Valve a annoncé que les jeux disponibles sur Steam devront divulguer l'utilisation d'anti-triche au niveau du noyau sur les pages de vente,
bien que la nécessité de ces systèmes reste controversée
Valve a annoncé que les jeux disponibles sur Steam devront désormais indiquer sur leurs pages de boutique s'ils utilisent un anti-triche au niveau du noyau. Cette décision vise à répondre à une demande croissante des développeurs et des joueurs pour une plus grande transparence concernant les systèmes anti-triche. Tous les jeux, qu'ils soient nouveaux ou déjà présents sur la plateforme, devront clairement mentionner cette information, et Valve vérifiera leur conformité lors du lancement. Bien que cette obligation ne concerne que l'anti-triche au niveau du noyau, Valve incite également les développeurs à informer les joueurs sur d'autres systèmes anti-triche. Par ailleurs, cette mise à jour vise à clarifier la gestion des jeux qui laissent des fichiers résiduels après désinstallation, ce qui est particulièrement important pour les utilisateurs de Steam Deck et de Linux.
Denuvo, une technologie de gestion des droits numériques, est utilisée depuis 2014 pour limiter l'utilisation des jeux aux seuls acheteurs légitimes. Lorsque le DRM est contourné rapidement, le piratage entraîne une baisse de 20 % des recettes par rapport à un scénario sans piratage. Cet effet diminue si Denuvo reste intact plus longtemps, et après 12 semaines, les pertes de revenus deviennent presque négligeables. Les résultats montrent que Denuvo protège en moyenne 15 % des recettes totales, mais son utilisation prolongée (au-delà de trois mois) est contestée en raison de possibles effets techniques négatifs et du mécontentement des utilisateurs.
Une étude récente examine l'impact financier du piratage sur les jeux vidéo, en mettant l'accent sur les vulnérabilités de la protection DRM Denuvo. Elle montre qu'un jeu piraté peut perdre en moyenne 19 % de ses revenus pour chaque semaine où un crack est disponible après sa sortie. En analysant 86 jeux lancés sur Steam entre 2014 et 2022, le chercheur William Volckmann observe que les revenus chutent significativement lorsque des cracks apparaissent, en particulier dans les premières semaines suivant le lancement, où les pertes peuvent atteindre jusqu'à 20 %.
Dans un post sur Steamworks Developer, Valve a déclaré : « De plus en plus de développeurs nous ont indiqué qu'ils cherchaient un moyen efficace de communiquer aux joueurs les informations concernant l'anti-triche de leur jeu. Parallèlement, les joueurs expriment un besoin accru de transparence sur les services anti-triche utilisés, ainsi que sur l'installation de tout logiciel additionnel. »
Les développeurs de jeux déjà disponibles sur Steam devront également se conformer à ces exigences, qui ne s'appliquent pas seulement aux nouveaux titres en cours de lancement. Valve s'assurera que les notifications appropriées sont présentes et correctes pour tous les jeux. Toutefois, cette obligation ne concerne que l'anti-triche au niveau du noyau. Si l'anti-triche est uniquement côté client ou serveur, cela reste facultatif, mais Valve souligne que « nous pensons généralement qu'il est bénéfique pour tout jeu utilisant une technologie anti-triche d'informer les joueurs ». L'exemple de Valve est illustré ci-dessous :
À l'avenir, lors de la soumission d'un nouveau jeu sur Steam, si celui-ci comprend un anti-triche côté client en mode noyau, un nouveau champ devra être rempli à cet effet. Les jeux déjà disponibles sur la plateforme seront également examinés, et les développeurs concernés seront contactés. Si le jeu utilise un anti-triche basé sur un client ou un serveur qui n'est pas au niveau du noyau, le remplissage de ce champ sera facultatif. Toutefois, Valve estime qu'il est bénéfique pour tout jeu utilisant une technologie anti-triche d'en informer les joueurs.
Pour fournir ces informations, rendez-vous dans l'onglet « Informations de base » des outils d'édition de la page de votre jeu. Vous y trouverez une section intitulée anti-triche, qui, comme d'autres informations obligatoires telles que les DRM tiers et la création de comptes tiers, contient des champs destinés à décrire le service anti-triche.
La nécessité de ces systèmes anti-triche au niveau du noyau reste un sujet de controverse
La décision de Valve d'exiger la divulgation des systèmes anti-triche au niveau du noyau sur les pages de boutique des jeux Steam représente une avancée importante en matière de transparence. Toutefois, cette mesure soulève des préoccupations significatives, notamment en ce qui concerne la sécurité et l'intégrité des systèmes des utilisateurs. Alors que les joueurs peuvent désormais être mieux informés des accès potentiels à leur machine, la question de la nécessité même de ces systèmes anti-triche au niveau du noyau demeure controversée.
