors de sa campagne électorale, Donald Trump a menacé certaines entreprises technologiques de représailles, y compris d'emprisonner Mark Zuckerberg, PDG de Meta. Donald Trump a en effet menacé d'emprisonner les « fraudeurs électoraux », dont Mark Zuckerberg qui a une longue histoire avec le président ; l'on ignore si ce dernier mettra ses menaces à exécution. Cette année, le PDG de Meta a reconnu la censure effectuée par Facebook pendant la crise de Covid.
Mark Zuckerberg a reconnu avoir cédé aux pressions de censure du gouvernement Biden durant la pandémie de Covid-19. L'administration Biden aurait fait pression sur Facebook, propriété de Meta, pour censurer des contenus liés à la pandémie de Covid-19, y compris des contenus humoristiques et satiriques. Mark Zuckerberg a déclaré que la Maison Blanche exprimait « beaucoup de frustration » lorsque son entreprise ne se pliait pas aux exigences des autorités.
Des analyses suggèrent que certaines des affaires antitrust les plus importantes en cours devraient se poursuivre et pourraient représenter des défis importants pour les entreprises concernées. L'une d'entre elles est une affaire lancée contre Meta sous la première administration Trump. Cette action antitrust pourrait théoriquement conduire à l'annulation des acquisitions d'Instagram et de WhatsApp. Les critiques affirment que ces acquisitions sont anticoncurrentielles.
Cette année, Donald Trump a déclaré que Facebook est « un ennemi du peuple ». Par la suite, alors que de nombreux dirigeants de la Silicon Valley apportaient leur soutien à Donald Trump pendant la campagne présidentielle, Mark Zuckerberg a, quant à lui, fait tout son possible pour paraître neutre pendant l'élection.
L'étau pourrait aussi se resserrer autour de Amazon et Google
Selon certains analystes, la chose la plus probable qui se produira en janvier sera la révocation de Lina Khan, présidente de la Federal Trade Commission (FTC), qui applique les lois antitrust des États-Unis. Lina Khan, nommée par Joe Biden, a apporté à l'agence une interprétation radicale de la législation antitrust. Lina Khan s'est fait connaître par un article critique à l'égard d'Amazon et s'est montrée exceptionnellement agressive dans l'application de la loi antitrust.
Les Big Tech et autres mégacorporations s'en plaignent, et Elon Musk a demandé son renvoi. (Le mandat de Lina Khan en tant que présidente de la FTC a officiellement pris fin le 26 septembre 2024, mais les présidents de commission peuvent continuer à exercer leurs fonctions jusqu'à ce que le président nomme un remplaçant qui sera confirmé par le Sénat). De nombreux analystes s'accordent à dire que l'administration Trump 2.0 ne devrait pas compter sur elle.
Toutefois, ils estiment que les actions antitrust en cours ne devraient pas connaître une baisse d'intensité. La première administration Trump a poursuivi Google pour monopole présumé sur les moteurs de recherche, ce qui a abouti cette année à une décision historique contre la société. Le ministère américain de la Justice envisage de faire pression pour que Google soit démantelé, et la seconde administration Trump pourrait bien poursuivre dans la même lancée.
Donald Trump a affirmé que « Google est truqué », mais il n'a pas dit s'il compte poursuivre la procédure de démantèlement. La FTC a obtenu le droit d'intenter une action antitrust contre le géant du cloud computing Amazon pour « suppression de la concurrence et hausse des prix pour les acheteurs et les vendeurs ».
Amazon et Donald Trump se sont notoirement opposés au cours de sa première administration, mais le fondateur d'Amazon, Jeff Bezos, a récemment empêché son journal Washington Post de soutenir Kamala Harris, dans un geste largement perçu comme une tentative visant à apaiser la colère de Donald Trump.
Plateformes de médias sociaux : réglementation et l'affaire TikTok
Donald Trump a changé d'avis sur l'interdiction de TikTok, une initiative qu'il avait lui-même lancée pendant son premier mandat. Au début de cette année, après avoir rencontré Jeff Yass, grand donateur républicain et investisseur dans TikTok, Donald Trump s'est prononcé contre un projet bipartisan, soutenu par Joe Biden, visant à obliger la société chinoise ByteDance à vendre l'activité américaine de TikTok pour éviter que l'application soit interdite aux États-Unis.
Au cours de son premier mandat, Donald Trump a également tenté de revenir sur certaines parties d'une loi essentielle connue sous le nom d'article 230. Donald Trump n'est pas allé au bout de cette initiative et Joe Biden a annulé le décret qu'il avait pris sur le sujet. L'article 230 de la loi sur les communications confère aux entreprises de médias sociaux une immunité pour le contenu que leurs utilisateurs publient et pour la manière dont elles modèrent ce contenu.
