Les internautes cherchent à fuir les applications de rencontres, estimant que leur utilisation est destructrice et frustrante.
Nombreux se plaignent des inconvénients qui accompagnent ces applications
Les applications de rencontre sont devenues un moyen populaire de trouver l’amour, mais elles ne sont pas sans inconvénients. De nombreux utilisateurs se plaignent de la superficialité, du rejet, du harcèlement et de la fatigue qui accompagnent ces applications. Certains ont même décidé de les abandonner complètement, à la recherche d’une connexion plus authentique et plus profonde.
Les applications de rencontre sont censées nous aider à trouver l’amour, mais pour beaucoup de gens, elles sont devenues une source de frustration, de déception et de détresse.
Il y a plusieurs facteurs qui peuvent contribuer au désenchantement des utilisateurs d’applications de rencontre. L’un d’eux est le paradoxe du choix : avoir trop d’options peut nous rendre plus difficiles à satisfaire et moins susceptibles de nous engager. En effet, les applications de rencontre nous donnent accès à un nombre presque illimité de profils potentiels, ce qui peut nous inciter à chercher constamment la meilleure option, au lieu de nous concentrer sur la personne qui nous correspond le mieux.
Un autre facteur est le manque d’authenticité : les applications de rencontre peuvent encourager les gens à se présenter sous un jour favorable, voire trompeur, ce qui peut créer un décalage entre les attentes et la réalité. Par exemple, certains utilisateurs peuvent mentir sur leur âge, leur apparence, leur situation professionnelle ou personnelle, ou encore utiliser des photos retouchées ou datant de plusieurs années. Cela peut entraîner des déceptions, des frustrations et des pertes de temps lors des rencontres réelles.
Un troisième facteur est le risque de rejet : les applications de rencontre peuvent exposer les utilisateurs à des expériences négatives, telles que le ghosting (le fait de couper tout contact sans explication), le benching (le fait de garder quelqu’un en attente sans s’investir), ou encore le breadcrumbing (le fait d’envoyer des signaux ambigus sans passer à l’action). Ces pratiques peuvent affecter l’estime de soi, la confiance en soi et le bien-être émotionnel des utilisateurs, qui peuvent se sentir ignorés, manipulés ou rejetés.
Face à ces difficultés, certains utilisateurs d’applications de rencontre décident de renoncer à ces outils et de chercher l’amour autrement. Certains optent pour des méthodes plus traditionnelles, comme les rencontres par le biais d’amis, de la famille ou du travail. D’autres préfèrent se concentrer sur eux-mêmes, sur leurs passions ou sur leur développement personnel. D’autres encore choisissent de rester célibataires et de profiter de leur liberté.
Quelle que soit la décision prise, il est important de se rappeler que les applications de rencontre ne sont pas une fin en soi, mais un moyen parmi d’autres pour trouver l’amour. Elles peuvent être utiles pour élargir son cercle social, découvrir de nouvelles personnes ou s’amuser, mais elles ne peuvent pas remplacer le contact humain, la communication sincère et la connexion émotionnelle. Il faut donc savoir les utiliser avec modération et discernement.
De plus en plus de personnes abandonnent les applications de rencontres
Les applications de rencontres sont devenues une partie tellement omniprésente de la scène des rencontres moderne qu’il peut être difficile de se rappeler comment les connexions ont été établies avant leur apparition au début des années 2010. Ayant évolué à partir des sites de rencontres sur ordinateur comme eHarmony et Match.com, des sites comme Tinder, Grindr, Bumble et Hinge sont devenus, pour certains, le seul moyen de rencontrer des gens.
Mais la situation semble à nouveau évoluer. Plus d’une décennie plus tard, les utilisateurs abandonnent leurs profils à la recherche d’un meilleur moyen de rencontrer des personnes partageant les mêmes idées.
Tinder, l’application de rencontre dominante dans le monde, fait face à une baisse de popularité chez les jeunes utilisateurs de la génération Z, qui se tournent vers de nouvelles plateformes plus adaptées à leurs besoins et à leurs envies. Selon les données de la firme d’analyse d’applications data.ai, le nombre de téléchargements de Tinder a chuté de 5% en 2021, passant à 70,7 millions, tandis que ses concurrents comme Bumble ont maintenu leur croissance.
