Le DOGE et le HHS accusés d'avoir licencié 10 000 fonctionnaires sur la base d'informations « désespérément entachées d'erreurs »
de notes de performance incorrectes et d'autres erreurs fondamentales

Une nouvelle action en justice vient contester la légalité des actions du DOGE d'Elon Musk au sein du gouvernement américain. Le département américain de la santé (HHS), appuyé par le DOGE, aurait licencié 10 000 employés en se basant sur des dossiers personnels entachés d'erreurs. Les dossiers des fonctionnaires licenciés contenaient des évaluations de performance inexactes. La plainte allègue que le DOGE et le HHS le savaient, mais qu'au lieu de prendre des mesures pour vérifier le contenu des dossiers et corriger les inexactitudes systémiques, ils ont précipité les licenciements. Selon les plaignants, le DOGE a violé la loi fédérale sur la vie privée.

L'action en justice a été déposée par un cabinet d'avocats fondé par d'anciens avocats du ministère de la justice au nom de sept plaignants nommés et de tous ceux qui ont été licenciés dans le cadre d'une réduction des effectifs le 1er avril 2025. Les licenciements seraient intervenus peu après que le HHS a communiqué les dossiers personnels erronés au DOGE, à l'Office of Personnel Management (OPM) et à l'Office of Management and Budget (OMB).

La plainte allègue que les dossiers contenaient des inexactitudes, et que les dirigeants de ces agences savaient que ces dossiers contenaient des inexactitudes. Les responsables de ces agences sont cités comme accusés. Il s'agit de Robert Kennedy Jr., secrétaire à la Santé et aux Services sociaux des États-Unis, Elon Musk, en sa qualité de dirigeant de facto du DOGE, ainsi que Marty Makary, commissaire de la Food and Drug Administration (FDA).

L'action en justice indique que les plaignants proviennent d'un éventail de bureaux et de postes au HHS, du directeur de l'information de la FDA, à un ingénieur travaillant sur la sécurité minière au NIOSH, en passant par un spécialiste de l'informatique avec 34 ans d'expérience au Centre national des statistiques de santé du CDC. Selon la plainte, tous ont vécu la même expérience : « la perte de leur emploi en raison de dossiers personnels erronés ».

« Au lieu de prendre des mesures pour vérifier le contenu des dossiers et corriger les inexactitudes systémiques, les agences les ont rapidement utilisées pour licencier 10 000 employés. C'était illégal et passible de poursuites en vertu de la loi sur la protection de la vie privée », selon le procès.

Elon Musk et ses acolytes ont ignoré plusieurs signaux d'alarme

Selon la plainte, Elon Musk était profondément impliqué dans les décisions de réduction des effectifs du HHS et l'animosité des [défendeurs] à l'égard des travailleurs fédéraux les a conduits à ignorer les nombreux signaux d'alerte évidents concernant l'exactitude des données relatives au personnel sur lesquelles ils s'appuyaient, afin de licencier plus de personnes plus rapidement ». Selon les avocats des plaignants, cette situation est inacceptable.

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L'action en justice affirme que certains avis de réduction de personnel font référence à des évaluations de performance qui sont « tout à fait incorrectes », contenant des notes inférieures à celles que les employés concernés ont reçues. « Dans un cas, non seulement l'avis de licenciement contenait des évaluations de performance incorrectes, mais les défendeurs ne semblaient pas savoir où [l'employé licencié] travaillait », selon l'action en justice.

Le plaignant Vid Desai, ancien directeur informatique de la FDA, a reçu un avis de licenciement indiquant qu'il avait reçu la note 3 dans chacune de ses dernières évaluations de performance. Mais c'était inexact, ses trois évaluations de performances précédentes auraient dû être arrondies à 5. En conséquence, Vid Desai a perdu huit années de crédit de rétention, qui auraient dû être utilisées pour déterminer s'il serait retenu, licencié ou si affecté.

Citation Envoyé par Extrait de la plainte

La réputation de M. Desai en tant que professionnel de l'informatique de haut niveau a été particulièrement endommagée par les actions des défendeurs. Les commentaires désobligeants des défendeurs sur la modernisation et l'efficacité des technologies de l'information, combinés à l'inclusion de M. Desai dans les réductions d'effectifs, donnent l'impression qu'il est responsable de ces problèmes, malgré les efforts qu'il a déployés avec son équipe pendant des années pour améliorer l'environnement des technologies de l'information.
« Parce que les décideurs de ces agences travaillaient avec des données si erronées, ils savaient à peine qui ils licenciaient », a déclaré l'avocat Clayton Bailey. Pour l'avocate Jessica Merry, « ce n'est pas une façon de traiter des fonctionnaires qui ont consacré leur carrière à la santé et à la sécurité publiques ». Les deux ont lancé le cabinet The Civil Service Law Center pour représenter les employés licenciés dans des procès contre l'administration Trump.

Selon l'action en justice, le Bureau de l'informatique, de la gouvernance et de l'assurance du CDC est également apparu aux décideurs comme ayant des employés moins performants que ce qui était exact, puis a été éliminé. En outre, selon la plainte, le Bureau de la transformation numérique de la FDA n'a pas été entièrement éliminé, mais une grande partie du bureau a été supprimée sur la base de dossiers contenant également des données erronées.