Les avis des utilisateurs mettent en lumière une réalité préoccupante : l'accès au noyau octroyé à des logiciels tiers, y compris les jeux, peut s'apparenter à une forme de maliciel. L'idée qu'un jeu puisse installer un rootkit sur un ordinateur soulève des craintes légitimes, surtout lorsqu'il s'agit de programmes qui nécessitent des permissions élevées pour fonctionner correctement. Cette situation devient encore plus alarmante lorsque l'on considère que des joueurs, parfois peu informés des implications de tels accès, peuvent accorder ces permissions sans réflexion préalable, un comportement souvent encouragé par des pratiques d'interface utilisateur peu claires.
Bien que certains utilisateurs soulignent que l'anti-triche au niveau du noyau est perçu comme la seule solution viable pour les jeux en ligne compétitifs, il est important de s'interroger sur les alternatives. Des systèmes basés sur le serveur, comme ceux employés par Valve avec VACNET, pourraient offrir des solutions efficaces sans nécessiter un accès aussi intrusif au système. Cela soulève la question : pourquoi les développeurs choisissent-ils d'implémenter des systèmes nécessitant un accès au niveau du noyau, alors que des solutions potentiellement moins invasives existent ?
Par ailleurs, le manque de contrôle des utilisateurs sur l'accès au noyau met en lumière les lacunes du système d'exploitation Windows, qui n'offre pas une séparation claire entre les applications et le système. Les critiques notent que d'autres systèmes d'exploitation, comme macOS ou certaines configurations de Linux, offrent des niveaux de sécurité supérieurs grâce à des structures de permissions plus rigoureuses. Cela invite à réfléchir à la responsabilité des développeurs de jeux dans la protection des utilisateurs contre les abus potentiels liés à l'accès au noyau.
Cette mesure soulève également des questions sur la portée et l'efficacité des systèmes anti-triche. Bien que Valve se concentre principalement sur l'anti-triche au niveau du noyau, l'incitation à informer les joueurs sur d'autres systèmes est louable. Néanmoins, il est crucial que cette transparence ne se transforme pas en une simple formalité sans réel impact sur l'expérience des utilisateurs. Les développeurs doivent être conscients de l'importance d'une communication claire et honnête concernant les technologies qu'ils intègrent dans leurs jeux.
L'exemple de Denuvo, une technologie de gestion des droits numériques, illustre bien les défis liés à l'utilisation de systèmes anti-piratage. Bien que Denuvo puisse réduire les pertes de revenus liées au piratage, son efficacité semble diminuer après quelques semaines, et son utilisation prolongée peut entraîner des effets négatifs sur les performances des jeux et le mécontentement des joueurs. Cela soulève une question essentielle : jusqu'où les développeurs doivent-ils aller pour protéger leurs produits sans compromettre l'expérience utilisateur ?
De plus, la gestion des fichiers résiduels laissés par les jeux après désinstallation, notamment pour les utilisateurs de Steam Deck et de Linux, est un autre aspect positif de cette mise à jour. La prise de conscience de ces enjeux techniques démontre une volonté d’améliorer l’expérience utilisateur sur la plateforme, mais cela nécessite également un engagement de la part des développeurs à veiller à ce que leurs systèmes ne nuisent pas aux performances du système d’exploitation.
Bien que l'initiative de Valve pour la transparence autour des systèmes anti-triche soit un pas dans la bonne direction, elle ne doit pas occulter les questions fondamentales de sécurité et de protection des données des utilisateurs. Les joueurs doivent être pleinement conscients des implications de l'accès au noyau et de la manière dont les technologies anti-triche sont mises en œuvre. Il est crucial que l'industrie du jeu vidéo explore des solutions alternatives qui garantissent à la fois la sécurité des utilisateurs et l'intégrité des jeux, sans compromettre l'expérience de jeu.
Source : Valve
Et vous ?
En quoi cette initiative de Valve améliore-t-elle réellement la transparence pour les joueurs, et comment cela pourrait-il influencer leur confiance envers les jeux disponibles sur Steam ?
Quel impact cette obligation d'indiquer l'utilisation d'un anti-triche au niveau du noyau aura-t-elle sur les petits développeurs ou les studios indépendants, qui pourraient ne pas avoir les ressources nécessaires pour intégrer de tels systèmes ?
Cette décision incitera-t-elle les développeurs à rechercher des alternatives moins intrusives aux systèmes anti-triche au niveau du noyau, et comment cela pourrait-il évoluer dans l’avenir ?
Cette obligation pourrait-elle entraîner une fragmentation des pratiques anti-triche sur Steam, avec certains jeux choisissant des solutions plus efficaces que d'autres, ce qui pourrait déstabiliser l'équilibre de la plateforme ?
Voir aussi :
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53% des joueurs préfèrent les jeux solo : plusieurs studios de jeux solo ont été poussés à créer des jeux à service en direct, mais la chasse aux tendances n'a pas été payante, d'après MIDiA Research
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