La pandémie de Covid-19 a bouleversé les habitudes de rencontre en ligne, et les utilisateurs de la génération Z (la génération des personnes nées entre 1996 et 2010) semblent avoir changé leurs préférences en matière d’applications. Selon une étude du cabinet de conseil Deloitte, cette génération est plus soucieuse de l’authenticité, de la diversité et de l’inclusion que les précédentes, et recherche des expériences plus personnalisées et plus ludiques.
Tinder, qui existe depuis 2012, a du mal à s’adapter à ces nouvelles attentes. L’application a tenté d’innover en proposant des fonctionnalités comme le swipe night, un jeu interactif où les utilisateurs doivent faire des choix scénaristiques pour trouver des partenaires potentiels, ou le tinder coins, une monnaie virtuelle permettant d’accéder à des avantages comme des super likes ou des boosts. Mais ces initiatives n’ont pas suffi à séduire les jeunes utilisateurs, qui ont été déçus par le manque de diversité et de créativité de l’application.
Par ailleurs, les actions de Bumble et de Match Group, propriétaire de Tinder, ont diminué régulièrement au cours des deux dernières années.
C’est un problème qui risque de s’aggraver pour ces entreprises, puisque plus de 90% de la génération Z se sentent frustrés par les applications de rencontres, selon l’agence de recherche sur la jeunesse Savanta.
« Ces applications sont des barils de malheur algorithmiques », déclare Dylan Freeman-Grist, un homme de 29 ans vivant à Toronto, au Canada. Il s’est récemment séparé d’un partenaire de longue date et même ce qu’il décrit comme un sentiment d’inquiétude, « que je suis destiné à finir seul », n’a pas suffi à le ramener aux applications de rencontres. Le spam, les robots et les faux comptes sont suffisamment difficiles à gérer, dit-il, et cela sans parler de tous les problèmes liés à l’évaluation de l’attractivité sur la base de six images et quelques lignes de texte.
« Peu importe à quel point vous êtes beau, attrayant ou charmant, il y a cette tension sous-jacente selon laquelle vous êtes à 10 coups d'une personne qui vous surpasse sur l'échelle conventionnelle de beauté et de charisme. C’est suffisant pour vous faire ressentir toutes les insécurités que vous n’avez pas eu besoin d’encaisser depuis que vous êtes adolescent en plus de toute une série de nouvelles angoisses d’adultes », dit-il.
Le pharmacien du Nottinghamshire, Kevin Inglesant, fait partie des nombreuses personnes qui ont eu du mal à établir des liens en ligne. Il a essayé les rencontres Bumble, Match, Badoo et Facebook, mais en près de trois ans, il n'a rencontré qu'une seule personne, avec qui il a eu six rendez-vous avant la fin de la relation.
« La grande majorité des matches n'ont abouti à aucun dialogue », affirme l'homme de 38 ans. «*Avec la plupart des autres, il y a eu quelques échanges avant d'être ghosté. C’est assez destructeur pour l’âme ».
En France, 10 % des utilisateurs d'applications de rencontre ont été victimes de divulgation de données personnelles (doxing)
L’équipe de Kaspersky a réalisé une étude qui révèle les principales menaces et craintes auxquelles sont confrontés les utilisateurs d’applications de rencontre. Résultat : en 2021, les experts ont découvert qu’en France, 10 % d’entre eux ont été victimes de doxing à la suite de rencontres en ligne contre 16 % à l’échelle mondiale.
Avec la croissance exponentielle des réseaux sociaux et des applications de rencontres, la communication est devenue beaucoup plus facile, rapide et pratique. Selon l’étude de Kaspersky, plus de la moitié (62 %) des répondants en France s’accordent à dire que les applications ont facilité l’organisation de rendez-vous (54 % à l’échelle mondiale), 46 % des Français craignent cependant d’être espionnés par quelqu’un rencontré en ligne contre 55 % à l’échelle mondiale, ce qui est l’une des conséquences du doxing.
Partager trop d’informations personnelles sur les réseaux sociaux et les applications de rencontre peut s’avérer dangereux. Les utilisateurs laissent de nombreuses informations d’identification en ligne et ces données peuvent être récupérées et utilisées par les doxeurs. Leur accès à l’adresse physique de leur cible, à son lieu de travail, nom, numéro de téléphone, etc. augmente les risques de passer de la menace virtuelle à la menace physique. Si 10 % des Français admettent avoir été « doxés », 9 % des personnes interrogées l’ont également été sans en avoir conscience, car non familiers avec le terme de doxing (contre 11 % à l’échelle mondiale).