Des retraités déclarés morts par « erreur » par le DOGE d'Elon Musk

C’est une situation surréaliste qui frappe des milliers d'Américains retraités : ils ont découvert que, pour l'administration, ils étaient morts alors qu'ils sont bien vivants. Depuis le mois de mars 2025, de nombreux retraités et allocataires de la Social Security (Sécurité sociale américaine) voient soudain leurs pensions suspendues et leurs comptes bloqués, tout simplement parce qu’ils ont été radiés par erreur des registres officiels des personnes vivantes.

À l'origine de ce fiasco : le DOGE d'Elon Musk. L'équipe d'Elon Musk, chargée de traquer les paiements indus, a obtenu un accès aux bases de données de la Social Security et a entrepris de les « nettoyer » des bénéficiaires supposés décédés. Concrètement, les agents du DOGE d'Elon Musk auraient contourné les protocoles de sécurité pour déplacer environ 4 millions de numéros de Sécurité sociale vers le fichier national des décès (Death Master File).

Parmi ces millions de radiations figurent malheureusement de véritables vivants que la machine bureaucratique a « tués » par inadvertance. Pourquoi une telle purge ? Elon Musk affirme que des millions d'Américains décédés continuent indûment de percevoir des prestations, ce qu'il juge emblématique du gaspillage public. L'ancien patron du DOGE avait même avancé le chiffre extravagant de 20 millions de centenaires touchant une pension.

Sur la foi de ces allégations (démenties par les statisticiens), le DOGE a mis sur pieds une unité chargée de traquer fraudes et « morts-vivants » dans l'administration. En mars, le DOGE a annoncé avoir identifié et supprimé d'un coup 3,2 millions de noms de la base de données de la Social Security – tous présentés comme âgés de plus de 120 ans – en les marquant « décédés ». Le DOGE s'est félicité de son action dans un message sur son compte X (ex-Twitter).

Mais très vite, des cas problématiques ont émergé : des bénéficiaires bien en deçà de 120 ans, bel et bien en vie, se sont retrouvés accidentellement rayés des listes. « C’est le fléau de mon existence », a déclaré Richard VanMetter, un physicien retraité de 76 ans, déclaré mort par erreur par le DOGE.

Les actions du DOGE exposent le pays des cyberattaques dévastatrices

Comme souligné précédemment, Donald Trump a transféré la responsabilité de la défense cybernétique aux États et aux collectivités locales. Cette décision a été prise par le biais d'un décret, intitulé « Achieving Efficiency Through State and Local Preparedness », signé récemment par Donald Trump.

Le décret indique : « la préparation est plus efficace lorsqu'elle est prise en charge et gérée au niveau de l'État, au niveau local et même au niveau individuel, avec le soutien d'un gouvernement fédéral compétent, accessible et efficace. Les citoyens sont les bénéficiaires immédiats de décisions et d'investissements locaux judicieux conçus pour faire face aux risques, notamment les cyberattaques, les incendies de forêt, les ouragans et la météorologie spatiale ».

Selon certains analystes, ce texte prépare le terrain pour se débarrasser de la Federal Emergency Management Administration (FEMA). Ils avertissent que les 50 États et les collectivités locales n'ont pas suffisamment de moyens pour embaucher des experts en sécurité informatique qualifiés. Cela pourrait entraîner une dispersion des ressources et des efforts. À la longue, cette situation pourrait se révéler inefficace dans la lutte contre les menaces cybernétiques.

Le DOGE perçu comme un ennemi intérieur en raison de ses accès

Le DOGE d'Elon Musk a accès à plusieurs systèmes fédéraux sensibles. Il s'agit notamment des systèmes de paiement du département du Trésor et du système de l'Administration de la sécurité sociale. Selon des rapports, ces données auraient été copiées dans des bases de données non officielles et des personnes n'ayant pas le droit de les voir ou de les utiliser pourraient y avoir accès. Une situation qui suscite des préoccupations en matière de cybersécurité.

Selon une récente plainte déposée par le lanceur d'alerte Daniel Berulis, technicien informatique au sein du National Labor Relations Board (NLRB), des membres du DOGE d'Elon Musk auraient obtenu un accès étendu aux systèmes informatiques de l'agence, permettant l'exfiltration de données sensibles.

Dans une déclaration sous serment, il a déclaré que, dès mars 2025, les protocoles de journalisation du NLRB ont été altérés, et environ 10 Go de données confidentielles ont été transférés hors des serveurs de l'agence. Ces données incluent des détails sur des activités syndicales, des informations commerciales et des témoignages privés. Il y aurait également eu des tentatives infructueuses de connexion depuis une adresse IP russe avec des identifiants valides.

Ainsi, non seulement les défenses cybernétiques des États-Unis sont en train d'être démantelées de l'intérieur, mais les données sensibles des Américains sont disponibles pour les plus grandes attaques de sécurité jamais menées contre des citoyens. Par ailleurs, il existe des doutes concernant l'intégrité des membres du personnel du DOGE. Selon de récents rapports, certains d'entre eux auraient été impliqués dans des activités cybercriminelles par le passé.

Source : document de la plainte (PDF)

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