En tant que tel, l'article 230 est considéré comme essentiel par la Silicon Valley, notamment les entreprises de médias sociaux, mais les législateurs républicains l'ont ciblé pour avoir protégé les plateformes sociales lorsqu'elles ont supprimé la désinformation et les discours haineux de l'extrême droite. L'industrie s'inquiète de ce que Donald Trump, qui possède désormais son propre réseau social appelé Truth Social, pourrait faire de l'article 230 la deuxième fois.
Cryptomonnaies : une réglementation potentiellement plus souple
Le bitcoin a atteint un nouveau record de plus de 75 000 dollars l'unité lorsque les premières tendances ont montré que Donald Trump était en bonne voie pour remporter l'élection. La position de Donald Trump en faveur du bitcoin, y compris la création d'une réserve de bitcoins aux États-Unis, a rallié les investisseurs en cryptomonnaies. Ceux qui soutiennent les cryptomonnaies ont été d'importants donateurs du parti républicain dans le cycle électoral de 2024.
Donald Trump a lui aussi lancé un projet de cryptomonnaie, dénommé World Liberty Financial. Mais la vente de jetons du projet de cryptomonnaie de Donald Trump a connu des problèmes lors de son lancement. Le jeton, WLFI, n'est disponible à la vente que sur le site de World Liberty, qui a subi de nombreuses et longues pannes lors de la journée. Les premières analyses ont révélé que seulement 4 300 adresses de portefeuilles uniques détiennent le jeton WLFI.
Une victoire de la vice-présidente Kamala Harris était considérée comme un risque de baisse du prix du bitcoin, tandis qu'une hausse du prix en cas de victoire de Donald Trump. Le cofondateur de Gemini, Tyler Winklevoss, a posté sur X : « nous sommes au bord d'une nouvelle Renaissance américaine ». Donald Trump s'était présenté comme « le candidat de la cryptomonnaie » et avait promis une réglementation favorable au secteur une fois réélu à tête du pays.
Un rapport publié en août 2024 indiquait que « les sociétés de cryptomonnaie ont plus dépensé plus dans la politique en 2024. Environ 44 % de tous les fonds versés par les entreprises lors des élections de cette année (274 millions de dollars jusqu'à présent) provenaient de bailleur de fonds en cryptomonnaies ». Cela souligne l'enjeu de la réélection de Donald Trump pour ce secteur non réglementé en proie à toute sorte de fraudes depuis de nombreuses années.
Les semiconducteurs et les puces destinées à la formation des modèles d'IA
Certains analystes estiment que la manière dont Donald Trump traitera la Chine déterminera l'avenir à court terme de l'industrie des puces, ce qui aura des répercussions sur tous les domaines, de l'IA à l'automobile. Joe Biden et les démocrates se sont montrés sévères à l'égard de la Chine, en limitant l'exportation des puces d'IA de pointe vers le pays et en s'efforçant d'empêcher la Chine de fabriquer ses propres puces avancées à l'aide de technologies occidentales.
Toutefois, Donald Trump pourrait bien intensifier la guerre commerciale avec la Chine. Cette situation aurait des répercussions évidentes sur Apple et d'autres grandes entreprises technologiques qui s'appuient fortement sur la production chinoise, et elle serait également problématique pour Taïwan, la grande puissance de la fabrication de puces qui dépend de son voisin inamical pour des matériaux essentiels. Le projet de Donald Trump n'est pas encore connu.
Il reste à voir comment Donald Trump abordera le désir de longue date de la Chine d'envahir et d'annexer Taïwan, que Pékin considère comme une province renégate. Donald Trump a signalé une réduction potentielle du soutien militaire américain à Taïwan, décrivant les États-Unis comme une « compagnie d'assurance » dans ce contexte, et l'on craint généralement qu'il ne traite Taïwan comme une monnaie d'échange lors de futures négociations avec la Chine.
Le rattachement de Taïwan à la Chine modifierait radicalement l'industrie des puces électroniques. Entre-temps, Donald Trump a qualifié de « très mauvais » le CHIPS Act de Joe Biden, qui prévoit de fortes subventions pour inciter les fabricants de puces à installer leur production sur le sol américain.
Plus récemment, Donald Trump a expliqué qu'il préférait les droits de douane pour contrer la Chine, bien que ce soient les importateurs plutôt que les exportateurs qui doivent payer les droits de douane, de sorte que l'on ne voit pas très bien comment la politique de Donald Trump atteindrait son objectif déclaré.
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