L’étude révèle également les menaces auxquelles les utilisateurs font face lors de leurs rencontres en ligne et qui peuvent porter atteinte à leur vie privée. 40 % des personnes interrogées ont déclaré que, tout en interagissant en ligne, leur partenaire a partagé sans leur consentement des captures d’écran de leur conversation, les a menacés avec des informations personnelles trouvées en ligne, a divulgué leurs photos intimes ou encore les a espionnés dans la vraie vie, une conséquence directe du doxing. Le problème le plus répandu reste le cyberharcèlement – 17 % des répondants admettent avoir été traqués sur les réseaux sociaux par une personne avec laquelle ils n’ont pas été compatibles.
Des applications de rencontre ont laissé 845 Go de données accessibles au public
Les chercheurs en sécurité Noam Rotem et Ran Locar ont découvert en juin 2020 une collection de buckets Amazon S3, le service de stockage principal d’Amazon Web Services, accessibles au public. Chacun contenait une mine de données provenant de différentes applications de rencontres spécialisées parmi lesquelles 3somes, Cougary, Gay Daddy Bear, Xpal, BBW Dating, Casualx, SugarD, Herpes Dating et GHunt. Au total, les chercheurs ont trouvé 845 gigaoctets et près de 2,5 millions d'enregistrements, représentant probablement des données de centaines de milliers d'utilisateurs.
Les informations étaient particulièrement sensibles et comprenaient des photos et des enregistrements audio sexuellement explicites. Les chercheurs ont également trouvé des captures d'écran de chats privés d'autres plateformes et des reçus de paiements, envoyés entre les utilisateurs de l'application dans le cadre des relations qu'ils établissaient. Et bien que les données exposées comprenaient des PII (informations d'identification personnelle) limitées, comme les vrais noms, les dates d’anniversaire ou les adresses e-mail, les chercheurs précisent qu'un hacker motivé aurait pu utiliser les photos et autres informations diverses disponibles pour identifier de nombreux utilisateurs.
Il faut tout de même préciser qu’il ne s’agit pas d’un piratage ici, mais simplement de données mal conservées. Les chercheurs ne savent pas si quelqu'un d'autre a découvert ces données avant eux. C'est bien là le nœud du problème avec les expositions de données : rendre les données accessibles par erreur est au mieux une erreur sans conséquence, mais au pire, les hackers peuvent s’en servir pour se faire un maximum d’argent. Et dans le contexte des applications de rencontres en particulier, les informations pourraient avoir un réel impact sur la sécurité des utilisateurs si elles étaient volées avant que le développeur ne les protège. De nombreuses violations contiennent des données comme les adresses e-mail et les mots de passe, ce qui est déjà assez mauvais. Mais lorsque des données fuitent de sites comme Ashley Madison, Grindr ou Cam4, cela est susceptible d’engendrer le doxing, l'extorsion et d'autres abus en ligne graves. Dans ce cas, Herpes Dating pourrait même potentiellement révéler l'état de santé d'une personne.
« Quelle confiance accordons-nous aux applications pour nous sentir suffisamment à l'aise et leur confier ces données sensibles – les informations sur les MST, des vidéos explicites », a demandé Nina Alli, directrice exécutive du Biohacking Village at Defcon et chercheuse en sécurité biomédicale. « C'est une façon néfaste de révéler le statut de santé sexuelle de quelqu'un. Ce n'est pas quelque chose dont il faut avoir honte, mais il y a de forts risques de stigmatisation. »
Sources : Savanta, Financial Times (chiffres Tinder)
Et vous ?
Avez-vous de l'expérience avec les applications de rencontre ? Avez-vous trouvé l’amour grâce à ces outils ou avez-vous été déçu(e) ?
Quels sont les avantages et les inconvénients des applications de rencontre par rapport aux autres moyens de faire des rencontres ?
Comment utilisez-vous les applications de rencontre ? Quels sont vos critères de sélection, vos attentes et vos comportements ?
Comment gérez-vous les situations difficiles, comme le rejet, le ghosting ou le breadcrumbing, lorsque vous utilisez les applications de rencontre ?
Quel est votre avis sur le paradoxe du choix et le manque d’authenticité liés aux applications de rencontre ? Comment éviter ces écueils ?
Quelles sont les alternatives aux applications de rencontre que vous envisagez ou que vous pratiquez ? Comment trouver l’équilibre entre la recherche de l’amour et le développement personnel ?
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